Chapitre 29 - Cassie

C'était comme une gifle. Je ne pouvais pas répondre. Je restai bouche bée.

"Comment l'as-tu appelée ?" demanda Tobias.

L'étudiant repoussa violemment Tobias contre sa poitrine, l'envoyant à terre. "Je ne m'adresse pas à toi, petit garçon ; je parle à cette créature, ici." Il m'attrapa par l'épaule et me secoua. "Réponds quand un homme blanc te pose une question."

"Hé, ce n'est pas l'Alabama, Davis," protesta l'étudiant petit.

Davis l'ignora. "Ne me dis pas comment traiter les gens de couleur, Friedman. C'est probablement une esclave en fuite."

Je jetai un coup d'œil à Tobias. Sous sa forme humaine, il pouvait faire peu. Et il devrait passer par sa forme de faucon avant d'atteindre ce que Marco appellerait "une puissance de feu sérieuse."

Mais ce n'était pas grave. Cette petite bataille était la mienne. Je ne voulais aucune aide.

"Vous n'aimez pas les Noirs, M. Davis ?" dis-je agréablement. "Pas de problème. Je peux devenir blanche. Regardez-moi."

La plupart du temps, j'aurais probablement laissé passer. On m'avait déjà traitée de noms. J'avais déjà rencontré le racisme. La plupart du temps, je pensais que ces gens-là n'étaient que des imbéciles tristes et faibles d'esprit. Donc, la plupart du temps, j'évitais simplement ces gens-là.

Mais j'avais participé à trois guerres depuis le petit-déjeuner. J'avais vu Jake se faire abattre. Je venais d'apprendre que Rachel, ma meilleure amie, était partie.

J'étais triste, honteuse et remplie de rage, tout à la fois. Donc ce n'était pas "la plupart du temps."

De la fourrure blanche commença à pousser sur mon visage. En réalité, c'était une fourrure claire, des aiguilles creuses conçues pour garder l'ours polaire au chaud. Mais la fourrure paraissait blanche, dans son ensemble.

Mes mains enflèrent, grandes comme des assiettes. De longues griffes acérées s'étendirent du bout de mes doigts.

Je devenais de plus en plus blanche. Et plus grande. Beaucoup, beaucoup plus grande.

"C'est une sorte de tour de vaudou !" se lamenta Davis.

Tobias était de nouveau sur ses pieds, les bras croisés sur sa poitrine, observant calmement. "Vous deux, vous feriez mieux de reculer, car je ne pense pas que Davis ici va passer une très bonne journée."

Je devenais de plus en plus imposante.

Davis commença à reculer, se pressant contre un mur de l'allée. Mais la pure stupéfaction et l'incrédulité l'empêchèrent de fuir jusqu'à ce qu'il soit trop tard.

Finalement, il se mit à courir. Je frappai le mur avec une patte avant comme un marteau-pilon pour bloquer son chemin.

<Tu ne m'aimes pas?> demandai-je.

Il se tourna de l'autre côté. Je frappai avec mon autre patte avant pour bloquer sa fuite.

"Nan, nan, ne me tue pas ! Ne me tue pas !" Il regarda Tobias. "Ne la laisse pas me tuer."

Tobias haussa les épaules.

D'un mouvement soudain, j'ouvris mes mâchoires, tournai ma tête de côté, et serrai ma bouche sur le visage du gars.

"HhhhhRROOOAARRR!"

Les joues de Davis vibrèrent sous les ondes sonores. Ses cheveux furent balayés en arrière.

"Personnellement, je m'excuserais si j'étais toi," suggéra Tobias.

Davis bafouilla ses excuses dans ma bouche ouverte. Il continua de s'excuser même après que je l'eus laissé glisser au sol.

"Whoa, Cassie ! Ça, c'est tellement Rachel," dit Marco. Je reconnus immédiatement la voix. Il était arrivé derrière nous.

Et c'était déjà assez surprenant. Mais ensuite...

"Vraiment," dit Rachel. "Qu'est-ce que tu fais ? Tu me voles mon numéro ?"

"Rachel !" s'écria Tobias. Et une milliseconde plus tard, il s'était retourné, l'avait attrapée et embrassée. Puis il la tint à bout de bras. "Tu es morte !"

<Rachel ! Tu es morte,> approuvai-je.

"Non, je ne le suis pas," dit Rachel.

"Si, tu l'es. Je l'ai vu !" cria Tobias.

"Je ne suis sérieusement pas morte."

<Je suis convaincu qu'elle n'est pas morte,> dit Ax. Il était sous sa forme andalite complète, totalement hors de propos dans une allée pavée sur un campus verdoyant.

Yeux Bleus laissa échapper un gémissement. "Qu'est-ce que vous êtes ? Vous n'êtes pas humains !"

<Tu as raison. Je suis un Andalite,> dit Ax.

"Concentrons-nous," interrompit Marco. "Rachel se souvient de s'être morphée en chimpanzé. Elle se souvient d'être montée dans les gréements. Puis, plus rien. Soudainement, elle est ici, et moi aussi, et d'ailleurs, non pas que je me plaigne car au moins personne ne tire, mais où est-ce qu'on est ?"

"Université de Princeton," dit Tobias.

"Quoi ? Pourquoi ?"

"Bonne question. Maintenant, nous voulons des réponses," dit Tobias, s'adressant à Friedman et au garçon aux yeux bleus sympathiques. "Commençons par les bases : Quelle année sommes-nous ?"