Chapitre 14

La nuit était paisible pendant que nous volions.

Je savais au fond de moi que quatre hélicoptères remplis de Hork-Bajir avaient fait irruption dans un bureau vide et n'avaient trouvé personne. Je le savais. Je ne crois pas au destin. Mais cette fois, je ressentais le destin.

Nous nous rencontrerions, Visser Un et moi. Nous nous rencontrerions au sommet d'une montagne. Et je mettrais fin à tout là-bas.

Seules quelques étoiles brillaient haut dans le ciel à travers les nuages qui s'éclaircissaient. Nous volions plus près les uns des autres que d'habitude pendant la journée, quand la vue de trois oiseaux de proie groupés ensemble dans le ciel attirerait une attention indésirable. Nous volions du centre-ville vers la périphérie, à travers le quartier où Jake, Rachel et moi vivons, au-delà de plus de banlieues, et jusqu'à la campagne presque où la famille de Cassie a sa maison et le Centre de Réhabilitation de la Faune.

Nous avons atterri dans un grand arbre feuillu dont les branches grattaient doucement la fenêtre de la chambre de Cassie. Tobias s'est rapproché, marchant de côté comme un oiseau comique, comme un perroquet dans sa cage. Il a tapé sur la fenêtre avec son bec.

TAP. TAP. TAP.

<Elle ne bouge pas,> dit-il.

<Elle est là-dedans?> demandai-je.

<Non, il est minuit passé, alors naturellement elle est dehors dans le jardin en train de jouer au Hacky Sack,> répliqua Tobias.

Il était irrité d'avoir perdu le contrôle.

<Hacky Sack?> dis-je.

<Hacky Sack?> répéta Ax.

<Tout le monde se tait!> dit Tobias, exaspéré.

<Tape plus fort.>

<Oh, tu crois, Marco?>

TAP! TAP! TAP!

<Rien. Elle doit rêver de...>

TAP! TAP! TA-CSSSHHHH!

Le verre s'est brisé. Il est tombé en une pluie d'éclats scintillants.

<Oups.>

"Jake?" Cassie s'est redressée dans son lit.

<Awww, n'est-ce pas mignon?> dis-je, pour que Cassie puisse entendre. <Sa première pensée est "Jake". Ça te fait te demander quel genre de rêves elle faisait.>

<Cassie, c'est nous,> dit Tobias. <Désolé pour le verre.>

"Je vais devoir expliquer ça, tu sais," dit Cassie, se frottant les yeux pour chasser le sommeil. Puis, tardivement, elle attrapa modestement le col de sa chemise de nuit.

<Dis juste qu'un oiseau a percuté la fenêtre,> suggéra Ax. <Tu ne mentirais pas.>

"Ça changerait de la routine," murmura Cassie. "Qu'est-ce que vous faites ici, vous tous? Qu'est-ce qui s'est passé ce soir? Est-ce que quelqu'un est blessé?"

<Nous ne sommes pas blessés,> dit Ax.

<Nous avons besoin d'une bonne morph pour voyager dans les montagnes,> dis-je. <Quelque chose qui peut grimper. Quelque chose avec un peu de taille, si possible. Une certaine capacité à infliger des dégâts.>

"Tu ferais mieux de ne pas m'avoir réveillée et cassé ma fenêtre pour-"

<Un peu pressé par le temps, ici -> interrompis-je.

Cassie regarda Tobias, puis Ax, avec hésitation.

<Marco a un plan,> dit Tobias avec ironie.

"Jake?"

<Cassie, aide-nous, d'accord?> dis-je.

Elle prit une profonde inspiration. "D'accord. Chèvre de montagne."

Bien ! Une chèvre de la ferme pédagogique des Jardins. Quoi de plus facile à obtenir ?

"Pas ce genre de chèvre, Marco." Cassie secoua la tête. "Une chèvre de montagne. Des cornes acérées. Une agilité incroyable. Un coup de patte arrière qui pourrait envoyer quelqu'un à travers le mur d'une grange. Ces gars-là peuvent peser presque trois cents livres."

<D'accord, d'accord,> dis-je. <Où en trouve-t-on une?>

Cassie hésita. "Est-ce qu'il va bien ?" demanda-t-elle à Tobias, en parlant de moi.

<On dirait bien.>

"Tobias, c'est une situation stressante pour Marco. Jake t'a mis en charge. Si Marco est -"

<Hé ! Hé ! Je suis invisible ? Je suis là, d'accord ?>

"D'accord, alors. Je vais te demander. Ça va, Marco ? Tu sembles un peu excité. Maniaque."

Je dis un mot dur. Puis, <Arrêtez tous de me traiter comme si j'étais un idiot. Je sais ce que je fais. Je n'ai pas besoin de toute une psychanalyse, ici. Ce n'est pas Oprah !>

Cassie mordit sa lèvre, pensive. Elle eut un regard distrait dans les yeux. Je me suis rendu compte qu'elle écoutait Tobias ou Ax, ou les deux, communiquer en pensée privée. Je ne sais pas ce qu'ils lui ont dit. Mais j'ai vu ce bref éclat d'émotion dans ses yeux : de la pitié.

"Eh bien," dit-elle enfin, "Les Jardins ont un habitat montagneux assez récent. C'est en plein air, donc tu ne devrais pas avoir de problème pour y entrer après les heures d'ouverture. Ou pour t'approcher des chèvres."

Je m'élançai du rebord de la fenêtre. Ni Ax ni Tobias ne me parlèrent pendant notre voyage. Peut-être qu'ils me critiquaient en privé. Je m'en fichais.

Je voyais la ligne brillante et claire.