Chapitre 2

Lentement, prudemment, je me suis levé.

J'ai regardé Rachel. "Réveille Cassie," ai-je chuchoté.

Rachel s'est levée et a secoué l'épaule de Cassie.

"Je suis réveillée, je suis réveillée," a dit Cassie, les yeux s'ouvrant d'un coup. Elle a bâillé, puis s'est arrêtée en plein bâillement sans refermer la bouche.

"Eh bien, c'est inhabituel," a dit Marco. "Quelqu'un a appuyé sur le bouton 'pause' ?"

Je regardais le spectacle étrange des acteurs sur scène, figés, certains en plein saut, juste suspendus dans l'air, quand un flou de plumes est simplement apparu.

Le faucon à queue rousse a déployé ses ailes, crié <Aaah !>, viré brusquement à droite, m'a vu, nous a tous vus, et s'est posé au bord de la scène.

<Est-il déjà là ?> a demandé Tobias, enroulant ses serres autour du bord de la scène.

J'ai secoué la tête, confus. Qui ? Était-il déjà là ?

Un des "animaux" sur scène a bougé. Seulement, ce n'était pas un animal de Disney. Il avait le corps d'un cerf bleu, le torse supérieur d'un garçon, un visage sans bouche surmonté de deux yeux supplémentaires sur des tiges mobiles, et une queue qui pouvait claquer et vous faire compter en base cinq.

Ax s'est figé. Puis il a avancé d'un bond, s'éloignant des faux animaux. Yeux sur tige pivotant, queue arquée, prêt à frapper.

"C'est bon, Ax," ai-je dit. "Je pense."

<L'Ellimist,> a dit Tobias.

Marco a hoché la tête. "Je ne connais personne d'autre capable de simplement arrêter le temps quand il le veut. À moins que ce ne soit ce nouveau prof de maths."

"Alors, où est-il ?" a exigé Rachel.

"Où qu'il veuille être," a marmonné Marco d'un ton sombre.

Nous avions rencontré la créature - ou les créatures, qui pouvait savoir ? - appelée "l'Ellimist" plusieurs fois. Il (elle, ça, ils) était pour les humains et les Andalites et les Yeerks ce que les humains étaient pour les fourmis.

Je me sentais comme une fourmi à ce moment-là. Petit et impuissant, avec quelques centaines d'enfants figés autour de moi. C'était comme s'ils avaient été une vidéo une minute, une photographie fixe la suivante. C'était gênant de les regarder. Comme si j'étais une sorte de voyeur.

J'ai croisé le regard de Cassie. Ses yeux sombres étaient prudents, mais pas effrayés. L'Ellimist ne nous avait jamais fait de mal. Il nous avait aidés, toujours en prétendant ne rien faire. Ou du moins en vivant selon ses propres règles incompréhensibles.

L'un des enfants s'est levé. J'ai bondi d'environ soixante centimètres en l'air.

C'était une fille nommée Beth. Personne d'autre ne bougeait. Juste Beth. Elle nous a souri, à moi, à nous, et j'ai su tout de suite.

"Oui, c'est moi," a dit Beth.

"L'Ellimist ?" a demandé Cassie.

Beth a hoché la tête.

"Où est la grande voix et les changements rapides de corps ?" a exigé Rachel.

"J'ai choisi cette forme pour une raison," a dit l'Ellimist avec la voix de la fille. "Je viens aujourd'hui pour une mission humble. Je voulais une forme humble. Une qui n'évoquerait pas chez vous des sentiments de terreur, de crainte ou de révérence."

Il a écarté les mains de Beth, paumes vers le haut. Il s'est éloigné, et j'ai vu que la vraie Beth était toujours figée sur son siège. L'Ellimist n'avait pas pris son corps, juste son image.

Après tout, ce n'était pas un Yirk.

L'Ellimist a calmement traversé plusieurs rangées de chaises et les corps qui s'y trouvaient. Il est simplement passé à travers eux comme s'ils étaient de l'air. Il s'est tenu dans l'espace entre la première rangée et la scène. En bas, près de Tobias. Ax s'est approché derrière lui, se déplaçant avec la grâce liquide et surnaturelle que les Andalytes ont quand ils se préparent à combattre.

Les Andalytes n'aiment pas l'Ellimist. C'est une figure des histoires effrayantes qu'ils racontent autour des feux de camp - ou ailleurs.

J'ai lancé un petit regard à Ax, juste un regard pour lui dire de se calmer. Il s'est détendu de trois poils environ.

"D'accord, donc tu es juste une fille ordinaire," a dit Rachel sarcastiquement. "Pas de grand spectacle, à part le fait que tu as figé le temps et tout."

"C'est aussi humble que je sache être," a dit l'Ellimist. "Je viens pour-" il a hésité, "je viens pour vous raconter une histoire, et voir comment vous choisirez de réagir."

"Oh, bien, une histoire," a dit Marco. "Est-ce que c'est aussi une comédie musicale ? Y aura-t-il du hakuna matata ?"

Vous devez comprendre : ce n'est pas que nous n'avions pas peur. Nous avions peur. Mais nous avions été effrayés par des gens qui voulaient nous tuer. C'était juste une peur du genre "mal à l'aise". Nous mangions "mal à l'aise" au petit-déjeuner maintenant.

Le visage de Beth a souri. Elle avait un appareil dentaire.

"Je vais vous raconter une histoire. Vous me donnerez la fin."