Le blog de Serpentfou

Mes fictions et mes opinions dont tout le monde se fout

🇫🇷 Français

Intégral d’Animorph en français

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Resume

L’intégral d’animorph en français (traduction fait par moi avec chat GPT).

Chapitre 17

"Devrions-nous nous immerger ?"

"De l'autre côté," répondis-je.

Les Unemites. Les instruments. Le centième jeu.

J'avais attendu. Il était si difficile de montrer juste assez d'amélioration pour attirer Père, pour le défier, sans révéler tout ce que j'apprenais. Si difficile de poser les bases de ce moment.

Le centième jeu. Mais la dix millième fois que je l'avais joué dans ma tête, tout seul. L'instrument, l'adge, comme l'appelaient les Unemites, n'avait presque jamais quitté mes pensées.

L'adge était devenu une partie de moi. Il était en moi, dans mon cerveau, et même si Père arrêtait le jeu, il ne pourrait jamais m'enlever l'adge, jamais m'enlever la musique, jamais. Je le possédais. J'étais devenu lui. Et maintenant, ce jeu, le centième, je le lui montrerais.

Il était Menno, arrogant, sûr de sa victoire, mais assez méfiant pour devoir essayer plus fort qu'il ne l'aurait voulu pour obtenir l'approbation du public.

Et pourtant, en cent jeux, Père n'avait pas progressé. Aucune idée originale, aucune nouvelle expression. Ironique à un certain niveau : Menno, le vrai Ketran Menno, avait toujours été un défenseur de l'idée de porter le jeu à un nouveau niveau, d'injecter un mépris sauvage pour les conventions.

Je souris à moi-même. Ah, Menno, tu serais fier de moi.

Mais c'était Aguella qui était dans mes pensées lorsque je portai l'embouchure de l'adge à mes lèvres. C'était Aguella qui rendait la musique possible pour moi, et l'absence d'une Aguella, ou de quelque chose comme elle, qui condamnerait le pauvre Père. Il fallait de l'amour pour gagner au jeu de la musique.

Je jouai un riff. Menno resta bouche bée. Le public se pencha en avant.

C'est ça, Père, j'ai réécrit les règles.

Je jouai de la tristesse. Je jouai de la solitude. Le désespoir. L'amour trouvé et perdu. Je jouai des malentendus tragiques et du cynisme fatigué et de la défaite. Je jouai de la persévérance, de l'endurance au-delà de toute souffrance. L'endurance face au désespoir, l'espoir même quand l'espoir était une trahison.

Mon adge parlait de chaque moment terrible de ma vie. Il parlait de la perte de mon peuple. La perte d'amis. Pertes et pertes.

Et pourtant, bien que je jouais tant de tristesse, la musique en même temps niait le désespoir. Comment quelqu'un pourrait-il désespérer alors que la musique était jouée ?

Je pouvais le voir sur les visages des Unemites : Ils entendaient la solitude et dans cette expression de solitude trouvaient du réconfort pour leur propre solitude.

Oh, oui, je les avais. Je les possédais, le public. Je les avais de part en part et ils me suivraient partout où mon adge les mènerait.

Et Père ? Oh, c'était doux de le voir. Doux de regarder son malaise se transformer en étonnement, puis en colère maussade.

La musique ne le touchait pas. Mais il pouvait voir que j'avais gagné. J'avais gagné le jeu de manière si éclatante, si définitive qu'il ne pourrait jamais espérer rivaliser avec moi à nouveau. Pas au jeu de la musique.

« Comment ? » me demanda-t-il finalement.

Je jouai une phrase sur mon adge, puis je fis ce qu'aucun Unémite n'avait imaginé faire. Je chantai. J'utilisai ma voix, ma voix Ketran, pour produire les sons que l'adge ne pouvait pas.

Les Unémites devinrent fous. Les exclamations étaient frénétiques, maniaques, insensées. Merveilleux.

« Comment ?! » Menno/Père exigea, dissimulant à peine sa rage.

« Je suis un perdant », chantai-je en réponse. « Ils m'ont appelé un brillant perdant, tous gagnants, tous gagnants sauf moi : perdant. Mais seul un perdant peut chanter les azurs. Seul un perdant voit vraiment. »