Chapitre 22 - Rachel

Un pouce.

Encore un pouce et un Helmacron serait réduit à trois jambes. J'ai battu de la queue avec vigueur. J'ai ouvert la bouche pour mordre. Puis -

THUMP !

J'ai été tirée loin de l'Helmacron. J'ai tourné, tête par-dessus queue. Une autre ouverture - celle-ci du côté opposé de la chambre - s'est rapidement ouverte. Elle est passée d'une fissure à un trou, puis à un gouffre.

Le sang a commencé à s'écouler de la chambre, nous emportant tous avec lui.

<Est-ce que les Helmacrons sont aussi emportés ?> a crié Jake.

<Je ne peux pas dire !> ai-je répondu.

<Essayez de rester à l'intérieur !>

J'ai lutté. J'ai essayé avec chaque cellule de résister à l'aspiration du courant. Et pourtant, je perdais du terrain.

<Je ne peux pas maintenir ma position !> a appelé Ax.

Et puis -

La chambre tout autour de moi a commencé à se transformer et à devenir floue ! La forêt de tissus a fondu comme de la cire chauffée.

Mais les changements ont continué. La chambre qui nous entourait a rétréci, encore, encore. Moitié de sa taille. Puis encore de moitié. Plus petite, plus petite, plus petite.

Les tissus ressemblant à des racines se sont détachés. Ils ont rebondi comme des câbles électriques lâches, puis ont été aspirés dans les parois.

<Infâme alien ! Vous ne détruirez pas les chevaliers Helmacrons ! Nous allons ru - agggghhh !>

SLOOONG !

Les parois séparant cette chambre du cœur de la suivante se sont étirées comme un élastique et ont explosé. Le sang rouge a viré au rose, puis au blanc.

Air ! Aurions-nous encore de l'air sans les globules rouges ? J'ai haleté et constaté que je pouvais encore respirer.

Le bruit était assourdissant. Je voulais couvrir mes oreilles, mais je n'avais pas d'oreilles, pas de mains.

Un tremblement de terre, une tornade, un volcan, un raz-de-marée, une mousson !

SLLLURPPPP !

<Tu vas ramper pour ça !>

<Marco,> cria Jake, <tu ferais mieux d'être en sérieux danger ! Parce que ce n'est pas joli ici !>

Bong ! Bong ! Bong ! Bong !

<Ahhhhhh !> ai-je crié. Un énorme cauchemar de masse organique palpitante s'est gonflé devant moi. Puis il s'est rabougri en accéléré et a disparu.

<Attention !> cria Tobias.

Ce qui ressemblait à un fémur entra dans la chambre et me frappa à la tête. J'ai tournoyé, percutant Jake et l'un des Helmacrons.

<Relaxez-vous,> exhorta Cassie. <Ça devrait bientôt être fini !>

Quelques secondes plus tard -

Pouf ! L'ouragan était terminé. La morphose de Marco était complète.

<Hé, vous autres ?> appela Marco en riant. <Encore vivants ou quoi ?>

<Encore vivants,> dit Jake d'une voix tremblante.

Nous étions entassés dans un petit espace rempli d'un liquide blanc-bleuâtre. Les murs qui nous entouraient étaient lisses - et ils se resserraient. Un autre compacteur à ordures, mais de la taille d'une maison de poupée.

<Probablement un insecte d'une sorte ou d'une autre. Marco, dans quel genre de morphose sommes-nous ?> dit Ax.

<Ce n'est pas évident ?> dit Marco méchamment.

<Dis-le nous simplement,> répondit Tobias.

<Vous ne m'avez rien dit depuis des heures ! Maintenant, je suis censé être Monsieur Communication ?>

<Oh, très mature,> ai-je répliqué.

D'accord, Marco avait de bonnes raisons de ressentir ce qu'il ressentait. Cinq de ses amis dans son nez, des faisceaux Dracon détruisant sa muqueuse gastrique, bla, bla, bla. Mais, allez. Il sonnait comme un enfant gâté de deux ans.

Marco était souvent agaçant mais jamais stupide.

<Voudrais-tu expliquer pourquoi tu as morphosé ?> demanda Jake. <Pourquoi tu as morphosé alors que je t'ai dit que cela pourrait nous tuer ?>

<Je plaide le cinquième amendement.>

Jake, à nous. <Si j'étais un vrai général, je le traduirais en cour martiale pour son pauvre . . .>

Puis, d'un mélange de parties extraterrestres, un Helmacron a crié. <Hah-HAH ! Sans doute pensiez-vous que nous étions tués par la transformation de notre pitoyable otage. Mais nous sommes toujours vivants ! Nous régnerons encore sur l'univers !>

Et avant qu'aucun de nous - Jake ou Cassie, Ax ou Tobias, même moi - ne puisse faire quoi que ce soit pour les arrêter . . .

Les Helmacrons ont tiré à l'unisson.

Tseeew !

Tseeew !

Tseeew !

Tseeew !

Tseeew !

<Non !> ai-je crié.

Et puis . . . silence.

<Marco !> cria Cassie. <Marco, tu nous entends ?>

Rien.

<Marco !>

<Marco !> cria encore Cassie. Un son déchirant, horrifié, plein de douleur.

<Il ne peut pas te répondre, Cassie,> dit Jake, sa voix étrangement plate.

Ensuite, j'ai entendu la voix de Tobias. <Qui aurait prédit ça ? Qui aurait pensé que les Helmacrons étaient plus dangereux que les Yeerks ?>

"Neep ! Neep ! Neep !" Un cri de joie monta des Helmacrons.

Une étrange froideur m'envahit. Pas de tristesse. Pas exactement. D'une certaine manière, j'étais préparé à cela. Nous avions traversé tant de missions, tant de dangers. Que l'un de nous meure semblait . . . inévitable. Inévitable.

Et puis -

Fureur.

Une vague de fureur comme un coup de pied dans le ventre.

Je voulais ces Helmacrons morts.