Chapitre 44 - Rachel

Au début, je ne pouvais pas la voir. Mais ensuite, le cafard a grandi et est devenu plus grand. Je pouvais la voir comme un point, très, très haut dans le ciel.

<La voilà qui arrive,> dis-je.

Le Veleek frissonna, sentant cette nouvelle proie.

<Devons-nous essayer de garder le Veleek intéressé plus longtemps ?> demandai-je.

<Non,> dit Jake. <C'est à Cassie de jouer maintenant.>

Un jour, Jake sera général ou président. Il a cette capacité à prendre des décisions difficiles, même concernant des gens qu'il aime.

Elle est tombée et a grandi, et est redevenue humaine.

<Elle est trop proche ! Pas assez de temps !> criai-je.

<Le Veleek. Il va la ralentir !> dit Marco.

Aucun de nous n'avait jamais fait autant de morphoses en si peu de temps. C'était époustouflant. C'était impossible.

Et pourtant, alors que le Veleek s'enroulait autour d'elle, elle était déjà en train de faire pousser les nageoires d'une baleine à bosse.

Maintenant, tout ce que nous pouvions voir était le Veleek. La tempête de sable enveloppait Cassie. Elle ralentissait. Elle ralentissait. Et puis...

<Je suis fou, ou est-ce que ça tombe plus vite?> demanda Marco.

<Oui, et OUI !> criai-je.

<Elle l'a fait !>

Comme une pierre, le Veleek tombait. Plus vite. Plus vite. Il ne pouvait pas supporter le poids grandissant. Il n'avait pas pu soulever un éléphant, et ce qu'il tenait maintenant était bien plus grand.

Il était enroulé autour d'une baleine à bosse adulte.

Et il tombait vers l'océan.

À la dernière seconde, le Veleek essaya de se libérer. Mais il s'était trop étroitement enroulé autour de la proie qui n'était plus une proie.

Je plongeai sous la surface, juste à temps pour assister à...

Spuh-LOOOOOOSSSSHHH !

La tornade frappa l'eau. Des milliards de particules s'écrasèrent sur les vagues de l'océan. En une fraction de seconde, elle disparut. Emportée.

Et explosant loin du Veleek condamné, émergeant de la tornade dissipée, était une créature immense et élégante qui plongea droit vers le fond sur cinquante pieds.

<Cassie ! Cassie ! Cassie ! Est-ce que ça va?>

Il n'y avait pas de réponse. La baleine tombait à travers l'eau.

<Cassie ! Réponds-moi !>

Et puis il y eut un coup de cette énorme queue de baleine.

<Hah HAH !> cria Cassie. <Prends ça, gros sac de vent !>

Cassie se propulsa vers la surface et jaillit hors de l'eau.

<Hé, Visser Trois !> s'écria Cassie. <J'ai lavé ton chien pour toi !>

Elle retomba avec un grand éclaboussement. Et nous nous empressâmes de la rejoindre.

<Bon travail, Cassie !> dit Jake. <Un Veleek en moins.>

<Je n'arrive pas à y croire,> dit Marco. <On en a vraiment gagné un. On a gagné. On a carrément botté les fesses.>

<Cassie, tu dois être épuisée,> dit Tobias, planant bas et lentement au-dessus de nous.

<Plus maintenant,> dit Cassie. <Je me sens super. Je pensais qu'on était battus. Et devine quoi ? On ne l'est pas. Pas encore. Pas de loin.>

Puis, à ma grande surprise, elle commença à chanter le chant profond, étrange et envoûtant de la baleine à bosse. Les ondes sonores me captivèrent, je ne sais pas vraiment pourquoi.

<Qu'est-ce que tu chantes?> lui demanda Jake. <Quels sont les mots?>

<Ce ne sont pas vraiment des mots,> dit Cassie. <Mais si c'était des mots, ce serait juste un mot : espoir.>