Chapitre 22

Tu cours.

Boom ! Boom ! Boom !

Jake est juste devant toi. Ax devant lui.

Les autres sont quelque part derrière toi. Je suis content que mes jambes ne soient pas aussi courtes que celles de Marco, penses-tu.

Tu entends les dinosaures qui se rapprochent.

Boom ! Boom ! Boom ! Un bruit comme un tonnerre roulant. Comme un train qui fonce sur toi.

BOOM ! BOOM ! BOOM !

Ici et là, tu aperçois furtivement le troupeau. De longs cous. D'énormes queues. Assez grands et lourds pour t'écraser comme un rouleau compresseur.

Les muscles de tes jambes brûlent. Tes poumons te font mal. Mais tu te pousses à aller plus vite. Motivé par la peur.

< Un T-rex ! > crie Tobias. < Il vient par ici ! >

BOOM ! BOOM ! BOOM ! BOOMBOOMBOOM !

Plus près, plus près. Le tonnerre devient plus fort. T'entoure. Le troupeau est tout autour de toi.

Tu essaies de courir avec lui. Mais les dinosaures au long cou sont plus rapides. Et ils sont aussi motivés par la panique.

WHAMMMM !

Le sol rebondit, te faisant tomber à genoux.

"ScreeeeeEEEEEE !" un dinosaure au long cou pousse un cri de panique.

Une ombre qui efface la lune et les étoiles. Tremblant, tu te retournes et regardes. Puis -

CHOMP !

"Agggghhhh !" tu cries.

Obscurité. Souffle chaud. Une surface visqueuse et rugueuse sous toi. Une langue !

Tu es dans la bouche du T-rex !

GULP !

Pression de tous les côtés. Te pressant vers le bas et vers le bas dans un tunnel cauchemardesque.

Tu es avalé !

Une ouverture plus grande. Du liquide tout autour. De l'eau. Non, non, non. Trop chaud pour être de l'eau. De l'acide digestif.

Tu es en train d'être digéré.

Tu es aveugle. Sourd, sauf pour un bruit de brassage. Et le son régulier d'un cœur qui bat comme un tambour basse.

Tu te colles contre la chair chaude, contre quelque chose qui ressemble à des os. Le dernier en-cas du T-rex ?

Tu retiens ta respiration. Tu ne veux pas respirer l'acide de batterie que le T-rex a dans son estomac.

Que peux-tu faire ? avec un sursaut d'énergie désespéré, tu essaies de te frayer un chemin. Mais c'est sans espoir. Tu ne peux pas t'accrocher à la chair lisse qui tapisse le ventre du dinosaure.

Que peux-tu faire ?

L'Ellimist ne t'a donné qu'une seule morphose : cafard.

Tu commences à te métamorphoser.

Presque immédiatement, ton cerveau privé d'oxygène se calme. Ta pensée devient plus claire. Les corps de cafards peuvent vivre plus longtemps que les humains sans beaucoup d'air.

Tu deviens plus petit. Maintenant, le brassage de l'estomac n'est plus si douloureux.

Tu es vivant. Mais pour combien de temps ?

Tu perds connaissance. Tu te réveilles. Tu perds connaissance.

Quand tu te réveilles la deuxième fois, tu remarques que l'estomac a cessé de brasser. Tes sens de cafard peuvent sentir l'air frais.

Tu forces le cafard vers l'air.

Cours ! dans un tube de la taille d'un tuyau d'eau.

Cours !

Dehors, dans une caverne bordée de dents étincelantes.

Cours !

À travers une plaine de chair rose.