Chapitre 11 - Jake

Marco et moi avons pris le bus jusqu'à un endroit proche de là où la bête de poussière avait attaqué Rachel et détruit le camion de glaces.

Le bus s'est arrêté et nous sommes descendus. Nous étions à une station-service qui faisait aussi office de magasin de proximité, juste à côté de l'autoroute. Il y avait un Denny's de l'autre côté de la rue et un Dairy Queen non loin de là.

Les débris du camion Ben and Jerry's étaient à la station-service. Il avait été remorqué là pour le retirer de la route. Il ne restait plus grand-chose de la remorque. Elle avait été broyée en éclats.

« Eh bien, » dit Marco d'un ton sec, « ça ressemble bien au travail de la même créature qui a ventilé la maison de Darlene. »

« Tu te rends compte que tu n'aurais pas dû être là en premier lieu, » dis-je. « Quelqu'un aurait pu être tué. »

« Comme si je savais qu'une bête démoniaque allait me poursuivre ? » demanda Marco.

Je laissai tomber. Marco savait qu'il avait foiré. Du moins, j'espérais qu'il le savait.

« Allons-y, » dis-je. « Tu as le sac ? »

« Bien sûr que j'ai le sac, » grogna Marco.

Nous nous dirigeâmes vers la forêt. Une fois bien enfoncés dans les arbres, nous commençâmes à scruter les branches.

<Ici, en haut,> dit Tobias par télépathie.

Il était sur une branche, en train de lisser ses plumes. Il utilisait son bec pour peigner chaque plume.

« Est-ce vraiment le moment de te préoccuper de ton apparence ? » demanda Marco.

<Se lisser les plumes n’a rien à voir avec l’apparence,> dit Tobias patiemment. <Je nettoie et redresse les plumes. Des plumes propres volent mieux.>

« Comment tu fais pour te salir ? » s'étonna Marco. « Je veux dire, en volant tout le temps... »

<J'avais faim, alors j'ai mangé une souris. Une souris comme celle que tu es devenue ce matin,> dit Tobias. <Ce n'était pas une mise à mort très propre. D'autres questions ?>

Je souris tandis que Marco devenait légèrement vert.

« Où est Ax ? » demandai-je.

<Il arrive. Il est à environ un mile derrière. Il est rapide, mais il est à pied, alors que moi j'ai volé.>

« Est-ce que tu… »

<Non,> répondit Tobias. <Je n'ai rien vu. Aucun humain n’a été aperçu dans cette partie de la forêt, selon ce que j'ai vu. Sauf cette femme folle qui vit dans une cabane ici. Pas de Rachel.>

« D'accord, » dis-je, « Marco et moi allons nous transformer maintenant. Tu veux monter pour vérifier si la voie est libre ? »

Tobias déploya ses ailes et passa en rase-mottes au-dessus de nos têtes avant de prendre un vent de tête et de s'élever au-dessus de la cime des arbres.

« Prêt, Marco ? » demandai-je.

« Bien sûr. J'adore cette transformation. C'est cool. C'est ce que la métamorphose devrait toujours être. »

Nous avions l'intention d'utiliser nos morphings de loups. Pour une chose, les loups se déplacent dans la forêt, donc nous ne serions pas totalement déplacés. Mais surtout, les loups ont un sens de l'odorat magnifique.

« Ouvre le sac. »

Marco ouvrit le sac et sortit un tee-shirt de fille. Il appartenait à Rachel. Elle l'avait laissé chez Cassie. Nous espérions qu'il sentirait encore Rachel. Nous allions jouer les limiers. Nous remîmes nos vêtements dans le sac et restâmes là dans nos combinaisons de morphing — shorts de vélo et hauts. Inutile de dire que nous avions l'air légèrement déplacés.

<Tout est clair,> appela Tobias d'en haut.

« Eh bien, allons-y, » dis-je à Marco.

« Tu ressembles tellement à Ah-nold quand tu prends cette expression, » taquina Marco.

« À quoi ? »

« À Arnold. Schwarzenegger. »

Je souris. « Oh, tais-toi. »

« D'accord, allons-y, » dit Marco, en imitant assez bien l'accent d'Arnold.

Je me concentrai sur le loup. Nous avions d'abord acquis les morphings de loups il y a quelque temps, lorsque nous étions en mission pour détruire un vaisseau-camion Yeerk.

Loup, me suis-je dit.

La première transformation fut la fourrure, grise, hirsute et aussi rugueuse qu'un tapis. Elle jaillit de ma peau humaine en une vague qui ondula depuis mon cou jusqu'à travers tout mon corps.

Je pouvais voir mon visage se gonfler, formant un long museau. C'est très étrange, car quand on est humain, on ne peut pas vraiment voir son propre nez. Alors, c'est vraiment bizarre d'avoir cette longue chose qui dépasse de votre visage.

Bien sûr, ce n'est pas exactement la seule chose étrange à propos de la métamorphose.

La métamorphose semble être quelque chose qui devrait faire mal. Je veux dire, il y a des organes entiers à l'intérieur de votre corps qui changent. Même jusqu'aux cellules individuelles, tout en vous est modifié en quelques minutes.

Cependant, cela ne fait pas mal. Je suppose que les scientifiques andalites qui ont découvert le processus s'en sont assurés. Si cela avait fait mal, la douleur aurait été trop terrible pour être supportée. Surtout quand on effectue une métamorphose vraiment bizarre, comme en homard ou en fourmi, quand il ne reste presque rien qui soit ne serait-ce qu'un peu humain.

Cela ne faisait pas mal. Mais cela pouvait certainement vous effrayer. Je pouvais entendre mes os se déplacer, craquer, s'étirer et se contracter. Il y avait un bruit de grincement lorsque mon genou s'est soudainement inversé.

« Hé, Jake ? » dit Marco. Il avait encore la plupart de sa bouche humaine.

J'ai commencé à lui répondre. Mais le son qui est sorti ressemblait plus à « Yowwrrllrow. »

Marco a souri et à cet instant, sa bouche s'est gonflée en un museau. Ses dents ont poussé et se sont multipliées pour devenir les armes redoutables du loup.

<Je n'y crois pas. Ça arrive !> cria Tobias. <Ça arrive !>

Je n'avais pas besoin de demander ce que Tobias voulait dire. J'ai levé les yeux vers le ciel. Une tempête de poussière soufflait juste au-dessus des arbres.

<Ça arrive !>