Chapitre 12

C'est à peu près à ce moment-là que Cassie décida qu'elle ne pouvait pas le faire. Elle décida de ne pas participer à la mission. Je l'admirais. J'ai même pensé à me retirer moi aussi.

Mais qui serait là pour comprendre Taylor ? Qui serait là pour surveiller le sabotage ? Je ne suis pas vraiment sûr de savoir comment ou pourquoi nous avons décidé que j'étais le meilleur pour ce travail. Mais j'ai décidé de le faire.

Tôt ce soir-là, Ax et moi avons volé ensemble, un hibou et une buse à queue rousse, haut dans le ciel nocturne pour que nous puissions avoir une bonne vue de l'endroit avant d'atterrir. Nous voulions être aussi sûrs que possible de ne pas voler dans un piège. La station de pompage de gaz naturel est apparue en vue.

<La côte semble dégagée,> a relayé Ax. <Pourquoi les humains parlent-ils de "côte" en parlant d'une situation précaire?>

<Je ne sais pas,> ai-je dit. <C'est juste ce qu'on dit.>

Il n'y avait rien à moins d'un demi-mile de la structure. Juste des arbres et des buissons. J'ai piqué du nez pour vérifier une camionnette abandonnée laissée à quelques centaines de mètres de la station de pompage. Pas de groupe caché de Hork-Bajir nous attendant.

La station de pompage était assez petite, juste un bâtiment carré presque aussi grand qu'une maison. Des lumières de sécurité l'éclairaient comme un stade de baseball juste avant un match de nuit. Les lumières rendaient ma vision de faucon presque aussi efficace que celle du hibou. À travers les quelques fenêtres, je pouvais voir un labyrinthe de tuyaux.

Nous avons atterri sur le sol derrière une ligne de buissons épais. Il est difficile d'atterrir directement sur le sol. C'est plus facile quand on peut s'accrocher à quelque chose avec ses serres. J'ai un peu dérapé. Ax était juste derrière moi.

<Bon, Ax-man, je suppose que c'est maintenant ou jamais - et, bon sang, j'aimerais que ce soit jamais,> ai-je dit.

J'ai morphé et Ax a démorphé. Deux extraterrestres bleus identiques ont commencé à surgir des buissons. J'aime la sensation du morphing andalite. Il s'agit de force et d'agilité. Un esprit concentré mais joueur. Un optimisme inébranlable qui est inestimable quand on est confronté à un mal pur.

Nous avons terminé de morpher et Ax a trotté à mes côtés. Ses yeux principaux m'étudiaient. Ses yeux sur tige scannaient la zone autour de nous. Puis, soudainement, sa queue s'est détendue et a traversé la fourrure bleu et tan sur ma poitrine.

<Hé, fais attention ! Que fais-tu?>

<Je retire des portions de ta fourrure. Nous appelons cela "unschweet." Je crois que vous dites coupe de cheveux. Je dois te faire ressembler moins à mon double génétique.>

<D'accord,> ai-je dit. <Mais fais attention. Pas de brûlure de rasoir.>

<Lorsqu'un guerrier andalite est réprimandé pour sa conduite,> a poursuivi Ax, <un officier supérieur retire une partie de la fourrure du contrevenant afin que la transgression ne soit pas oubliée de sitôt. Dans le rituel de l'unschweet, le fautif n'est pas puni dans le sens traditionnel. Il doit vivre avec le rappel constant de son erreur, et le regard de ses pairs. Au fur et à mesure que sa fourrure repousse, il est lentement réhabilité jusqu'à ce que, finalement, l'incident soit oublié et que le guerrier soit à nouveau entier.>

<J'ai déjà eu de mauvaises coupes de cheveux mais je n'ai jamais su comment les appeler. Alors Ax, est-ce que je mérite un unschweet?>

<Non,> a répondu Ax. <Mais c'est la seule façon que je connais de couper la fourrure. Désolé.>

<C'est cool. Finissons-en simplement.>

Nous marchions prudemment vers la station de pompage, en restant à l'écart des lumières les plus vives et en surveillant nos arrières avec nos yeux sur tige. Une haute clôture cyclonique surmontée de fils barbelés entourait toute la structure, mais le portail arrière était entrouvert. Quelqu'un nous attendait.

Je pointai un doigt mince vers le portail.

Ax passa devant. Un grincement étrange coupa l'air calme alors que nous glissions à travers le portail.

Nous nous déplaçâmes rapidement vers les ombres qui s'accrochaient au mur du bâtiment.

"Bonsoir, les garçons."

Elle sortit de nulle part. Une silhouette humaine sombre avec une voix qui me donna des frissons dans le dos.

C'était Taylor.

"Ravie de vous voir. Je vous attendais."

Elle avait été là tout le temps. Je n'en revenais pas. Nous avions été si prudents. Comment avions-nous pu la manquer ?

Elle portait du cuir sombre de la tête aux pieds. De hautes bottes qui montaient jusqu'à ses genoux. Ses longs cheveux blonds étaient rentrés dans un col en cuir haut. C'était un nouveau look. Adieu le style BCBG. Bonjour le soldat. Nous la fixions.

"Je ne suis pas là pour être dévisagée. Je suis là pour livrer un cadeau," ricana-t-elle. "Je sais combien vous aimez tous les deux les Taxxons. J'en ai trouvé un de choix — très gros, très méchant — pour montrer ma reconnaissance pour votre aide. Suivez-moi."

Elle disparut dans la station de pompage. Ax la suivit. Je suivis Ax.

Nous dûmes nous baisser pour passer sous certains tuyaux. Le bruit était insupportable, un martèlement constant qui me donnait mal à la tête. Taylor descendit une rampe métallique en colimaçon vers le sous-sol. Nous la suivîmes, avançant prudemment sur la surface glissante.

En bas, il faisait considérablement plus sombre, bien qu'il y ait moins de tuyaux. Taylor s'arrêta dans un coin de la pièce et désigna une poignée de fer qui dépassait du sol en béton lisse. Puis elle recula, s'appuya contre le mur, et croisa les bras sur sa poitrine.

"Il est là-dedans."

Ax et moi regardâmes plus attentivement. La poignée de fer était attachée à une grande dalle de béton enchâssée dans le sol.

<C'est ici,> dis-je à Ax. Essayant d'oublier que j'étais dans la même pièce que le monstre qui avait failli détruire le peu de tranquillité d'esprit que j'avais jamais eu. Je me penchai et attrapai la poignée de fer avec mon bras andalite relativement faible. Elle ne bougea pas.

<Je vais vous aider,> annonça Ax. Ensemble, nous tirâmes de toutes nos forces. La dalle se souleva du sol. Avec un grand effort, nous la mîmes de côté. Un grognement en dessous nous fit tous les deux sursauter.

"Comme c'est mignon," dit Taylor. "Vous avez peur."

<Nous n'avons pas peur,> dit froidement Ax. <Nous sommes prudents.> Il s'avança vers le trou et regarda à l'intérieur. <Je ne vois aucun signe du Taxxon.>

Taylor inclina la tête sur le côté et regarda Ax avec moquerie. "Alors va le chercher, imbécile."