Chapitre 19 - Gentille Rachel

Hideux !

Immonde !

C'était moi. Moi ! Mon visage avec cette longue trompe dégoulinante de salive là où ma bouche et mon nez devraient être. Mon corps avec des jambes filiformes sortant de ma poitrine. Elle avait grandi jusqu'à atteindre presque la taille humaine, mais avec des traits de mouche toujours présents.

Je ne pouvais pas arrêter de crier.

« Aaaaahhhhh ! Aaaaahhhh ! Aaaaahhhhh ! »

Elle . . . cela . . . moi . . . avait ses mains autour de la gorge de Marco. Ax essayait de la frapper avec le plat de sa queue, mais elle avait placé Marco entre elle et l'Andalite.

La méchante Rachel a frappé le visage de Marco avec l'extrémité ouverte de sa trompe. Elle l'a utilisée pour couvrir sa bouche et son nez, coupant son air, étouffant ses propres cris d'indignation et de dégoût.

« Aaaaahhhhh ! Aaaaahhhhh ! » ai-je crié.

« Rachel, tais-toi ! » me lança Cassie. « Mes parents pourraient rentrer d'une minute à l'autre ! »

Marco a frappé Rachel dans le ventre. Elle l'a frappé avec un de ses bras fragiles et filiformes. Mais elle devenait de plus en plus humaine et le coup n'avait pas une grande force.

Sa trompe s'est rétractée, permettant à Marco de respirer. Et lui permettant de parler.

« Je prends le contrôle ! Qui est avec moi ?! » a-t-elle crié.

Jake a fait un saut en courant vers elle, mais la méchante Rachel a lâché Marco et a esquivé. Jake a frappé le sol violemment. Un battement d'ailes et Tobias tombait d'en haut. Il manœuvrait dans l'air immobile, cherchant à attraper une poignée de cheveux blonds et la distraire assez longtemps pour -

Mais la méchante Rachel était trop rapide. Elle a tendu un bras droit vers le haut, a attrapé Tobias par la patte emplumée au-dessus de la serre, l'a tiré vers le bas et a enroulé son bras libre autour de son corps.

Puis, avec une parfaite malice sur le visage, elle a refermé son poing autour du cou de Tobias.

« Embêtez-moi et l'Oiseau-garçon ici présent est un poulet mort. »

Tout le monde s'est figé.

« Hah HAH ! » elle a crié. « Trop facile ! Je n'ai même pas besoin de me transformer ! »

<Rachel, que fais-tu ?!> hurla Tobias, plus en colère que effrayé.

« Désolée, mon amour, » railla-t-elle, « mais en tant que prédateur, tu comprendras. »

« Okay, tout le monde, on se calme, » dit Marco.

« Se calmer ? » hurla la méchante Rachel. « Tu m'as traitée de 'psychotique' ! Comment une personne 'psychotique' peut-elle se calmer ? »

« Je voulais dire 'psychotique' dans le bon sens, » dit Marco.

« Je suis aux commandes maintenant ! » cria-t-elle. « Je dirige les Animorphs ! Je suis la patronne ! Vous m'obéirez tous. MOI ! »

« Tout ce que tu veux, » dit Jake de manière apaisante. Il s'est approché lentement d'elle. « Tu veux être en charge, très bien. Je suis fatigué de la responsabilité de toute façon. »

« Ouais ? Alors voici mon premier ordre : je veux que Marco soit tué ! Non ! Attends. Pas tué. Il peut encore être utile. »

« Content de l'entendre, » murmura Marco.

« Ne le tuez pas. Juste . . . juste . . . » Elle regarda autour d'elle frénétiquement, ses yeux flamboyants. « Juste le punir. C'est ça ! Nous allons le fouetter ! Attachez-le à cette porte de stalle et nous le fouetterons ! Le fouetterons jusqu'à ce qu'il crie ! »

« D'accord, » dit Jake. Puis il a tendu son poing droit, dépassant un Tobias qui se tortillait, pour frapper l'os de la joue gauche de la méchante Rachel.

« Ax ! »

Avant que Rachel ne puisse se remettre du choc de l'attaque soudaine, une lame de queue andalite était à sa gorge. Marco saisit un de ses bras. Cassie attrapa l'autre.

Tobias se posa au sol, se releva et retourna voler jusqu'au sommet de la grange.

La méchante Rachel commença à se débattre. À hurler.

« Aaaarrrgghh ! Aaaarrggghh ! »

Hors de contrôle !

Elle tomba au sol, se tordant, crachant alors qu'elle criait des insultes et des menaces qui ne devinrent bientôt plus que des rugissements incohérents de rage.

Cassie, Jake et Ax la maintenaient au sol. Pour se protéger. Et pour protéger cette bête folle, enragée, de se blesser.

Je pleurais. Le visage dans mes mains, je pleurais.

« Elle n'est pas moi ! Elle n'est pas moi ! » gémissais-je. « Elle n'a jamais été en moi ! »

Mais je connaissais la vérité. Tous mes souvenirs étaient intacts. Je savais que cette Rachel, cette chose torturée, sauvage, vicieuse, avait fait partie de moi.

Elle m'avait rendue courageuse. Elle m'avait rendue forte.

Pauvre chose malade et tordue, elle m'avait faite... moi.