Chapitre 13

Nous étions dedans !

À travers la petite fenêtre arrière, le verre se brisant, des morceaux de plâtre volant. Le cadre en bois craquant et se brisant.

Un, deux, trois, quatre, cinq ours polaires !

L'un après l'autre, se précipitant dans la pièce depuis le haut, à moitié tombant, à moitié glissant le long du mur, s'écrasant sur une poignée de Contrôleurs humains sans méfiance.

Ils hurlèrent. Sautèrent de leurs sièges. Coururent vers la porte. L'un s'évanouit. Un autre mouilla son pantalon.

Très bien. Qu'ils paniquent. Ils allaient recevoir ce qu'ils méritaient.

Une bonne raclée.

C'était facile. J'ai envoyé valser une chaise levée de la main d'un homme.

<C'est pour le vieil homme,> lui dis-je. Je ne pense pas qu'il ait entendu.

Marco se jeta dans un regroupement de trois Contrôleurs et les dispersa sur le sol en linoléum.

Ax, Cassie et Tobias roulèrent, grondèrent et saccagèrent, se heurtant les uns aux autres avec leurs corps massifs et lourds et cognant leurs têtes contre le plafond bas alors qu'ils terrorisaient les humains infestés de Yeerk. Arrachèrent l'écran vidéo portable d'un mur. Lancèrent un podium à travers une fenêtre arrière.

Je riais. À ce rythme, l'attaque serait bientôt terminée. Nous briserions quelques crânes de plus, casserions quelques meubles de plus, et partirions.

<TRachel ! Hork-Bajir !> cria Tobias.

Je tournai mon corps massif pour faire face à la porte intérieure.

Troupes de choc Yeerk. Et alors ?

Nous pouvions les affronter.

<Attaque !> criai-je. L'adrénaline circulait plus fort dans mes veines et je bondis en avant, les dents découvertes, les griffes déployées.

Mes dents déchirèrent la chair coriace des Hork-Bajir. Quarante-deux armes rien que dans ma bouche !

Avec mes énormes pattes, je frappais, giflais et déchirais ! À huit pieds, je me tenais plus grand que n’importe lequel des Contrôleurs dans la pièce. Humain ou extraterrestre.

"HHIISSSRRROOOAAARRRWWW !"

Je repoussai un humain-Contrôleur de côté et regardai sa tête rebondir contre le bord d'une petite table. Il glissa, inconscient, sur le sol.

À ma droite, Cassie fracassait la tête d'un humain-Contrôleur contre celle d'un autre. Comme dans un vieux film des Trois Stooges.

À ma gauche, Marco et Tobias luttaient contre un Hork-Bajir au sol. Où il resta.

Devant moi, Ax lança un Hork-Bajir ensanglanté de côté et fit voler le couteau pathétique de la main d'un humain-Contrôleur.

Nous étions en train de gagner ! Nous allions détruire cette pièce et ses habitants Yeerk et nous enfuir avant que quiconque puisse appeler à l'aide.

Avant que quiconque puisse comprendre la force extraordinaire qui les avait vaincus !

Et alors l'inspecteur serait obligé de croire que le Visser Trois était totalement harcelé et incompétent et...

<Rachel ! Derrière toi !>

ZZZZZZZIIIISSSPPP !

D'une rapidité aveuglante ! Une flèche bleue...

L'inspecteur. Le Garatron. Ça devait être lui. Rien d'autre ne bougeait comme ça.

Une flèche et la tête de Marco se secoua sur le côté. Ses genoux fléchirent.

THWAP !

Marco était à terre, gémissant.

<Saute-lui dessus !> ordonnai-je.

<Je ne le vois pas !> cria Cassie.

Insensé ! Tobias lança son énorme corps sur l'inspecteur. Sur le point dans l'espace où l'inspecteur avait été. Moins d'une demi-seconde plus tôt.

Clac !

Tobias était face contre terre sur le sol.

L'inspecteur tournoyait comme un derviche tourneur autour de Cassie. Jim Carrey dans The Mask. Le Diable de Tasmanie dans un tourbillon autour de Yosemite Sam. Elle frappait vainement l'air vide avec sa patte, encore et encore.

<Cassie ! Attention !> criai-je.

Trop tard !

Étourdie d'avoir essayé de suivre le chemin tourbillonnant de l'inspecteur, elle ne put réagir à temps. Ne put esquiver le bras armé du Hork-Bajir qui se dressait derrière elle.

<AAAAGGGHHH !>

Elle était à terre ! Le Hork-Bajir leva le bras pour frapper à nouveau, pour trancher le dos déjà saignant de l'ours polaire.

Deux à terre ! Non !

<Oh non, mon pote.> Marco ! Se ruant sur le Hork-Bajir par derrière, lui fléchissant les genoux, le repoussant loin de Cassie.

<OOOWWWRRR !>

J'avais été touché !

Abattu au ventre à bout portant par un humain-Contrôleur que je n'avais pas vu s'approcher de moi. J'étais trop distrait par la vitesse et l'évasivité exaspérantes de l'inspecteur.

Ce Yeerk porteur humain allait payer pour ça ! Si seulement je pouvais me redresser sur mes pattes arrière...

ZZZIIISSSPPP !

THWAAAPP !

Ma tête fut violemment projetée vers la gauche. Je pouvais entendre les os de mon cou craquer et grincer.

Pathétiquement, je levai une patte avant - et tombai au sol.

La pièce tournoyait ! Des corps, humains et extraterrestres. Se débattant. Tombant.

L'éclair de la poudre à canon. Le choc des lames.

Le grondement sifflant des ours polaires, s'affaiblissant.

Je devais me lever, retourner au combat !

Lentement, douloureusement, j'ai relevé ma tête meurtrie.

Et j'ai vu le flou bleu s'arrêter net à environ six mètres devant moi. Parler à une créature bleue semblable à un cerf avec une queue en forme de lame qui se tenait juste à l'intérieur de la porte.

<J'en ai assez vu. Je te laisse nettoyer ce gâchis, ma chère Visser.>

Avec une grâce étrange, l'inspecteur est sorti par la porte que lui tenait un humain-Contrôleur saignant abondamment.

Un adversaire en moins. Un autre en plus.

Il n'y avait aucun moyen de gagner contre une douzaine de Hork-Bajir encore debout et vingt humains-Contrôleurs avec des armes à feu. Et Visser Trois. Dans un espace à peine assez grand pour accueillir cinq ours polaires immobiles.

Épuisement. Je ne m'étais jamais senti aussi vidé et épuisé. Et la douleur dans mon ventre...

Peut-être que c'était le moment de...

Pllaaaammmph!