Chapitre 16 - Tobias

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<Prince Jake !>

Jake courait déjà. Nous avions tous deux entendu un cri faible d'Ax. Celui-ci était plus fort, plus clair. Nous devions courir dans la bonne direction.

<Cassie ! Rachel ! Marco ! Écartez-vous, puis dé-morphez, prenez vos ailes et suivez-nous !> dit Jake. <Allez, Tobias, nous sommes encore la cavalerie.>

Je me suis penché sur la crinière volante de Jake, ce qui laissait de la place pour ma queue pointue. Le morphing de cheval était énorme. Il avait acquis l'un des destriers d'un chevalier français mort. Il portait facilement mon poids d'Hork-Bajir. Probablement pas très différent d'un homme en armure complète.

Nous avons traversé les arbres en courant. Derrière nous, la bataille a repris. Je suppose qu'en 1415, voir le diable apparaître était un événement assez normal. Rien qui n'arrête une bataille. Pas pour longtemps, en tout cas.

Nous avons soudainement débouché à découvert. Devant nous, un village. Les paysans se dispersaient alors que nous labourions la rue en terre, renversant des brouettes, envoyant les piétons imprudents à terre.

Ce n'était pas vraiment un village, je suppose. Une sorte de fort peu impressionnant et une église. L'église était sur une place. La place était pleine de soldats en fuite, de blessés, d'effrayés et d'un tas de villageois ordinaires.

Tous convergeaient vers les marches de l'église. Une demi-douzaine tenaient un animal qui aurait pu être un cerf bleu avec une queue de scorpion, si ce n'était qu'il était à moitié couvert de plumes grises.

<Ax?> demanda Jake.

<Oui,> dis-je.

<On y va !>

Jake redoubla de vitesse et fonça droit dans la foule. Je restai en selle jusqu'à ce qu'il soit arrêté par les corps compacts autour de nous, puis je me levai sur son dos et bondis.

Les Hork-Bajir sont naturellement arboricoles. Ce qui signifie qu'ils passent beaucoup de leur vie dans les arbres. Donc, ils peuvent bien sauter.

Je sautai. Je survolai les têtes des villageois indignés et m'écrasai contre une porte en bois si épaisse et robuste qu'elle aurait tout aussi bien pu être un arbre.

WHAM !

Je tombai sur Ax.

<Ahhh !> cria-t-il.

<Désolé !>

<Visser Quatre est à l'intérieur !> dit Ax, restant concentré sur l'essentiel malgré le fait que le villageois le plus proche essayait de le piquer avec une fourche en bois.

Je m'écartai d'Ax et arrachai la fourche des mains de l'homme. S'ils ne croyaient pas déjà que j'étais un diable, c'était sûrement le cas maintenant.

<Venez !> criai-je. Je saisis la poignée de la porte, la tournai facilement et poussai la porte en arrière. Ax et moi pénétrâmes à l'intérieur. Je claquai la porte derrière nous, pris une poutre de bois et la glissai dans les encoches de fer, barricadant la porte.

Nous étions dans une église. J'étais une créature de deux mètres dix avec des cornes et une queue épineuse tenant une fourche. Et j'étais dans une église.

Je regardai l'autel. Je regardai le prêtre terrifié qui tremblait tellement qu'il ne pouvait pas se signer.

<Désolé,> dis-je au prêtre. <Ce n'est pas ce que ça a l'air. Désolé,> ajoutai-je en regardant l'autel. <Oh là là, c'est vraiment la mauvaise morphose au mauvais endroit.>

Ax était maintenant entièrement Andalite. Ce qui n'améliorait en rien notre apparence.

<Visser Quatre !> dit Ax. <Je ne le vois pas.>

<Moi non plus.>

<Le Time Matrix ! Il l'a presque certainement caché ici. S'il l'atteint, il s'échappera.>

Puis...

BONNNNNNG !

Un son de cloche lointain.

<Le clocher !> cria Jake de l'extérieur. <Il est dans le clocher.>

Je jetai un coup d'œil autour de moi. Des escaliers. Il devait y avoir... <Là-bas !>

Nous courûmes. Nous courûmes vers les escaliers et les montâmes deux, trois à la fois.

Les escaliers tournaient en cercle serré. Mes grands pieds de Hork-Bajir étaient vingt fois trop grands. Je glissai et m'écorchai les genoux sur la pierre tranchante. Ax sauta par-dessus moi et prit de l'avance.

Au-dessus de nous, une plateforme en bois bloquait notre chemin. Il y avait une trappe.

FWAPP !

La queue d'Ax siffla et découpa une tranche de la trappe. Je me poussai à côté de lui.

<Permets-moi,> dis-je.

Je reculai mon poing de Hork-Bajir et le frappai droit vers le haut. La trappe claqua en arrière sur ses gonds.

Je me hissai et passai à travers. Impossible pour Ax.

Et là, devant moi, se trouvait la chose la plus mortelle jamais créée.

C'était un globe étincelant, sans caractéristiques. Presque aussi grand que moi. Et Visser Quatre avait les mains pressées contre lui, une expression de concentration sur le visage.

Il me sourit.

"Alors. Les Andalites me poursuivent toujours," ricana-t-il. "J'ai été négligent. Je ne m'attendais pas à être poursuivi. Mais je vais être prudent maintenant. Oui. Et tu sais quoi ? C'est mieux ainsi. J'ai le pouvoir maintenant ! J'ai le POUVOIR !"

Je me suis élancé.

Le globe scintilla. Visser Quatre sourit.

Mes lames brillèrent.

Dans le vide.