Chapitre 8

<C'est quoi, un rassemblement de motivation Yeerk ?> se demanda Marco.

Cassie a commencé à rire - un rire par télépathie - et très vite, nous étions tous en train de rire silencieusement, sauf Ax. C'était un rire très nerveux.

<Nous devons sortir de cette fissure,> ai-je dit. <Éparpillons-nous un peu. Nous avons l'air trop évidents juste assis ici, et nous devrions essayer de voir si nous pouvons identifier certaines de ces personnes. Déplacez-vous. Mais attendez ! Pas tous à la fois !>

Trop tard. Nous étions tous en train de descendre le mur de la fissure vers le sol. Pour quiconque regardant, cela aurait ressemblé à "L'Invasion des Cafards." Cinq cafards, se déplaçant tous ensemble, c'est quelque chose de facile à remarquer.

Mais j'avais oublié une chose. Les humains détestent les cafards. Un humain repérera un cafard très rapidement. Mais les Yeerks s'en fichaient. Même si c'étaient tous des Contrôleurs humains, ils étaient avec leurs compagnons Yeerks maintenant. Ils n'avaient pas besoin de maintenir l'acte "humain".

Personne ne nous a écrasés. Bien que j'attendais qu'une grosse chaussure tombe du ciel.

Nous nous sommes un peu séparés, puis avons longé le bord du mur, où le sol en béton nu rencontrait les murs en parpaings peints.

<Hé, les gars ? Vous m'entendez ? C'est Tobias.>

<À peine, mais je peux encore te comprendre,> ai-je répondu. La télépathie s'affaiblit avec la distance. Comme la parole normale. Bien que les murs et ainsi de suite ne soient pas un problème.

<Une voiture arrive ici. Une limousine. Et il y a deux autres voitures avec elle, pleines de types qui ont l'air très costauds.>

<Que font-ils ?>

<Ils sortent, maintenant. Comme six gars. Ils ont des armes ! Je peux les voir sous leurs manteaux. Maintenant, il y a un gars qui sort de l'arrière de la limousine.>

<Qui est-ce ? Ou devrais-je dire, qu'est-ce que c'est ?>

<C'est un humain. Il a vacillé un peu en marchant vers la porte. Il ressemble à un gars normal, mais tous les autres ont l'air très nerveux. Et... je sais que ça paraît idiot, mais j'ai un mauvais pressentiment à propos de ce type.>

Maintenant, je pouvais entendre les vibrations de nombreux pas rapides. <Ils viennent vers nous maintenant, Tobias. Merci pour l'avertissement.>

J'ai essayé d'utiliser mes yeux, mais ils étaient inutiles à n'importe quelle distance. Tout ce que je pouvais dire, c'était que plusieurs hommes étaient arrivés et traversaient la pièce en marchant.

"Mes frères d'armes," dit une voix forte et retentissante, "je vous présente notre chef. Visser Trois."

Il y eut un souffle de surprise dans le groupe. Il y eut aussi un souffle silencieux de notre part.

Visser Trois ?

Visser Trois avait un corps d'Andalite. Il était le seul Yirks à avoir obtenu un corps d'Andalite, avec tout son pouvoir de transformation. Mais sûrement, Tobias aurait mentionné avoir vu un Andalite sortir d'une voiture.

"Je vois que certains d'entre vous sont surpris," dit une nouvelle voix. "Vous devez sûrement savoir que je peux me transformer en humain, comme en n'importe quel autre corps."

<Oh, mec,> dit Marco. <Visser Trois peut se transformer en humain?>

<Certainement,> dit Ax. <Tout comme moi. Les humains sont des animaux, après tout. Vous avez de l'ADN.>

La voix que nous savions maintenant être celle de Visser Trois parlait d'un ton dur et sec. C'était étrange d'entendre ses mots. Nous ne l'avions entendu parler que par télépathie auparavant. Maintenant, il avait une voix. Et, si nous pouvions seulement le voir, un corps humain. Mais il était trop loin pour notre vision de cafard faible et déformée.

"Cette mission a deux parties. Premièrement. Nous utiliserons l'hôpital de façade pour prendre des hôtes involontaires. Je m'attends à pouvoir faire deux cents nouveaux Contrôleurs par mois terrestre. Nous nous concentrerons sur la police, les diffuseurs, les écrivains, les enseignants, les personnes dans la finance et surtout toute personne en position de pouvoir politique."

Il y eut un murmure d'excitation de la part de la foule assemblée.

<Juste ce que nous craignions,> dis-je.

<Malheureusement,> acquiesça Marco. <Mec, deux cents nouveaux Contrôleurs par mois?>

"Vous avez bien recruté des médecins et des infirmières humains, de sorte que nous contrôlons désormais l'établissement hospitalier. Mais cela m'amène à la deuxième partie de la mission," dit Visser Trois. "Jusqu'à présent, ce secret n'était connu que de moi et d'un très petit groupe."

La pièce était presque totalement silencieuse, écoutant, anticipant.

"La deuxième partie de mon plan est encore plus importante que la première. Dans quelques jours, le gouverneur de cet état subira une petite intervention chirurgicale. Sa secrétaire est l'un des nôtres, et elle l'a dirigé vers notre établissement. Il sera admis pour cette petite intervention. Quand il en sortira... il nous appartiendra."

<Non,> s'exclama Rachel.

<Qu'est-ce que cela signifie ? Qu'est-ce qu'un gouverneur ? Est-ce une sorte de prince ?> demanda Ax.

<Ouais. Un prince. Le gouverneur contrôle la police de l'état,> dis-je. <Et la Garde nationale. Et les écoles.>

<C'est pire que ça,> dit Rachel d'un ton sombre. <Vous ne faites jamais attention à la politique?>

<De quoi parles-tu?>

<Vous ne savez pas? Notre gouverneur se prépare à se présenter aux élections présidentielles l'année prochaine. Dans un an, il pourrait y avoir un Contrôleur à la Maison-Blanche.>

<À la Maison-Blanche? Que signifie tout cela?> demanda Ax.

<Cela signifie que l'un d'eux pourrait devenir l'homme le plus puissant de la nation la plus puissante de la Terre,> dis-je.

<Et ce serait la fin du jeu,> dit Marco.

<Alors... tout serait perdu?>

<Ouais, Ax. Tout serait perdu.>