Chapitre 5

Furie

Pas de peur.

Combattre pour défendre. Combattre la menace.

Protéger le troupeau.

J'ai secoué la tête, soufflé brusquement de l'air de ma narine, et j'ai avancé, le cœur battant, alimenté par la rage et l'adrénaline.

"Courez !" a crié le conducteur en s'enfuyant.

La tonalité de ses cris a blessé mes oreilles et ma colère explosive s'est déchaînée. Mes sabots résonnant, j'ai jailli du camion comme une tornade, taillant et accrochant, percutant des voitures et piétinant les Contrôleurs sous mes puissantes jambes.

Plus de cris. Des hurlements.

Des Contrôleurs humains fuyant dans toutes les directions. Se précipitant entre les voitures garées de manière désordonnée. Se cachant derrière elles. Se cachant dedans.

Je les voyais à travers un brouillard gris de fureur, sentais leur terreur et la suivais. Aucune petite voiture ne pouvait bloquer mon chemin.

Des hurlements de douleur.

Je me suis retourné, percutant un Contrôleur humain, le faisant tourner.

Attaquer la menace ! Détruire la menace !

Normalement, j'étais un animal calme, paisible, broutant.

Jusqu'à ce que je sois menacé. Provoqué.

Et alors, rien ne pouvait m'arrêter.

"Appelez les flics !" cria quelqu'un. "Appelez les Jardins et faites venir un fusil tranquillisant ici !"

"Où est 'ici'?!" hurla une autre voix.

"Les bois le long de l'autoroute ! À l'extérieur de la porte arrière ! Dépêchez-vous !" s'écria le gars, accroupi sur le toit de sa voiture.

<Cassie?>

Le mot résonnait faiblement dans mon cerveau enragé.

Je l'ignorais.

J'étais un marteau-pilon, démolissant tout sur mon passage.

<Cassie, je suppose que c'est toi. Écoute, tu dois reprendre le contrôle,> dit Tobias frénétiquement. <Ils appellent ta mère ! Elle apporte un fusil tranquillisant ! Cassie, où est le cube de morphing?>

Hein ? Qui se soucie d'un cube ? Attends. Tiens bon. La boîte. Oh, oui.

J'ai lutté contre la puissante fureur de l'animal un moment. J'ai essayé de maîtriser ses instincts et de ramener mon moi humain à la conscience.

"Deux ! Il y en a deux ! Attention !"

Je me suis retournée et j'ai vu le buffle du Cap que j'avais acquis sortir en trombe du camion, chargeant les gens avec ses cornes et devenant de plus en plus agité lorsqu'il les manquait.

Puis il a fait volte-face et a foncé droit sur Chapman. Le directeur adjoint de notre école. Membre du Partage. Et un Contrôleur de haut rang.

BOUM !

Chapman a volé dans les airs et a atterri sur le sol avec le même bruit sourd qu'une pastèque fait quand on la laisse tomber.

< Allez, Cassie ! > a crié Tobias. < Prends le cube et bouge-toi ! >

Je suis retournée vers le camion. Je me suis arrêtée. J'ai pris appui sur mes jambes courtes et trapues et j'ai percuté la limousine de Visser Trois de toutes mes forces.

CRRRRUUUNNNCCCHHH !

L'alarme de la voiture s'est déclenchée.

EEEUUUUU ! EEEEUUUU ! EEEEEUUUU !

Le vrai buffle du Cap devenait fou. Il fracassait des voitures, transperçait des phares, beuglait, soufflait et rugissait de rage.

Haletante, j'ai sauté de nouveau dans le camion, saisi la boîte bleue dans ma bouche, et me suis précipitée sur l'autoroute.

J'ai tout vu en une seconde.

Chapman, à terre et inconscient sur le bitume.

Des voitures détruites et cabossées, des Contrôleurs assis dessus, agrippant les toits, l'air pétrifiés.

Visser Trois, entouré d'un mur protecteur de Contrôleurs effrayés, hurlant des ordres furieux.

Le buffle du Cap original, traversant un champ en tonnant et entrant dans les bois.

J'ai couru. L'instinct de troupeau du buffle a pris le dessus et j'ai couru.