Chapitre 20

<Ax !>

Cassie.

À travers la fumée, elle boitait vers Tobias et moi.

Jake et Rachel étaient avec elle. Fatigués, blessés, haletants.

J'ai appelé Marco.

<Nous avons trouvé Visser Deux ! Il est avec quelques Hork-Bajir, à quelques mètres à peine. Allons chercher Jake.>

« Nous pouvons le prendre en otage... » commença Tobias.

<Qu'est-ce que ça changera ?> dit Marco avec amertume. <Tout d'abord, les Yeerks ne s'occupent pas des leurs. Personne ne viendra à son secours en nous disant ce que nous voulons savoir. Deuxièmement : Le visser a refusé de coopérer avant. Pourquoi changerait-il d'avis maintenant ? Les Yeerks sont en train de gagner.>

<Marco a raison,> dit Rachel, essuyant un petit filet de sang de son front. <Le gars est bien trop concentré sur la gloire. Il ne va pas nous donner le nom de ce sous-marin manœuvré par des Taxxons.>

Le visser avait refusé de « coopérer » avant.

Mais Marco avait aussi tort.

Il y avait une chose qui pourrait effectivement faire changer d'avis le visser.

Une chose qui pourrait le forcer à annuler le lancement du sous-marin nucléaire prévu pour attaquer des villes chinoises.

Prévu pour tuer des milliards de personnes innocentes.

Une chose.

Mon sang se glaça.

Nous faisons ce que nous devons faire.

<Prince Jake,> dis-je, en privé. <Puis-je vous parler seul à seul?>

Jake envoya les autres surveiller l'amiral Carrington et son Yeerk.

C'est maintenant ou jamais...

<Le temps presse. Il est clair que, quelles que soient les conséquences pour lui-même, Visser Deux ne révèlera pas le nom ou l'emplacement du sous-marin nucléaire américain. Sans cette information, nous ne pouvons pas agir pour arrêter sa mission de destruction. Et une fois que cette mission sera accomplie, le reste du plan se déroulera comme le visser l'a décrit. Le massacre ne s'arrêtera pas tant que les Yeerks ne contrôleront pas la planète.>

Jake tenait sa patte avant brisée en l'air. Le sang s'accumulait entre nous. <Je sais, Ax. Mais que pouvons-nous faire?>

<J'ai une idée,> dis-je. <C'est une chose terrible que je propose.>

Une pause. <Continue, Ax.>

<Je ne crois pas que Visser Deux sera arrêté par autre chose que la menace d'anéantir son propre peuple. Dans cette situation, ici sur Terre, la cible serait la piscine Yeerk.>

J'attendis. Et je ressentis la honte se battre avec le désir - le besoin - de vaincre les Yeerks.

Pour contrecarrer la conquête de l'un de mes peuples.

Les mots du rituel matinal andalite me vinrent à l'esprit.

La destruction de mes ennemis, mon vœu le plus solennel.

Enfin, Jake parla.

< Ax, je ne peux tout simplement pas permettre ça. Je ne peux pas donner cet ordre.>

<Des milliards de vies humaines contre dix ou vingt mille,> dis-je.

Il devait comprendre. Il devait voir que c'était la seule solution.

Je continuai, <Beaucoup d'entre eux sont des esclaves involontaires. Beaucoup d'entre eux accueilleraient la mort pour la liberté.>

<Non, Ax, je ne peux pas. Tu ne peux pas. Que dis-tu? Sais-tu ce que cela nous fera?>

Et à ce moment-là, entendant le choc et l'horreur dans la voix de mon prince, je savais que j'avais fait une terrible erreur.

Je n'aurais jamais dû imposer un tel fardeau à mon ami. Mon allié.

Je n'aurais jamais dû demander à un humain de si grande qualité de prendre une décision qui mettrait sans aucun doute en danger la vie de tous ceux qu'il a jamais connus.

Qui détruirait sans aucun doute sa maison, son quartier, sa ville.

Qui anéantirait totalement chacun de ses précieux liens avec la raison.

J'étais un Andalite.

Un membre de l'espèce que certains ont appelée, peut-être à juste titre, les fauteurs de troubles de la galaxie.

J'étais un alien.

Je porterais le fardeau.

<Je suis désolé, Prince Jake,> murmurai-je. Puis, je le frappai sur le côté de la tête avec le plat de ma lame de queue. <Tellement désolé.>