Chapitre 21 - Marco

"Qu'est-ce qui ne va pas avec Buster ?" Une voix, juste derrière la porte. Féminine. Peut-être la mère, la sœur, la tante du photographe.

Buster ?

Oh, allons. Ce chien n'était pas un Buster.

Bruiser, peut-être. Croc, Tueur, Psychopathe. Mais pas Buster.

Les yeux injectés de sang de Buster étaient sur moi. Bloquant la fenêtre. Ma seule échappatoire.

Je pouvais me cacher sous le lit. Sauf que le cadre en métal n'était qu'à environ quinze centimètres du sol. Impossible.

La poignée de la porte a tourné.

J'ai sauté vers le placard et me suis écrasé contre les portes coulissantes fragiles. Super. La femme dans le couloir devait avoir entendu ça. Trop tard pour fuir. À quoi diable avais-je pensé !

J'ai refermé les portes derrière moi, je me suis accroupi sur un tas de vêtements à l'odeur de transpiration, me suis reculé vers le coin.

"OUAFOUAFOUAFOUAFOUAF !"

Whooosh ! La tête de Buster était un coin, ouvrant l'une des portes coulissantes. Il a bondi dans le placard et s'est dirigé vers ma cheville.

"Rrrrooo - OUAFOUAFOUAFOUAF !"

Une rage étrange m'a envahi. J'ai levé la chaussure.

Une voix très basse dans ma tête a dit : Chien dangereux. Aie peur.

Non.

"Buster ! Bon chien !"

Buster s'est tourné vers le son de son maître. Une hésitation d'une fraction de seconde avant de me mordre la tête. Cela m'a donné juste assez de temps pour décider.

Morpher - ou me faire attraper.

Morpher - ou me faire déchiqueter comme un Milk-Bone.

Ouais, j'avais promis à Jake de ne pas morpher. Mais je n'avais pas eu de nouvelles de mes soi-disant amis depuis des heures et des heures. Pour autant que je sache, ils pourraient être morts.

Une petite voix dans ma tête, cette chose intangible mais incroyablement agaçante appelée conscience, était préoccupée. Marco, disait-elle, ne vois-tu pas qu'il y a quelque chose de mal chez toi ? Avec ce que tu fais ? Où est ta compassion ? Ce n'est qu'un chien stupide, faisant ce qu'il est censé faire. Et tes amis, leurs vies ont de la valeur.

Cafard, ai-je répondu.

J'ai ressenti les changements commencer au même moment où j'ai entendu des pas traverser la pièce.

Chaque transformation est différente. J'étais devenu cafard un bon nombre de fois auparavant. Mais chaque expérience est complètement unique.

Cette fois, ma peau s'est durcie en premier.

Ensuite, ma vision est devenue pixélisée. Des yeux composés de cafard, avec environ deux mille lentilles, ont émergé de mes orbites.

Deux mille Busters.

Deux mille ensembles de dents claquantes.

Quatre pattes ont explosé de mes côtés et je suis tombé en avant. Mes bras se sont fusionnés à mes côtés, puis ont réémergé sous forme d'ailes délicates.

Buster a penché la tête et a gémi alors que je rétrécissais à la taille d'une pièce de vingt-cinq cents.

Ne me mange pas, l'avertis-je silencieusement. J'ai déjà assez de problèmes.

Mes antennes ont frémi alors que l'incroyable sens de l'odorat du cafard s'activait. Les cafards peuvent sentir n'importe quoi. Le placard sentait la sueur, l'urine de chien et la lessive.

Buster a reculé d'un pas et a gémi de nouveau.

La porte du placard a éclaté.

"Oh - dégoûtant !" a crié quelqu'un. "Je vais poursuivre ce propriétaire sale ! Chéri, apporte une chaussure ! Je viens d'attraper le plus gros cafard du monde !"

Puis est venu le changement que j'attendais.

Avec un sursaut écœurant, mes entrailles ont commencé à se tordre et à changer.

<Aaaaahhhhhhhh !> a crié quelqu'un dans ma tête.

<Marco est en train de se transformer !> a crié Cassie. <Quelque chose doit être mal ! Marco doit être en danger !>

Ah, donc maintenant je pouvais tous les entendre. Je devais être en morphose.

<Nous ne savons pas comment cela nous affectera,> a dit Ax inutilement. <Cela pourrait être mortel.>

<Marco, arrête ça, maintenant !> a hurlé Rachel.

<C'est un ordre !> a crié Jake.

Mes amis étaient encore en vie.

Et ils semblaient terrifiés.

Tant mieux pour eux.