Chapitre 8

Une fois auparavant, quand je me sentais déprimé, je suis allé dans la vallée des Hork-Bajir. Ils m'avaient fait me sentir mieux. Après tout, les Hork-Bajir pensent que je suis leur libérateur. Ils pensent que je suis George Washington ou peu importe. Il est difficile de ne pas se sentir bien dans ces circonstances.

Mais évidemment, cette visite allait être différente.

<Avez-vous cherché dans toute la vallée?> ai-je demandé.

"Oui. Cherché," dit Jara. "Regarder et regarder et regarder."

"Crier, 'Bek, Bek !'" ajouta un autre Hork-Bajir pour aider.

« Bek, Bek ! » confirma Ket.

« Bek n'est pas dans la vallée, » dit Toby. « J'ai... nous avons trouvé des traces menant hors de la vallée. De la bonne taille pour un Hork-Bajir de son âge. »

Je dis alors plusieurs mots que je ne peux pas répéter. Jara Hamee demanda ce qu'ils signifiaient. <Peu importe,> dis-je. Je n'arrivais pas à y croire. Un enfant Hork-Bajir disparu ! Errant seul dans les bois. Ou pire : pas seul.

<Depuis combien de temps est-il parti?>

« Depuis cette heure hier, » dit le jeune visionnaire.

<Oh, mince. Je dois retourner auprès des autres. Nous allons commencer une recherche. Mais je ne pense pas que nos chances soient très bonnes.> Soudain, une pensée me vint à l'esprit. <Penses-tu que Bek pourrait ramener des gens ici ? Serait-il capable de retrouver son chemin ? L'Ellimist a jeté une sorte de sort étrange sur cet endroit.>

Toby semblait méfiante. « Non, Bek ne connaîtrait pas le chemin du retour. Mais nous, nous pouvons retrouver notre chemin. »

Cela me fit froncer les sourcils. <Que veux-tu dire ? Vous quittez la vallée?>

« Oui, Tobias. Comment pourrions-nous libérer nos frères et sœurs autrement ? » Elle fit un geste englobant le groupe. « Comment ces Hork-Bajir ont-ils accédé à la liberté ? »

<Je... je suppose que j'avais juste pensé que l'Ellimist l'avait fait arriver.>

Toby afficha un sourire effrayant typique des Hork-Bajir. « Nous faisons en sorte que cela arrive. Nous sortons la nuit et pillons des endroits où nous savons que des Hork-Bajir se trouvent. »

<La piscine Yeerk ?> demandai-je incrédule.

Toby baissa les yeux. « Tobias, nous te devons beaucoup. »

« La liberté, » dit solennellement Ket Halpak. « Hork-Bajir libres. Tobias rend libre. »

<Mais ?> dis-je un peu sarcastiquement.

« Mais... mais l'endroit où nous libérons les Hork-Bajir est une installation secrète des Yeerks en construction. Pas dans votre ville. Dans la ville humaine au-delà de l'extrémité de cette vallée. Tobias... il est très important pour nous de continuer à libérer nos frères et sœurs. Nous sommes peu nombreux. Nous devons devenir nombreux. Pour combattre les Yeerks. Aussi... » Elle laissa sa phrase en suspens.

<In. Cro. Yable,> dis-je. <Vous, les "visionnaires", vous êtes vraiment d'une autre trempe, n'est-ce pas ?> dis-je durement. <Vous attendez le jour où les Yeerks partiront, n'est-ce pas ? Vous avez besoin d'un nombre suffisant pour que les humains ne vous mettent pas tous dans un zoo.>

Toby semblait fière. « Les Hork-Bajir ont fait confiance aux Andalytes pour nous sauver des Yeerks. Les Andalytes ont échoué. Les Andalytes se sont occupés des leurs. Nous devons faire de même. Nous sommes reconnaissants envers les humains appelés Animorphs. Mais dis-tu que nous devrions faire confiance à tous les humains ? »

Elle marquait un point. Il était trop facile d'imaginer un jour où les Yeerks seraient vaincus et ces Hork-Bajir laissés sur Terre. Que leur arriverait-il alors ? Les humains n'avaient pas exactement un bilan immaculé de tolérance envers les races différentes. Après tout, avant que cette vallée n'appartienne aux Hork-Bajir, elle avait probablement été habitée par des Amérindiens.

<Tu es inquiète que si je suis au courant de ce projet de construction secret des Yeerks, mes amis et moi l'attaquions ?>

« Oui. »

« Tu penses que Bek pourrait y être allé ? »

« Nous ne savons pas. Il a peut-être suivi les traces laissées par nos maraudeurs. » Elle semblait sceptique. « C'est possible. Mais il n'est pas parti de ce côté de la vallée. »

« Ah. Super. Parfait. Tu sais, je suis venu ici pour faire une pause dans la vie. »

La voyante sourit. « Si tu promets de ne pas détruire l'endroit, je te montrerai comment le trouver. »

Je soupirai. « Je dois parler à Jake et aux autres. Jake voudra s'en prendre à cette installation. »

Toby commença à dire quelque chose, mais je l'ai interrompue. « Je te donne ma parole que nous ne ferons rien sans ton accord. Je m'occuperai de Jake. En attendant, nous commencerons à chercher ailleurs. Mais sois prête au cas où je reviendrais. Parce que si je reviens, cela voudra dire que j'ai besoin de toi. »

C'est Jara qui s'avança alors. Toby était peut-être le cerveau, mais Jara et Ket étaient le cœur de cette petite communauté. Jara tendit sa grande griffe dangereuse, paume vers le haut, et je sautai dedans. Il me leva jusqu'à son visage de gobelin et dit : « Tobias demande aux Hork-Bajir. Hork-Bajir donne. Toujours. Pour toujours. N'importe quoi. Même la vie. Jara Hamee n'oublie jamais. »

Toby acquiesça.

Eh bien, que vas-tu faire ? Des gens comme ça, tu es pratiquement obligé d'essayer de les sauver.