Chapitre 28

CHOIX INTÉRESSANT.

Tout était noir quand j'ai entendu la voix.

Une voix étrange. Vieux et jeune. Masculin et féminin. Résonnant dans mon esprit comme une pensée lointaine.

Ce n'était pas l'Ellimist. Non. C'était une voix que je n'avais jamais entendue.

ILS ONT DES ESPRITS ÉTONNANTEMENT SEGMENTÉS : CONSCIENTS, INCONSCIENTS, ET UNE CAPACITÉ À RÉCONCILIER LES DEUX. ILS MÉRITERONT PLUS D'ÉTUDES, CES HUMAINS...

Le chant d'un oiseau.

Le soleil brillant sur mon visage. Chaleur.

J'ai ouvert les yeux.

Un bureau en bois avec un ordinateur dessus. Un poster de Star Wars Épisode I fixé au mur. Des livres scolaires entassés sur le sol. Des vêtements sales tombant du placard. Des chaussures de sport usées. Une lampe de lecture. Des draps en coton.

En bas, l'odeur de gaufres fraîchement cuites. Papa. Une femme parlant d'un match en double. Maman.

Ma chambre. Ma maison. Mon . . .

Je sautai hors du lit.

Le truc de Schwarzenegger, c'était de l'histoire ancienne. Ma main était redevenue ma main. Je touchai mon menton. Pas de papier de verre. Juste lisse.

Je me saisis du téléphone. Je composai le numéro. Martelai les touches. Mon corps souffrait dans des muscles dont j'ignorais l'existence.

Brrrrrrrr-ing.

Allez. Réponds.

Brrrrrrrr-ing.

Réponds !

Je voulais entendre la voix d'une fille. Profonde et jeune. Enjouée et sage.

Mon cœur battait fort.

Le soleil éclatant baignait mon corps. Je passai une main sur ma poitrine et sentis . . .

Mon badge ! Je l'arrachai.

Je regardai.

Mes doigts ne tenaient que de l'air. J'ouvris mon poing. Rien.

Des images continuaient de défiler dans ma tête.

Un Hork-Bajir mort me dominant.

Orff me menottant les poignets.

David.

Une explosion époustouflante.

Le Hurleur.

Le chant étrangement beau des enfants.

La puanteur de ceux condamnés à mort.

Une gaine Mylar battant au vent.

Les visages cicatrisés et les corps mutilés de vieux amis.

Elfangor.

La foudre. La pluie. Glissant . . .

Brr . . .

"Allô ?"

Le temps s'arrêta.

Tout devint extrêmement silencieux. Sauf pour les battements de mon cœur.

Je savais maintenant. J'avais fait un choix. Je savais de quoi j'étais fait. Mes limites et mes priorités.

"C'est Jake," dis-je.

Pas de réponse.

"C'est Jake," répétai-je, la voix tremblante comme si je ne lui avais jamais parlé auparavant.

Comme si c'était le premier appel que je faisais. Le seul appel qui comptait.

"Cassie, je voulais juste te demander ce que j'aurais dû te demander hier. Est-ce que ça va ?"