Chapitre 10

"Dis-moi juste ça," s'emporta Marco. "Quand est-ce qu'on prend des vacances ? Je veux dire, Ben-Hur qui rame sur cette galère romaine pendant que le gars le fouette et que l'autre tape sur ce gros tambour a eu plus de temps libre que nous."

Nous étions dans la grange de Cassie. C'était le lendemain, après que les autres soient rentrés de l'école. J'étais dans les chevrons, à ma place habituelle. De là, je pouvais regarder à travers le grenier à foin pour voir la maison de Cassie et l'allée. Et je pouvais écouter les sons venant de l'extérieur. Je pouvais savoir si quelqu'un s'approchait furtivement de nous.

"Nos vies sont devenues des jeux Nintendo," continua Marco, savourant l'écho de sa propre indignation. "On marche toujours dans un couloir sombre avec nos blasters dégainés et il y a une infinité d'ennemis. On les explose, mais ils continuent à venir. Quand est-ce qu'on appuie sur le bouton pause ? Quand est-ce qu'on passe à un Riven paisible ? Quand est-ce qu'on éteint la console pour se détendre avec un peu de HBO ? Quand -"

"Quand est-ce qu'on te fait taire ?" interrompit Rachel. "Quand est-ce qu'on t'éteint ? Je veux dire, bon sang, Marco, on dirait que tu as quelque chose de mieux à faire. Avant qu'on devienne des Animorphs, ta journée entière consistait à décider quelle fille embêter ensuite."

Marco sourit. "Et maintenant je sais toujours quelle fille embêter ensuite." Il passa son bras autour de Rachel et posa sa tête sur son épaule.

Elle rit et le repoussa.

C'était juste une petite routine idiote, mais je ressentis une pointe de jalousie. Il y a des petites intimités que la plupart des humains peuvent avoir et que je ne peux pas. Je ne peux pas serrer la main, ni embrasser, ni poser ma tête sur l'épaule de quelqu'un.

Et, comme je m'y attendais, Cassie m'a interrogé de près, écoutant attentivement tout ce que je racontais sur ma rencontre avec DeGroot. Marco a trouvé environ huit façons différentes dont tout cela pourrait être une arnaque.

Mais ensuite, je leur avais dit cette nouvelle information : un enfant Hork-Bajir était en liberté. C'est là que Marco avait commencé à râler et à s'emporter.

"D'accord," dit Jake, "il se passe beaucoup de choses en même temps. Et on ne peut en ignorer aucune. On doit découvrir si DeGroot est réel ou un Contrôleur. On doit découvrir la même chose à propos de cette possible cousine Aria. Et on doit essayer de retrouver ce petit Hork-Bajir perdu. Vingt-quatre heures plus la nuit dernière, plus ce matin pendant qu'on était à l'école. Ça fait près de quarante-huit heures qu'il a disparu."

"Je déteste penser à ce qui pourrait lui arriver," dit Cassie.

Jake hocha la tête. Mais Marco dit, "Non, attends. Tu devrais essayer de penser à ce qui lui arrive. Quelles sont les possibilités ?"

<Je suppose que tout humain reconnaîtrait cet enfant Hork-Bajir comme un extraterrestre,> se demanda Ax.

"Non. Pas nécessairement," dit Cassie.

"La plupart des gens ne croient pas que vous, les extraterrestres, existez," dit Rachel.

Ax hocha la tête, un geste qu'il avait appris des humains. <Alors, qu'est-ce qu'un humain pourrait penser que cette créature est?>

"Déformée," supposa Cassie. "Affectée par des malformations congénitales. Ou gravement malade."

<L'humain moyen, assez décent, penserait à l'emmener à l'hôpital,> dis-je.

"Ou appeler une ambulance," ajouta Cassie.

<L'humain moyen, pas si décent, pourrait décider de lui tirer dessus,> dis-je. <Ou le mettre dans une cage et faire payer les gens pour regarder le monstre.>

Jake hocha la tête en signe d'accord. "Ouais. D'accord. Marco ? Va sur Internet et cherche des articles de presse ou autre chose. Ax ? Aide-le. Cassie et moi retournerons à l'entrée de la vallée, nous prendrons la forme de loups et verrons si nous pouvons retrouver l'odeur de Bek. Rachel, tu es avec Tobias. Découvre si DeGroot et cette femme Aria sont des Contrôleurs. Suivez-les. Observez-les. Combien de temps avons-nous jusqu'à ton anniversaire, Tobias ?"

<Euh... trois jours ?> demandai-je.

"Aujourd'hui, c'est le vingt-trois. C'est quand, ton anniversaire ?"

<Le vingt-cinq. Je crois. Le vingt-six ? >

Marco rit, puis je suppose qu'il réalisa que je ne plaisantais pas.

<Je ne... je ne me souviens pas exactement. Pas avec certitude. Mais je pense que c'est dans trois jours.> Je forçai un rire. <Ne me demandez juste pas quel âge j'ai en années d'oiseau.>