Chapitre 25 - Ax

Nous, les Andalites, connaissons plus de races extraterrestres que quiconque dans la galaxie. Nous sommes dans l'espace depuis plus longtemps et avons voyagé plus loin. De plus, nous sommes des scientifiques ainsi que des guerriers, donc lorsque nous découvrons une nouvelle race, nous l'étudions. Contrairement aux Yeerks qui les exterminent ou les asservissent.

Nous connaissons les Gedds, les Hork-Bajir, les Taxxons, les Korla, les Skrit Na, les humains et bien d'autres encore.

Mais cette race, ces Mercora, étaient vraiment étranges. Pour commencer, ils n'étaient pas du tout symétriques.

Il y avait trois créatures. Elles se déplaçaient sur sept jambes. Quatre d'un côté, trois de l'autre. Pour aggraver les choses, les quatre jambes étaient plus grandes que les trois. Elles se déplaçaient donc latéralement dans la direction des petites jambes.

Elles mesuraient environ la moitié de la hauteur d'un humain grand, et faisaient sept ou huit pieds de large.

Du côté avec les quatre grandes jambes, il y avait une sorte de pince en trois parties. Elle semblait très puissante. C'était le genre de chose contre laquelle je n'aurais pas voulu me battre.

De l'autre côté, le côté faible, il y avait deux bras similaires aux miens, mais encore plus forts que les bras humains. Les bras se terminaient par de longs doigts fins et délicats.

Il y avait beaucoup d'yeux. Ils s'ouvraient et se fermaient sans cesse, un, deux ou trois à la fois. Chacun était caché sous de petites trappes dans l'exosquelette ou la carapace des Mercora. Les yeux n'arrêtaient pas d'apparaître et de disparaître. C'était très, très distrayant.

<Enfin,> murmura Marco. <Quelqu'un qui peut gagner un concours de regards avec Ax.>

<Nous sommes les Mercora,> dit l'un d'eux par télépathie. <Nous sommes des immigrants sur cette planète. Nous pensions avoir rencontré la plupart des nombreuses espèces sur cette planète. Mais nous n'avons jamais rencontré d'espèce intelligente ici avant.>

<Ils pensent que nous sommes intelligents,> chuchota Rachel. <Alors, Marco, tais-toi. Nous ne voulons pas qu'ils découvrent la vérité.>

Il est étrange que les humains aient recours à ce qu'ils appellent l'humour lorsqu'ils ont peur. Cela m'a encore frappé comme étrange qu'ils aient réussi à dominer l'environnement très dangereux et hostile de la Terre. Je me demandais comment ils s'en seraient sortis s'ils avaient coexisté avec les dinosaures.

<Puis-je vous demander comment vous vous appelez?> dit le porte-parole des Mercora.

<Est-ce sûr de leur dire la vérité?> nous demanda Cassie à tous en privé.

<Nous sommes soixante-cinq millions d'années avant que le premier Yeerk n'apparaisse sur Terre,> dit le Prince Jake. <Et peut-être que ces Mercora peuvent nous aider à rentrer chez nous.>

Le prince Jake avança. Autant qu'un faucon marchant sur un champ de force pouvait avancer. <Nous sommes appelés des humains. Sauf celui-ci...> Il inclina la tête vers moi. <C'est un Andalite.>

Les Mercora semblaient confus. Peut-être. C'était difficile à dire. J'ai du mal à interpréter les expressions faciales humaines. Mais en tout cas, il ouvrit et ferma des groupes d’yeux en succession rapide.

<Habitez-vous ce continent?>

<Eh bien...> dit le prince Jake. <C'est une longue histoire. Euh, Ax ? Tu peux probablement expliquer mieux que moi.>

<Oui, prince Jake. Nous venons du futur,> dis-je.

<Hé, c'est une bien meilleure explication que ce que Jake aurait pu trouver,> dit Marco. <"Nous venons du futur." Dieu merci, nous avons un brillant extraterrestre ici qui peut expliquer les choses.>

<Le futur?> dit le Mercora. <À quelle distance dans le futur?>

<Un... un très, très long moment,> répondis-je.

<Pas besoin d'être technique ou quoi que ce soit,> dit Marco d'un ton sec. <Écoutez, monsieur, madame, peu importe, M. ou Mme Mercora, nous ne sommes pas ce que nous semblons être. Si vous promettez de ne rien dire à des gens qui n'existeront même pas avant soixante-cinq millions d'années, nous vous montrerons, d'accord?>

<Ouais, faisons-le,> dit le prince Jake. <Qu'avons-nous à perdre?>

<À part nos vies,> ajouta Rachel d'un ton sec.

<Ma décision,> dit le prince Jake lourdement. <Je pense que nous devrions démorphoser.>

Je commençai à le faire. Cela devait être un spectacle bizarre pour les Mercora. Ils ouvrirent tous un nombre étonnant d'yeux. Tobias passa de dinosaure à faucon. Rachel de dinosaure à humaine. Cassie, Marco et le prince Jake d'oiseau à humain. Et je me transformai d'oiseau en Andalite.

<Comme vous le voyez,> expliquai-je, <nous sommes deux espèces différentes. Ils sont humains. Je suis Andalite.>

<Et qu'est-il?> demanda le Mercora, pointant ses deux mains vers Tobias.

<Il est humain, mais il a subi un accident et est resté coincé dans sa morphose.>

<Vous êtes une espèce étrange,> dit le Mercora. <Mais vous êtes les bienvenus tant que vous venez en paix et ne servez pas les Nesk.>

"C'est les Nesk qui nous ont chassés ici," dit Rachel.

<Maintenant il parle avec du son !> commenta le Mercora.

"Oui, ça fait ça quand ce n'est pas en morphose," dit Rachel. "J'ai l'impression que vous et les Nesk ne vous entendez pas."

<Ils essaient de nous détruire. Ils veulent cette planète pour eux. Nous ne souhaitons pas partir. C'est notre monde maintenant. Notre planète d'origine a été détruite lorsque notre soleil a été attiré vers un trou noir. Nous sommes tout ce qui reste des Mercora. Et nous ne pouvons pas quitter cette planète. Pas que nous le souhaiterions jamais. C'est merveilleux. Merveilleux. Et ce sera notre maison pour toujours.>

Un second Mercora prit la parole. <De quelle planète du futur venez-vous, vous humains et Andalites?>

Cassie commença à répondre. "En fait, nous venons de la Terre. Ce qui est notre nom pour -"

Soudain, elle se tut et sembla choquée. Tobias la fixait intensément. Puis il me parla dans le murmure personnel et privé de pensée-parole qu'il avait utilisé pour faire taire Cassie. Un murmure que les Mercora ne pouvaient pas entendre.

<Ne leur dites pas que nous venons de cette planète,> dit Tobias. <Vous m'entendez ? Personne ne leur dit que c'est notre planète.>

Pendant un moment, j'ai été surpris. Lentement, j'ai compris. Les Mercora avaient tort : ils ne feraient pas partie de l'avenir de la Terre. Ils étaient destinés soit à partir... soit à être détruits.