Chapitre 27 - Tobias

Silence. C'est ce que j'ai remarqué en premier. C'était si calme. Pas de canon. Pas de mousquets. Pas de cris.

J'ai ouvert les yeux.

J'étais au pied d'un arbre. C'était l'automne. L'arbre était rouge et or. Magnifique.

Je me suis redressé sur mes serres. J'avais été happé par le temps. J'avais réussi ! Les autres ?

J'ai regardé autour. Pas de bataille. Pas d'armées. J'ai vu de grands bâtiments. Des bâtiments en pierre, de style ancien. Ma première pensée fut que c'était un campus universitaire.

Personne d'autre. Pas de Marco. Pas d'Ax. Pas de Cassie.

Pas de Rachel ni de Jake.

Étais-je le seul encore en vie ?

Puis j'ai vu des gars passer, tous portant des vestes de sport, tous avec des livres.

J'ai regardé au-delà d'eux, utilisant mes yeux de faucon pour voir à travers les fenêtres, dans les salles de classe. Ça devait être une université. Les étudiants étaient trop âgés pour être au lycée. Bien qu'ils aient l'air étranges : cheveux courts, même des coupes en brosse. Et autre chose : Ils étaient presque tous des hommes.

Les professeurs étaient exclusivement masculins. Par-ci, par-là, une étudiante. Mais pas beaucoup. Et puis j'ai remarqué autre chose qui a pris encore plus de temps à enregistrer : Tout le monde était blanc. Tout le monde.

Ce ne serait pas facile de repérer Visser Quatre ici. Son hôte était blanc. Et à peu près aussi bien coiffé que ces gens.

J'appelai en pensée. <Ja -> Non. Pas Jake. Et pas Rachel non plus, à moins qu'il n'y ait eu un genre de miracle.

<Marco. Ax. Cassie.>

Était-ce tout ce qu'il restait de nous ? Quatre encore en vie ? Et peut-être même pas. Peut-être moins. Peut-être juste moi.

Je me sentis mal. Rachel n'avait pas survécu. Elle était morte avant de toucher le sol. Ax et Marco avaient été à une fraction de seconde d'être explosés. Et Cassie ? Je ne l'avais ni vue ni entendue du tout.

<Ax ! Marco ! Cassie !>

Nous étions de plus en plus dispersés à travers le temps et l'espace. La résonance, cette étrange traînée de la Matrice du Temps, nous dispersait. Comme un écho qui devenait de plus en plus faible.

J'atterris dans un arbre et commençai à me métamorphoser. J'avais besoin d'être humain pour... Mais non. Je ressortirais bien trop visiblement ici en portant des vêtements de métamorphose ridicules.

D'abord, j'avais besoin de passer inaperçu. Si c'était une université, il devait y avoir un dortoir à proximité. Là où il y avait un dortoir, il y avait des vêtements.

Les yeux de faucon facilitèrent la recherche. Je trouvai un dortoir, et une fenêtre ouverte à la fraîcheur de l'automne. Dix minutes plus tard, j'émergeai humain, portant un pantalon ample, une chemise blanche et un pull à col en V.

Je ne pouvais rien faire pour mes cheveux hirsutes. Tout le monde devrait s'en accommoder.

Je descendis les escaliers du dortoir, portant les livres d'un étudiant. Je ne pouvais qu'espérer que personne ne reconnaîtrait mes vêtements comme appartenant à quelqu'un d'autre. Mais avec tout le monde ressemblant à des étudiants de Stepford et portant la même chose, comment le sauraient-ils ?

J'ouvris un des livres. Il était estampillé : Université de Princeton. La date de publication du livre était 1932. Cela ne signifiait pas que nous étions en 1932, mais cela signifiait que ce n'était pas antérieur à 1932.

C'était un livre d'histoire.

Je l'ouvris en vitesse et parcourus le contenu. Guerre d'Indépendance. Guerre d'Indépendance.

Aucune mention. Mais il y avait une mention sous "Rébellion, Coloniale."

Je tournai les pages. Je trouvai ce que je cherchais.

"La rébellion s'est effondrée suite à la tentative désastreuse du chef rebelle George Washington d'attaquer les troupes hessoises alliées aux Britanniques. Les troupes rebelles tentant de traverser la rivière Delaware furent prises en embuscade par des alliés hessois qui avaient été alertés par un résident local. Le résultat fut un massacre. Washington fut mortellement blessé, mourant trois jours plus tard alors qu'il était en garde à vue britannique."

"Résident local." Visser Quatre.

Je pris une grande inspiration. J'avais été là. Il y a combien de temps ? Cent cinquante ans environ ? Ou juste une heure plus tôt ?

Ils n'ont pas mentionné la mort d'un rebelle inconnu. Un garçon avec une balle dans le cerveau.

Je parcourus à nouveau la table des matières. Un autre mot attira mon attention. "Trafalgar."

Aucune mention de Rachel. Aucune mention de gorilles ou de faucons ou de chimpanzé. L'entrée expliquait simplement que la marine britannique avait été vaincue par une flotte composée de navires français et espagnols. L'amiral Lord Nelson fut tué lorsque son navire, le Victory, coula suite à une explosion sous la ligne de flottaison.

Je secouai la tête. Je ne savais pas comment cela devait se terminer. Je n'avais même jamais entendu parler de Trafalgar. Je ne savais même pas de quelle guerre il s'agissait.

Je refermai le livre. Je levai les yeux et vis le drapeau flottant sur un haut mât. Il était bleu pâle, avec un petit Union Jack britannique remplissant un coin.

L'université de Princeton ne faisait pas flotter le drapeau américain. Personne ne faisait flotter le drapeau des États-Unis. Il n'y avait pas d'États-Unis. Ce qu'il y avait à la place, je ne le savais pas.

Mais les États-Unis d'Amérique étaient morts par une nuit de tempête de grêle sur le fleuve Delaware.

Soudain, dans une large allée entre de hauts bâtiments, un dauphin apparut.