Chapitre 22 - Méchante Rachel

La mauviette est passée en trombe, toute en larmes et en morve. J'ai essayé de la faire trébucher, tu sais, juste pour le plaisir, mais je l'ai ratée.

"Quoi de neuf ?" ai-je demandé à mon père, en tournant la chaise à l'envers pour pouvoir m'y asseoir à califourchon.

"Quoi de neuf ?" a dit mon père. Il m'a regardée de près. "Tu viens de changer de vêtements ?"

"Ouais. Justaucorps. C'est la grande mode maintenant."

"Tu es pieds nus ?"

"Hé, je vois pourquoi tu es journaliste. Tu es un vrai génie."

"Rachel, as-tu rejoint une sorte de secte ?"

"Ouais. Le culte de moi !" J'ai ri. "Quoi, il n'y a AUCUN service dans ce trou ? Où est la serveuse ? Viens ici et sers-moi ! Moi !"

Mon père a mis sa main sur mon bras. J'ai flashé sur les couverts. Ce serait drôle de voir à quelle vitesse il pourrait retirer cette main après que j'y ai planté une fourchette !

"Chérie ? La serveuse est occupée avec -"

"Arrête de servir cette vieille femme moche et viens ici !" ai-je crié. "Les forts doivent être servis avant les faibles !" J'ai frappé du poing sur la table pour souligner ce point assez évident.

« Rachel ! Arrête ça. Maintenant ! » s'exclama mon père.

D'accord, maintenant il allait chercher le couteau à beurre. Sauf que... il y avait des gens tout autour. Pas maintenant. Plus tard.

« Tu es sur ma liste », dis-je avec un sourire méprisant.

« Je ne sais pas ce qui te prend ! »

« C'est ce qui est sorti ! » dis-je en éclatant de rire.

« Chérie, écoute-moi, je n'ai pas beaucoup de temps. C'est juste un vol de correspondance. Tu dois me dire ce qui te tracasse. »

« En ce moment ? Toi. »

Il baissa la tête. « D'accord, écoute, je sais que j'ai raté un week-end ou deux. Mais j'ai été vraiment, vraiment occupé. Tu sais que je t'aime. »

« Je parie que tu ne m'aimes plus », dis-je et j'éclatai de rire encore une fois devant mon esprit.

Soudain, à ma grande surprise, je remarquai la chiffe molle. Elle était en train de reculer. Pas vraiment vers la table, plus comme si elle allait faire le tour derrière moi et... mais pourquoi ?

Je devais y réfléchir. Pourquoi ? D'accord, elle ferait le tour derrière moi. Ensuite... me tuer ?

« Écoute, Rachel, je suis toujours ton papa, même si je... »

« Tais-toi, j'essaie de réfléchir ! »

Si la chiffe molle continuait de se déplacer jusqu'à ce qu'elle soit derrière moi, eh bien, euh... mon père la verrait !

C'était ça ! Mon père la verrait !

Un plan ! Je devais l'arrêter !

Oh... oh... quoi ? Quoi ? Je...

« BATAILLE DE NOURRITURE ! » criai-je. Je sautai sur ma chaise et lançai un croissant comme une balle rapide à la table voisine.

Personne n'a participé.

Mon père me saisit par le bras et m'entraîna. Je devrais le tuer pour ça. Mais pour l'instant, ça fonctionnait. La chiffe molle était restée derrière.

Dix minutes plus tard, mon père était dans son avion, et j'étais partie.

« Bien essayé, Wonder Wuss », ricanais-je à mon double imbécile.