Chapitre 38 - Jake

Nous avons passé une mauvaise nuit, Cassie, Rachel et moi. Cassie et moi sommes rentrés chez nous. Rachel a passé la nuit chez Cassie, car sinon elle aurait dû expliquer à sa mère pourquoi elle n'était pas au camp de gymnastique.

Rachel était encore ébranlée, mais sa mémoire était presque entièrement revenue à la normale. Je pensais que le mieux pour elle serait de passer du temps avec Cassie.

Pour ma part, je me suis traîné chez moi vers minuit. Il n'y avait pas de doute : j'étais consigné. Je n'ai même pas argumenté. Pas de télé. Pas de Sega. Rentrer à la maison avant cinq heures. Laver toute la vaisselle. Sortir toutes les poubelles. Pendant deux semaines. Et, au fait, nettoyer le garage.

Je n'ai rien dit d'autre que "Oui, monsieur", et "Oui, madame", et "Je suis vraiment désolé de vous avoir inquiétés."

Puis je suis monté dans ma chambre et j'ai essayé de ne pas imaginer ce que Visser Three faisait à Ax et Marco.

Je ne me suis jamais senti aussi fatigué et aussi mal. Je me suis endormi tout habillé, le visage enfoui dans mon lit défait.

Nous étions battus. C'est à ça que je pensais en m'endormant. C'était fini. Le monstre de poussière reviendrait. Nous avions survécu - la plupart d'entre nous - mais nous ne pourrions jamais morphoser en toute sécurité. Nous, les Animorphs, étions finis. La bataille était terminée. Plus rien ne se dressait entre les Yirks et le contrôle total de la Terre.

Et vous savez quoi ? Cette pensée m'a juste soulagé. J'étais trop fatigué pour me battre... trop fatigué.

La chose suivante dont je me souviens...

"Booga booga booga booga !"

"Quoiiii ?!"

Je me suis redressé, me suis retourné, m'emmêlant dans mes draps, puis je suis immédiatement tombé de mon lit.

Marco a ri si fort qu'il en a pleuré.

"Comment es-tu arrivé ici ?" ai-je demandé. Puis, "Tu es vivant ?"

"Non, je suis le fantôme de Marco. Crains-moi !"

"Quelle heure est-il ?"

"Genre dix heures du matin", a dit Marco. Il est allé à la fenêtre et a ouvert les stores.

Je me suis reculé de la lumière vive du soleil. "Cassie a dit que le Veleek t'avait emporté."

"Oui, c'est vrai. Et maintenant, nous sortons ensemble. Allez, réveille-toi, chef intrépide. Nous sommes tous en vie et nous attendons que tu viennes mener la contre-attaque."

"Contre-attaque ?" J'ai jeté un coup d'œil à la porte.

"Ne t'inquiète pas", a dit Marco. "Tom est sorti. J'ai vérifié."

"Je ne peux aller nulle part", ai-je dit. "Je suis complètement coincé pour être rentré tard."

"Euh... ouais. J'ai parlé à ton père en montant. Il a mentionné ce petit détail. Il a dit que si tu nettoyais le garage, tu pourrais sortir un moment. Ça semblait très important pour lui. Comme si peut-être en nettoyant le garage il deviendrait l'homme le plus heureux du monde."

"Bien sûr. Pourquoi pas ? Ma mère le harcèle depuis un mois pour qu'il nettoie le garage. Donc maintenant il me refile la tâche. Pourquoi ne serait-il pas heureux ? Tu vas m'aider ?"

"Moi ? Aider à nettoyer le garage ? Bien sûr que non."

J'ai souri. "Je suis content que tu ne sois pas mort, Marco."

"Moi aussi."

"Rassemble tout le monde. Donne-moi trois heures pour m'occuper du garage. On se retrouvera à la lisière de la forêt. Personne ne morphose. Compris ? Personne ne morphose."