Chapitre 19

Je ne me suis pas sentie en sécurité, même légèrement, jusqu'à ce que deux heures se soient écoulées. C'est le temps que David pouvait rester en morphose. Après ça, s'il avait été une puce ou un cafard ou autre, il serait coincé.

Deux heures plus tard, à la minute près, je suis arrivée chez Jake. Il y avait des voitures supplémentaires dans l'allée. Je suppose que la famille de Saddler était venue.

Jake a répondu à la porte. J'ai vu une demi-douzaine de personnes derrière lui dans le salon. Elles semblaient toutes se préparer à partir.

"Salut, Rachel," a dit Jake. "Tu es venue pour-"

Je l'ai attrapé par sa chemise et l'ai tiré dehors sur le porche. Je n'avais jamais fait quelque chose de ce genre à Jake. Je me suis choquée moi-même. Je sais que je l'ai choqué.

"David était chez moi !" ai-je sifflé à son oreille. "Il était dans ma salle de bain."

Jake avait l'air perplexe. Puis ses yeux se sont élargis. "En morphose ?"

"Bien sûr en morphose. Tu penses qu'il serait venu demander à ma maman si je pouvais sortir jouer ?!" Je criais.

"Calme-toi, Rachel, toute la famille est ici. Nous sommes tous sur le point d'aller à l'hôpital voir Saddler. Tom est là," ajouta-t-il avec un regard significatif. Tom est un Contrôleur.

J'ai baissé ma voix à un chuchotement intense. "Il était en morphose. Il a peut-être été une puce. Il a peut-être été sur moi. Sur moi !"

Jake a hoché la tête prudemment. "Ouais. Je suppose qu'on doit s'attendre à ce genre de chose."

"Il a fait de moi sa cible numéro un," ai-je répliqué. "Tu t'attendais à ça ?"

"Qu'est-ce que tu veux dire ?"

"Je veux dire que c'est personnel entre lui et moi. Et je pense que tu sais pourquoi c'est personnel."

Jake a secoué la tête. "Écoute, on est tous ensemble, Rachel. Tu le sais."

"Vraiment ? Beau travail de me soutenir avant, Jake."

"Quand ?"

"Tu sais quand," ai-je dit. "Quand David a dit à tout le monde ce qui s'était passé entre lui et moi et tout ce que j'entends, c'est le grand silence vide de Cassie et Tobias et tout."

"C'était une situation de combat, Rachel. Qu'est-ce que tu voulais que je fasse ? Que je m'arrête et que j'explique à tout le monde que David mentait ?"

Je lançai un regard noir à Jake et à ce moment-là, son père sortit sur le porche. "Il faut qu'on y aille, Jake. Salut, Rachel. Pourquoi ne viendrais-tu pas avec nous ?"

Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai dit : "D'accord, oui."

Le père de Jake referma la porte.

"Tu penses que David mentait ?" lui ai-je demandé.

Jake détourna le regard. "Peu importe ce que je pense, Rachel."

Je ris. "Tu sais quoi, Jake, tu deviens un vrai leader. Tu maîtrises même toute l'hypocrisie." Je commençai à m'éloigner. "Dis à ton père que j'ai changé d'avis."

"Rachel." Jake trottina pour me rattraper. "Qu'est-ce qui te tracasse ?"

"Ce qui me tracasse ? À part le fait que je n'ai jamais été aussi fatiguée de ma vie ? À part le fait que David veut ma peau ? Qu'est-ce qui me tracasse ?"

"Ouais. À part ça. Je veux dire, je te connais, Rachel -"

"Ouais, tu me connais bien," ai-je rétorqué.

"Écoute, je n'ai pas le temps pour un jeu de vingt questions."

"Quand tu poursuivais David et que tu as envoyé Ax chercher de l'aide, pourquoi lui as-tu dit de me chercher moi et pas Cassie ou Marco ?"

Jake parut surpris. Il haussa les épaules. "Je ne sais pas. Je suppose que je pensais que tu étais la plus proche."

"Mauvaise réponse. Essaie encore."

Jake rougit de colère. Mais ensuite, je vis le début d'un sourire amer. "Je pensais que David avait tué Tobias. Je pensais qu'il pourrait me tuer. Je voulais... de la puissance de feu."

"Je vois. Tu me voulais pour mes morphs." C'était une bonne réponse. Ça aurait presque pu être vrai. "D'accord. Alors passons à la deuxième question : Qu'est-ce que tu pensais que je dirais à David hier ? À la cafétéria. Pourquoi m'as-tu laissé le suivre ?"

Le sourire amer de Jake devint plus triste. Pendant un long moment, il ne parla pas. "Je suppose que -"

"Jake ! Allez. Rachel, si tu viens, on y va !" cria la mère de Jake.

Au même moment, la porte du garage s'ouvrit et le nouveau minivan de la famille sortit en marche arrière. Je montai avec Jake et il n'y eut plus rien de dit.

Peut-être que c'était vrai au sujet des morphs. Peut-être avais-je sauté à une conclusion. Après tout, c'était vrai que j'avais le morph de l'ours grizzly et celui de l'éléphant. Tous deux étaient aussi forts ou plus forts que le lion de David. Et c'était vrai que ni Marco ni Cassie n'avaient quelque chose pour égaler la puissance brute du lion.

Peut-être que c'était tout. Peut-être que mon cousin ne me voyait pas comme une tueuse folle à la Nikita.

Mais je devrais attendre et entendre sa réponse à ma deuxième question.

Jake avait dit : "C'était une situation de combat, Rachel. Qu'est-ce que tu attendais de moi ? Que j'arrête et que j'explique à tout le monde que David mentait ?"

Mais je savais une chose avec certitude : Jake mentait. Il savait que ce dont David m'avait accusée était vrai.

Ce n'était pas la première fois que je regardais Jake en me demandant ce qu'il était devenu. Il était assis là, ressemblant à n'importe quel autre gamin coincé dans n'importe quel autre minivan ennuyeux. Si tu le voyais marcher dans la rue, tu pourrais penser, Oh, voilà un gars sympa. Mais tu ne verrais pas la moitié de ce qu'il y avait à voir chez Jake.

Mais alors, je suppose que c'est vrai pour tout le monde. On ne peut jamais être sûr si la jolie blonde traînant une paire de sacs Express débordants à travers le centre commercial n'est qu'une autre gentille, écervelée et inoffensive accro du shopping.

Ou moi.