Chapitre 7

Samedi soir. La plus grande nuit de la grande gala publicitaire du Partage.

Je survolai la ville, glissant au-dessus des enseignes lumineuses de McDonald's, des poteaux téléphoniques et des phares de voiture, en direction du nouveau centre communautaire.

D'abord faibles, puis plus distincts, les sons de la célébration se firent entendre. Des voix filtrèrent à travers l'air nocturne. Des airs entraînants d'un groupe de jazz, des cris et des rires des plus jeunes membres. Et par-dessus tout - par-delà la vague acoustique qui devenait plus insistante à mesure que je m'approchais - résonnait une voix profonde et formelle.

"Mesdames et messieurs, garçons et filles. Bonsoir..."

De hautes tentes blanches s'élevaient dans mon espace aérien. Des projecteurs balayaient le ciel. Des lumières de scène illuminaient le podium et le maître de cérémonie en costume bleu en dessous. Des tables rondes, drapées de blanc, parsemaient l'herbe.

<Jake, Ax, je suis là,> appelai-je à la foule. Tant que je restais à l'écart des projecteurs, je savais que je pouvais voler assez bas sans être vu. Même ainsi, je gardais un œil attentif sur les gardes de sécurité humains-Contrôleurs qui bordaient le périmètre.

J'aperçus Jake. En chemise et cravate, assis à une table de banquet à côté de Tom, son père, et sa mère.

<On dirait que tu es extrêmement mal à l'aise,> dis-je en pensée-parole.

Il ne pouvait pas me répondre. Mais il leva les yeux au ciel en signe d'accord, puis tourna la tête vers la droite et fit un signe vers la table du buffet.

"Ça fait trois !" s'exclama quelqu'un.

"Est-ce qu'il en prend un autre ?"

Les cris provenaient du bout, où un vieil homme se tenait à côté d'un chariot de barbe à papa, entouré d'enfants.

"Fiston, je ne pense pas que ce soit prudent de t'en donner plus. Où sont tes parents ?"

Je fis le tour, essayant de voir ce que Jake voulait que je remarque. Essayant de rester en l'air, hors des lumières.

Il y avait Ax, en morphing humain. Des brins de barbe à papa rose striaient ses cheveux, pendaient de son menton comme une barbe fantomatique, et soufflaient de ses doigts alors qu'il se frayait un chemin vers l'avant de la file.

Je ris. Ax avec une bouche humaine, c'est dangereux. Les Andalites n'ont qu'un sens du goût vestigial. Rien de semblable à la surcharge sensorielle explosive de la bouche humaine.

Je regardai de nouveau Jake. Il secouait légèrement la tête, comme un parent exaspéré, mais amusé.

<Ax-man ! C'est Tobias. Tu dois prendre le contrôle de ton morphing. Maintenant. Tu ne peux pas faire de scène.>

<Tobias ?> s'interrogea Ax en pensée-parole. <Oh, Tobias ! Ce nuage de bonbon est superbe. C'est d'un autre monde. La façon dont il fond sur la langue. Il a de la masse, et pourtant il est sans poids...>

<Oh, là là. Ax, où sont les autres ? Tu es censé m'aider à les guider. Ils sont en morphing mouche, n'oublie pas. Ils peuvent sentir les crottes de chien et voir à environ quinze centimètres, et c'est tout.>

"Amis..." continua l'homme au podium. "Trois mots encapsulent l'attrait du Partage : Opportunité. Implication. Dévouement. Changement. Hum, ça fait quatre." Il y eut une légère pause et un bourdonnement de retour de son alors qu'il réfléchissait à cela. "Mais alors, c'est comme le Partage, n'est-ce pas ? Dépasser les attentes." La foule applaudit pour exprimer son approbation. "Ce soir, nous honorons les membres qui incarnent ces mots. Qui, par leurs réalisations, maintiennent notre organisation sur la bonne voie..."

<À l'aide ! À l'aide !> crachota Marco. Puis ajouta violemment : <Ax !>

<Marco ?> criai-je. <Marco, tu es en morphing mouche ?>

<Recouvert de chocolat, mec. Je suis dans la fondue au chocolat et ils ont augmenté la chaleur ! Table du buffet ! Table du buffet ! Je n'arrive pas à sortir !>

<Fondue ?> demanda Ax.

<Un pot de chocolat chaud. Liquide. Marron.> Je ne savais pas comment le décrire. D'une cinquantaine de pieds de haut, j'examinai la table du buffet. Marco était noir contre marron foncé. Je pouvais à peine le voir à cette distance.

<Marco, qu'est-ce que tu fais exactement dans la fondue ?> demanda Rachel.

<Exactement ? Eh bien... je voulais voir si ça aurait toujours bon goût aspiré par une bouche de mouche. Tu vas m'aider ou tu veux juste me coincer ?>

<Laisse-le se faire manger,> conseilla Rachel.

Ax se dirigea vers la fondue au chocolat. Une mouche bourdonna hors de sa barbe à papa. Cette mouche était plus visible : noire contre rose.

<Rachel ? C'est toi ?> appelai-je.

<Possible, comment pourrais-je savoir quelle mouche tu regardes ? J'étais juste au milieu de ce gros nuage, collant et sucré et... Où est Cassie ? Où est Ax ? Mec ! Cinq minutes et on est tous chamboulés.>

<Je vais bien,> dit Cassie. <Du moins, je pense que je vais bien.>

<D'accord, c'est toi, Rachel, suis juste la barbe à papa. C'est Ax. Le nuage collant.>

<Y a-t-il une raison pour laquelle tu penses que je ne vais pas bien?> insista Cassie, maintenant anxieuse.

<Barbe à papa?> dit Rachel. <Hein? Qu'est-ce qu'il fait à manger de la barbe à papa... Oh, peu importe.>

"La plus haute distinction de cette année revient à un jeune homme qui a rapidement gravi les échelons de nos rangs," déclara le présentateur. "Un membre dévoué de notre communauté." Les applaudissements retentirent dans la foule. Tom se leva de sa chaise et accepta une plaque.

<Que vois-tu? Quel est le problème?> demanda Cassie.

<Rien, Cassie. Tom reçoit son prix,> rapportai-je. <Ax-man. Fais attention en attrapant Marco. Cassie? Es-tu près de Jake?>

Naturellement, Jake entendit tout cela, puisqu'on l'avait inclus dans notre communication par télépathie. Il se tortillait. Nerveux. On aurait dit qu'il était sur le point de bondir de sa chaise et de courir vers la fondue. Ou peut-être juste vers la sortie.

Puis je vis les yeux de Jake se lever vers le ciel dans ce qui ne pouvait être qu'une expression de "Pourquoi moi?" Je jetai un coup d'œil en arrière vers Ax pour voir ce qui avait contrarié Jake. L'Andalite portait une barbe à papa rose et avait sa main plongée dans la fondue au chocolat. Le chocolat atteignait son poignet.

Il retira sa main, la tenant devant son visage comme s'il venait de découvrir qu'elle était faite d'or, puis commença à lécher ses doigts.