Chapitre 8

"Ax ! Regarde le radar. Ils nous ont repérés."

"Oui. Je supposais que les systèmes de surveillance du porte-avions étaient suffisamment sophistiqués pour repérer un F-16D appartenant à l'armée de l'air dans son espace aérien."

<Ax, que se passe-t-il?> Jake. <Les "oreilles" de puce ne sont pas, tu sais, les meilleures.>

<Nous avons été localisés par le USS George Washington,> je lui ai dit. <Et nous étions la cible de deux jets de l'armée de l'air essayant de nous intercepter.>

<Pour nous abattre, Jake !> a crié Rachel. <Nous les avons semés, mais l'armée de l'air a probablement contacté le GW avec un avertissement.>

<Options?> a demandé Jake.

<Aucune que je puisse voir,> a dit Rachel. <Jake, tu sais que le porte-avions va envoyer des gens après nous aussi. Cet avion est un handicap !>

Une fraction de seconde de silence. Puis...

<Ax ! Passe devant le porte-avions. Mets-toi sur sa trajectoire et laisse tomber l'avion. Si nous nous en sortons vivants, nous récupérerons le navire en passant.>

<Peut-être que si nous commençons à démorphoser une seconde ou deux avant l'impact,> a dit Cassie, <nous y arriverons.>

<Ou pas,> a dit Marco sombrement. <Eh bien, je ne peux pas dire que ça a été amusant...>

Pas le choix.

J'ai bloqué les voix de mes amis.

J'ai poussé l'avion à sa vitesse maximale et me suis concentré sur le dépassement du porte-avions.

Et rester devant les jets de l'armée de l'air que je supposais réapparaîtreaient d'un moment à l'autre.

On me demandait de prendre un risque énorme.

Rachel et moi - transportant le Prince et les autres - ne pouvions pas simplement nous éjecter.

Parce que nous ne pouvions pas risquer d'être vus et capturés sous ces morphs humains. Des morphs identiques à ceux des deux pilotes trouvés dans le vestiaire de la Garde nationale aérienne.

Nous devions nous écraser avec l'avion.

Mais comment "laisser tomber" l'avion avec nous à bord et survivre ?

Un plongeon de nez nous tuerait instantanément.

D'accord. L'avion devait toucher le sol par son ventre. En fait, je devais effectuer un atterrissage forcé contrôlé.

La traînée déchirerait sans aucun doute l'avion.

Mais Rachel et moi aurions une chance de survivre. Et avec nous, nos amis.

Nous étions à plusieurs kilomètres devant le porte-avions lorsque j'ai commencé à réduire notre vitesse.

« Ax, pourquoi ralentis-tu ?! »

« Si l'avion touche l'eau à pleine vitesse, nous serons morts en quelques secondes. S'il touche avec les moteurs arrêtés... »

« Nous serons morts en quelques secondes ! »

Je me suis préparé. L'impact serait brutal.

Je suis le serviteur du peuple...

Le bruit... horrifiant...

Je suis le serviteur de mon prince...

Et puis...

Je suis le serviteur de l'honneur...

Nous étions à terre !

La bulle s'est immédiatement brisée. Le jet s'est désintégré.

L'eau froide de l'océan a déferlé dans le cockpit, submergeant Rachel et moi.

M'aveuglant à tout sauf à ma propre peur terrible.

Désespérément, j'ai essayé de me démorphoser dans la combinaison de pression désormais inutile du pilote.

Et dans ma panique, avec le puissant rush de l'eau me percutant, en essayant avec des doigts gelés de me libérer des ceintures et des harnais censés me sauver la vie...

J'ai commencé à suffoquer !

Les Andalytes n'aiment pas les espaces confinés. Les humains non plus quand il semble que la confinement est sur le point de les tuer.

Si seulement ma queue apparaissait, si seulement la lame surgissait pour me trancher hors de ce vêtement contraignant...

Je me débattais. Je haletais pour de l'air. J'avalais de l'eau salée.

Lentement - trop lentement ! - j'ai commencé à me démorphoser dans l'océan froid et sombre.

Craac ! Slaaish !

Oui !

J'étais libre !

J'étais Andalyte.

J'ai donné des coups de pied pour remonter à la surface. J'ai cherché frénétiquement mes amis parmi les débris du jet.

Ils étaient sur le corps de Joseph Felitti. Sur le corps de Michele Leary. Où étaient-ils maintenant ?!

Rachel ! Déjà en train de devenir une mouette.

Serré sous son bras encore humain, Tobias était presque complètement faucon.

<Prince Jake !>

À quelques mètres de là...

« Ax ! Beau boulot. Je vois Marco. »

« Ax-man ! Le tour du siècle ! »

« Jake, je suis à ta gauche. » Cassie.

Nous étions tous vivants !

Un autre événement trop chanceux.

« Mouettes ! » Jake a appelé. « Avant qu'un gars sur l'île ne nous repère avec une paire de jumelles. Puis rendez-vous au porte-avions ! »