Chapitre 13

<Aaaaahhhhhhhh !> criai-je.

Tournoyant de la trompe à la queue. Encore et encore. Je ne pouvais pas sentir le fond. Je ne pouvais pas sentir la forme du tunnel à travers lequel je tombais.

<Rachel, ça va !> la voix de Cassie dans ma tête. <Tu descends l'œsophage de Marco ->

<Oh, dégoûtant !>

<Tu devrais toucher dans quelques secondes,> continua Cassie. <Ne panique pas, nous arrivons après toi.>

Au-dessus, en dessous, au-delà de la voix de Cassie - un profond, résonnant -

Boum boum.

Boum boum.

Le lent rythme vibrait en moi comme le fait une basse à un concert bruyant. Déconcertant. En même temps, quelque chose dans ce rythme était réconfortant, comme le ronronnement du réfrigérateur dans une cuisine sombre.

Aussi... je sentais quelque chose. Quelque chose de désagréable. Quelque chose d'acide. Comme de la nourriture pourrie. Non, pas exactement. Plus comme -

Du vomi !

Oh, mince. Quoi d'autre y aurait-il dans ton estomac ? De la nourriture à moitié digérée mélangée à une sorte de suc gastrique. Je ne voulais même pas penser à ces trucs et encore moins -

KER-PLASH !

Je suis passée dessous !

Submergée dans une mer noire comme du jais.

Mon corps d'éléphant commençait à couler. Et puis je réalisai que le liquide qui m'entourait était étrangement chaud. Ma peau rugueuse commençait à me démanger. À brûler !

De l'air !

Je battis mes grandes pattes arrière. Remontai à la surface.

Je heurtai quelque chose de mou avec ma tête. Quelque chose qui céda sous l'impact et rebondit.

Le côté de l'estomac de Marco ? Ou le haut ?

Mes poumons brûlaient !

Y avait-il de l'air dans un estomac ? Bonne question. Et je n'avais pas de réponse. Je devais trouver l'ouverture par laquelle j'étais tombée ! D'une manière ou d'une autre, remonter...

Morpher ! me dis-je.

Pas le temps !

J'avais besoin d'air maintenant !

J'essayai de voir au-dessus de moi. Trop sombre !

De l'air...

J'avais besoin d'air...

Et puis, à travers la panique, comme une vision, vint une image de Discovery Channel. Un éléphant... nageant.

J'ai laissé mon cerveau d'éléphant faire surface. Mes jambes massives ont donné des coups. Lentement, j'ai commencé à m'élever, j'ai levé ma trompe haut, vers l'endroit où je pensais que l'air devait être.

Oui !

J'ai percé la surface. J'ai aspiré de l'air par ma trompe, remplissant mes poumons. Ahhh...

Un air pourri et nauséabond. Glorieux.

Ceux qui disent que la télé ne vaut rien ne regardent pas les bonnes émissions.

J'ai regardé autour de moi, étourdi et désorienté. Mes faibles yeux d'éléphant plus inutiles que jamais. Mais les sons ! Des sons accablants. Des clapotements. Des bouillonnements. Au loin, ce battement sourd. Aussi - des voix !

<Regardez ! Un des extraterrestres nous a suivis !>

Tseeew !

J'ai sursauté sur le côté.

Le tir du rayon Dracon est passé à côté.

Les Helmacrons !

Le rayon avait illuminé la poche d'air juste assez longtemps pour que je voie que je partageais l'espace caverneux avec huit ou dix d'entre eux. Ils étaient blottis ensemble, bien à ma gauche. Pour moi, dans mon état sub-miniature, ils semblaient à environ un demi-mile de distance.

Encore des images médiatiques. Maintenant, c'était la scène de noyade dans Titanic. Seulement à la place de Leonardo DiCaprio et Kate Winslet, ce cauchemar mettait en scène un pachyderme et une poignée d'extraterrestres aux yeux de marbre.

Tseeew !

Ce tir sauvage m'a permis de voir que bien que les jambes des Helmacrons soient immergées, le reste de leurs corps flottait au-dessus du liquide. En train de nager ou de flotter ? Impossible de dire. Je ne voyais aucun effort pour rester à flot.

Je pouvais, cependant, les entendre se disputer.

<Nous devons percer le mur de gauche ! C'est le chemin vers la vraie gloire !>

<Imbécile ! Nous prends-tu pour des idiots ? Seul le mur de droite peut ressentir la colère des Helmacrons !>

Tseeew !

Raté.

Tseeew !

Raté.

La visée des Helmacrons était complètement à côté.

Mais je m'en fichais presque parce que la douleur dans ma peau s'intensifiait. Des centaines, des milliers de terminaisons nerveuses à vif hurlaient follement. La partie ironique dans tout ça, c'est que ce n'était pas la première fois que j'étais presque digéré. Mais c'est une autre histoire.

<Cassie !> rugis-je. <Où êtes-vous les gars ?>

<Nous arrivons !> répondit Cassie.

<Qu'est-ce qui prend autant de temps ?> demandai-je.

<Nous devions morphoser.>

<Pourquoi cette urgence ?> demanda Jake.

<Oh, pas d'urgence. C'est juste que Marco est en train de me digérer !> criai-je.

<Ça fait mal ?> demanda Cassie.

<Vous vous souvenez dans Batman quand le Joker jetait ses ennemis dans une cuve d'acide ?>

Jake : <Je vais prendre ça pour un oui.>