Chapitre 16

Dès que j'ai sorti mon père de la grange, j'ai nourri et abreuvé les animaux. Il fallait que je le fasse puisque j'avais dit que je l'avais déjà fait.

Puis je me suis dirigée vers le coin de la grange où mon père a un petit établi. Il n'est pas Joe le Charpentier, mais il a eu une période où il était vraiment dans la fabrication de nichoirs. De plus, il fabrique parfois des cages et fait des réparations dans la grange. Donc il avait une sélection décente d'outils.

Je savais que mon père avait la plupart des choses dont j'aurais besoin pour la chirurgie de la glande Tria dans la salle d'opération. Mais je ne pensais pas qu'il aurait quoi que ce soit que je pourrais utiliser pour couper à travers le crâne d'Ax. Mon père est un excellent vétérinaire, mais il ne scie pas beaucoup d'os.

J'ai parcouru du regard l'amas désordonné d'outils. Y avait-il quelque chose qui pourrait couper à travers l'os ?

Mon père avait une scie avec des dents que je pensais capables de faire l'affaire. Mais la scie était beaucoup trop longue. À moins que je ne veuille couper la tête d'Ax en deux comme un gros melon . . .

Je fermai les yeux pour chasser l'image sanglante qui s'était imposée à moi. J'essayai de me rassurer. La glande Tria n'était probablement pas très grande. Je n'aurais besoin que de faire un petit trou.

Un petit trou menant directement au cerveau d'Ax. D'une manière ou d'une autre, cette pensée n'était pas très rassurante.

Je parcourus à nouveau les outils du regard. Il y avait une perceuse électrique. Cela pourrait certainement faire un trou dans l'os. Mais le trou serait trop petit.

Je vis quelques autres outils coincés derrière un nichoir à oiseaux à moitié fini. Je le ramassai, mes doigts se glissant dans le petit trou rond à l'avant.

Hmm. Ce petit trou avait probablement la taille de celui que je devais faire dans le crâne d'Ax.

Je me souvins de l'outil que mon père avait utilisé pour le faire. Ça s'appelle une scie-cloche. Ça ressemble un peu à un tire-bouchon. Sauf qu'au lieu d'un anneau métallique qui s'adapte autour du goulot d'une bouteille, il y a une petite scie ronde.

Je me précipitai vers la salle d'opération, allumai les lumières fluorescentes et cachai la scie. Puis je fis une petite pile de fournitures dont je pensais avoir besoin : hémostats, écarteurs, ciseaux, seringues, fil chirurgical, boules de coton, bandages, bétadine, alcool.

En sortant de la salle d'opération, j'entendis un bruit de battement d'ailes. Puis Tobias se précipita à travers le grenier à foin.

"Comment va Rach -" commençai-je.

<Je ne suis pas arrivé là-bas,> répondit-il en se dirigeant vers son perchoir habituel dans les chevrons. <J'ai commencé à me sentir . . .>

Ses mots se perdirent alors qu'il descendait pour son atterrissage. Et descendait.

Beaucoup trop bas.

"Tobias, fais attention !" hurlai-je.

THUMP!

Tobias heurta le chevron la tête la première.

Il s'effondra.

THUD!

Il atterrit sur le sol de la grange. Et resta immobile.

"Non ! Non, non, non !" Je courus vers Tobias et tombai à genoux à côté de lui.

Je le ramassai doucement. Je ne pouvais pas dire ce qui tremblait. Son corps. Ou mes doigts tenant son corps.

"Tobias, ça va ?" murmurai-je.

Il ne répondit pas. "Tobias ? Tobias !"

<Je jure que je n'ai pas bu le punch,> répondit-il.

Un peu groggy. Mais définitivement vivant.

Je me levai lentement, prenant soin de ne pas le secouer, et commençai à me diriger vers la rangée de cages. "Je vais devoir te mettre à côté d'un aigle royal. Je sais que tu les détestes, mais c'est la seule place disponible pour le moment."

Tobias fit un faible battement dans mes mains. <Qu'est-ce que tu fais ?> demanda-t-il.

"Je vais demander à mon père de s'occuper de toi," répondis-je. Je le glissai dans la cage vide et verrouillai la porte.

<Tu m'enfermes ? Pas question !> cria Tobias. <Je veux sortir d'ici !> Il se leva avec difficulté et ébouriffa ses plumes.

Je pris un tableau et notai que la buse à queue rousse semblait désorientée. J'ajoutai que je pensais qu'elle s'était étourdie en volant dans l'un des chevrons.

S'il y avait d'autres symptômes, mon père saurait comment les gérer. Au moins, je n'avais pas à m'inquiéter pour Tobias.

Je devais m'inquiéter davantage pour Ax. S'il entrait en crise pendant que j'étais à la piscine Yeerk, il n'y aurait personne pour opérer.

Tobias rongeait une des barres métalliques de la cage avec son bec. "Oh, arrête ça," dis-je sèchement. "Tu es dans le meilleur endroit où tu puisses être. Je n'ai pas le temps, pas le temps, PAS LE TEMPS pour des bêtises, d'accord ?!"

<D'accord,> dit-il timidement.

"Oui, madame," dit Erek depuis le dernier box.

J'essayai de me ressaisir. Je pris quelques profondes respirations. Ça n'a pas marché. Je n'étais pas calme.