Chapitre 22

BOOUUUSSSSHHHH !

Une explosion massive de chaleur et de lumière depuis le couloir !

Dix, douze Nartec à l'entrée du hall tombèrent au sol, leur peau fumante. Ils rampèrent pour s'échapper, désespérés.

< Qu'est-ce que c'était que ça ! > cria Marco. Il leva son bras droit. Les poils sombres et épais étaient roussis du poing robuste à l'épaule.

< Le visser ! > siffla Ax. Ses yeux sur tige étaient tournés vers nous, ses yeux principaux toujours fixés sur le tableau de contrôle informatisé.

< Comment peux-tu le dire ? > demandai-je.

< C'est le Luminar. Une bête d'une lune de la planète Slegabb Cinq. Quoi d'autre sinon le visser en morphose ! >

Dans la salle de contrôle entra le Luminar. Une lueur aveuglante ! Une chaleur accablante !

La chaleur émanait de la peau même de la bête. Deux mètres de chalumeau !

Deux bras courts et deux jambes trapues dépassaient d'un corps bulbeux. Des doigts en forme de saucisse. Un large sourire, crépitant d'électricité.

Un Nartec blessé se releva sur ses pieds palmés et tenta de se faufiler devant la créature, dans le couloir.

Le Luminar tendit un doigt gras vers le Nartec.

SSSSZZZZZ !

Grillé ! Un corps carbonisé s'effondra en flocons de charbon sur le sol.

Je sentis mon estomac se soulever. L'odeur était révoltante !

<Okay, on n'avait pas besoin de ça,> dit Marco.

Le Luminar pointa à nouveau. Vers chaque Nartec vivant encore dans la salle de contrôle. Blessé ou entier.

Et avant qu'ils ne puissent crier ou pleurer ou courir...

SSSSZZZZZ ! SSSSZZZZZ ! SSSZZZZZ !

Des tas et des amas de chair de Nartec carbonisée ! Avant que l'un de nous ne puisse... quoi ? Sauver les Nartec, nos ennemis ? Absurde. Et pourtant, bien que nous n'ayons pas demandé cette bataille, bien que les Nartec aient été prêts à nous tuer, bien que nous ayons eu tout le droit moral de nous défendre, nous avions essayé d'éviter de causer des pertes.

Le visser tuait simplement.

Les Nartec fuyaient dans une panique finale. Et maintenant, il n'y avait plus que nous et le visser dans la salle.

Avec un sourire qui envoya des picotements comme une électricité statique douloureuse le long de ma colonne vertébrale, Visser Trois claqua la porte intérieure.

<J'espère que je n'ai pas perturbé ta concentration, Andalite.>

<Pas du tout,> répondit Ax froidement.

<Bien. Alors tu peux déclencher les moteurs dès que possible. Oh, c'est vrai.> Le visser ricana. De petites flammes jaillirent de sa bouche. <Tu ne peux pas - à moins que je ne t'aide.>

J'avalai ma répugnance et lui parlai. <Qu'est-ce qui te fait penser que tu partiras quelque part avec nous, Yeerk?>

<Parce que tu as besoin de moi, imbécile. Tes morphs pathétiques n'ont pas réussi à repousser les Nartec. Guerriers maladroits qu'ils soient, ils sont nombreux.> Le visser ricana. <Et ils ont beaucoup, beaucoup d'armes. Maintenant qu'ils ont échoué à reprendre ce vaisseau, ils vont le détruire. Tu as peut-être remarqué le grand canon au sommet du palais. Armes humaines primitives, mais très efficaces à cette portée.>

<Et pourquoi devrions-nous te faire confiance ! Pourquoi devrions-nous croire que tu ne vas pas nous tuer aussi, dès que le vaisseau décollera?>

Le visser-en-morph fit un pas de plus dans la salle.

Involontairement, je reculai devant la chaleur intense émanant de son corps. Nous le fîmes tous.

<Tu devrais me faire confiance parce que tu dois. Et parce que j'ai besoin de vous pour manœuvrer ce vaisseau.> Il désigna les tas de Hork-Bajir et haussa les épaules. <Mon équipage est - comment dire - hors service?>

<Jake, ne lui fais pas confiance,> avertit Marco en privé.

<Et si nous disons non ?> dis-je. <Et si nous te forçons à quitter le vaisseau tout de suite?>

Le visser ricana à nouveau. <Dans ce cas, nous mourrons tous. D'une manière désagréable ou d'une autre. Vous serez grillés. Brûlés au-delà de toute reconnaissance. Je serai torturé et momifié ou ignoblement assassiné par une arme antique de la Terre.>

<Prince Jake.> La voix d'Ax était tendue. <Je ne peux toujours pas contourner le protocole de sécurité.>

Je lançai un regard à mon équipe.

Rachel grogna de manière menaçante mais s'était reculée pour s'appuyer contre le mur.

Marco était par terre. L'épée qui dépassait encore devant lui de manière maladroite. La douleur devait être inimaginable.

Cassie tenait sa patte avant droite levée du sol, son corps tremblant.

Tobias favorisait son aile gauche.

C'était insensé ! Une situation impossible !

Peut-être. Peut-être pas.

<Tout le monde,> dis-je en privé. <Je vais demander au visser de désactiver le protocole de sécurité.>

<Oui, Prince Jake.>

<Jake, tu es fou ?> siffla Rachel.

<Parfois,> dis-je. <Espérons que ce ne soit pas l'un de ces moments. Le timing est crucial. Soyez prêts. Soyez très prêts. Le moment viendra.>

Je me tournai pour faire face à Visser Trois.

<Nous acceptons votre... offre.>