Chapitre 3 - Dak Hamee

Mon nom est Dak Hamee.

Je suis Hork-Bajir. Mais je suis différent. Pas comme les autres. Je le sais depuis que j'étais trop petit pour écorcer autre chose que l'écorce la plus tendre.

Ma mère m'a dit : « Dak Hamee, tu es étrange. »

Elle m'a emmené voir les anciens dans l'Arbre de la Tribu. Ils m'ont regardé. Ils m'ont parlé.

« Il est étrange », a dit l'Ancien Mab Kahet.

« Oui, il est étrange », a dit l'Ancien Ponto Fallah.

« C'est un 'voyant' », a dit Mab Kahet. Il n'était pas heureux. Il n'était pas triste. Il était... perturbé.

« Qu'est-ce qu'un 'voyant' ? » a demandé ma mère.

La Vieille, Tila Fashat, a ouvert sa bouche édentée et a dit : « Un voyant est celui qui est né pour montrer une nouvelle voie. De nombreuses, nombreuses saisons passent, puis notre père, le Profond, et notre mère, le Ciel, disent : 'Envoyez un voyant au peuple. Le peuple en a besoin.' Et ainsi naît quelqu'un qui est différent. »

« Mon fils est différent », a dit lourdement ma mère.

« Oui », a dit la Vieille. « Il est différent. »

Je suis Dak Hamee. Je suis différent. Je suis le voyant. Je dois montrer à mon peuple une nouvelle voie.

Mais je ne connaissais pas la nouvelle voie. La Vieille a dit que je le saurais quand le Profond et le Ciel me le diraient. Ils me diraient quoi faire.

En attendant, je devais attendre. Parfois, je pensais à des choses auxquelles aucun Hork-Bajir ne pense : Qu'y a-t-il vraiment dans le Profond ? Quelle est la hauteur du Ciel ?

Parfois, je prenais un petit morceau de bois brûlé du feu. Je l'utilisais pour faire des marques sur le bois lisse où l'écorce avait été enlevée. Je faisais des marques qui ressemblaient à des rochers. Ou des arbres. Ou comme le monstre Jubba-Jubba qui vit dans le Profond. Une fois, j'ai fait des marques qui ressemblaient à mon ami, Jagil Hullan.

« C'est toi, Jagil », ai-je dit.

« Ce n'est pas moi », a dit Jagil.

« Si. Regarde que les lames de poignet sont formées comme tes lames de poignet. Regarde que la queue est comme ta queue. Regarde que les cornes sont courtes, comme tes cornes. »

« Ce n'est pas moi », a dit Jagil. « Je suis moi. Je suis ici. Je ne suis pas là. Je ne suis pas une éraflure par un bâton brûlé. »

J'ai essayé d'expliquer. Mais Jagil n'a pas compris.

Peut-être avait-il raison. Peut-être étais-je simplement différent à nouveau.

Un jour, je récoltais dans les hautes branches d'un vieux Siffier. J'ai dépouillé l'écorce avec mes lames de jambe, et tenu une branche avec mes mains. J'ai regardé en haut vers Mère Ciel. Je me suis demandé encore une fois quelle était sa hauteur.

Mais ensuite, il y avait quelque chose de différent dans le Ciel. Ce n'était pas le soleil. Ce n'était pas une lune. C'était plus petit. C'était brillant. C'était en forme d'œuf, mais avec des branches.

Ça descendait du Ciel.

Je savais que c'était Mère Ciel qui me parlait. Je savais que cette chose différente m'était envoyée. C'était différent. Je suis différent.

Je suis descendu de l'arbre jusqu'au sol. J'ai marché vers l'endroit où j'ai vu la chose du Ciel aller.

Elle était sur le sol. Et il y avait des créatures.

Aucun des monstres des Profondeurs. Aucun des lézards ou des serpents de l'Extérieur. Ils avaient quatre pattes. Un, deux, trois, quatre. Ils avaient une queue, mais elle était haute, ne traînant pas sur le sol. Ils avaient deux bras. Ils n'avaient pas de lames, à l'exception d'une petite lame sur chacune de leurs queues. Leurs cornes étaient très petites. Et ils bougeaient. Et il y avait des yeux au bout de leurs cornes.

Ce n'étaient pas des cornes. Les cornes n'ont pas d'yeux.

Ils n'avaient pas de bouches. Ils me regardaient avec quatre yeux.

Je me suis approché pour les voir. Ils ne bougeaient pas. Ils ne faisaient que regarder.

"Je suis Dak Hamee," ai-je dit.

Ils ne parlaient pas. Ils ne faisaient que fixer.

"Je suis Dak Hamee," ai-je répété.

<Je suis le Prince Seerow.>

La voix était dans ma tête ! Elle ne faisait aucun son. Mais je l'entendais ! C'était étrange. Les mots n'étaient pas ceux des Hork-Bajir. Mais je les comprenais.

"Je suis Dak Hamee," ai-je répété.

<C'est un juvénile,> l'une des créatures a dit. <Probablement d'un âge équivalent à Aldrea ou Barafin. Aldrea ? Barafin ? Peut-être devriez-vous lui parler.>

<Pas moi !> une nouvelle voix a dit. <Il est couvert de lames !>

Mais l'une des créatures s'est avancée vers moi. <Je m'appelle Aldrea,> a-t-elle dit. <Nous sommes des Andalites. Nous aimerions être vos amis.>

Soudain, j'ai su que mon attente était terminée. C'était la nouvelle chose pour laquelle j'avais été créé. C'était ce que je devais comprendre, pour pouvoir montrer le chemin à mon peuple.

C'est pourquoi Père Profond et Mère Ciel m'avaient fait un voyant.