Chapitre 6

Vers le bas.

Vers le bas, et encore plus bas.

Nous rétrécissions. Rapidement.

Le vaisseau Helmacron et la boîte bleue devenaient de plus en plus grands. Marco était absolument énorme.

"Hé, Marco," dis-je. "Sous cet angle, tu as l'air grand."

"Hé - cool !"

"Domage que tu ne puisses pas rétrécir toute l'école," dis-je.

"Ha-ha. Et, uniquement ce mois-ci, un ha bonus !"

Rétrécir, c'est un peu comme se transformer en insecte. Mais différent, aussi. Quand je suis en morphose de mouche, les instincts de la mouche trouvent que c'est naturel d'être minuscule.

Être un minuscule humain est juste bizarre.

J'avais commencé à environ un mètre soixante-dix. Maintenant, j'avais à peu près la taille d'une poupée American Girl. Et je devenais de plus en plus petit rapidement.

Nous étions les Petits. Les Emprunteurs. Poucette et ses amis.

Marco nous regardait d'en haut. Son visage était de la taille d'un panneau publicitaire à Times Square. S'il avait porté un slip Calvin Klein - et rien d'autre - l'illusion aurait été presque complète.

"Souviens-toi, Marco," cria Jake. "Pas de morphose."

"Qu'est-ce que tu as dit ?" demanda Marco. "Les petites personnes sont difficiles à entendre."

"J'ai dit, pas de morphose !" Mais à ce stade, ça sonnait probablement comme, "J'ai dit, pas de morphose."

"Je ne peux pas T'ENTENDRE !" Marco commençait à ressembler à une pom-pom girl lors de l'une de ces compétitions télévisées.

"Dis-lui," dit Jake à Ax.

<Pas de morphose !> cria Ax en pensée-parole.

"D'accord !" tonna Marco. "Vos vies minuscules dépendent de mon obéissance aux ordres."

C'est à ce moment-là que la première vague de peur m'a traversé.

D'accord, la morphose est inquiétante. Mais, d'une certaine manière, tu es en contrôle.

Concentre-toi suffisamment et tu peux contrôler la morphose, au moins dans une certaine mesure.

Concentre-toi suffisamment et même quand tu penses que tu vas rendre ton dernier souffle, tu peux récupérer ton propre corps.

Mais rétrécir...

Je ne pouvais pas annuler cela par moi-même.

D'une manière très réelle et effrayante, ma vie était entre les mains de Marco.

Et, bien sûr, Marco était infesté de lunatiques microscopiques qui voulaient qu'il se débarrasse de nous.

Maintenant, nous étions de la taille de puces, et nous continuions à rétrécir.

L'établi se dressait au-dessus de nous comme un gratte-ciel sans fenêtres.

Les semelles des chaussures de course de Marco ressemblaient à d'énormes sculptures violettes.

Vers le bas.

Vers le bas, et encore plus bas.

Vers le bas jusqu'à ce que les marques de râteau dans la terre ressemblent à des collines.

Vers le bas jusqu'à ce que des brins de foin soient des arbres énormes abattus et que les grains de terre soient de la taille de ballons de football.

Et nous continuions à rétrécir.

La forme gigantesque de Marco remplissait entièrement mon champ de vision. "Je viens de penser à quelque chose -"

Sa voix s'éteignit brusquement en plein milieu d'une phrase. Comme une radio qu'on éteint soudainement. Mais je savais que Marco parlait encore. Je pouvais sentir ses mots comme des ondes sonores qui se brisaient autour de moi.

Cassie serra ma main un peu plus fort. "Que vient-il de se passer ?"

<Nous sommes trop petits pour entendre les sons,> dit Ax.

"Ça n'était pas arrivé avant," dit Cassie.

<C'est vrai,> approuva Tobias. <Quand les Helmacrons m'ont rétréci avec Cassie et Marco, nous pouvions encore entendre. Vous ne pouviez pas nous entendre. Mais nous pouvions vous entendre.>

Cassie me regarda. "Quelque chose ne va pas."