Chapitre 27 - Jake

J'étais assis en cours de sciences, écoutant un cours désespérément compliqué sur les champignons, quand j'ai vu un éclair familier de brun et de beige passer devant la fenêtre.

<Jake ! Jake ! Elle sort !> dit Tobias.

"Je pensais que cela devait prendre au moins dix jours !" dis-je. Le professeur me fixa. La plupart de la classe aussi, du moins ceux qui étaient réveillés.

"Désolé," dis-je. "Je... euh... je ne me sens pas très bien. Permission d'aller à l'infirmerie ?"

"Attends la fin du cours."

"Mais je dois vomir !" criai-je, et je courus vers la porte. Personne ne discute quand vous dites que vous devez vomir. Ils se contentent de s'écarter de votre chemin.

Quelques secondes plus tard, Rachel tomba malade aussi. Elle devait également vomir. Puis Marco quitta la salle de classe où il était. Marco, étant Marco, dit à son professeur qu'il devait sortir en urgence pour mettre un de ces patchs Nicoderm. "J'essaie d'arrêter de fumer !" cria-t-il. "Ne m'arrêtez pas !"

Vingt minutes plus tard, nous étions tous rassemblés autour du petit jardin de fleurs derrière la maison de Cassie. C'est là que nous avions déplacé la chrysalide. Elle pendait de sa plante transplantée, au milieu des fleurs, avec Tobias restant à proximité, jour et nuit, pour la protéger des prédateurs.

Les parents de Cassie ne savaient pas, bien sûr. Trois jours s'étaient écoulés. Ils espéraient toujours qu'elle serait retrouvée. Je ne savais pas quoi leur dire. Ou quand. Ou si je devais simplement les laisser espérer.

Nous nous sommes rassemblés autour de la chrysalide, qui était largement fendue. Le papillon émergeait, petit à petit. Puis, enfin, il déploya ses magnifiques ailes.

"C'était censé prendre quelques semaines," dis-je.

<Cassie a toujours été la plus rapide pour morphoser,> fit remarquer Tobias.

Rachel pleurait, ce qui est une vue troublante parce que Rachel ne pleure pas. Je suppose que moi aussi.

"Elle est un papillon," dit Rachel. "Elle a réussi. Au moins maintenant elle..."

Elle craqua. C'était bien que Cassie soit un papillon plutôt qu'une chenille. Mais ce n'était pas une raison de célébrer. Pas pour nous. Pas pour ses parents.

Ax arriva sous forme humaine, trottant un peu de façon erratique sur ses deux jambes. Il se pencha et observa de près le papillon qui venait d'essayer ses ailes. "Qu'est-ce que c'est ?"

"C'est Cassie," dis-je. "Elle sort du cocon."

Ax avait l'air perplexe. "Mais ce n'est pas du tout le corps qu'elle avait."

"Non, c'est ce qui se passe," expliqua Marco. "La chenille devient le papillon."

Soudain, le papillon s'envola simplement. Il s'éloigna en voletant, traversant les fleurs, comme s'il cherchait la fleur parfaite.

"Une métamorphose naturelle ?" demanda Ax d'un ton interrogateur. "Vous ne m'avez pas dit."

"Je suppose que c'est une métamorphose naturelle," dis-je. "Et je suppose qu'il vaut mieux vivre sa vie en tant que papillon plutôt qu'en tant que chenille."

"Cassie préférerait-elle être cette créature plutôt que redevenir humaine ?" demanda Ax. "Créa-ture. Créa-ture."

Rachel soupira. "Non, Ax, bien sûr que non. Nous disons juste que c'est mieux que son seul autre choix. Mieux vaut être un papillon qu'une chenille."

"Ah. Je vois," dit Ax. "Mais peut-être qu'elle aimerait se démorphoser maintenant."

"Je suis sûr qu'elle le voudrait," dit Marco avec gravité.

"Alors elle devrait," dit Ax.

Lentement, un par un, nous tournâmes tous nos regards vers lui. Rachel fit un peu plus. Elle se leva d'un bond, le saisit par le col et dit : "Tu te moques de moi ou tu as quelque chose à dire ?"

Ax parut un peu surpris, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais il dit : "Oh, je vois. Vous ne vous en étiez pas rendu compte. Zuh. Re-uh-liiii-zuh. Un mot très compliqué, 'réaliser'. Et le son 'z' chatouille les parties de ma bouche humaine."

"Ax ! Tu es en train de dire que Cassie peut se morphoser ?!" demandai-je.

"Je le crois," dit-il. "Cette métamorphose naturelle devrait réinitialiser le compte à rebours de morphose. Elle a deux heures pour se démorphoser."

"ATTRAPEZ ! CE ! PAPILLON !" criai-je.