Chapitre 23

Nous avions trouvé Mertil. Probablement sauvé sa vie. Son cher ami Gafinilan avait fait d'horribles efforts pour le libérer.

Mertil devait être content. À un certain niveau, d'une certaine manière. Mais il n'avait pas l'air si heureux que ça.

Nous étions dans les bois. Bien plus sûr que de traîner autour de la gare de triage, en attendant qu'un Contrôleur Hork-Bajir nous trouve.

<Je suis surpris,> dit Mertil simplement, <que vous ayez été prêts à risquer vos vies pour moi. Comme je suis.>

Il tenait le moignon de sa queue vers le bas, le plus à plat possible contre son corps. Comme s'il avait honte. La position devait être inconfortable.

<Nous ne savons pas ce que tu veux dire,> dit gentiment Cassie.

<Je vais expliquer,> dit Ax. <Il veut dire qu'il est surpris que nous, guerriers normaux et en bonne santé, ayons risqué nos vies pour un simple vecol.> Il fit une pause. Tourna un œil sur tige vers moi et ajouta, <Ou, comme dit Marco, quelqu'un qui a des "capacités différentes.">

<Bon sang, on ne peut pas simplement passer à autre chose, s'il vous plaît ?> dit Rachel. <Ce n'est pas comme si c'était la faute de Mertil s'il a été blessé. Ou qu'il a une allergie ou autre. Bon sang, je peux nommer quelques personnes que je connais qui sont parfaitement en bonne santé et qui sont une perte totale d'oxygène. À mon avis.>

<Je suis d'accord avec ça,> murmurai-je. Mertil et Gafinilan restèrent silencieux.

<Ax,> dit Jake. <Tu considères Gafinilan comme un héros de la culture andalite, n'est-ce pas ?>

Ax hocha la tête. Un de ses gestes humains adoptés préférés.

<Peut-être que le fait qu'il soit capable de passer outre l'imperfection physique est l'une des raisons pour lesquelles il est un héros. Qu'en penses-tu ?>

<Prince Jake, je pense que la raison pour laquelle Gafinilan est capable de passer outre les difformités de son ami, c'est parce qu'il voit à travers les yeux de l'amitié. C'est un comportement exceptionnel. Dans des circonstances ordinaires, dans la société andalite en général, il n'est tout simplement pas naturel de montrer une telle préoccupation pour un vecol.>

<Donc, l'amitié, ce n'est pas naturel ?> rétorqua Rachel. <C'est anormal ?>

<Qu'est-ce que la "normalité," de toute façon?> demanda Cassie, rhétoriquement.

<La norme. Le standard. La moyenne,> dis-je.

Tobias lança un regard noir. <D'accord, je commence à avoir un complexe ici. Je suis un nothlit. Un monstre. Peu importe. Mon meilleur ami est un extraterrestre avec de la fourrure bleue. Ma copine est humaine - quand elle n'est pas en morphing. Que diriez-vous de ne plus parler de "normal" ? Ou de "moyenne" ou de "naturel". S'il vous plaît.>

Un silence encore plus étrange. Pour ma part, j'étais impatient de savoir ce qui allait se passer ensuite.

<Mertil-Iscar-Elmand,> dit Ax. Respectueusement.

<C'était un honneur de vous rencontrer. Je me souviendrai toujours de vous tel que vous étiez.>

Eh bien, c'était un début.

<Nous devrions partir d'ici,> dit Jake.

<Gafinilan, nous allons vous aider, vous et Mertil, à rentrer.>

<Merci.>

Et encore une fois, je vis le tremblement que j'avais déjà remarqué. En pire. Et je me souvins du doute de Gafinilan sur le fait d'avoir bien vu l'humain en moi cette première nuit. Scrutant attentivement ses propres étiquettes imprimées dans la serre. Il devenait aveugle.

Quand le tremblement cessa, Gafinilan continua. <Et puis, vous aurez la gentillesse de nous laisser. Mon temps est compté. J'aimerais finir mes jours honorablement et en compagnie de mon plus cher ami.>

Mertil, qui n'était pas non plus un mauvais spécimen de guerrier Andalite, se tenait droit. <Comme Gafinilan a pris soin de moi, je vais maintenant prendre soin de lui. C'est mon devoir.>

<Le visser pourrait ne pas vous laisser tranquille,> fit remarquer Jake.

<Le visser a prouvé qu'il n'a aucune utilité pour nous deux,> rétorqua Gafinilan.

<Il a raison, Jake,> dis-je. <Si le visser poursuit quelqu'un, ce sera nous. Pour avoir gâché ses plans.>

<Oh, super,> dit Cassie avec ironie. <Tu sais toujours comment finir sur une bonne note, Marco.>

<Merci,> dis-je.