Chapitre 11

<Tuez-la maintenant,> dit Ax en public en pensée parlée.

Mais dans un aparté privé, entendu seulement par moi et Tobias, il ajouta, <Je parle uniquement pour l'effet dramatique, bien sûr. Mais ce serait bien que le Yeerk ait peur.>

J'ai resserré ma prise. Qu'elle sente la puissance irrésistible de mes bras. J'ai résisté à l'envie de crier, "Je suis désolé, Maman !"

"Arrête !" cria le Visser. "Ne me tue pas !"

J'ai détendu mes bras puissants. Le corps humain de ma mère s'est affaissé. Je pouvais entendre sa respiration laborieuse. Voir ses omoplates à travers le fin chemisier en soie qu'elle portait.

<Pourquoi ne devrions-nous pas te tuer ?> taquina Ax. <Vous, les Yeerks, avez tué mon frère, Elfangor.>

"Le frère d'Elfangor ! J'aurais pu savoir qu'une branche de sa famille misérable et lâche vivait encore ! Mais c'est Visser Trois qui a mis fin à la vie maléfique d'Elfangor. C'est lui que vous voulez. Et moi aussi. Je veux sa mort autant que vous. Non pas que je n'aurais pas été fier de revendiquer Elfangor comme ma propre victime."

<Je vais la laisser partir,> dis-je. Je ne pouvais plus la retenir. J'étais à mi-chemin entre une étreinte aimante et un étranglement furieux.

<Elle peut encore avoir des armes cachées,> dit Ax à part.

<Hé, je ne vais pas fouiller ma propre mère.>

<Elle ne porte rien,> dit Tobias. <Je le verrais.>

Je l'ai laissée partir. Elle a redressé sa perruque blonde et a pris quelques respirations profondes.

J'ai fait tomber la perruque de sa tête d'un revers de main soudain. Je ne sais pas pourquoi.

Le Visser... ma mère... me lança un regard d'amusement froid. "Gentil guerrier andalite," dit-elle d'un ton moqueur.

<Tu es en vie. Alors tais-toi,> répliquai-je.

"Je ne serai pas en vie longtemps," dit-elle, soudain fatiguée. "Visser Trois m'a accusée de trahison. Maintenant, une fois que ses Hork-Bajir rapporteront, il aura la preuve qu'il pourra présenter au Conseil des Treize. Ils ont émis un gashad. Un mandat pour me tuer à vue."

Tobias vola vers les photographies que nous avions vues plus tôt. <Que complotiez-vous?>

Elle rit. "Et tu aimerais en connaître chaque détail."

<Oui, nous aimerions,> dit Ax. <Et tu nous le diras. Ou tu mourras.>

"Je suis déjà morte."

<Ton plan doit impliquer de discréditer Visser Trois,> dit Ax. <Nous pourrions aider. Si c'était Visser Trois avec le gashad sur la tête, ta propre tête serait plus en sécurité.>

Ses yeux sombres scintillèrent. "Vous m'aidez à détruire Visser Trois, puis vous me détruisez. Est-ce le plan ?"

<Oui,> dis-je franchement.

Elle rit avec dérision. "La vérité. Tu me fais l'honneur de ne pas me prendre pour une idiote."

<Et si tu en as l'occasion, tu détruiras Visser Trois, puis nous,> dis-je.

Elle se pencha, approchant son visage si près du mien. "Oui, je le ferai."

<Maintenant, Yeerk,> dit Ax, <tu vas nous raconter ton histoire. Je te conseille de te dépêcher. Les forces de Visser Trois reviendront.>

Je regardai le corps de ma mère se redresser. Sa voix était calme, sans émotion.

"J'étais revenue sur Terre pour construire une installation sous-marine. Elle produirait un corps hôte utile pour l'invasion de Leera. Mais, comme vous les Andilates le savez, cette installation a été détruite. J'ai été déshonorée. J'ai été rétrogradée au rang de sous-Visser. Mais Visser Trois a entrepris de parachever ma destruction. Il a dit à quiconque voulait l'entendre que j'étais une traîtresse. Le Conseil des Treize l'a cru et a émis le gashad. Je suis en fuite depuis."

<Pourtant, te voilà sur Terre. Apparemment seul,> dit Ax. <Il ne fait aucun doute qu'il y a un vaisseau en orbite. Et peut-être un chasseur Bug caché ici sur la planète. Sans doute avez-vous d'autres générateurs Kandrona d'urgence à bord.>

La Visser secoua la tête. "Je ne te conduirai pas à mon vaisseau, Andalite."

Avant que je ne sache ce que je faisais, avant d'avoir le temps de réfléchir, j'ai saisi le Kandrona portable et l'ai violemment claqué sur le sol.

<Dis-lui "tic-tac", Ax,> dis-je.

"Un bon mouvement tactique," dit la Visser. "Raccourcir mon temps. Me rendre désespérée. Mais ça ne marchera pas."

<Nous verrons,> murmurai-je.

<Quel est ton plan, Yeerk?> insista Ax. <Quelle information as-tu sur Visser Trois qui pourrait te racheter aux yeux du Conseil des Treize?>

Visser Un détendit le corps de ma mère contre la console de surveillance criblée de balles. Pendant un moment, elle avait l'air aussi innocente qu'une institutrice de troisième année sur le point de raconter une histoire folklorique sur le jeune Abe Lincoln.

"Hork-Bajir libres," dit-elle simplement. "Visser Trois a permis à des Hork-Bajir échappés de commencer une colonie juste sous son nez."

<Mais les Yeerks ont asservi toute la population Hork-Bajir,> répondit Ax. <Il n'y a plus de Hork-Bajir libres dans la galaxie, encore moins ici sur Terre.>

"Ne fais pas l'idiot avec moi," dit la Visser. "C'est la seule chose que nous admirons chez vous, les Andalites : votre intelligence."

<D'où viens-tu avec cette théorie?> exigea Ax.

"C'est mon affaire," haussa les épaules Visser Un. "Il y a toutes sortes de façons de comprendre ce qui se passe sous terre si vous avez l'acuité mentale, ce que Visser Trois n'a assurément pas. Dis-moi, Andalite," continua la Visser. "Comment ton frère, le puissant Elfangor, a-t-il succombé à un Yeerk aussi défaillant et incompétent que Visser Trois?"

<Je pourrais te poser la même question,> répondit calmement Ax.

"Je connais l'importance de la vengeance dans la culture Andalite," dit Visser Un. "Visser Trois a tué ton frère. Tu es tenu par l'honneur de le tuer. Je peux faire en sorte que cela se produise."

<À quel prix,> dit Ax.

"À un prix," elle acquiesça.

<Quel prix?> demandai-je.

"La colonie Hork-Bajir. Donne-moi les Hork-Bajir libres. Je te donnerai Visser Trois."