Chapitre 26 - Gentille Rachel

Vers le bas, vers le bas, vers le bas. Plus vite, plus vite, plus vite. Et tout cela dans le silence le plus étrange. Les ailes d'un hibou ne font pas un bruit.

Le camion, éblouissant pour mes yeux de hibou, se rapprochait rapidement.

Nous allions nous écraser contre lui !

Non, nous allions le dépasser et toucher le sol !

Non, nous allions atterrir trop court et glisser sous les énormes roues !

< Aaaaahhhhhh ! > criai-je. < J'ai peur ! J'ai peur ! J'ai peur ! >

< Moi aussi, > gronda Jake. < Reste sur mon aile. Ne pense pas. Sors de toi-même, fais comme si tu étais ailleurs. >

< Quoi ? Quoi ? Je suis un hibou sur une trajectoire de collision avec un camion ! >

< Laisse le hibou voler, Rachel. C'est comme fondre sur une souris. Tu vois cette sangle qui traverse le dessus du camion ? >

< O-o-o-oui. >

< Tu vois le chevauchement ? La rangée de rivets ? C'est ta cible. Ta souris. Laisse juste le hibou voler. >

J'ai essayé. Honnêtement, j'ai essayé, mais Jake était FOU !

Que voulait-il dire par laisser le hibou voler ? Nous étions à dix secondes de l'impact. Neuf. Huit.

Et puis, à ma grande surprise, le hibou prit le relais. C'était tellement bizarre ! C'était comme si une seconde j'étais dans le cockpit d'un avion et je ne savais pas comment le piloter, et soudain, le pilote est entré et a pris les commandes.

Je me suis concentrée sur ces rivets stupides. Je me suis concentrée et la chouette s'est concentrée et nous nous sommes rapprochées de plus en plus et plus près encore et . . .

Frappe !

Les serres ont attrapé.

Griffant, glissant . . .

Le camion a fait une embardée. J'ai perdu ma prise, me suis retrouvée sur le dos, emportée en arrière le long du toit de la caisse du camion. Mes serres griffaient frénétiquement, cherchant un appui sur ce qui n'était que de l'acier lisse et sans aspérités.

<Aaahhhhh !>

Tic !

Une serre a attrapé ! Un minuscule trou, un trou de vis. Une seule griffe d'une seule serre accrochée dans ce minuscule trou.

J'ai vu Jake, accroché à la sangle devant moi. Les autres ? Tous partis, déjà.

Je voulais pleurer. Je voulais juste sangloter et pleurer et pleurnicher. Je tremblais. Mes plumes frémissaient. Mon esprit sombrait rapidement, sombrant dans un profond désespoir.

<Rachel ! Démorphose !>

<Quoi?>

<Démorphose ! Maintenant !>

<Ici?> Je ne pouvais pas l'entendre correctement. Était-il fou ?

<Tu dois démorphoser pour remorphoser,> dit-il. <Écoute-moi, Rachel. Écoute-moi. Arrête de pleurer, arrête de paniquer, écoute-moi juste.>

Je me suis concentrée sur sa voix en pensée. J'ai essayé d'ignorer tout le reste.

J'ai commencé à démorphoser. Mieux vaut être humaine que chouette. Juste un problème : ma serre. À tout moment, elle pourrait se transformer en orteil. Un orteil ne s'accrocherait pas. Je roulerais du bord du camion sur la route pour être écrasée par -

<Rachel ! Écoute-moi. Démorphose. Fais-le !>

<J'ess-sssaie !>

J'ai commencé à changer. À grandir. Je veux dire, je comprenais ce que Jake essayait de faire. Je comprenais qu'il pensait que ma peau humaine m'aiderait à m'accrocher à l'acier.

Il avait raison. Alors que la peau remplaçait les plumes, j'ai commencé à mieux m'accrocher. J'ai gardé les yeux fermés très serré.

"Rachel. Tu as fini de démorphoser," a dit Jake avec sa voix humaine.

"Bien," ai-je chuchoté. Le camion a fait un écart. J'ai frappé mes mains contre le métal, essayant de m'accrocher. "D'accord, maintenant tu dois remorphoser."

"Quoi?"

"Cafard. Cancrelat."

"Non ! Pas question ! Jamais ! Non non non non non non non . . ."

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