Chapitre 14

Ils étaient gigantesques. Ils étaient des Godzillas marron. Ils étaient... des cafards.

Leurs antennes étaient des fouets longs de cent pieds. Leurs pattes étaient des poteaux téléphoniques articulés. Ils étaient des machines immenses, accablantes, terrifiantes, faites d'une armure épaisse de cinq pouces.

Ils nous dominaient, deux cafards énormes et bruyants. Je veux dire, vous pensez savoir à quel point les cafards sont dégoûtants. Mais vous ne savez rien tant que vous n'avez pas vu un cafard littéralement de la taille d'un Wal-Mart. La prochaine fois que vous allez dans un Wal-Mart ou K Mart ou Target ou un grand supermarché, arrêtez-vous devant et pensez "cafard."

Ils étaient très, très grands.

Et ils ne sentaient pas très bon non plus.

<Salut, c'est nous,> dit Jake.

<Tu viens de nous faire une peur bleue !> répondit Tobias. <Peux-tu nous voir ici en bas?>

<Non, nos yeux ne sont pas très bons, comme tu le sais. Mais Ax peut te voir. Il nous a conduits à vous.>

<Ax?> demanda Tobias.

« Ax ? » Marco et moi avons dit en nous regardant. Puis lentement, très lentement, nous nous sommes retournés.

Ax.

Une araignée-loup.

« AAAAHHH ! »

« AAAAHHH ! »

Peu importait que nous sachions que c'était Ax. Mon cerveau ne fonctionnait pas. Mes jambes se transformèrent en gelée. Je m'assis très vite, très fort.

Vous ne pouvez pas commencer à concevoir à quel point cette vue était terrifiante.

Deux fois plus grand que les cafards. Avec huit pattes, chacune de la taille de l'arc de Saint Louis. Des pièces buccales acérées, méchamment acérées, qui ressemblaient aux portes de l'enfer. Un corps gonflé, puant, gonflé, poilu.

Mais rien de tout cela n'était ce qui faisait que Marco, Tobias et moi tremblions de peur incontrôlable.

C'étaient les yeux.

Huit d'entre eux. Certains scintillaient, des yeux composés multifacettes. D'autres étaient vides, morts, des yeux simples noirs. Les plus petits semblaient plus grands que nous.

Et ce visage, ce visage maléfique, fixant...

Je pouvais sentir cette image se graver directement dans mon cerveau. Je ne l'oublierais jamais. Même si je vivais cent ans, je continuerais à voir ce visage.

<Bonjour,> dit Ax. <Ai-je fait une erreur en disant que j'étais Canadien?>

"Ax, j'espère que tu as le contrôle de cette morph," dis-je.

J'essayais de détourner le regard et de comprendre comment réagissaient les Helmacrons, mais c'était impossible de détourner le regard de ces huit grands yeux.

Cependant, les Helmacrons réagissaient.

<Pensez-vous nous terrifier avec vos morphs pitoyables ? Nous sommes des guerriers Helmacrons !>

Ils criaient cela tout en s'éloignant à toute vitesse.

<Ax, assure-toi qu'ils continuent à courir,> dit calmement Jake.

Ax se tourna, un mouvement qui me fit crier de peur. Mais au moins, ces yeux étaient dirigés ailleurs.

"Yuh-uh-uh-uh-uh-uk," frissonna Marco. "Mec, je n'avais pas besoin de voir ça. Ça vaut bien une trentaine de nuits à se réveiller en hurlant, couvert de sueur froide."

Ax se lança à la poursuite des Helmacrons, saccadé mais rapide, aussi effrayant qu'une créature que je n'espère jamais revoir.

Sa moitié inférieure était obscurcie par la terre bosselée autour de nous quand...

TSEEEEEW ! TSEEEEEW !

<Aaaahhhhh !> cria Ax.

J'oubliai ma peur et courus vers la pente pour voir par-dessus le bord de la dépression. Là, planant juste à un quart de pouce au-dessus de la terre, se trouvait l'un des vaisseaux Helmacrons.

Ax se tordait de douleur apparente, ses jambes immenses s'agitant follement par pur réflexe. Il se tourna vers nous et je vis l'œil fumant, grésillant, sentant la viande brûlée, qui avait été incinéré par le vaisseau Helmacron.

TSEEEEW ! TSEEEEW !

Ils tirèrent à nouveau, à bout portant, et les quatre jambes du côté gauche du corps d'araignée d'Ax furent coupées en deux. Il tomba du ciel comme un astéroïde au ralenti. Les jambes sectionnées s'effondrèrent lentement, comme des arbres incroyablement grands.

<Démorphe !> cria Jake. <Ax ! Démorphe !>

Nous avions fait une erreur mortelle. C'était une question de taille. Les Helmacrons étaient risibles quand nous étions grands. Mais ici, à cette échelle, ils étaient aussi dangereux que les Yirks.