Chapitre 28

Le souffle descendant de l'hélicoptère nous a frappés. Loren a glissé contre le bâtiment. J'ai tangué. Roulé. Me suis redressé.

Le pilote s'est penché depuis l'hélicoptère. C'était le Contrôleur-grand-mère. Elle a levé son rayon Dracon.

Tseeeeeeeeeeeew !

Le tir a frôlé mes ailes. A creusé un cratère dans la ruelle. Des morceaux d'asphalte, comme des éclats, ont martelé mes plumes. J'ai vacillé. Loren a tournoyé. Le Contrôleur-grand-mère a visé à nouveau.

< En bas ! > ai-je crié.

Je me suis plongé dans l'espace étroit entre une benne à ordures et le mur en parpaings du centre commercial. Loren s'est précipitée après moi.

< Et maintenant ? >

< Je ne sais pas. > Mon cœur battait à mes tempes. Mes ailes étaient engourdies. < On ne peut pas rester ici. Laisse-moi réfléchir. >

Tseeeeeeeeeeeew !

La benne à ordures a explosé. Nous a projetés contre le mur.

Des cris. Des pas précipités. Une sirène. Je ne pouvais pas dire d'où venaient les bruits. Le vent des pales de l'hélicoptère fouettait la ruelle. Nous aspergeait de gravier.

Soudain : < Tobias ! Par ici ! >

< Marco ? >

< Retourne d'où tu viens, > dit-il. < Derrière le vieux magasin de jouets. Quai de chargement. MAINTENANT ! >

J'ai levé mes ailes. Elles étaient lourdes de poussière. Lentement, je me suis levé des décombres, Loren à mes côtés. Deux faucons éreintés ont glissé le long du trottoir vers le magasin de jouets abandonné.

"Les voilà !"

"Après eux !"

Les Contrôleurs se sont rués vers nous depuis les deux extrémités de la ruelle.

Tseeeew !

Le trottoir a explosé derrière nous.

"Ne tirez pas ! IDIOTS ! Vous allez vous tirer dessus."

Nous avons passé un ensemble de marches en métal. Monté. Sur le quai de chargement. Contre la lourde porte en acier. Aucun moyen de passer. Aucun moyen de sortir. Les Contrôleurs ont sprinté vers nous. Ont sauté sur le quai.

< ATTENTION ! > Loren a crié.

Un Contrôleur a bondi.

Tseeeeeew !

J'ai plongé. J'ai passé mes serres sur son crâne chauve.

"AAAAAAAAHHHHHH !" Il a basculé en arrière, hors du quai de chargement.

< MARCO ! OÙ ES-TU ? >

Sccuuurrrrrrruuuunch-BAM !

La porte en acier derrière moi s'est déchirée. Tordue. S'est ouverte en grondant.

< ENTRE ! >

Loren s'est précipitée par la porte. N'a pas questionné le gorille qui se tenait sous elle. Ni l'alien bleu et poilu qui se tenait à côté avec le sac à dos Barney sur les épaules.

Fwap ! Fwap !

Ax a fouetté sa queue en avant. Deux Contrôleurs sont tombés du quai de chargement, inconscients.

Marco a fait rouler une caisse en plastique sur le quai. L'a renversée par-dessus le bord. Des voitures Hot Wheels ont glissé sur le trottoir.

Les Contrôleurs ont couru dessus. Ont glissé. Ont vacillé. Clac ! Ont heurté le sol. Comme dans un vieux film des Trois Stooges.

Marco sauta à nouveau dans le bâtiment. Ax et moi le suivîmes.

Marco claqua la porte derrière nous.

Nous étions dans un entrepôt. Des rangées d'étagères en acier s'élevaient jusqu'au plafond. Loren était perchée sur la plus proche, attendant.

Je passai devant elle. <Sortons d'ici !>

Nous planions au-dessus des étagères. Contournant les poutres. Ax et Marco bondissaient en bas, le sac à dos rebondissant contre les épaules d'Ax. Il semblait presque vide, à l'exception de quelque chose de carré et de lourd au fond. Le cube de morphose.

<Il était temps.> Rachel, toujours sous la forme d'un éléphant, attendait à l'avant de l'entrepôt. Un trou de la taille d'un éléphant avait été percé dans le mur derrière elle.

<Désolée de ne pas avoir pu vous aider là-bas,> dit-elle. <Je ne pouvais pas me faufiler entre toutes ces étagères. Il semble que j'ai pris un peu de poids.>

Tssseeeeewww !

Ka-BOOOOOM.

La porte du quai de chargement explosa derrière nous. Des Contrôleurs se déversèrent dans l'entrepôt.

Rachel baissa sa grosse tête grise et poussa contre l'étagère la plus proche.

Elle bascula. S'écrasa contre l'étagère suivante. Et la suivante. Toute la rangée d'étagères s'effondra comme des dominos.

"ATTENTION !" Les Contrôleurs se précipitèrent en arrière sur le quai.

<ON Y VA !>

Nous nous faufilâmes par le trou de Rachel et dans le magasin abandonné au-delà. Ax et Marco dévalaient l'une des allées. Loren et moi volions au-dessus, évitant luminaires et toiles d'araignée. Rachel fermait la marche. La moitié des étagères étaient encore garnies de jouets recouverts de poussière. Rachel balança sa trompe au-dessus d'eux, projetant des Legos, des tees de golf, et des balles de Ping-Pong sur le sol derrière elle.

<Oh oh,> dis-je. <Problème.>

La lumière du soleil traversait les fenêtres de devant. Dehors, quatre Contrôleurs couraient vers le magasin.

CRRRRAAAAAASH.

Ils lancèrent un parcmètre dans la fenêtre. Se faufilèrent à travers le verre brisé et chargèrent vers nous.

Marco sauta sur une trottinette. Saisit le guidon avec deux énormes doigts, tendit son autre poing, et fonça sur les Contrôleurs.

WHAM! WHAM! WHAM! WHAM!

Poing de gorille contre visage humain. Les quatre Contrôleurs tombèrent au sol. Et il était évident qu'ils allaient y rester un moment.

<Tu sais,> dit Marco, <je savais qu'il y avait une raison pour laquelle j'ai toujours voulu une trottinette.>

THWOK! THWOK! THWOK!

L'hélicoptère rugit au-dessus.

Tseeeeeew! Tseeeeeew!

Des rayons Dracon traversèrent l'entrepôt. Les Contrôleurs nous attaquaient par derrière.

Rachel se retourna. Elle mit hors d'état trois Contrôleurs avec sa tête massive.

<Tobias?> Loren fit demi-tour. Elle vola au-dessus d'un luminaire. Tourna. Revint en volant. <TOBIAS !>

<À terre !> dis-je. <Restez À TERRE ! N'essayez pas de vous battre avec ces gars-là.>

Elle tourna en cercle. Se précipita vers une étagère inférieure vide.

<Restes là,> dis-je. <Ne bouge pas tant que je ne te le dis pas.>

Je fis une embardée. Deux gars se jetèrent sur Marco. Il en frappa un avec son poing, l'autre avec son coude. Un autre Contrôleur pointa un rayon Dracon vers son dos. Je plongeai.

Tseeeeer !

"Aaaaaaaaahhhhh !"

Je clouai son doigt sur la gâchette avec mon bec. L'arme glissa sur le sol.

Un sol jonché de Contrôleurs inconscients. Ax frappait avec sa lame de queue. Je griffais avec mes serres. Rachel et Marco repoussaient leurs assaillants par leur taille et leur force brute. Contrôleur après Contrôleur tombait. Mais d'autres continuaient à arriver. Déferlant depuis l'entrepôt.

<Ils essaient de nous forcer à aller dans le parking,> dit Ax.

<Ouais.> Boum. L'avant-bras de Marco se connecta avec le ventre d'un Contrôleur. <Où le petit vieux pilote d'hélicoptère peut nous faucher.>

<Alors donnons-leur ce qu'ils veulent,> dis-je. <Par l'avant. Dans le parking.>

<TU ES FOU?> Marco, bien sûr.

<Ouais,> dis-je. <Et toi, tu ne l'es pas?>