Chapitre Trois : Discussions avec le Choixpeau

Harry écoutait le murmure d'admiration tout autour de lui tandis que les élèves de première année traversaient le lac en bateau vers Poudlard. Il étudiait lui aussi le château et devait admettre qu'il était magnifique, une lueur accueillante dans l'obscurité désormais absolue.

Il soupçonnait qu'il cherchait des choses légèrement différentes de celles que les autres élèves cherchaient. Eux s'exclameraient devant les fenêtres, le plafond enchanté de la Grande Salle lorsqu'ils l'atteindraient, et les tours de pierre s'élevant de manière étrange à l'horizon. Harry étudiait l'épaisseur des murs, la largeur des fenêtres, et la brume lumineuse et crépitante de ces sorts qu'il avait réussi à s'entraîner à voir. Poudlard ressemblait à un incendie avec ce genre de vision, bien que le feu ne consommait pas la pierre mais se déplaçait lentement et continuellement sur elle, changeant de couleur. Et Harry était sûr que de nombreux sorts qu'il ne pouvait pas voir défendaient également l'école. Ils iraient des plus récents aux plus anciens, certains sans doute mis en place par les Fondateurs eux-mêmes.

Mais étaient-ils suffisants ? Garderaient-ils Connor en sécurité si des Mangemorts venaient le chasser ? Si Voldemort le faisait ? Si un accident privait presque le monde du Survivant, avant qu'il ait la chance de porter le coup final dans la bataille ?

Fronçant les sourcils, Harry remarqua à peine Connor le pousser sur le côté pour le faire descendre des bateaux lorsqu'ils s'arrêtèrent. Il descendit bien, mais c'était l'entraînement qui le gardait près de son frère, et non l'attention ou l'anticipation. Il connaissait tout du discours que quelqu'un—la Professeure adjointe McGonagall, à en juger par le son, et sa future Directrice de Maison—faisait aux élèves de première année. Il connaissait le Choixpeau et les fantômes qui passaient à travers la salle d'attente, et le mélange d'excitation débordante et de nervosité qui consumait ses pairs comme un écho des sorts sur le château.

Il ne savait pas encore à quel point il pouvait faire confiance à Poudlard. En attendant de le savoir, il devait garder un œil dessus.

"Tu n'as pas peur, n'est-ce pas?"

Harry cligna des yeux et tourna la tête, au moins pour s'assurer que la question lui était bien adressée. Il ne savait pas comment interpréter le ton de Malfoy qui se tenait à côté de lui, le regardant fixement. Est-ce que Malfoy se moquait de lui ? Posait-il une question sérieuse ? L'admirait-il ? Ses yeux et sa voix ne trahissaient rien. Harry se sentit soulagé. Il préférait ne pas avoir à apaiser constamment les tensions entre Connor et le possible futur Mangemort.

"Non," dit Harry, en se tournant à nouveau vers les portes.

Elles s'ouvrirent en grand, ce qui empêcha Malfoy de poser d'autres questions. McGonagall les conduisit sous le plafond enchanté, sur un sol de pierre, sous le regard des professeurs et des autres élèves. Harry entendait des exclamations autour de lui, même lorsque le Choixpeau commença à chanter, et se demandait pourquoi. Les seules choses impressionnantes, et donc intéressantes, étaient les lignes de sorts qui descendaient du plafond et s'enroulaient comme du lierre autour des tables des élèves. Il n'en connaissait qu'un ou deux, comme ceux qui apaisaient les pensées pouvant mener à des démonstrations de magie mortelles. Il devrait apprendre les autres.

"Abbott, Hannah !"

Harry regarda la fille avancer au trot, mettre le Choixpeau sur sa tête, et être répartie à Poufsouffle. Il acquiesça. Le Choixpeau fonctionnait exactement comme ses parents le lui avaient dit, et tout danger possible était donc écarté. Il se pencha sur le côté pour observer une traînée verte de sortilège serpenter autour de la table des Serpentard. Il se demandait ce qu'elle faisait. Ses signatures étaient similaires à celles qui entouraient un sortilège défensif, mais elle avait des projections aiguisées sur les côtés, comme si elle était destinée à agir offensivement.

Son attention ne revint à la Répartition que par intermittence, comme lorsqu'il y eut un silence extrêmement long entre "Granger, Hermione !" et l'annonce du Choixpeau. Harry se pencha en avant, curieux, pour voir la fille assise fermement sous le Choixpeau. Il entendit un faible murmure de voix, et pensa qu'elle se disputait avec lui.

"GRYFFONDOR !" cria le Choixpeau.

Granger le reposa sur son tabouret et repartit au trot, l'air très satisfaite. Harry cacha un sourire. Ainsi, elle allait être dans la Maison de Connor. Il espérait qu'elle deviendrait son amie. Quelqu'un d'aussi déterminé pourrait être un bon allié. Et elle avait un nom qu'il ne reconnaissait pas comme appartenant à une famille de sorciers, ce qui signifiait qu'elle était née-Moldue, ce qui signifiait qu'elle aurait plus de raisons que d'autres d'être du côté de Connor.

Il prêta également attention lorsqu'un nom qu'il reconnaissait fut appelé, et fut immensément heureux de voir Neville Londubat aller à Gryffondor. Lily lui avait raconté l'histoire solennelle de comment les parents de Neville avaient perdu la raison sous les sortilèges de Doloris des Lestrange. Harry s'était demandé si leur courage se transmettrait à leur fils. Il semblait que oui.

Malfoy alla à Serpentard. Harry n'était absolument pas surpris. Il ne comprenait pas pourquoi Malfoy ressentait le besoin de lui adresser un sourire narquois en se dirigeant vers la table des Serpentard, ni pourquoi il s'assit et continua à le regarder jusqu'à ce que Harry lui fasse une grimace et détourne le regard.

Puis vint le moment qu'il attendait.

"Potter, Connor !"

Les murmures commencèrent presque immédiatement. Harry vit son frère rougir et trébucher un peu alors qu'il se précipitait vers le Choixpeau, comme s'il ne s'y était pas attendu. Bien sûr, il s'y était attendu, mais c'était une chose de l'imaginer et une autre de l'entendre, pensa Harry, le cœur serré de sympathie. Heureusement, Connor parvint jusqu'au tabouret malgré les voix qui l'accompagnaient.

"Est-ce vraiment lui ?"

"Le Connor Potter ?"

"Peux-tu voir sa cicatrice ?"

"Je ne sais pas, il a l'air plus petit que je ne l'imaginais…"

Connor mit le Choixpeau sur sa tête et ferma les yeux. Harry pouvait voir les lèvres de son frère bouger, et savait quel genre de réassurances il essayerait de se murmurer. Puis il se figea, et Harry savait que la voix du Choixpeau parlait dans sa tête.

Cela dura très peu de temps, comme Harry l'avait prévu, mais ce moment avait quand même des griffes, et elles lui picotaient tout le dos pendant qu'il attendait.

"GRYFFONDOR !"

La Grande Salle explosa de bruit—des acclamations de la table des Gryffondor et des cris de soulagement des autres, sauf des Serpentard. Harry hocha la tête alors que Connor retirait le Choixpeau de sa tête, rayonnant. Bien sûr, il était essentiellement bon. Il avait vaincu Voldemort, n'est-ce pas ? Mais c'était la première fois que quelqu'un en dehors de sa famille jugeait Connor. Cela devait être bon d'entendre que les instincts de sa famille étaient justes, pensa Harry.

Connor s'installa à la table des Gryffondor puis se retourna et sourit à son jumeau. Harry lui sourit et s'avança alors que McGonagall appelait son nom.

Le Choixpeau se posa sur ses oreilles et ricana dans son esprit. Tu penses déjà connaître ta maison, n'est-ce pas ?

Je le pense, répondit calmement Harry. Sa mère lui avait dit qu'il pouvait penser et le Choixpeau l'entendrait. C'était un conseil précieux, car ses ennemis pourraient éventuellement obtenir quelque chose des pensées privées de Harry s'il parlait à voix haute. Je vais aller à Gryffondor, pour protéger mon frère.

Tu veux aller à Gryffondor, le Choixpeau le corrigea. Cela ne signifie pas que tu ne serais pas mieux adapté pour une autre maison.

Harry eut la curieuse et inconfortable sensation que la pièce tournait autour de lui et devenait tranchante, comme si le Choixpeau avait placé sa vision dans une autre partie de son cerveau pendant qu'il regardait ses souvenirs. Puis il dit, Personne ne peut mettre en doute ta loyauté. Ni ton courage—combien d'enfants sont prêts à mourir pour leurs frères à onze ans ? Pour une raison quelconque, cela semblait triste, mais Harry n'eut pas l'occasion de le questionner. Ni ton intelligence, d'ailleurs, pour apprendre tant de sorts si jeune.

Mais ce qui te maintient, M. Potter, c'est ta ruse, ton soin, ta capacité à cacher ce que tu es vraiment et ta détermination à réussir. Je pense que tu te caches mieux que la plupart des gens ne le sauront jamais, ajouta-t-il de façon énigmatique.

Harry ne se souciait pas de cette dernière phrase ; son esprit était focalisé sur celle d'avant. Mais tu ne peux pas vouloir me mettre dans—

"SERPENTARD !" le Choixpeau s'exclama joyeusement.

Pendant un bref instant brûlant, Harry pensa à protester. Il était censé être à Gryffondor, c'est là qu'il appartenait, c'est ce qu'ils avaient prévu, et comment était-il censé protéger son frère s'il ne le voyait même pas pendant de grandes parties de la journée ? Le Choixpeau savait tout cela, et il l'avait quand même mis ailleurs. Harry avait envie de crier ou de hurler. Pour la première fois depuis des années, il pensa qu'il pourrait même avoir envie de pleurer.

Mais il réprima l'impulsion et la refoula dans la boîte secrète de ses pensées. Non, il ne pouvait pas protester. Cela attirerait l'attention sur lui. De plus, il pourrait y avoir des avantages à être à Serpentard. Il aurait accès aux enfants les plus susceptibles d'appartenir au camp opposé. Il ne pensait pas pouvoir prétendre être l'un d'eux, jamais, mais la simple proximité et familiarité pourrait les rendre négligents autour de lui.

Il enleva le Choixpeau dans un moment de silence mort, comme il s'y attendait. Harry afficha un visage calme et fit face à la table de Serpentard. Il marcherait jusque-là, et le silence continuerait, puis la Cérémonie de Répartition reprendrait. Ce ne serait qu'un petit accroc sur le chemin, espérait-il ardemment. Il y avait d'autres élèves à répartir dans leurs Maisons. Si Connor—

Puis le silence se brisa.

Harry regarda fixement tandis que Draco Malfoy se levait de la table de Serpentard et commençait à applaudir. Il le fit aussi calmement que si cela se produisait chaque jour de sa vie, et ses yeux étaient fixés sur le visage de Harry, sans jeter de coups d'œil autour pour voir quel genre d'attention il pouvait attirer. Quelques autres Serpentards se levèrent péniblement et se joignirent à lui, mais, principalement, Harry marcha vers la table sous l'égide d'une seule paire de mains qui applaudissait, rendant toute la performance encore plus notable qu'elle ne l'était déjà.

Puis Malfoy eut l'audace de faire signe au garçon assis à côté de lui de se pousser, de sorte que Harry ait une place vide pour s'asseoir. Harry la prit, le visage en feu, car il soupçonnait qu'éviter Malfoy ne ferait que le pousser à faire quelque chose d'encore plus dramatique et ridicule au nom de—quoi ?

"Tu trouves ça drôle de m'embarrasser ?" siffla Harry à son adresse. Il pouvait entendre la Cérémonie de Répartition reprendre, heureusement. Il pouvait aussi sentir son jumeau le regarder depuis la table de Gryffondor. Lâche qu'il était, il ne pensait pas pouvoir encore croiser les yeux de Connor, alors il se contenta de lancer un regard noir à Malfoy, qui se contenta de s'appuyer en arrière et de sourire.

"Je n'étais pas au courant que je t'embarrassais," répliqua Malfoy d'un ton traînant. "Je ne faisais qu'accueillir le nouveau membre de la Maison Serpentard. Je suppose que tes manières impeccables ne s'étendent pas à un accueil amical, alors ? C'est une honte. Tu es clairement différent de ce que je pensais." Son sourire s'élargit, un rictus, et il observa Harry pour voir ce qu'il ferait.

Harry reconnut la provocation, mais n'avait qu'un seul choix, et il soupçonnait que c'était celui qui plairait le plus à Malfoy. Il prit une profonde inspiration et força un sourire. « Bien sûr que non », dit-il. « Pardonne-moi. J'ai mal compris. Je pensais que j'allais à Gryffondor avec mon jumeau. »

Malfoy se pencha plus près de lui, impliquant une familiarité que Harry ne pensait pas exister. « Les jumeaux sont parfois différents », murmura-t-il. « Du moins, c'est ce que j'ai toujours pensé. Et dès le premier moment où nous nous sommes rencontrés dans le train, j'ai pensé que tu serais un Serpentard. »

Harry détourna brusquement les yeux de Malfoy et avala sa salive. Merde. Qu'ai-je fait de travers ? pensa-t-il avec désespoir. Quel genre de—de chose en moi fait de moi un Serpentard au point que quelqu'un d'autre puisse le voir ? Et pourquoi ma famille ne me l'a-t-elle jamais dit ?

Il ne se sentait toujours pas prêt à regarder de l'autre côté de la pièce, même lorsque Ron Weasley devint un Gryffondor, alors il regarda plutôt la table des professeurs. Il hocha la tête, sombrement non surpris, lorsqu'il réalisa que Severus Rogue, le directeur de la maison Serpentard, le fixait. Son père avait tout raconté à Harry sur la rivalité entre les Maraudeurs et Rogue lorsqu'ils fréquentaient Poudlard, mais aussi sur la dette de sorcier que Rogue devait à James, et que l'homme grincheux, cassant et acerbe était un membre de l'Ordre du Phénix. Rogue aiderait à protéger Connor, mais il ne rendrait guère sa vie agréable. Et il n'avait pas l'air heureux d'avoir un Potter dans sa maison non plus.

Harry siffla brusquement. Sa tête lui faisait mal. Il leva une main et la frotta sur sa cicatrice, puis cligna des yeux en la baissant et en découvrant sa paume tachée de sang. Il la glissa sous la table, confus.

Malfoy, bien sûr, tenta de lui attraper le bras. « Laisse-moi voir. »

« Non ! » dit Harry, se détournant. Confus, perdu, ayant besoin de retrouver un goût de chez lui, il leva les yeux et regarda de l'autre côté de la pièce, vers la table des Gryffondor où il aurait dû être, où Connor et Ron étaient assis en camaraderie.

Connor le fixait, comme s'il n'avait pas cessé depuis le moment où Harry avait été réparti. Ses yeux étaient grands, et il secouait la tête de gauche à droite, encore et encore. Harry grimaça et se détourna à nouveau. C'était la première fois qu'il voyait la trahison sur le visage de son frère.

Il respira prudemment pour lui-même, ignorant le discours du directeur Dumbledore et l'apparition de la nourriture, du moins jusqu'à ce que Malfoy se penche et dise : « Tout le monde va penser que tu boudes si tu ne manges pas, tu sais. »

Je ne peux pas me permettre ça, pensa Harry. Je ne peux pas me permettre d'attirer l'attention sur moi. Les gens penseront trop à moi, et ils ne regarderont pas Connor autant qu'ils le devraient. Je dois reprendre le contrôle de moi-même.

C'était la voix de sa mère qui lui revint. « Tu es l'éclair. Tu frappes fort et vite, et tu ne laisses aucun reste derrière toi. Connor est le cœur. Protège son innocence, Harry. Assure-toi qu'il reste pur et intact à la fin de tout cela. »

Harry laissa échapper une dernière respiration anxieuse, la dernière qu'il s'autoriserait, puis commença à manger. Il pouvait le faire. Ce n'était qu'un autre défi pour protéger Connor. Personne n'avait jamais dit que c'était facile. Harry avait tendance à se lancer à corps perdu dans les défis et à les affronter jusqu'à ce qu'ils disparaissent. Il pouvait le faire avec celui-ci aussi.

« Veux-tu du jus de citrouille, Harry ? »

Malfoy avait décidé de l'appeler par son prénom ? C'était une nouveauté pour Harry. Mais il réussit à hocher la tête, à sourire, et même à dire : « Merci, Draco. »

Draco servit. Harry évita de regarder la table des Gryffondor pour le moment. Il expliquerait à Connor que le fait d'être placé à Serpentard ne signifiait pas que ses objectifs dans la vie avaient changé, mais il le ferait demain, quand ils ne seraient pas devant tant d'autres personnes.

* * *

Draco n'était pas stupide. Il avait vu le sang sortir de la cicatrice de Harry. Il n'avait certainement pas manqué l'expression paniquée sur le visage de Harry lorsque le Choixpeau l'avait annoncé pour Serpentard, ni la façon dont il avait remarqué son frère, Snape et le Weasley tous le fixer comme s'il avait poussé une seconde tête.

Draco s'en fichait. L'anticipation rendait chaque bouchée de nourriture qu'il mangeait et chaque mouvement qu'il faisait plus agréable, surtout maintenant qu'il avait réussi à se protéger contre la puissance pure de Harry. Il savait à quoi s'attendre à Poudlard d'après les récits de son père, et quels standards il était censé porter et maintenir en tant que Malfoy. Il savait que le Survivant allait arriver, et tout bien considéré, il n'était pas surpris que lui et ce crétin de Gryffondor allaient probablement finir par devenir ennemis. Il s'attendait à apprécier un peu Poudlard, mais à s'ennuyer à mourir la plupart du temps.

Personne ne lui avait parlé de Harry. Pour autant que Draco le sache, son père ne considérait pas l'existence du deuxième jumeau Potter comme importante.

Mais il l'est, pensa Draco, et versa le jus de citrouille pour avoir une excuse pour continuer à observer Harry. Il est puissant, et il agit comme s'il ne le savait pas, et il ne s'attendait certainement pas à être mis à Serpentard, donc il ne connaît pas grand-chose de son propre caractère non plus. J'ai une longueur d'avance sur Harry et Potter, et peut-être même sur Snape aussi.

Je ne sais pas exactement ce qui va se passer ensuite, mais ça va être tellement amusant.

*Chapitre 4 : Colle avec le Maître des Potions*

Cela pourrait être le dernier chapitre que je peux publier aussi rapidement pendant un moment. Merci pour les critiques !