Le blog de Serpentfou

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Saving Connor

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Resume

Traduction de la saga : ‘Saving Connor’ de l’auteur Lightning on the Wave , réunit en une seule grande histoire pour en faciliter la lecture.

Univers alternatif, HP/DM slash éventuel, Harry est très Serpentard ! Le jumeau de Harry, Connor, est l'Élu, et Harry est dévoué à le protéger en passant pour quelqu'un d'ordinaire. Mais certaines personnes ne laisseront pas Harry rester dans l'ombre... COMPLET

Chapitre Vingt-Neuf : Explosions

Harry rêvait.

"Bienvenue à la maison, mon seigneur." La voix de Bellatrix était douce et exaltée alors qu'elle stabilisait le petit trône au sol. "Oh, bienvenue enfin à la maison."

Le rire sifflant de Voldemort provenait du centre du fauteuil. Harry ne pouvait toujours pas le voir, bien qu'il puisse voir Bellatrix et le fauteuil plus clairement dans la pénombre de l'aube que lors de sa dernière vision. Il se glissait autour d'eux en cercle, observant attentivement. Il ne pensait toujours pas qu'il était réellement présent, mais cet endroit où ils avaient atterri était plus ouvert que la forêt où Harry les avait vus la dernière fois. Harry pouvait voir une longue étendue de plage vide plongeant vers l'eau, et au-delà, un désert de landes tout aussi vides.

Nagini se glissa autour du fauteuil et siffla quelque chose que les oreilles de Harry traduisirent par : "Es-tu à l'aise, cher Maître ?"

"Toujours, avec toi près de moi," siffla Voldemort en retour. Le Fourchelang ne sonnait pas très différemment de l'anglais pour Harry, du moins quand il le parlait, mais la voix de Voldemort parvenait à rendre la langue innocente des serpents vile et perverse. Il frissonna légèrement, hérissant sa fourrure, et continua d'observer.

"Nous devons bouger," dit Voldemort à Bellatrix. "Nagini a besoin d'un endroit chaud, et moi aussi. Et ensuite—ensuite le soleil." Il riait de nouveau, et Harry fixa ses yeux sur le sol, le sable doux sous ses pattes, pour ne pas avoir à voir l'expression sur le visage de Bellatrix quand elle écoutait le rire. Elle avait l'air de le considérer comme la plus riche des musiques.

"Oui, mon seigneur," dit la Mangemort, et elle ramassa le fauteuil. Harry ne put s'empêcher de fixer l'extrémité de son poignet droit. C'était couronné de—quelque chose. Il pensa que ce n'était pas une main, mais cela scintillait et se pliait comme la lumière de la lune sur l'eau, et cela saisissait évidemment comme une main même si ce n'en était pas une.

Le rêve continua, suivant Voldemort, Bellatrix et Nagini à travers le sable, et Harry dut les suivre. La douleur au centre de son front s'aggravait, mais il ne savait pas pourquoi. Cette scène était presque paisible.

Jusqu'à ce qu'ils gravissent le premier talus en quittant la plage, bien sûr, et rencontrent un Moldu marchant seul, sifflotant pour lui-même. Il s'arrêta et fixa Bellatrix, la bouche ouverte.

Nagini le tua, puisque les mains de Bellatrix étaient plutôt occupées. Harry supposa que c'était une mort plus miséricordieuse qu'il aurait pu avoir, étant donné comment Bellatrix aimait torturer ses victimes, mais cela importait peu alors qu'il regardait les dents et les anneaux de Nagini s'abattre, et entendait le cri bref que le Moldu poussa avant qu'il ne soit étouffé. Et voir Bellatrix déchirer un morceau du corps et le rapporter pour nourrir la chose invisible dans le fauteuil était presque plus que Harry ne pouvait supporter.

« Bienvenue chez vous, mon seigneur, » murmura à nouveau Bellatrix, faisant un geste comme si elle essuyait du lait sur la joue d'un enfant. Harry doutait fortement que ce soit quelque chose d'aussi innocent que du lait. « Bienvenue chez vous, enfin. »

Harry sentit la douleur dans sa cicatrice croître au point où il pouvait la sentir brûler dans la réalité, puis il revint à lui-même en sursaut, haletant et se tenant le front, avec la connaissance que Voldemort était revenu en Grande-Bretagne.

* * *

Draco ouvrit brusquement les yeux. Il ne savait pas pourquoi. Il était en train de rêver un instant auparavant, confortablement installé dans un endroit qui combinait les meilleures caractéristiques du manoir des Malfoy et de Florean Fortescue, et maintenant il était dans son lit avec son front picotant—

Son front.

Draco avala sa salive et repoussa prudemment les rideaux de son lit. Il avait découvert ces derniers jours qu'il pouvait ignorer la plupart des émotions comme des sensations fantômes, à moins qu'elles ne soient très fortes ou qu'elles ne viennent de Harry. Il avait une bonne idée de pourquoi son front lui faisait mal maintenant.

Il se dirigea discrètement vers le lit de Harry, puisque une vérification rapide du Tempus lui indiqua qu'il n'était que six heures du matin, et tira sur le rideau de Harry. Il entendit une respiration rapide et surprise, puis le froissement qui signifiait que Harry se retournait et essayait de faire semblant de dormir encore.

Draco se pencha et fixa son ami d'un regard noir. Le visage de Harry était détendu, sa bouche légèrement entrouverte comme s'il était émerveillé par un rêve. Ses yeux bougeaient même de droite à gauche sous ses paupières à la poursuite de la vision imaginaire. Mais il n'avait pas pensé à essuyer la traînée de sang qui avait coulé sur sa joue.

« Harry, » siffla Draco. « Je sais que tu es réveillé, bon sang. Ouvre les yeux et parle-moi. »

Harry essaya encore de faire semblant un instant, puis il se retourna et cligna des yeux en direction de Draco, une main se levant comme pour couvrir un bâillement—et, juste par hasard, dissimuler la traînée de sang. « Salut, Draco, » dit-il. « Que fais-tu éveillé si tôt ? As-tu fait un mauvais rêve ? »

« Pour l'amour de Merlin. » Draco grimpa sur le lit de Harry et laissa les rideaux se refermer derrière lui. « Écoute. C'est stupide. Nous avons eu quelques jours pour nous habituer à ça maintenant, et cela signifie que tu sais que j'ai de l'empathie, et je sais que j'ai de l'empathie, et j'ai mémorisé tes paroles. Tu as dit que cela ne te dérangeait pas que je puisse voir tes émotions parce que c'était moi. Était-ce un mensonge ? » Il pouvait sentir la douleur monter, mais il la repoussa, préférant être en colère. Montrer sa douleur rendrait Harry plus susceptible de mentir.

« Non, » dit Harry, clignant des yeux comme s'il ne comprenait pas comment leur conversation avait pris cette tournure soudaine. « Je te fais confiance, Draco, tu le sais. Je te fais plus confiance qu'à quiconque. »

Draco avait envie de jubiler, mais il rangea plutôt les mots pour les admirer plus tard. « Alors commence à agir comme tel, Harry, » murmura-t-il, et tira sur les draps. « Tu me fais confiance, et tu sais que je peux sentir tes rêves de toute façon. Pourquoi fais-tu semblant de ne pas les avoir ? »

Les épaules de Harry se voûtèrent, le faisant ressembler à une tortue. Ou à un lâche. Draco y réfléchit un instant, puis le lui dit.

Harry le fixa avec un étonnement total. Draco plissa les yeux et tenta de sonder à travers ses barrières, un processus encore fastidieux, comme chercher sa baguette dans une pièce sombre. Oui, il y avait la sensation légère d'un vent froid sur son visage. Harry était vraiment choqué. "Je ne suis pas—je ne savais même pas que tu pourrais me dire ça," marmonna Harry.

"Bien," dit Draco. "Alors peut-être que tu écouteras aussi d'autres choses que je dis. Ça devient ridicule. J'ai fait des promesses, et j'essaie de faire de mon mieux pour les tenir, Harry, mais je veux aussi des promesses de ta part. Vas-tu me faire passer par cette comédie chaque fois que tu fais un rêve, que je peux ressentir, ou vas-tu simplement avouer et me le dire quand tu en fais un ?"

"Je te le dirai s'ils te réveillent," essaya de marchander Harry.

"Chaque fois," insista Draco.

Harry le regarda en fronçant les sourcils. Draco leva un sourcil et attendit. Harry avait agi légèrement différemment ces derniers jours, comme si quelqu'un lui avait dit quelque chose qu'il voulait prendre en compte, mais il cherchait trop évidemment un moyen de revenir en arrière. Draco comprenait. Il aurait aimé pouvoir revenir à leur amitié simple d'il y a quelques mois, lui aussi, quand il n'avait pas fait autant d'erreurs stupides.

Mais Draco n'allait pas laisser Harry trouver le chemin du retour. Il avait changé. Harry aussi. Draco l'avait su la première fois que Harry avait reculé à son contact, si ce n'est avant. Et s'il laissait Harry s'en tirer ainsi, alors l'idiot trouverait juste un moyen d'étouffer sa douleur des rêves, ou peut-être de rendre les barrières de Draco plus épaisses pour qu'il ne puisse pas les sentir.

Et ce qui était exaspérant, c’est qu’il le ferait pour des raisons altruistes ; c’étaient ses véritables raisons. Draco s'en moquait, pourtant. C'était quand même exaspérant.

"D'accord," dit Harry enfin, et laissa sa tête retomber sur l'oreiller avec un soupir. "Merlin, tu n'abandonnes jamais, n'est-ce pas ?"

"Jamais," dit Draco, et se sentit capable de faire un sourire suffisant à Harry, qui lui fut retourné avec intérêt sous forme de froncement de sourcils. "Vraiment, Harry, si tu regardais de temps en temps ce serpent que je t’ai donné, alors tu—"

Il se tut en entendant un doux sifflement traverser les cachots. Il tressaillit. Il n'avait entendu ce son qu'une seule fois auparavant, mais il savait ce qu'il présageait. Ce n'était pas facile à oublier.

"Oh, non," murmura-t-il.

"Draco ?" Harry s'était redressé en un instant, regardant autour de lui comme pour se placer entre lui et le danger. "Qu'est-ce que c'est ?"

"Ma mère a décidé de la réponse qu'elle va donner pour avoir convoqué Julia contre sa volonté," dit Draco d'une voix creuse. Le sifflement était juste à côté du lit maintenant, et même en sachant que cela ne ferait mal qu'un instant, il grimaça et se recroquevilla. Harry avait été celui qui avait insisté pour que Draco écrive une lettre à Narcissa pour lui dire la vérité, mais il avait pensé que la seule possible représaille serait une Beuglante. Draco savait mieux. "Elle l'a déjà fait."

« Quand ? » demanda Harry, alors même que les rideaux s'écartaient et qu'une forme argentée se glissait à travers le lit vers Draco. Harry tendait sa baguette avec à peine un mouvement de la main, puis il siffla, comme s'il pensait pouvoir parler au serpent et le distraire de sa mission. Draco secoua la tête.

« Quand j'ai essayé de pratiquer un sortilège explosif sur un de nos elfes de maison, » dit Draco, grimaçant rien qu'au souvenir, « et que j'ai fini par détruire un des trésors de famille de ma mère à la place. » Il tendit la main, paume ouverte. Le serpent s'enroula autour de son poignet. Il était bien plus grand que le petit serpent qui l'avait attaqué l'année précédente, mais tout aussi artificiel, fait de métal brillant. Il ne cessa pas de siffler en fixant de ses yeux verts étincelants le visage de Draco, mais ses mâchoires s'ouvrirent, et la voix de Narcissa en sortit.

« Draco Lucius Malfoy, » dit-elle.

Draco baissa les yeux.

« Je suis très déçue de toi. »

C'était ce qu'elle avait dit à propos du coffre qu'il avait détruit aussi. Draco dut se forcer à ne pas refermer sa main. Le serpent ne ferait que la redresser et infliger la morsure de toute façon, comme il l'avait fait la dernière fois. Cela ferait moins mal ainsi.

« Assez déçue pour utiliser le serpent héritier, » continua Narcissa. « Ce que tu as fait est indigne de ton nom, indigne de la fierté avec laquelle nous t'avons élevé. Aller mendier aux morts, Draco. Je pensais que tu avais depuis longtemps dépassé ces enfantillages, que tu ne les considérerais jamais.

« Et tu as rompu ta promesse envers moi. Tu n'es pas un adulte tant que tu fais cela. Tu es un enfant. »

Draco avala sa salive.

« Serpent héritier ? » le bouscula Harry avec un coude.

« J'expliquerai dans une minute, » murmura Draco. « Je ne sais pas si elle a fini. »

Narcissa, en l'occurrence, n'avait pas fini. « Ton père a dit qu'il te félicitera pour être devenu un héritier magique de la lignée Malfoy, mais seulement quand tu lui auras montré que tu peux être un adulte. Jusque-là, tu as besoin d'un rappel de ce que tu as été et de ce dont tu dois t'éloigner. »

Le serpent tourna brusquement la tête et mordit directement le centre de sa paume. Draco inspira profondément, mais ne cria pas. Le serpent aurait pu l'entendre et ramènerait le son à ses parents.

Le serpent se glissa gracieusement hors de son bras un instant plus tard, et hors du lit. Il retournerait au manoir Malfoy et se figerait à nouveau, jusqu'à ce que Narcissa ait à nouveau une raison de le punir.

Draco regarda avec appréhension la morsure au centre de sa paume se colorer rapidement, puis se transformer en une image de lui-même à deux ans, se frottant les yeux et pleurant. Heureusement, cela ne faisait aucun son, n'étant pas pire qu'une photographie magique, mais quiconque la regardait pouvait voir son visage devenir rouge et sa bouche s'ouvrir dans les gémissements d'un enfant gâté. Draco commença à refermer sa main.

« Laisse-moi voir. »

Harry agrippa son poignet et tourna doucement sa main, fronçant les sourcils devant l’image. « Tu veux que je le soigne ? » demanda-t-il.

Draco se surprit à sourire, bien qu’il sache que c’était une expression tremblante. « Non. Le serpent héritier reviendrait juste pour me mordre à nouveau. »

« Qu’est-ce que c’était que tout ça ? » poursuivit Harry en tenant légèrement la main de Draco, ne semblant pas se rendre compte qu’il le faisait—ou peut-être qu’il s’en était rendu compte, et qu’il cherchait volontairement un contact. Depuis Halloween, Harry semblait réticent à supporter tout contact qu’il n’initiait pas. Draco fit bouger ses doigts, en partie pour profiter de ce moment tant qu’il le pouvait, et en partie pour atténuer la douleur de la morsure, puis il expliqua.

« C’est un héritage que les mères Malfoy, ou les femmes qui épousent quelqu’un de la lignée Malfoy, héritent. Il est utilisé pour punir les enfants qui devraient vraiment savoir se tenir. Cela leur rappelle ce qu’ils étaient lorsqu’ils rompent une promesse ou font quelque chose de moins mature pour leur âge. » Il scruta l’image qui pleurait dans sa paume, et la trouva, si possible, encore plus horrible qu’avant. Il adressa à Harry un sourire maladif. « Je savais qu’elle ferait probablement ça. J’ai rompu ma promesse envers elle. Je ne l’avais pas fait depuis des années, et jamais d’une manière qui aurait pu mettre ma vie en danger auparavant. »

Harry s’esclaffa. « Je suis content de voir que tu as au moins réalisé cela. Retourne dormir, Draco. C’est samedi. Nous n’avons pas à être réveillés avant un moment. »

Draco acquiesça, mais attendit que Harry se détache de lui et se rallonge avant de retourner dans son propre lit. Même alors, il hésita à murmurer, « Plus de cauchemars sans m’en parler, Harry, souviens-toi ? »

Silence, puis Harry soupira et dit, « Plus de cauchemars. Bonjour, Draco. »

Draco se recoucha satisfait, malgré la douleur persistante dans sa main. Il savait qu’il était agaçant, mais c’était la seule façon d’empêcher Harry de se renfermer sur lui-même, et jusqu’à présent, cela avait fonctionné.

De plus, il savait que sa mère n’était pas furieuse contre lui. Si elle l’était, elle lui aurait envoyé le serpent héritier avec des instructions pour le mordre en public.

* * *

« Nous aimerions que tu nous laisses le mordre. »

Harry leva les yeux au ciel alors que lui et Draco entraient dans la Grande Salle pour le petit-déjeuner. Le commentaire du Many était devenu la norme, et il ne savait plus pourquoi. Draco n’avait rien fait de particulièrement agaçant la semaine dernière ; en fait, il avait été bien meilleur qu’avant, maintenant que la contrainte sur son esprit et son cœur avait enfin craqué. « Non, » dit-il, comme il le disait toujours, et s’assit à la table des Serpentard.

Le Many siffla d’irritation, mais l’odeur de la nourriture distrait le petit serpent, et bientôt il avait grimpé sur son poignet et mangeait délicatement les morceaux de nourriture qu’il daignait lui donner. Harry jeta un coup d'œil autour de la salle à mi-chemin du petit-déjeuner, remarquant avec une légère curiosité que la plupart des élèves de Durmstrang et de Beauxbâtons étaient présents. Bien sûr, c’était samedi, mais même le week-end dernier, la plupart d’entre eux n’avaient pas mangé en même temps.

Vraiment ? Tu es sûr ? Tu avais d'autres choses à remarquer le week-end dernier.

Harry grimaça sans raison apparente et secoua la tête. Il était—eh bien, il faisait des compromis sur la question des paroles de Vera. Il les gardait en suspens juste sous la surface de son esprit et les examinait quand il ne pouvait absolument plus le supporter. Sinon, il les ignorait autant que possible. Elle avait dit beaucoup de choses blessantes, des choses qui pourraient l'empêcher d'aider les autres s'il passait trop de temps à y penser. Donc, il ne le ferait pas.

Il croisa le regard de Connor depuis la table des Gryffondor et sourit légèrement. Son frère bâillait, une main devant la bouche et le nez plissé. Il se redressa dès qu'il aperçut Harry, comme s'il voulait prouver qu'il était trop adulte pour bâiller. Harry leva sa fourchette de saucisse pour le saluer, et Connor hocha la tête en retour.

"Attention, étudiants."

Harry sursauta légèrement. Dumbledore n'était pas derrière la table des professeurs un moment auparavant, mais il y était maintenant, et la plupart des autres professeurs étaient avec lui—à l'exception de Rogue, ce qui fit fermer les yeux à Harry un instant. Dumbledore, bien sûr, souriait, et il tendit une main devant lui comme pour donner une bénédiction.

"Comme vous le savez," continua Dumbledore solennellement, "nous avons laissé la Coupe de Feu seule pendant une semaine—assez longtemps pour que des étudiants méritants de toutes les écoles y inscrivent leurs noms dans le but de concourir dans le Tournoi des Trois Sorciers."

Oh, oui, cette absurdité. Harry savait que quelques Serpentards des niveaux supérieurs avaient inscrit leurs noms, mais la plupart de ses camarades de classe semblaient au-dessus de cela. La seule chose pour laquelle il se sentait reconnaissant était qu'il savait que Draco ne l'avait pas fait, puisqu'il avait été tellement occupé, d'abord avec la potion puis à lutter avec les conséquences du don d'empathie.

"Aïe," dit Draco à côté de lui, comme s'il ressentait ses pensées.

"Qui est-ce cette fois-ci ?" murmura Harry à son intention, sans quitter Dumbledore des yeux.

"Blaise encore." Draco chuchota le nom. Blaise était juste deux places plus loin de Harry, de l'autre côté de Millicent. "Déprimé. Larmoyant. Un orage noir de mélancolie en gestation." Il fit une pause. "Allez, Harry, laisse-moi me moquer de lui."

"Tu devrais expliquer comment tu le sais," dit Harry, en sirotant son porridge.

"Je n'aurais pas à le faire. Je suis un Serpentard. Il supposerait simplement que j'ai deviné qu'il était amoureux de quelqu'un grâce à une observation perspicace."

"Peut-être a-t-il reçu de mauvaises nouvelles de chez lui," dit Harry en secouant la tête. Certes, il n'était pas l'empathique, mais il ne voyait pas comment Draco pouvait être sûr que le chagrin romantique de Blaise était, eh bien, romantique, et non le résultat d'une quelconque tragédie. "Et je pense que tu devrais travailler sur ta protection mentale."

"Chut, Potter," siffla Pansy, se penchant autour de l'épaule de Draco et le regardant avec un froncement de sourcils. "Ils vont annoncer quels noms vont sortir de la Coupe pour concourir dans le Tournoi."

Harry plissa les yeux. Le visage de Pansy était rouge, ses yeux plus brillants qu'ils ne le paraissaient habituellement.

« Dis-moi que tu n'as pas mis ton nom dans la Coupe », dit-il.

Pansy rougit encore plus et lui tourna le dos pour faire face à Dumbledore.

Harry leva les yeux au ciel. Merlin, que veut-elle ? Ce n'est pas comme si sa famille avait besoin d'argent. L'attention ? Franchement, qui le voudrait ?

« La Coupe de Feu crée un contrat magique contraignant pour les sorciers et sorcières dont les noms sortent », disait Dumbledore. « Cela signifie que, si le nom de quelqu'un sort de la Coupe, cette personne doit participer au Tournoi. » Il fit une pause, mais il avait trop bien fait la promotion de ce Tournoi comme étant quelque chose d'excitant et non de dangereux, pensa Harry. La plupart des élèves regardaient encore avec enthousiasme tandis que Dumbledore tapait trois fois sur un grand coffre devant lui avec sa baguette et sortait une coupe en bois brut.

Le sommet brûlait d'une flamme bleue, et Harry, plissant les yeux face à la soudaine lueur magique que la Coupe avait apportée dans la salle, dut admettre que cela compensait largement son apparence. Dumbledore tendit la main, et un morceau de parchemin émergea des flammes et se posa dans sa paume.

« Le champion de Durmstrang », lut-il d'une voix forte et confiante, « est Viktor Krum. »

Les élèves de Durmstrang éclatèrent en acclamations, et Harry cligna des yeux alors que le joueur de Quidditch dont il se souvenait de la Coupe du Monde se levait et se frayait un chemin jusqu'à la table des professeurs. Dumbledore parla doucement avec lui un moment, et Krum acquiesça avant de passer par une porte menant à une petite salle adjacente.

Une fois de plus, la Coupe donna un nom dans la main de Dumbledore, et cette fois il sourit, comme s'il avait eu quelque chose à voir personnellement avec la sélection. « Le champion de Beauxbâtons », dit-il, « est Fleur Delacour. »

Harry vit l'une des filles à moitié Vélane se lever dans un nuage de cheveux argentés scintillants. Des applaudissements discrets et semblables à des battements de papillons l'accompagnèrent alors qu'elle se dirigeait vers la table des professeurs. Harry aperçut son visage et se rappela de Narcissa la première fois qu'il l'avait rencontrée. Fleur, cependant, avait laissé un soupçon d'excitation nerveuse colorer ses joues. Dumbledore parla avec elle légèrement plus longtemps qu'il ne l'avait fait avec Krum avant de l'envoyer dans la petite salle adjacente.

Harry remarqua que la plupart des élèves autour de lui se penchaient en avant. Draco se frottait le front et murmurait quelque chose à propos de « fichue excitation mal de tête ».

« Il n'a pas encore annoncé le champion de Poudlard », murmura Pansy. « J'ai encore une chance. »

« Pour l'amour de Merlin », dit Harry, mais un coup d'œil à leurs visages montra que personne ne faisait attention à lui. Il secoua la tête et termina son porridge, tandis que la Coupe semblait délibérer sur le dernier nom avant de projeter un autre morceau de parchemin dans la main de Dumbledore.

« Et le champion de Poudlard », dit Dumbledore, « est Connor Potter. »

Harry se sentit haleter, ce qui le fit s'étouffer avec son porridge. Il entendit des cris d'intérêt, des cris d'indignation, et au moins une crise de déception de Pansy qui tapait du pied. À côté de lui, Millicent était devenue silencieuse et concentrée, et Draco fixait Connor de l'autre côté de la pièce.

« Mais je pensais qu'il n'avait pas mis son nom dans la Coupe, » dit-il.

Harry reprit le contrôle de son étouffement et tourna la tête pour regarder son frère, son cœur battant la chamade dans sa poitrine. Le visage de Connor était pâle. Il fixait le Directeur avec un regard qui ne semblait pas désirer ni la gloire ni la fortune. Ce regard disait qu'il ne comprenait absolument pas ce qui se passait.

« Avancez, maintenant, Monsieur Potter, » disait Dumbledore. « Quand un nom sort de la Coupe de Feu, on est obligé de participer au Tournoi des Trois Sorciers. »

Un regard sur le visage de Dumbledore, toujours souriant sereinement, et pas du tout inquiet de mettre le Survivant en danger, convainquit Harry que Dumbledore avait planifié cela.

Le foutu salaud.

Même alors que son jumeau se levait hésitamment et se dirigeait vers la table principale, Harry laissait aller sa magie. Dumbledore regarda brusquement dans la direction de Harry juste avant que Connor ne l'atteigne. Harry plissa les yeux et inclina la tête. Sous sa main, les restes de porridge dans son bol avaient gelé.

Il faut qu'on parle, Dumbledore.

Comme s'il avait entendu les mots dans les pensées de Harry, Dumbledore acquiesça et parla gentiment avec Connor pendant un moment, ignorant la façon dont le jumeau de Harry secouait désespérément la tête. Quelques instants plus tard, Connor baissa la tête et entra, malheureux, dans la pièce adjacente.

« Je vais converser avec nos champions pendant quelques instants, et leur dire à quoi s'attendre, » annonça Dumbledore à la salle, alors que les flammes de la Coupe de Feu s'éteignaient, et qu'il la replaçait dans le coffre devant lui. « Après cela, je serai dans mon bureau au cas où quelqu'un souhaiterait me parler. » Son regard s'attarda un instant sur Harry, puis il se tourna et quitta la Grande Salle.

Harry lui lança un regard noir, puis Draco tira sur son bras en murmurant, « Allez, Harry, calme-toi. Tu me donnes mal à la tête. »

Harry cligna des yeux, surpris de sa rage. « Je pensais que ma magie ne te donnait plus mal à la tête, » dit-il, en regardant son ami.

« Pas ta magie, ta fureur, » répondit Draco simplement. « Allez. Il n'y a rien que tu puisses faire pour le moment. Je vais te conduire au bureau du Directeur. » Il tira à nouveau sur le bras de Harry.

Harry acquiesça et se leva. Il trouvait amusant, alors qu'ils quittaient la salle au milieu du bourdonnement de curiosité, d'intérêt et de malaise des autres élèves, que la seule personne dont l'expression semblait correspondre à la sienne était celle de Maugrey. Il venait de détruire son gobelet avec ce qui ressemblait à un sortilège de destruction modifié, comme s'il était intensément contrarié que le nom de Connor soit sorti de la Coupe.

* * *

Harry se tendit lorsqu'il vit Dumbledore s'approcher dans le couloir. Draco, qui se tenait à côté de lui sans rien dire, se tendit aussi et posa sa main non marquée sur l'épaule de Harry.

« Reste calme, » murmura-t-il.

Harry ne pouvait pas rester calme, pourtant. Son regard était fixé sur le Directeur, et il ne semblait pas pouvoir le détourner. La rage avait laissé place à quelque chose de plus dangereux, un mélange de glace glacée et d'eau sombre et changeante qui se modifiait d'instant en instant. La méfiance et le dégoût étaient les émotions prédominantes, mais elles se mêlaient à d'autres, parmi lesquelles la conviction intime qu'il ne pardonnerait pas à Dumbledore cette erreur.

« Ah, Harry, » dit Dumbledore. « Je pense que tu devrais aller réconforter ton frère après cet entretien. Il semblait quelque peu contrarié de devoir participer au Tournoi, bien qu'il comprenne maintenant qu'il n'y a aucun moyen pour lui de se retirer. » Il sourit à Harry.

Sale bâtard. Il ne fait même pas semblant de n'y être pour rien ! Je—je ne comprends pas—

« Pourquoi ? » chuchota Harry, sachant que sa voix tremblait.

« Parce que, » répondit doucement Dumbledore, « Connor a besoin d'une épreuve qui lui soit propre, une arène dans laquelle il peut briller. Il est devenu moins remarqué cette année qu'il ne l'a jamais été. Au moins, quand il était au centre de la tempête de crise que ses accusations contre toi ont créée l'année dernière et l'année précédente, il apprenait à gérer la célébrité et les attentes qui venaient avec le fait d'être le Survivant. Mais maintenant, Harry, quel nom est dans les journaux ? Qui, dans ta famille, est le centre de l'attention ? »

Harry ne put s'empêcher de grimacer. Ses instincts les plus profonds lui criaient que c'était mal, qu'il ne devait pas voler du temps et de l'attention à Connor. Sa formation en magie défensive avait été très axée sur des sorts qui protégeraient son frère sans attirer l'attention par leur éclat. Et maintenant, il avait été tape-à-l'œil sans même s'en rendre compte.

Il prit une profonde inspiration. Il portait la culpabilité, il le savait. Il y ferait face plus tard, cependant. Il devait dire cela. « Sa vie est en danger dans le Tournoi. Il pourrait être tué. »

« Il a au moins autant de chances que les autres champions, je dirais, » murmura Dumbledore. « Et plus que la plupart. Pourquoi ne le ferait-il pas ? Il est le Survivant, et la plupart des gens acceptent qu'il doit être un sorcier merveilleusement puissant pour avoir vaincu Voldemort. »

Harry ouvrit la bouche pour répondre, mais se retrouva de nouveau bloqué. S'il prétendait être plus puissant que Connor, alors il disait quelque chose qui le mettait extrêmement mal à l'aise, selon sa formation. Et s'il disait que Connor était plus puissant, c'était un mensonge flagrant.

Il se surprit à siffler contre Dumbledore, et les Many sifflèrent en retour, réconfortants, depuis son bras.

« Nous pouvons mordre celui-ci, au moins ? »

« Non, » insista Harry, puis se tourna à nouveau vers le directeur au lieu d'écouter les Many bouder. « Je ne comprends pas pourquoi vous feriez cela, » lança-t-il. « Vous devez savoir que votre interprétation préférée de la prophétie est en danger s'il l'est. »

« Je fais confiance à ton instinct de protection, Harry, » dit Dumbledore. « Grâce à son frère, il a survécu à des dangers pires. »

Harry ferma les yeux. « Vous essayez de m'embrouiller encore une fois, » dit-il. « Me garder occupé. »

« Oui, il le fait, » murmura Draco contre sa nuque, si doucement que Harry faillit ne pas l'entendre. « Ses émotions le disent. Il a été un peu surpris que tu l'aies compris. »

Harry ouvrit rapidement les yeux, mais si Dumbledore avait réellement semblé surpris, cela avait disparu maintenant. « La Coupe a choisi, » dit-il. « Le Tournoi doit se poursuivre. Connor réussira, Harry. Tu verras. Et cela lui donnera l'occasion de sortir, enfin, de l'ombre longue de son frère. »

Harry en vint presque à haïr Dumbledore à ce moment-là. Il le regarda avec une rage silencieuse alors que le Directeur murmurait le mot de passe à la gargouille, qui s'écarta. Dumbledore posa un pied sur l'escalier au-delà, puis s'arrêta.

"Oh, j'avais presque oublié," dit-il, en sortant une enveloppe de sa poche. "Ceci est arrivé pour toi ce matin, Harry. C'est la lettre à laquelle je veux que tu répondes." Il la lança à Harry, qui l'attrapa automatiquement.

"Pourquoi devrais-je ?" Harry dut demander, car sa magie tremblait, aussi impatiente que les nombreux, de s'échapper et d'attaquer Dumbledore. "Pourquoi devrais-je, alors que tu as rompu notre trêve en entraînant Connor dans ce maudit Tournoi ?"

Dumbledore haussa un sourcil. "Pourquoi, Harry," dit-il, "cette lettre n'a rien à voir avec notre trêve précédente. C'est l'aboutissement d'une promesse que tu m'as faite pour une raison tout à fait différente, tu ne te souviens pas ?"

Harry se souvenait. Le Ministre parti, et Rogue libre. Si Dumbledore votait pour maintenir Fudge en fonction et envoyer Rogue en prison, alors Harry était presque certain que le reste du Magenmagot le suivrait.

S'ils savaient...

Mais s'ils devaient avoir la preuve de ce que Dumbledore avait fait, alors ils devraient savoir comment Harry connaissait ces choses, et ils devraient déterrer toute l'histoire désolante, et cela blesserait d'autres personnes et attirerait l'attention sur certains aspects de sa vie qu'Harry ne pouvait pas supporter de voir exposés.

"Je te déteste," murmura-t-il à Dumbledore, et il glissa la lettre dans la poche de sa robe, et partit chercher Connor, avec Draco sur ses talons.

* * *

Albus regarda Harry partir avec un léger froncement de sourcils. Le garçon avait réagi plus violemment qu'il ne l'avait espéré ou prévu à l'inclusion de son frère dans le Tournoi des Trois Sorciers.

Je pensais qu'il comprendrait, se dit-il en montant les escaliers vers son bureau. C'est lui qui voulait jouer en politique. C'est lui qui est allé à Serpentard. Il devrait être bien habitué à la nécessité de tester quelqu'un. Et puisque Connor n'a pas réellement vaincu Tom, ni quand il était bébé ni l'année dernière, et je soupçonne fortement qu'il ne l'a pas fait non plus dans la Chambre, il doit devenir plus fort. Il doit y avoir un règlement de comptes. Au moins, cela ne sera pas du genre fatal. Et Harry aurait dû savoir que j'utiliserais ces mots contre lui.

Harry doit apprendre l'amour et le pardon, je le sais. Mais parfois, il agit comme s'il avait déjà trop de compassion. Je ne le comprends pas.

Ah, bien. C'est son frère. Nous l'avons entraîné assez longtemps, Lily et moi, à aimer Connor à l'exclusion de tout le reste. Albus hocha la tête, acceptant que sa prévoyance avait échoué parce qu'il avait oublié le lien entre les jumeaux. J'aurais dû savoir qu'il me répliquerait de cette manière.

Mais Harry tiendrait sa promesse, ou il aurait déjà détruit la lettre par le feu. Il la lirait. Il répondrait. Et cela signifiait qu'il ferait le premier pas sur un long, long chemin pour devenir le genre de leader dont ils auraient vraiment besoin, puisqu'il avait dit à Albus la possibilité qu'il remplisse un rôle différent dans la prophétie.

Harry comprendra quand il lira ce qu'elle a écrit.

* * *

Harry n'eut même pas besoin d'attendre avant d'entrer dans la tour de Gryffondor. Ron était à l'affût et le laissa entrer, avec seulement un léger regard de dégoût en direction de Drago.

"Où est-il ?" demanda Harry, en regardant autour de la salle commune et ne trouvant pas Connor.

"En haut." Ron fit un geste de la tête. "Il a verrouillé la porte et ne laisse personne lui parler. C'est assez grave, mon pote."

Harry hocha la tête et se tourna vers les escaliers.

"Harry ?"

Harry jeta un coup d'œil en arrière vers Ron, et le trouva en train de froncer les sourcils, mordillant une phalange. Ron attendait. Harry attendait.

Ron craqua le premier et dit : "Es-tu sûr qu'il n'a pas mis son nom dans la Coupe ? Il dit qu'il ne l'a pas fait, mais…" Il haussa les épaules, comme pour dire qu'il n'aurait pas abandonné l'opportunité de poursuivre une telle gloire et fortune lui-même, danger ou pas danger.

Harry réprima la tentation de s'énerver. Ron était Ron, et il voulait se distinguer. Avec sa famille et le blocage sur sa magie, que Harry avait senti être encore présent tout au long des leçons de sorts qu'il lui avait données, cela avait du sens. Et s'il pensait que Connor lui mentait, il serait compréhensiblement contrarié.

"Je suis sûr," dit Harry calmement. "Il est préoccupé par autre chose, une dispute qu'il a avec notre père par lettre."

Le visage de Ron s'assombrit, même s'il acquiesça. "Je sais ce que c'est," dit-il sombrement. "Percy est toujours un imbécile, et ne viendra pas travailler avec notre père."

Harry hésita, mais le secret de Percy n'était pas à lui de révéler. Il se contenta d'incliner la tête et monta les escaliers. Drago posa une main sur son épaule tout le long de la montée, et Harry se força à ne pas la repousser. Cela ne lui déplaisait pas vraiment, c'était juste tentant, et il ne pouvait pas se permettre de céder à la tentation en ce moment.

Il frappa à la porte de la chambre des garçons de quatrième année, et reçut un cri de colère en retour.

"J'ai dit que je ne voulais parler à personne !"

"Tant pis," murmura Harry, et il défit les sortilèges de verrouillage que Connor avait mis sur la porte avec quelques mouvements de sa volonté. Il entra, et dut esquiver l'oreiller que Connor lui lança. Celui-ci atteignit Drago en plein visage, cependant.

"Par Merlin, Potter," dit Drago en essuyant la poussière de ses joues. "Chasses-tu les elfes de maison de ton lit juste pour avoir le plaisir de traîner dans ta propre saleté ?"

Le visage de Connor vira au rouge. Il avait déjà pleuré, et maintenant il commença à chercher sa baguette parmi les couvertures du lit.

"Je t'en prie, Drago," dit Harry à voix basse, "parle-lui encore, et je te ferai mal." Il s'avança avant que Drago ne puisse dire quoi que ce soit, et saisit le poignet de son frère. Connor tenta de s'éloigner.

Harry ne le laissa pas faire, le tournant à la place et l'enveloppant dans une étreinte. Connor ferma les yeux fortement et s'accrocha à lui avec une force que Harry reconnaissait comme désespérée. Cela ne le dérangeait pas. En fait, il pouvait sentir qu'il se détendait vraiment pour la première fois depuis une semaine. Cela, il n'avait pas besoin de faire des recherches dessus, comme il le faisait avec le livre de Fourchelangue qu'Arabella lui avait envoyé, ou sur les toiles d'elfes de maison. Cela, il pouvait y faire quelque chose immédiatement, et aider quelqu'un d'autre. C'était la seule chose qui le faisait vraiment se sentir à l'aise.

"C'est bon, Connor," murmura-t-il dans les cheveux de son frère. "Je vais t'aider. Je vais t'aider à trouver des sorts pour survivre aux Épreuves, quelles qu'elles soient. Je sais que tu n'as pas mis ton nom dans la Coupe, et je sais que tu ne voulais pas de célébrité ni de gloire." Et il en était convaincu, son frère ne le voulait pas. Connor avait été trop occupé à se reconstruire après la mort de Sirius pour désirer ce genre de chose. "Je ne te laisserai pas mourir."

Connor lui serra les épaules un instant. "Tu ne penses pas que je suis lâche, d'avoir peur ?" chuchota-t-il.

"Tu ne voulais pas ça," dit Harry. "Comment cela pourrait-il être lâche ?"

"J'ai eu une leçon," marmonna Connor, s'éloignant suffisamment pour s'essuyer le visage. "De la part de certains des élèves plus âgés, surtout un gars nommé McLaggen. Je devrais faire preuve de courage, pourquoi je pleurais, j'allais faire penser aux autres Maisons que Gryffondor était mouillé, et ainsi de suite."

Harry soupira. "Eh bien, ils s'attendent à ce que tu te présentes aux événements avec les autres champions, et à ce que tu souries et sembles content," dit-il. Les yeux noisette de Connor étaient plus clairs maintenant, et il semblait plus détendu, ce qui rendait Harry plus joyeux. "Mais tu peux le faire, non ? Je veux dire, tu l'as fait en première année quand tu as été choisi pour l'équipe de Quidditch de Gryffondor, et c'était inhabituel."

"Mais maintenant, je n'en ai pas envie," dit Connor. "Parfois, je me lasse d'être le Survivant tout le temps."

Harry sentit Draco bouger, comme s'il allait dire quelque chose, mais heureusement, il ne le fit pas et évita à Harry de devoir lui faire du mal. Harry sourit doucement à son frère et repoussa les cheveux de son front en forme de cœur.

"Je sais," murmura-t-il. "Et tu m'auras toujours pour parler, sur qui te reposer, si ça devient trop. Je le pense, Connor. Je t'aime, et je serai là pour toi."

Les yeux de Connor s'éclaircirent complètement, et il hocha la tête, lentement, comme s'il avait besoin de sentir chaque partie distincte du mouvement. "C'est ce que je n'arrête pas de dire à Papa," dit-il. "C'est ce sur quoi nous nous disputons. Je n'arrête pas de lui dire qu'il est idiot de ne pas te faire confiance pour connaître ta propre opinion et de laisser tranquille Rogue. Il continue de répondre—oh, toutes sortes de choses, que Rogue t'a corrompu et que tu devrais avoir plus de loyauté envers ta famille de sang, et ainsi de suite." Connor haussa les épaules, son visage devenant buté, mais, heureusement, plus fermé, comme il l'était avant quand Harry essayait de lui parler de James. "C'est un idiot. Je voudrais qu'il soit ici pour ravaler ses paroles. Mais ne t'inquiète pas. Je vais lui en parler, à moins que tu ne préfères que je ne le fasse pas."

Harry sourit malgré lui. "Non, c'est bon. Merci, Connor." Il serra son frère par les épaules cette fois, et s'éloigna avec une tape sur le dos. "Et tu viendras me voir si tu as besoin de mon aide, n'est-ce pas ?"

Connor acquiesça. "Je promets."

"Bien." Harry se retourna à nouveau, et vit Draco les observer tous les deux avec une expression étrange sur le visage. Harry cligna des yeux et le scruta. Cela ressemblait à de la jalousie. Harry secoua la tête. Il n'avait aucune idée pourquoi. Draco devait sûrement savoir que s'il se trouvait dans le même genre de problème, Harry l'aiderait de la même manière ? Et il était empathique maintenant, et devrait être capable de ressentir la douleur sincère et l'agonie de Connor.

« Fais-moi savoir s'il y a autre chose que je puisse faire, » dit-il à Connor, et, en recevant un sourire de son jumeau, il partit satisfait—

Autant satisfait qu'il pouvait l'être, avec la lettre qui brûlait un trou dans sa poche.

* * *

Harry prit une profonde inspiration et ouvrit lentement l'enveloppe. Il avait une idée de qui elle pouvait provenir. C'était la raison pour laquelle, selon Draco, « il irradiait une anxiété qui aurait noyé le Calmar Géant, » et la raison pour laquelle il avait gentiment refusé de la compagnie pendant qu'il lisait la lettre. Draco avait finalement, à contrecœur, cédé et laissé Harry venir seul à la Volière pour la lire.

Là, au milieu des mouvements et des frémissements doux des oiseaux, avec le parchemin enchanté pour la vérité qu'il avait emprunté à Dumbledore plus tôt dans la semaine à côté de lui, Harry baissa les yeux et lut la lettre qu'il savait, au fond de son esprit, qu'il allait recevoir.

Cher fils :

J'imagine que tu ne t'attendais pas à entendre parler de moi à nouveau. Que pourrions-nous bien avoir à nous dire de plus ? Tu as exprimé clairement tes sentiments lorsque tu as retiré ma magie. Et tu pensais probablement que j'avais exprimé les miens par la trahison que je t'ai infligée.

Non, tu n'as pas été aveuglé, ni ensorcelé. Le seul enchantement sur ce parchemin assure mon entière honnêteté. Ce fut une trahison, et je peux le voir maintenant, sous cet angle. J'ai eu beaucoup de temps pour réfléchir, Harry—presque un an.

Pendant des mois après, oui, j'ai fulminé et comploté sur la façon de te ramener sous mon contrôle. C'est la raison pour laquelle j'ai dit à Connor de te contraindre si rien d'autre ne fonctionnait. Mais vers mai, je suis passé au-delà de cela. La nouvelle de la mort de Sirius et la façon dont tu avais encore une fois sauvé ton frère, dont Albus m'a parlé, m'ont aidé à ouvrir les yeux sur le fait qu'il existait dans le monde des douleurs autres que la mienne.

Albus m'a aussi parlé de ta position changée par rapport à la prophétie.

Harry, je ne peux pas dire que je regrette tout ce que j'ai fait dans le passé, car ce parchemin m'oblige à être honnête. Je peux dire que je ferais tout différemment maintenant. Je n'avais pas réalisé la vérité sur ce qui s'était passé la nuit de l'attaque. Si je l'avais su, alors je t'aurais aidé à entraîner ta magie pour que tu puisses combattre Voldemort, pas la lier et l'enfermer. Je t'aurais aidé à devenir le Survivant, pas le gardien de celui que je pensais être le Survivant. Je t'aurais aidé à accepter ta mort possible à la lumière d'être un héros, plutôt qu'un sacrifice.

Tel que c'est, j'accepte que je ne peux pas récupérer ma magie. J'aimerais connaître mes fils à nouveau—les jeunes hommes qu'Albus dit qu'ils sont devenus à la suite des événements de mai. Je ne lis de vous que dans les journaux maintenant, et une terreur et un frisson me touchent, que les fils que j'ai élevés soient devenus si formidables.

Harry, me permettras-tu de te saluer sur de nouvelles bases, maintenant que je sais qui tu es et ce dont tu es capable ? Consens-tu à me revoir ? Le rituel de justice nous empêche de nous rencontrer car tu as dit que tu ne voulais plus me voir, mais cette partie peut être inversée, même si la perte de ma magie ne le peut pas. Cette distance entre nous était quelque chose que tu as exigé, pas une réparation de ma part, et une interdiction qui t'a affecté autant que moi. Si tu changes d'avis, nous pourrons nous revoir.

S'il te plaît, écris-moi.

Avec amour,

Lily.

Harry ferma les yeux. Il resta assis en silence pendant longtemps, à l'exception du bruissement des ailes au-dessus de lui alors que les hiboux allaient et venaient.

Puis il sortit le parchemin enchanté pour l'honnêteté — comme il était content, en ce moment, de ne pas avoir à aller au bureau de Dumbledore pour en emprunter un — et composa sa réponse, intensément heureux que personne ne soit là pour le voir, et la façon dont sa main tremblait.

C'est pour Snape, se dit-il, encore et encore.

C'était la seule façon dont il a pu terminer la lettre.

*Chapitre 36* : Interlude : La Lettre la Plus Difficile

C'était... très difficile.

Interlude : La Lettre la Plus Difficile Qu'il Ait Jamais Écrite

Lily :

Je ne sais pas par où commencer. Je ne sais pas si je devrais écrire une réponse véritable à la lettre que tu as envoyée, ou simplement consigner mes émotions à ton égard telles qu'elles coulent de ma plume. Au moins le parchemin assure que ces mots seront honnêtes.

Et oui, j'ai vérifié le parchemin pour les enchantements et malédictions avant de l'utiliser.

Je suppose que je peux commencer par la notion de sacrifice. Il y a des moments où je déteste ce que tu as fait de moi. Quelqu'un de très sage m'a dit récemment des choses qui ont beaucoup de sens, autant que je déteste l'admettre. Je n'aime pas y penser, mais l'une d'elles était que je considère tout le monde digne d'amour et de pardon, sauf moi-même. Et je suppose que c'est vrai. Et si c'est le résultat de ton entraînement, alors—

Mais non, je ne peux pas écrire ça, parce que je ne le crois pas. Je suppose que ce parchemin fonctionne finalement.

Je pense que c'est peut-être le résultat de ton entraînement, mais je suis devenu quelqu'un qui place les autres avant moi. Je peux admettre cela. Et c'est une bonne chose. Ça doit l'être. Comment cela pourrait-il ne pas l'être ? Tu m'as formé pour être une arme, un sacrifice, le gardien du Survivant, et je pense que si tu t'étais arrêtée là, ça aurait suffi, et j'aurais été ce que tu voulais que je sois. Mais tu as aussi utilisé le réseau du phénix, et cela signifiait que je me suis libéré et j'ai tourné mon attention ailleurs, parce que je me sentais indûment contraint. Donc je ressens la même chose pour la plupart des sorciers autour de moi que ce que je ressentais pour Connor. Et pour les créatures magiques aussi.

Je suis ce que tu as fait de moi, toujours.

Est-ce mal ?

Mes compétences sont ce qui m'a valu des alliés. Ma connaissance des danses de sang-pur m'a donné des moyens d'approcher ces alliés. Ma magie défensive a aidé à sauver la vie de Connor et de Draco en première année, puis celle d'autres personnes les années suivantes. Être laissé grand ouvert à Voldemort m'a donné la magie qui vous a fait me craindre et introduire le réseau du phénix, et cela signifie que je me suis libéré, et cela signifie que j'ai tourné mon attention vers d'autres personnes.

J'ai déjà écrit cela.

Peut-être que ce parchemin fait surgir des idées très fortes plus d'une fois ? Je sais déjà qu'il me force à écrire ce que je crois honnêtement. Je peux écrire quelque chose dont je suis sûr qu'il est vrai, et quelque chose dont je ne suis pas sûr qu'il est vrai—j'ai essayé sur d'autres morceaux—mais je ne peux pas écrire quelque chose dont je suis sûr qu'il est faux.

Très bien, alors. Voici.

Je me retrouve incertain si je te pardonne. Et puis je pense à mes alliés.

Lucius Malfoy a torturé trois enfants nés-Moldus à mort, parce qu'ils étaient nés avec de la magie, et n'étaient pas d'une lignée de sang-pur. C'est tout. C'est le seul crime qu'ils ont commis. Et je ne l'ai jamais réprimandé pour cela. En fait, j'ai beaucoup progressé avec lui dans une danse de trêve, presque jusqu'à l'étape finale.

Hawthorn Parkinson était une maîtresse des malédictions de sang, et a maudit Jacob Smith avec un sort de saignée qui reconstituait son sang même en infligeant de nouvelles blessures et en les rouvrant encore et encore, des blessures qui auraient dû le tuer en quelques heures. Il a saigné à mort pendant des jours, en hurlant, et les guérisseurs de St. Mungo n'ont rien pu faire pour lui. Il a vécu pendant trois semaines avant de mourir. Hawthorn n'a jamais dit qu'elle regrettait cela. Et j'ai préparé une potion dont elle a besoin pour elle depuis l'année dernière, et j'ai fait une alliance formelle avec elle peu de temps après l'avoir rencontrée.

Adalrico Bulstrode était soupçonné d'avoir aidé Voldemort à concevoir la malédiction de la Peste Noire. Combien de vies cela a-t-il coûté ? Combien d'Aurors cela a-t-il décimé ? Combien d'enfants sont morts étouffés par les spores ? Adalrico n'en a jamais parlé du tout. Et j'ai aussi fait une alliance formelle avec lui, et je m'assois assez calmement à côté de sa fille à la table des Serpentard.

Ils ont fait bien pire que toi. Ils ont blessé d'autres personnes, ce que j'ai dit que je ne peux pas supporter. Et pourtant, je laisse le souvenir de la justice qu'ils méritent probablement s'effacer. Je me suis dit qu'on ne peut pas rendre justice aux morts, et que c'était pendant la Guerre, où tous les camps ont fait des choses horribles, et que je suis censé avoir de la compassion, et ne devrais-je pas leur pardonner ?

Alors, si je leur pardonne, comment puis-je ne pas te pardonner ? Tu as laissé Connor exposé au Seigneur des Ténèbres, et lui as menti, et ne l'as pas formé comme tu aurais dû, s'il devait vraiment être l'Élu. Mais cela fait partie de leurs crimes, et de ceux de Dumbledore.

Et Lucius aime son fils, et Hawthorn m'a regardé avec des yeux bienveillants, et Adalrico a célébré avec moi.

Et tu as fait ce que tu as fait au nom de la guerre, au nom de sauver le monde.

Rien n'est jamais simple. Tu m'as appris à voir cela dès mon jeune âge. Je t'en remercie. Je ne pense pas que ce soit une leçon que Dumbledore ou Voldemort aient jamais vraiment apprise.

Comment ces deux types de choses peuvent-elles exister dans la même personne ? Mais elles le font. Et je ne trahirai pas tout ce que je suis, tout ce que tu as fait de moi, en disant que l'amour de Lucius Malfoy pour son fils est faux, ou que toutes tes décisions ont dû être mauvaises et prises en sachant que tu faisais mal, simplement parce que je suis mal à l'aise avec une vérité ou l'autre.

Je ne sais pas si je peux te pardonner encore, surtout puisque je n'étais pas le seul que tu as blessé, et il y a la trahison que tu m'as infligée en essayant de renouveler le réseau du phénix. Mais si nous ne parlons que des crimes contre moi...

Tu as fait de moi ce que je suis.

Tu as peut-être sauvé le monde en le faisant.

Tu as fait de moi quelqu'un qui peut se faire des alliés en le faisant.

Et tout le temps, je sais que peut-être je te pardonne seulement parce que tu m'as élevé à pardonner tous les crimes contre moi-même. Je sais quelle est la source de ce sentiment, mais cela ne l'arrête pas. Et ainsi, j'incarne mes propres contradictions.

Mes sentiments à ton égard ne seront jamais simples, et quiconque pense qu'ils le sont est un imbécile, moi y compris, si jamais je l'ai pensé.

Je ne peux pas te voir encore. Je ne peux toujours pas faire ça. Et une partie de moi dit que c'est bien et juste, et une autre partie de moi dit que c'est de la faiblesse, mais le parchemin ne me contraint qu'à écrire ce qui est vrai, pas ce qui est juste.

Je peux penser aux choses que cette personne sage m'a dites, mais je ne peux pas toutes les croire. Pas encore. Et certaines, je sais qu'elles sont fausses, ou résultent de son incompréhension de tout ce qu'elle a vu.

Tu m'as manqué. Je t'ai haï. J'ai pleuré pour toi. Je t'ai appelé Moldu dans mes pensées, et Maman pour plaire à Connor. Rien n'est jamais simple.

Rien ne devrait jamais l'être.

Cordialement,

Harry.

*Chapitre 37*: Decus

Merci pour les réponses à l'Interlude !

Et ce chapitre ce soir, puisque je ne pourrai pas poster demain. Euh... eh bien, je sais que l'histoire s'appelle Liberté et non Paix, mais Harry avait besoin d'une petite pause, sinon il se serait effondré. Et, regardez, cela fait même avancer l'intrigue !