Saving Connor

Resume
Traduction de la saga : ‘Saving Connor’ de l’auteur Lightning on the Wave , réunit en une seule grande histoire pour en faciliter la lecture.
Univers alternatif, HP/DM slash éventuel, Harry est très Serpentard ! Le jumeau de Harry, Connor, est l'Élu, et Harry est dévoué à le protéger en passant pour quelqu'un d'ordinaire. Mais certaines personnes ne laisseront pas Harry rester dans l'ombre... COMPLET
Chapitre Vingt-Six : Père et Fils
Harry se réveilla au son des cris. Il cligna des yeux et toucha sa tempe. Il se sentait calme et l'esprit clair maintenant, bien que légèrement étourdi. Après quelques moments de réflexion, il réalisa que cela venait probablement du manque de nourriture, et il tendit la main vers le plateau que sa mère avait laissé à côté du lit. Le pain et la soupe étaient froids, mais il les mangerait, vu son état. C'était de toute façon un bon exercice pour l'avenir. Il ne pourrait guère choisir sa nourriture sur le champ de bataille.
Les cris envahirent de nouveau sa conscience, juste au moment où Sylarana bougea et dit : « J'ai eu envie de mordre tout le monde qui est venu te voir, sauf le loup-garou. »
« Tu n'as mordu personne, n'est-ce pas ? » demanda Harry, plongé soudainement dans l'inquiétude en sirotant la soupe froide. Des morceaux de légumes gluants glissèrent dans sa gorge. Il essaya de les ignorer. « S'il te plaît, dis-moi que tu ne l'as pas fait. »
« Je ne l'ai pas fait. Partage la soupe. Le loup-garou et ton père-lapin se disputent maintenant. J'espère que le loup-garou le mangera. » Sylarana se glissa le long de son bras et posa sa tête sur le bord du bol, sa langue frémissant tandis qu'elle sirotait la soupe. Elle lui lança un regard avec des yeux qui avaient presque pris la couleur des siens. « Combien te souviens-tu de ce qui s'est passé avant que tu t'endormes ? »
Harry secoua la tête. « Pas grand-chose. Je sais que ma mère a confirmé l'existence d'une prophétie, et Remus—Remus était en colère à propos de quelque chose. Quoi— »
Puis les cris devinrent assez forts pour qu'il puisse les entendre. Harry avait supposé qu'il s'agissait de l'une des interminables disputes entre Remus et Sirius au sujet de la façon dont Sirius sortait pour boire et courir les jupons. C'étaient l'une des constantes lorsqu'ils étaient tous les deux dans la maison à Godric's Hollow. Mais maintenant il réalisa que c'était leur père et Remus qui se disputaient. Il se tendit et écouta.
« —emmènerai Harry avec moi, » disait Remus, avec une colère brute dans sa voix que Harry n'avait jamais entendue auparavant. « Par Merlin, James, ne vois-tu pas qu'il souffrira ici ? Je ne sais toujours pas ce que Lily lui fait, parce qu'elle a reculé quand elle a vu qu'elle ne me convainquait pas, mais je sais qu'il doit être emmené. Je l'emmène chez Dumbledore. »
« Tu ne comprends pas, Remus ! » James semblait avoir répété cela pendant un petit moment. « Moi non plus, au début. Mais je te promets, c'est ce qui doit arriver. Si tu voulais juste t'asseoir et laisser Lily te l'expliquer— »
Remus le coupa avec un grognement. Harry cligna des yeux. Remus était doux. Remus faisait tout son possible pour éviter de rappeler aux gens qu'il était un loup-garou. Qu'il le fasse maintenant dépassait la compréhension de Harry.
« Pourquoi ne m'expliques-tu pas, James ? » dit Remus, et le grognement se cachait derrière ses mots. « Si tu comprends si bien, si elle t'en a convaincu, alors explique-moi. Maintenant, James. »
Harry entendit un bruit sourd, comme si leur père était tombé contre la porte de la chambre fermée. « Remus, » l'entendit-il dire, impuissant. « Il y a tant de choses que tu ne comprends pas, tant de choses qui doivent se réaliser. »
« Nommez-en une. »
« Tu connais la prophétie, » dit James.
« Oui. » Remus semblait avoir mordu le mot, et sa voix était plus proche qu'avant. Harry frissonna et serra ses bras, luttant contre la tentation de sortir. Il ne savait pas ce que sa présence pourrait provoquer chez Remus, cependant. Il semblait bien qu'il avait déjà réussi à provoquer Remus pas mal, bien qu'il ne se souvienne pas comment. « Et je sais que ça ne peut pas excuser ce que tu as fait, James. Il n'y avait rien dans la prophétie à propos d'apprendre à un fils à maîtriser la magie sans baguette avant l'âge de douze ans. »
« C'est pourtant l'une des conditions nécessaires, » dit James. « Remus, tu étais là, cette nuit-là—tu es revenu avant que tout ne se soit calmé—tu sais ce que nous avons vu, ce que nous avons ressenti— »
« Que le diable t'emporte, James, » dit Remus, et Harry sursauta. « C'est de ça qu'il s'agit ? Je pensais que tu avais surmonté ça quand tu es devenu ami avec moi à l'école. Comment quelqu'un qui n'avait pas peur d'être ami avec un loup-garou peut-il avoir peur de son propre fils ? » Sa voix semblait plus lasse que coléreuse maintenant. « Maintenant, écarte-toi. J'emmène Harry avec moi. »
« Remus, ne me force pas à te faire du mal, » murmura James. « S'il te plaît. Nous avons perdu Peter. Je ne veux pas te perdre, toi aussi. »
« Je pourrais, peut-être, être capable de te pardonner un jour si tu t'écartes maintenant, » dit Remus. « Laisse-moi passer. »
Il y eut une longue pause, puis des bruits de mouvement précipité. La porte s'ouvrit l'instant d'après, et Remus pénétra dans la pièce. Ses yeux se posèrent sur Harry, et il expira longuement avant de venir vers lui, l'enveloppant dans une étreinte qui fit se sentir Harry étrangement.
« Tu as survécu, » murmura Remus à son oreille. « Mais Merlin sait combien de temps tu pourras supporter ça avant de craquer. Je n'ai pas l'intention de te laisser en subir plus. Allez, Harry. Je dois te sortir d'ici. Dumbledore saura quoi faire. Il a déjà protégé des gens en danger à cause de leur propre famille. Allez. » Il commença à sortir Harry du lit.
Harry se débattit, particulièrement en constatant qu'il ne portait que son pyjama. « Je ne comprends pas, Remus, » dit-il. « Pourquoi penses-tu qu'ils me feront du mal si je reste ici ? Je te promets, ils ne m'ont jamais frappé. »
« Je le sais, » dit Remus, bien qu'une note de doute dans sa voix fit mal à Harry. « Mais ils ont fait d'autres choses, Harry. Je ne connais même pas toute l'étendue de ces choses. Je sais juste qu'elles sont malfaisantes. »
« Ils ne le sont pas, » dit Harry, sentant son mal de tête revenir. Une brève explosion de jaune traversa l'arrière de ses paupières. « Si tu comprenais tout, Remus, tu verrais que— »
« Pose-le, Remus. »
Harry regarda par-dessus l'épaule de Remus. James était de retour dans l'embrasure de la porte, tenant sa baguette et—autre chose. Harry fronça les sourcils. Il pensait que c'était un couteau de quelque sorte, mais il ne comprenait pas pourquoi son père s'en remettrait à un couteau alors qu'il avait sa baguette à portée de main.
Remus secoua la tête tout en se retournant, tenant toujours Harry. « Cela a assez duré, James. Je— »
Puis il s'arrêta, émettant un son étranglé que Harry ressentit contre sa poitrine et sa gorge aussi bien que l'entendit. Puis il murmura, « De l'argent. Tu me menacerais vraiment avec de l'argent. James, qu'est-ce qui t'est arrivé ? »
Harry reconnut alors le couteau dans la main de son père. Il provenait d'un ensemble de dagues cérémonielles que Lily utilisait parfois pour tracer des runes. Il projetait la lumière en motifs tremblants, et Harry pensa que la main de James tremblait, mais cela n'importait pas. Ce qui importait, c'était qu'il l'avait.
Et les Maraudeurs avaient subi une autre trahison. Celle-ci était liée à Harry d'une manière ou d'une autre, bien qu'il ne se souvienne pas de ce qui s'était passé. Il commença à se tortiller.
"S'il te plaît, Remus, pose-moi," murmura-t-il.
"Harry, tu ne sais pas ce que tu dis," répondit Remus. Il n'avait pas bougé, mais il commença à grogner maintenant, un son qui fit trembler encore plus la main de James. "Je peux me frayer un chemin."
"Mais je ne veux pas que tu perdes tes amis à cause de moi !" répliqua Harry avec véhémence. "S'il te plaît, Remus. Je promets qu'ils ne me feront pas de mal. Je veux que tu partes, que tu t'éloignes d'ici."
Remus resta immobile pendant un long moment. Puis, lentement, chaque mouvement étant manifestement fait contre sa volonté, il déposa Harry sur le lit. Il recula, les mains en l'air, et James changea l'angle du couteau et l'utilisa pour indiquer fermement la sortie.
"Tu ne sais pas de quoi tu parles, Remus," dit-il, calmement mais fermement. "Et tant que tu ne le sauras pas, tu ne peux qu'espérer nous mettre en colère."
"Je vais parler à Dumbledore," dit Remus, se déplaçant sur le côté. "Je le jure, James. Je pense que vous êtes tous devenus fous. Et il est le seul qui ait une chance de vous ramener à la raison."
"Bien," dit James. "Parle avec Albus. Il pourra t'expliquer."
Remus montra les dents. Harry ne les avait jamais trouvées menaçantes auparavant. Maintenant, avec la tête de Remus légèrement inclinée, ses yeux ambrés concentrés, et une odeur épaisse et musquée semblable à celle d'un animal sauvage remplissant la pièce, il les trouvait.
"Si toi ou Lily lui faites encore du mal avant notre retour," dit Remus doucement, "alors je promets que je me vengerai."
James pâlit. Il avala plusieurs fois avant de réussir à dire, "Dumbledore peut expliquer tout ça. Je te le promets, Lunard."
"Ne m'appelle plus comme ça," dit Remus en faisant à moitié un bond, ses dents se refermant sur l'air. James laissa tomber le couteau. Remus ne s'approcha pas davantage, mais son regard était rempli d'une émotion trouble qui, à son tour, emplissait Harry de culpabilité. "Tu n'en as plus le droit."
Il se retourna et sortit, fermant la porte derrière lui. James resta près du lit, si silencieux que Harry put entendre le craquement de l'Apparition de Remus quelques instants plus tard, lorsqu'il était à l'extérieur des protections.
Puis James s'assit sur le bord du lit de Harry et mit sa tête dans ses mains. Harry hésita. Il voulait réconforter son père, mais il pensait qu'un contact pourrait le déclencher. Il avait un talent jusque-là insoupçonné pour énerver les gens, pensa-t-il.
"C'est bon, Harry," chuchota James en levant la tête et le regardant, enfin. Ses yeux noisette étaient clairs, bien que fatigués d'une manière qui rappelait à Harry ceux de Connor quand il pensait qu'il pourrait ne pas être l'Élu. "Viens ici." Il tendit les bras, et Harry s'y glissa, posant sa tête contre la poitrine de son père et écoutant le battement fort de son cœur.
James lui caressa les cheveux. Puis il dit, "Tu comprends pourquoi nous devons te garder ici, n'est-ce pas, Harry ?"
« Bien sûr, » dit Harry. « Je ne sais pas ce qui a mis Remus en colère. Je veux dire, tu sais, n'est-ce pas ? Tu sais comment Maman m'a entraîné, et pourquoi, et quels types de choses j'ai apprises ? »
« Bien sûr, » dit James. « Et il m'a fallu des mois pour l'accepter, et je suis ton père. Je ne suis pas surpris que ça prenne plus de temps à Moony. Il est le parrain de Connor, et il a toujours eu—eh bien, une sorte de cœur tendre à certains égards. » Il rit. Le rire ne semblait pas sincère. « Mais je comprends ton entraînement, Harry. Je sais pourquoi c'était nécessaire. »
Harry sentit son mal de tête naissant disparaître. Il hocha la tête, et les bras de James l'entourèrent plus fermement.
« Allonge-toi dans le lit, Harry, » dit son père un moment plus tard. « Je ne pense pas que tu sois complètement rétabli. »
Harry laissa James le coucher et border les couvertures autour de lui. Cela semblait étrange aussi, bien que plaisant. Harry n'était pas habitué à ce genre de traitement quand il n'était pas malade ou gravement blessé, et dans ces cas-là, il savait généralement ce qui l'avait amené à être alité. Cette fois, il ne pouvait vraiment pas se souvenir.
James se pencha près de lui et lui lissa les cheveux sur le front, un geste semblable à celui que Lily avait fait la dernière fois qu'elle était venue le voir. Son regard était complètement sérieux. Harry rencontra les yeux de son père, plissant légèrement les yeux alors que James se déplaçait devant la fenêtre et que la lumière du soleil d'avril auréolait son visage.
« Ta mère t'a-t-elle déjà parlé de la capture des Lestrange ? » demanda-t-il.
Harry cligna des yeux. « Non. Elle a dit que c'était ton histoire à raconter, Papa. Tu vas me la raconter maintenant ? » Il sentit son cœur battre un peu plus vite. Il avait déjà affronté Bellatrix et Rodolphus Lestrange au combat l'année dernière, et avait regretté son manque de connaissance intime sur leur façon de combattre, les sorts qu'il pouvait s'attendre à ce qu'ils utilisent, à ce moment-là. Il semblait qu'il allait enfin obtenir ces informations. S'il les affrontait à nouveau au combat—and il pensait qu'il le ferait, éventuellement; tous les Mangemorts se rallieraient à Voldemort quand il trouverait un moyen de revenir—alors ce serait bon à savoir.
« Oui, » murmura James. « C'était juste après l'attaque contre nous, tu sais. Toi et Connor étiez encore en train de guérir quand nous avons reçu la nouvelle que les Lestrange avaient attaqué les Longbottom et torturé les pauvres Frank et Alice jusqu'à la folie. Ou peut-être devrais-je dire que Bellatrix a fait cela, » ajouta-t-il, avec une petite torsion de la bouche. « Rodolphus n'a jamais été aussi dangereux qu'elle.
« Les Aurors ont failli les capturer quand ils ont quitté la maison des Longbottom, mais ils ont réussi à s'échapper par Transplanage, et ils n'ont pas pu les tracer. Ils se sont tournés vers moi, parce qu'ils savaient que Bellatrix était une Black, et j'étais l'ami de Sirius et avais une certaine connaissance des maisons de la famille Black où ils pourraient se cacher. »
« Pourquoi n'ont-ils pas envoyé Sirius ? » demanda Harry.
James ferma les yeux et laissa sortir son souffle pendant un long moment. « C'était—deux jours après l'attaque, » dit-il. « Et la trahison de Peter a frappé Sirius plus durement que quiconque. Il était au Ministère quand ils ont interrogé Peter. Je ne pense pas qu'il ait dormi pendant trois jours après ça. Il devait entendre chaque dernier détail, chaque dernière confession. »
« Eh bien, je ne l'ai pas fait. Mais je voulais—je voulais tuer quelque chose, blesser quelqu'un. Nous avions failli vous perdre tous les deux. » Sa main se posa fermement sur l'épaule de Harry pendant une seconde. « Les Aurors m'ont donné un but et une raison de chercher. Quand j'ai entendu ce qui était arrivé à Frank et Alice, j'étais encore plus en colère. Neville a survécu, mais il aurait pu mourir. Il était en grand danger. Et si nous avions été dans la maison quand Voldemort a attaqué, Harry ? Il nous aurait tués aussi. Tu aurais été laissé orphelin. La situation de Neville aurait facilement pu être la tienne. Je voulais voir Bellatrix se tordre et crier au bout de ma baguette. C'était la seule fois de ma vie où je pense que j'étais prêt à lancer le sortilège de Doloris.
« Je me suis Apparate dans une maison de famille que Sirius m'avait indiquée, un petit cottage dans les bois où lui et ses cousins passaient l'été ensemble. Personne n'était là, mais j'ai trouvé des signes que quelqu'un y était passé, et un message dans un code que Sirius m'avait appris à lire. Il dirigeait le frère de Rodolphus, Rabastan, et quiconque pouvait le lire, à suivre les Lestrange vers une autre planque. Et cette planque, je la connaissais bien, puisque c'était la maison de Sirius quand il était enfant. »
« Square Grimmaurd, » murmura Harry, se remémorant les histoires que Sirius lui avait racontées.
James hocha légèrement la tête. Il n'avait toujours pas ouvert les yeux. « Oui. Alors je m'y suis Apparate. J'ai pu entrer presque jusqu'au bout de la maison avant qu'ils ne me remarquent. Ils attendaient de la visite, vous voyez, mais du genre Mangemort, et ils étaient extrêmement confiants que personne d'autre ne pourrait les trouver.
« J'ai abattu Rodolphus alors qu'il cherchait encore sa baguette. Et puis j'ai affronté Bellatrix. » James ferma les yeux plus fort, comme pour empêcher les larmes de tomber. « Et nous nous sommes battus, Harry. Je n'avais jamais été aussi en colère. Je n'avais jamais autant voulu tuer quelqu'un.
« Mais Bellatrix est une sorcière puissante— »
Harry frissonna en se souvenant des sorts qu'elle avait lancés sur lui, et hocha la tête.
« Et elle avait beaucoup plus d'expérience dans ce genre de haine que moi. Elle m'a tenu en échec et m'a amené au point où je pensais ne pas pouvoir lancer un autre sort. Elle s'est moquée de moi, et même ça ne suffisait pas à me donner plus de force dans ma main de baguette, bien que ça aurait été le cas quand nous étions encore à l'école.
« Et puis elle a dit—elle a dit, ‘Ça aurait dû être moi qui poursuivais tes fils, Potter, et ça l'aurait été si Queudver avait été un peu plus intelligent. J'aurais aimé que ce soit le cas. J'adore la façon dont les bébés crient sous le Doloris.’ »
Harry trouva qu'il pouvait bien imaginer la scène : Bellatrix se tenant là et provoquant son père, James avec la tête baissée mais les yeux soudain pleins de feu en écoutant la Mangemort.
« Qu'as-tu fait ? » murmura Harry.
« Je l'ai maintenue sous Crucio pendant dix minutes », répondit James.
Harry ne put s'en empêcher ; il frissonna violemment, puis releva la tête et fixa son père avec incrédulité. James était doux. Oh, ce n'était pas le même genre de douceur que celle de Remus—il criait et punissait si nécessaire—mais ce n'était pas non plus la sévérité de leur mère. C'était celui qui préférait rire des erreurs plutôt que de les gronder. Et Harry ne l'avait jamais vu utiliser un sortilège, seulement des sortilèges et des maléfices sur Sirius, qui pouvait lui rendre la pareille.
« Quoi ? » dit enfin Harry.
« Oui », dit James. Son visage arborait un sourire très étrange. Harry trouva qu'il ne l'aimait pas beaucoup. « J'ai fait une des choses qu'elle a probablement faites à Frank et Alice—bien que la connaissant, elle ait varié le moment et l'intensité de la malédiction pour les briser. Mais je pense que je l'ai peut-être rendue partiellement folle avant qu'elle ne parte à Azkaban. »
Il se rapprocha de Harry, les yeux toujours fermés. « Après les avoir tous les deux amenés, j'ai renoncé à mon poste d'Auror. En partie par nécessité, et c'est ce que j'ai dit à Sirius et Remus quand ils ont demandé. Nous devions rester cachés derrière les guerres d'isolation pendant que nous t'élevions. Si les Mangemorts—pardon, les anciens Mangemorts—savaient où nous étions, ils n'auraient épargné aucun effort à ce moment-là pour détruire ton frère. Mieux valait rester près de la maison, et ne sortir à l'Allée des Embrumes ou ailleurs que lorsque c'était absolument nécessaire. »
« Mais ce n'était pas tout », dit Harry, n'ayant pas besoin de demander. Il savait, maintenant.
« Non », dit James. « J'avais trouvé quelque chose en moi qui me dégoûtait. Je n'aurais jamais cru que je pourrais torturer quelqu'un de cette manière. Je ne pouvais pas croire qu'après l'avoir fait, j'avais envie de recommencer. Je tremblais encore de l'envie de faire souffrir Bellatrix lorsque je l'ai remise à Alastor Moody. Et le pouvoir qui m'envahissait, Harry, le pouvoir était une tentation en soi. J'ai su, à ce moment-là, quel genre de magie mes grands-parents avaient abandonnée lorsqu'ils ont décidé d'ignorer certaines des anciennes coutumes de sang-pur et de dédier la lignée Potter à la Lumière de façon permanente. C'était un pouvoir sombre. Tous les sangs-purs le ressentent dans une certaine mesure. C'est le pouvoir qui peut le plus exciter la magie, la faire couler à travers toi pour que tu aies l'impression de pouvoir tout faire. »
Harry ferma les yeux et resta parfaitement immobile pendant un long moment, se souvenant de la magie qui lui avait répondu lorsqu'il avait combattu Riddle en décembre.
« La manière dont les anciens sangs-purs vivaient, les danses et les mariages et tout le reste, faisait croître ce pouvoir », chuchota James, sa voix semblable à de l'eau murmurant dans l'obscurité. « C'était une manière de sculpter des sorciers terrifiants. Ils élaguaient tous ceux qui ne pouvaient pas se contrôler, et c'est la partie que la plupart des gens ne comprennent pas ; ils ne voient que l'exil des Cracmols et le mépris de ceux qui avaient un pouvoir moyen ou moindre. Mais ils se débarrassaient aussi des imbéciles puissants et de ceux qui ne s'intégraient tout simplement pas. Rodolphus ne serait pas en vie si les Lestrange avaient suivi toutes les anciennes coutumes, et que Sirius ait survécu en étant né Black tient du miracle. Bellatrix serait vivante dans ce genre de monde, cependant, et Lucius Malfoy. C'est le monde que j'ai entrevu quand je l'ai torturée. C'est le monde que mes grands-parents ont abandonné. »
Pendant un long moment, il resta assis là à simplement respirer. Harry tendit la main et sentit le cœur de son père sous ses doigts, battant aussi vite que celui du lapin que Sylarana l'avait surnommé.
Le lapin a des crocs, dit Sylarana dans sa tête, calmé. Je suis prêt à lui accorder cela.
James ouvrit enfin les yeux et fixa Harry du regard. "Et c'est le genre de monde dans lequel tu serais tombé, et ta mère et moi avons peur que tu y serais tombé, si elle ne t'avait pas appris à te dédier à ton frère," dit-il. "Les danses n'auraient pas suffi, pas si tu les avais juste apprises pour elles-mêmes. Elles sont conçues pour canaliser le pouvoir, mais pour un bénéfice égoïste." Il grimaça un instant. "Ce n'est pas un accident que tant de familles puissantes de sang pur soient entrées à la maison Serpentard année après année, tu sais."
Harry baissa la tête. "Et donc, quand j'ai été envoyé à Serpentard, vous avez pensé—"
"Ta mère était affolée," dit James doucement. "Je n'étais pas au courant de ton entraînement à l'époque. Mais elle a craint pendant un moment que tous ses efforts n'aient servi à rien, que tu allais devenir ce genre de sorcier terrifiant.
"Nous voyons maintenant que tu ne l'es pas, que ta dévotion envers ton frère est intacte."
Harry acquiesça, et ressentit une lueur brillante et chaleureuse remplir son cœur. Il était heureux que ses parents puissent voir cela. Il aurait persévéré que quelqu'un d'autre croie en lui ou non, car il croyait en lui-même, mais c'était agréable d'avoir de la compagnie sur une route si solitaire.
"Et maintenant elle m'a tout dit," dit James. "Je n'ai pas compris au début. Je l'ai même maudite, si tu peux imaginer cela." Il sourit légèrement et secoua la tête. "Mais elle m'a rappelé ce que j'ai ressenti quand j'ai capturé les Lestrange. Je ne suis pas aussi fort que toi, Harry, et j'ai été entraîné depuis ma naissance à résister à la tentation, à m'incliner devant la Lumière, et à être un Gryffondor. Et j'ai quand même cédé, même si ce n'était que pour dix minutes."
Il se pencha en avant et prit Harry dans ses bras, le berçant contre sa poitrine. "Tu es plus fort que je ne l'ai jamais été, mon fils," murmura-t-il. "Il est absolument essentiel que tu ne ressentes jamais ce que j'ai ressenti, la tentation de faire souffrir quelqu'un comme ça." Il embrassa le sommet de la tête de Harry. "Je ne veux jamais que tu puisses lancer le sortilège Doloris. Il faut vouloir causer de la douleur à quelqu'un pour cela."
"Et un sorcier plus puissant aurait plus de tentation de le faire," chuchota Harry, pensant à nouveau à Rogue, à la magie brute qu'il pouvait sentir se déplacer et claquer sous le contrôle serré du sorcier. Oh, Rogue le contrôlait, mais il était trop évident que ses boucliers n'étaient pas ceux entraînés que Harry avait, ni ceux basés sur la danse et la coutume de sang pur que Draco avait. Ce étaient des boucliers réflexifs, nés de la méfiance et de l'expérience avec ce pouvoir coulant sans contrôle avant que Rogue ne l'ait finalement endigué. Harry le plaignait, et n'aurait voulu être comme lui pour rien au monde.
« Oh, oui, » chuchota James. « Et puisque tant de sorciers puissants sont nés dans des familles de sang pur, et qu'ils ont appris à se contrôler de manière à donner la priorité à leur famille, et se fichant de tout le reste... »
Il serra Harry plus fort dans ses bras. « Je sais que Remus pense probablement que nous avons fait la même chose, te déformant pour n'obéir qu'à ta propre famille exclusivement. Mais c'est la manière que Lily a choisie pour contrôler ton pouvoir, Harry, le meilleur guide qu'elle pouvait te donner. Et même alors, elle a parfois peur que ce ne soit pas suffisant. Quand tu te disputes avec Connor, par exemple. »
« Je pourrais me disputer avec lui parfois, » dit fermement Harry, « mais seulement parce que je veux qu'il réussisse. Je ne voudrais jamais être Ministre de la Magie ou quelque chose pendant qu'il n'était qu'un sorcier ordinaire. »
James acquiesça. « Elle en arrive enfin à cette conclusion. Et Dumbledore aidera Remus à parvenir à la même conclusion, j'en suis sûr. »
Il déposa doucement Harry dans le lit et se pencha au-dessus de lui. Harry regarda son père et réussit à esquisser un petit sourire.
« Je suis tellement désolé d'avoir mis autant de temps à m'en rendre compte, » murmura James, caressant le front de Harry. « Lily ne pensait pas que je pouvais être digne de confiance pendant longtemps. Et je ne l'étais probablement pas. Je voulais juste me retirer après ce que j'avais fait aux Lestrange. Je voulais une vie de famille parfaite. Je ne voulais pas que le monde extérieur vienne nous perturber. Alors elle et toi avez géré le monde extérieur, et Connor et moi nous nous sommes habitués à vivre derrière les barrières d'isolation et à ne penser qu'à notre famille. »
« Et maintenant ? » murmura Harry. « Tu ne me détestes pas ou quoi que ce soit, n'est-ce pas ? »
« Bien sûr que non ! » dit James, l'air choqué. « Je t'aime. Je suis désolé que tu sois né avec ce fardeau, Harry. Je pourrais souhaiter que tu sois né avec moins de magie, ou que tu aies été envoyé à Gryffondor, afin que tu sois entouré de personnes dédiées à la Lumière et contrôlant leur pouvoir d'une manière différente, plutôt que des sangs purs dansant leur danse. Mais je sais que ni l'une ni l'autre de ces choses ne peut se réaliser. Alors c'est le meilleur compromis. Et au moment où Lily a réussi à me faire voir ce que j'avais en commun avec toi, qu'elle avait essayé d'empêcher qu'une expérience comme celle de ma torture des Lestrange ne t'arrive, alors j'ai compris. » Il soupira. « Je souhaite seulement que Remus ait eu une expérience comme ça. »
« Mais c'est un loup-garou, » dit Harry. « Il doit essayer de garder cette partie de lui-même sous contrôle. Ne pourrais-tu pas utiliser ça pour le convaincre ? »
« Non, » dit James calmement. « C'est ce dont nous nous disputions avant qu'il essaie de t'enlever, en fait. Il ne comprend pas pourquoi, si Sirius et moi nous sommes entraînés à devenir Animagi pendant nos années d'école juste pour être avec lui, nous ne pourrions pas faire de compromis avec ton pouvoir aussi. » Il haussa les épaules. « Il pense que nous avons peur de toi, au point que nous nous sommes pliés et avons exercé une pression sur toi, te déformant en une forme étrangère, au lieu de reconnaître ta magie et de simplement espérer le meilleur. »
"Mais espérer simplement le meilleur aurait été stupide," fit remarquer Harry. "Cela aurait laissé trop de choses au hasard." Il se sentait un peu désolé pour Remus. Il ne comprenait manifestement pas la dévastation que la magie de Harry pouvait causer si jamais elle devenait incontrôlable.
"Je sais," dit James. "Mais nous laisserons Dumbledore le convaincre." Il observa Harry un moment, le visage pensif. "As-tu d'autres questions ?"
"Non. Mais je suis vraiment content que tu saches, maintenant," dit Harry, s'appuyant contre son oreiller et souriant avec sommeil à son père.
James sourit, se pencha, l'embrassa sur le front, puis quitta la chambre, fermant doucement la porte derrière lui.
Ils ont peur de toi, dit Sylarana. Et ils auraient dû espérer le meilleur.
"Pourquoi ?" demanda Harry, revenant à la soupe. "Et si j'avais été le genre d'enfant à me mettre en colère contre Connor pour m'avoir volé mes jouets, et que ma magie avait explosé et l'avait vraiment blessé ?"
Sylarana n'avait pas de réponse à cela, comme Harry s'y attendait. Il termina la soupe et s'endormit.
* * *
"Harry ! Harry ! Remus est là !"
Harry leva les yeux avec anxiété alors que Connor se levait de la lecture du dernier comics Mad Muggle et se précipitait vers la porte. Remus se baissait pour entrer, et il attrapa Connor et le fit tournoyer, riant tandis que son frère riait.
Harry étudia le visage de Remus à mesure qu'il s'approchait, mais bien que Remus lui sourît distraitement et l'embrassât, il ne semblait pas enclin à rester et discuter. Harry mordit sa lèvre, débattit un instant de l'éthique de la situation, puis décida qu'il devait savoir.
"Legilimens," murmura-t-il, avec un mouvement de baguette, et pénétra doucement dans l'esprit de Remus.
Il vit Remus arriver à l'école trois jours auparavant, prendre une tasse de thé avec Dumbledore, rester à Poudlard pour parler avec les professeurs un moment — y compris Snape, sur les progrès de la Potion Tue-Loup — puis repartir. Harry cligna des yeux et poussa un peu plus loin.
Il ne trouva aucun souvenir d'une visite à Godric's Hollow.
Harry comprit alors. Dumbledore avait Obscurci Remus.
Il soupira et retomba dans sa propre tête, qui commençait à lui faire mal, et Remus le regarda curieusement, avec douceur. Harry lui sourit, triste qu'il n'y ait pas eu d'autre option. Bien sûr, cela avait empêché l'amitié des Maraudeurs de se fissurer complètement, ce qui signifiait que c'était la meilleure solution.
"Qu'est-ce qui ne va pas, Harry ?" demanda Remus.
Harry secoua la tête, et Sirius entra dans la pièce à cet instant, criant "Moony !" et le plaquant. Remus ria et commença à taquiner Sirius sur laquelle des professeurs de Poudlard il avait eu une liaison.
Harry retourna à son livre. Ce n'était pas la solution idéale, bien sûr que non, mais c'était quelque chose qui devait être fait.
Menteur.
Cela aurait pu être n'importe laquelle des voix dans sa tête. Harry n'allait pas s'embêter à découvrir laquelle. Il connaissait la vérité, savait ce qui était vraiment important, et était désolé pour les vérités et les éthiques qui devaient tomber entre les mailles du filet. C'était juste comme ça. C'était la façon dont il devait vivre.
*Chapitre 28 : Le chasseur est de retour*
Merci pour tous les commentaires ! Je répondrai sur mon LJ plus tard. Désolé pour le retard de ce chapitre, mais je n'ai pas pu me connecter ; à l'avenir, s'il y a un problème à ce niveau, le chapitre sera sur mon LiveJournal.
C'est le premier chapitre de cinq qui mènent vers la fin de l'histoire ; à partir de la fin de ce chapitre, ils se déroulent tous le même jour. La tension va monter en flèche. Je peux vous le promettre.