Saving Connor

Resume
Traduction de la saga : ‘Saving Connor’ de l’auteur Lightning on the Wave , réunit en une seule grande histoire pour en faciliter la lecture.
Univers alternatif, HP/DM slash éventuel, Harry est très Serpentard ! Le jumeau de Harry, Connor, est l'Élu, et Harry est dévoué à le protéger en passant pour quelqu'un d'ordinaire. Mais certaines personnes ne laisseront pas Harry rester dans l'ombre... COMPLET
Chapitre Trente-Trois : Les Anges de Nos Meilleures Natures
Snape vit Harry tomber.
La vague de noirceur remontant son bras droit attira ensuite son attention, et il dut regarder la peau se fendre de crevasses, des liquides s'en écouler, et Harry commencer à mourir d'un poison particulièrement virulent qui devait être le mélange de plusieurs types de venins. Snape savait d'après le mouvement, au moins, que le poison se dirigeait vers son épaule, et de là il se tournerait vers son cœur. S'il atteignait son cœur, alors il était mort et l'affaire réglée.
Il vit le Seigneur des Ténèbres tournoyer sur place, ayant ressenti la destruction de son Horcruxe, et n'ayant pas la moindre idée de ce qu'il devait faire ensuite.
Snape prit la décision qu'il devait prendre, et, au lieu de se précipiter aussitôt au côté de son fils et de le prendre dans ses bras, il tira sa baguette comme Lucius l'avait fait et lança le seul sort qui serait le plus utile à ce moment-là. Quand le Seigneur des Ténèbres était d'humeur telle que celle-ci, balançant entre une émotion et l'autre, une poussée dans une direction ou l'autre pouvait l'envoyer dans l'action désirée. Snape avait utilisé cet équilibre délicat à son avantage plusieurs fois lorsqu'il était encore un Mangemort et voulait mettre un de ses rivaux en difficulté.
Il lança un sort qui lui permit d'imiter la voix d'un autre, et appela dans les tons inimitables de Maugrey Fol Œil, "Harry ! Es-tu là, mon garçon ? Nous avons les pierres de garde que tu as demandées, les morceaux de la Pierre qui sont immunes à la magie !"
Voldemort grogna silencieusement, et Snape aperçut ses yeux détruits. Il attendit avec tension. Il était possible qu'il ait poussé Voldemort dans la rage au lieu de la prudence, et que le Seigneur des Ténèbres attaque maintenant. S'il le faisait, ils étaient tous morts, mais cela avait été vrai dès le moment où il était entré dans la maison des Gaunt.
Mais il tomba des cornes de son dilemme dans une peur prudente, comme Snape l'avait espéré. Il étendit ses bras et inclina à moitié sa tête, et disparut avec un crépitement de magie si profond que ce n'était pas le craquement de l'Apparition.
Snape laissa échapper un souffle rauque, puis se permit de se précipiter au côté de Harry, seulement pour découvrir que Regulus s'y était déjà précipité et l'avait pris, en prenant soin de ne pas secouer son bras droit. Actuellement, il essayait de faire lâcher à Harry la bague des Peverell qu'il tenait fermement.
« Ne fais pas ça, » dit Snape durement, et il tapa la main de Regulus avec sa baguette, le faisant la retirer vivement et le fusiller du regard. « Sinon, cela te contaminera aussi, et je ne tiens pas à avoir deux patients à traiter. »
Les yeux de Regulus s’agrandirent avec une lueur d’espoir. « Penses-tu pouvoir le guérir, alors ? »
La bouche de Snape se tordit en une courbe sombre, mais il ne put s’empêcher de laisser transparaître une pointe de sarcasme dans sa voix. « Pourquoi serais-je devenu Maître des Potions, si ce n’est pour préparer un antivenin pour des garçons imprudemment négligents au seuil de la mort ? » Il se détourna de l’argument que Regulus aurait pu avancer à ce sujet, et parcourut la pièce du regard. Il remarqua d'abord Rosier-Henlin et Gloryflower, flottant près du fond de la salle et serrant leurs bras gauches. Leurs cicatrices en forme d’éclair leur feraient mal, il le savait, leur indiquant trop tard, futilement, que Harry était en danger.
« Allez chercher les Weasley, » lança-t-il, et ils se précipitèrent hors de la pièce, semblant heureux d’avoir une tâche à accomplir.
Il regarda alors les Malfoy. Lucius se tenait avec Narcissa dans ses bras, ses longs cheveux tombant sur ses épaules et s’étendant presque jusqu’au sol en un rideau doré. Snape plongea son regard dans le sien, utilisant une rapide légilimancie, et parvint à se convaincre qu’il ne s’agissait pas d’un autre piège du Seigneur des Ténèbres. Même si Voldemort avait demandé à Lucius de rejoindre leur camp à l'incroyable occasion du suicide de Narcissa, il n'aurait pas voulu encourager une telle chose, pensa Snape, pas quand un suicide comme celui-ci signifiait la possible destruction d’un Horcruxe. Il aurait ordonné à Lucius de l’arrêter, d’abord.
Draco se tenait à côté de son père, le dos d’une main posé sur la joue de sa mère, son visage plus âgé que jamais aux yeux de Snape. Il aurait pensé que le ciseau de cette douleur avait ébréché la dernière partie de l’enfance du garçon, s’il ne croyait pas que Draco avait encore une immense quantité d’immaturité à perdre.
« Nous allons à Poudlard, » dit Snape, et le son de sa voix, comme une branche sèche se cassant, fit lever les yeux de Lucius vers lui. Snape s’assura de soutenir son regard en continuant. « Nous allons Transplaner jusqu’à la route de Pré-au-Lard et aller directement à l’infirmerie, avec Harry et votre épouse. Comprenez-vous, Lucius ? »
Lucius, à son crédit, se contenta de hocher la tête au lieu de protester. Draco ouvrit la bouche comme s’il allait le faire pour son père, mais Snape s’en fichait, il n’avait pas le temps de s’attarder sur la dévastation dans les yeux et sur le visage de Draco. Il tournait déjà les talons et traversait la porte de la cabane, Regulus le suivant de près avec Harry serré dans ses bras.
Ils pouvaient retourner à Poudlard, mais tandis que le reste d’entre eux se rendait à l’infirmerie, Snape se dirigerait vers son laboratoire pour y préparer la potion qui devrait lutter contre le temps et la noirceur montant le long du bras droit de Harry, afin de sauver la vie de son fils.
SSSSSSSSSSSS
Harry flottait juste sous la surface de la piscine d’Occlumancie argentée, et écoutait les pas de Tom Riddle s’approchant de plus en plus.
"Sors, sors, Harry," appela le garçon plus âgé, trahissant à la fois son impatience et sa position par sa voix. Harry aurait souri s'il avait considéré la bataille comme autre chose qu'intolérablement sérieuse. "Tu sais que la mienne est la magie la plus puissante, et c'est moi qui possède le don de possession. Je te promets que je peux tuer rapidement quand je le veux. Viens à moi, et je te donnerai l'une de ces morts rapides."
Harry resta où il était. Il n'avait pas besoin de respirer dans ce monde, quelque chose que Tom Riddle n'avait pas encore réalisé, pensait-il ; il traitait encore le champ de bataille mental comme s'il était physique. Eh bien, et pourquoi pas ? Il n'avait pas pu avoir beaucoup de contact avec d'autres esprits pendant les dernières décennies où il avait été enfermé dans l'anneau des Peverell.
Une ombre passa au-dessus de Harry, une jambe s'étendant pour marcher au-dessus de la mare. Il rassembla ses forces, repoussa les pensées de ce qui arrivait à Draco en ce moment et de comment son corps mourait probablement de la morsure du serpent sur l'anneau, et explosa vers le haut.
Tom jura de surprise alors que Harry l'attrapait et le jetait à terre, sa magie se tordant autour de lui en même temps pour former des chaînes sortant du sol autour de la mare. Les chaînes avaient des maillons de jade et des menottes métalliques à leur extrémité, dont Harry parvint à enclencher deux autour des chevilles de Tom avant qu'il ne réagisse.
Il tendit une main devant lui et grogna un mot unique que Harry ne reconnut pas, avec beaucoup de sons r. Harry se plia en deux comme si quelqu'un d'invisible lui avait donné un coup de poing dans le plexus solaire, et il dut rouler loin de Tom, entendant les rires de l'autre garçon résonner à ses oreilles.
"C'est un joli corps que tu as là, Harry," dit le salaud, sa voix empreinte de jubilation. "Je l'aime bien. Je vais prendre plaisir à le posséder quand tu seras parti. Je me demande combien de temps je devrais attendre avant de leur dire qui je suis vraiment ? Je peux contrer le poison qui te tue, bien sûr, et récupérer l'usage de mon bras droit, mais je ne peux pas le faire trop évidemment. Hmmm."
Harry se força à ignorer la douleur. C'était le genre de bataille pour laquelle il s'était entraîné sous Lily, d'une certaine manière ; au moins, il avait l'expérience pour savoir qu'il ne devait pas gaspiller son souffle en parlant. Et peu importe à quel point Tom était confiant, il était maintenant enchaîné, et il n'avait pas encore assez de contrôle sur l'esprit de Harry pour imaginer ses liens se défaire d'une pensée.
Harry se redressa sur un genou et imagina une attaque venant d'en haut, comme il était venu d'en bas un moment auparavant. Un vol d'oiseaux, tous dentés et à queue de lézard comme l'oiseau qui symbolisait la connexion entre eux, fondit sur Tom en criant.
Il tendit une main, sifflant un autre sort, et les oiseaux se transformèrent en masses flottantes de chair et de plumes carbonisées.
Cette fois, Harry fit appel à son souvenir des lianes d'Indigena qui l'avaient maintenu impuissant dans le cimetière il y a presque deux Midwinters, leur demandant de se tortiller et de s'enrouler autour des poignets de Tom, liant sa magie et l'empêchant de l'utiliser contre les prochaines armes que Harry pourrait soulever. Elles émergèrent, mais Tom les carbonisa à leur tour. Harry grogna de frustration.
Les yeux noirs comme des scarabées étaient fixés sur les siens, souriants. Ou peut-être n'étaient-ils pas noirs comme des scarabées, pensa Harry, mais vert bouteille, d'une teinte légèrement plus foncée que la sienne. Ils partageaient tant d'autres choses, pourquoi pas celle-ci ? "Pensais-tu pouvoir me combattre, Harry ?" murmura Tom. "Nous sommes très semblables, toi et moi. Et je suis plus déterminé que tu ne le seras jamais, plus Sombre. Tu ne peux pas combattre le Sombre avec la Lumière, Harry, mais c'est ce que tu essaies de faire. Pas étonnant que cela ne fonctionne pas !"
Il tendit la main et traça une ligne dans l'air avec son doigt, en riant. Harry sentit une brûlure s'ouvrir sur son front, parallèle à la cicatrice en forme d'éclair, et sut qu'elle continuerait vers le bas, lui coupant la paupière, le rendant aveugle de l'œil droit, et lui lacérant le visage. Tom pouvait invoquer des choses comme ça, des blessures fatales ou défigurantes, et Harry ne le pouvait pas.
Ou, plutôt, il ne le faisait pas en ce moment.
Il plongea son visage dans la terre fraîche qui formait le "sol" de son esprit, et effaça la douleur et le sort. Tom fit un claquement de langue déçu, comme une poule qui aurait perdu un poussin. Harry, pendant ce temps, envisageait ce qu'il soupçonnait maintenant être la vérité, du moins si Tom la disait.
Pourquoi le ferait-il ? Tu sais qu'il est menteur. Il l'a toujours été.
Sauf quand il se vante, pensa-t-il alors, se souvenant du moment où Voldemort lui avait joyeusement dit la vérité sur le fait de s'être coupé la main dans le cimetière, et avait effectivement tenu parole sur les treize jours d'attente avant d'attaquer Poudlard au solstice d'été. Voldemort mentait quand il en avait besoin, mais il préférait dire la vérité quand il pensait que cela causerait du désespoir chez ses ennemis.
Et Tom Jedusor pensait que cela causerait du désespoir chez Harry. Il n'avait pas encore eu l'occasion de bien connaître Harry, certainement pas aussi bien que l'ancien Voldemort, et donc il ne savait pas, ne pouvait pas savoir, que Harry avait l'arme pour rendre sa raillerie une réalité.
Si j'ose l'utiliser.
Harry ne voulait pas, pas plus qu'il ne voulait imaginer une mort horrible pour un intrus dans son esprit. Ce n'était pas la façon dont ses pensées fonctionnaient, pas la façon dont son imagination travaillait. Il—il ne souhaitait pas utiliser sa magie de cette manière.
Et puis une blessure s'ouvrit dans son dos, et des mains s'enfoncèrent avec l'intention apparente de lui retirer ses organes internes, et Harry réalisa qu'il pourrait devoir changer d'avis—et rapidement.
SSSSSSSSSSSS
Draco suivit son père jusqu'à l'infirmerie, mais, une fois là, c'était trop difficile de regarder Madame Pomfresh s'occuper de Harry et ignorer Narcissa. Bien sûr, il savait que c'était juste et approprié, et il était frénétiquement inquiet pour Harry aussi—les doubles blessures émotionnelles donnaient l'impression de le priver de toute chance de bonheur—mais cela ne faisait que renforcer l'impression que sa mère était morte, et ne lui permettait pas d'y échapper.
Il se tenait là, la tête baissée, incapable de rassembler la volonté nécessaire pour dépasser la douleur. Narcissa avait toujours fait partie de sa vie. Chaque fois qu'il pensait à ce qu'il devait faire ensuite, cela incluait une orientation vers elle, ne serait-ce qu’en supposant qu'elle serait là quelque part, et qu'il pourrait faire appel à elle si besoin. Savoir qu'elle n'était plus là, maintenant, c'était comme se cogner la tête contre un mur encore et encore.
« Draco. »
Draco se tourna, clignant des yeux, et vit son père debout là. Son regard était fixe, mais captivant, et Draco savait ce qu'il demandait. Réconciliation, chagrin partagé, une conversation quelconque. Ou aller dans une pièce où Madame Pomfresh, et même Regulus, ne le regarderaient pas comme s'il était un Mangemort revenu à la vie.
Lentement, Draco décida qu'il pouvait le faire. Il hocha la tête et passa devant Lucius, lui faisant signe de le suivre.
Narcissa ne les suivit pas.
Draco jeta un coup d'œil en arrière une fois, vit son visage immobile, et ses cheveux ondulés, un peu plus sombres que les rayons du soleil, puis se tourna résolument vers l'avant, décidant qu'il ne regarderait plus.
Il conduisit Lucius à l'une des salles de classe qui servaient habituellement à pratiquer les sorts de duel. Elle n'était pas occupée aujourd'hui, merci Merlin, et Draco se retourna pour faire face à son père lorsqu'ils fermèrent la porte derrière eux.
« Je ne sais pas ce que tu veux, » dit Draco franchement. « Je ne sais pas ce que tu attends de moi. Mais tu devrais savoir une chose. Nous allons organiser des funérailles dignes pour Mère. Elle sera enterrée avec tous les honneurs qui conviennent à une telle mort. Et si tu dis le contraire, je te tuerai sur place. »
Il avait vraiment l'impression qu'il pouvait le faire, aussi. La force magique qu'il avait aiguisée et renforcée en préparation, pensait-il, pour défendre Harry pendant qu'il récupérait les Horcruxes, remontait à la surface maintenant, se concentrant sur Lucius. Il pourrait ouvrir la bouche, et les mots Avada Kedavra sortiraient, et il pourrait tuer son père. Il pensait presque que ce serait mieux ainsi. Cela résoudrait la maudite question de ce qu'il fallait faire de Lucius, en tout cas.
« Elle a toujours voulu des funérailles de Malfoy, » dit calmement Lucius. « Être enterrée comme l'un des nôtres, pas brûlée comme une Black. À moins que tu ne penses que cela ne lui rendrait pas assez d'honneur, à elle et à sa mort. »
Il ne se battait pas, réalisa alors Draco, vaguement. Il ne disait pas que Draco ne pouvait pas avoir les funérailles qu'il voulait pour sa mère. Il était d'accord. Il—il honorait Narcissa comme un mari aimant l'aurait fait.
Draco fit un pas en arrière, chancelant, se rappelant à peine de brandir sa baguette pour pouvoir conjurer une chaise à temps pour répondre à son besoin soudain de s'asseoir. Il s'y enfonça et inclina la tête en arrière, un rire âpre s'échappant de ses lèvres. Il sentait le regard de Lucius sur lui. Il s'en moquait.
« Draco, » dit son père sèchement. « Arrête. Tu deviens hystérique. »
« Je m'en fous complètement », fit remarquer Draco, en appuyant son front sur sa main. « Je—merde, merde, merde ! Tu l'aimais, et tu n'as jamais pu le lui dire pendant qu'elle était vivante, n'est-ce pas ? Ce n'est qu'à sa mort que tu t'es libéré, quelques instants trop tard pour lui dire qu'au fait, tu as un mari aimant, Narcissa. Tout est trop tard avec toi, Père, n'est-ce pas ? Aigris, à moitié cuits, à moitié finis. »
« Draco, je ne vais pas— »
Draco frappa du poing sur le bras de la chaise et se pencha en avant, fixant son père du regard. « Dis-moi pourquoi je devrais te laisser avoir ton mot à dire dans les funérailles de Mère, cher père », murmura-t-il. « Dis-moi pourquoi, d'ailleurs, nous devrions te laisser revenir dans l'Alliance du Soleil et de l'Ombre, alors que tu as causé assez de problèmes pour sept sorciers. Explique-moi pourquoi tu t'es libéré de tes chaînes alors que tu sais ce qui va se passer maintenant. Honoria Pemberley pourrait exiger une jambe coupée en retour de celle que tu lui as coupée, et elle serait dans son droit. Dis-moi pourquoi je devrais te traiter comme un père, Lucius, et le mari de ma mère, et non comme un ennemi combattant. »
SSSSSSSSSSSSS
Snape retint dans son esprit l'odeur du poison s'échappant du bras de Harry alors qu'il jetait une poignée de pierre de lune en poudre dans le chaudron.
Ça sent l'amande. Il y a du cyanure dedans, mais dilué, pour qu'il ne tue pas dans les premiers instants. Et il y a aussi de l'arsenic. Cette odeur, je la connais.
Une poignée de corne de bicorne pulvérisée suivit la pierre de lune, puis des feuilles de guérison pilées, et enfin des pétales de violette écrasés. Snape travaillait au niveau de l'instinct, sans se demander ce que ses mains ajoutaient, ni combien. Il savait que les quantités et les ingrédients devaient être parfaits. Le venin progressait le long du bras de Harry vers son cœur en une vague de noirceur. Quand il atteindrait son cœur, alors le cœur s'arrêterait, et la chance de sauver son fils serait perdue. Les dégâts ralentissaient à mesure qu'ils se propageaient, car ils avaient plus de peau à couvrir, mais ils avançaient encore, même maintenant.
Il tourna à gauche, attrapa une fiole de potion de guérison sur ses étagères préparées, et la jeta dans le chaudron avec le reste. Il entendit une étincelle derrière lui, et un léger sifflement, mais il ne sentit pas de fumées toxiques libérées. C'était bien. Il n'avait pas le temps de s'en occuper.
L'eau entra ensuite, suffisamment pour remplir le chaudron presque jusqu'à débordement, et Snape récita un sort de purification seulement après qu'elle se soit bien mélangée avec les autres ingrédients, afin qu'elle n'ajoute aucune contamination de son propre fait. Il plongea dans ses réserves, cherchant la bouteille qu'il avait créée il y a plus de dix ans.
Oui. Oui, elle est là.
Dans une fiole de verre pendait un seul cheveu scintillant, trouvé dans la Forêt Interdite, accroché à une branche—un cheveu de la queue d'une licorne. S'il l'avait pris par la force de la créature, il n'aurait pas osé l'ajouter. Cela aurait augmenté l'efficacité du poison, au lieu de guérir Harry. Tout comme il y a un coût à boire le sang des licornes, il y a un coût à utiliser d'autres morceaux des créatures merveilleuses volés à elles, au lieu de les ramasser sur celles qui sont négligentes ou mortes.
Il brisa la fiole et laissa dériver le cheveu dans le chaudron. Il se posa avec une légère lueur, et pendant un instant, le bruit des cloches et une sensation de paix parfaite envahirent Snape.
"Reste là," lui dit-il, sachant qu'il avait l'air ridicule en s'adressant à un ingrédient de potion mais s'en moquant, "et guéris l'homme qui t'a libéré, vous tous."
Un tour de plus et un pas vers les étagères, et il trouva finalement ce qu'il cherchait, la chose que ses instincts, sans présenter leur raisonnement à son cerveau supérieur, lui disaient d'ajouter. Une plume brillante et abîmée, une plume de phénix, la même que Dumbledore lui avait donnée des décennies auparavant lorsqu'il avait accueilli un jeune Severus Snape amer et épuisé dans l'Ordre du Phénix.
La plume se posa à la surface de l'eau. Aussitôt, elle explosa en un feu blanc chatoyant, luttant contre le liquide et en faisant bouillir une partie. Snape recueillit une poignée d'eau et la versa sur la plume, et les flammes s'éteignirent avec un petit sifflement. Mais elles avaient servi à faire bouillir une partie de la potion et à mélanger les ingrédients individuels plus étroitement, ce qui était, autant que Snape pouvait en juger, ce qu'elles étaient censées faire.
Les doutes tentaient de s'insinuer—doutes et rationalité—mais Snape ne les laissa pas faire. Il saisit une tige de verre pour remuer et la plongea dans le chaudron, commençant à brasser. Il avait son esprit fixé sur le résultat—une potion qui pourrait sauver Harry du poison qui le tuait—et il ne se souciait pas de la manière d'y arriver.
Ses mains prirent le relais, le savoir se répandant de ses bras et non de ses pensées. Snape les laissa faire.
SSSSSSSSSSS
Harry se retourna, arrachant la victoire à la créature aux griffes de laiton que Tom avait conjurée pour le tourmenter, et réprima la tentation d'éclater en chanson de phénix. Si Tom avait raison, alors il ne pouvait pas le combattre avec la magie de la Lumière. Il savait où il devait aller, il savait ce qu'il devait faire.
Bien sûr, c'était difficile, sachant qu'il pourrait vaincre le fou essayant de posséder son corps pour seulement libérer une obscurité pire sur le monde.
Mais il devait essayer. Draco avait besoin qu'il sorte de ce paysage mental, de cette bataille, vivant, pour qu'il puisse le réconforter.
Harry enfonça ses mains dans la terre riche et serra les mottes de terre qu'il tenait. Le sol trembla, puis s'affaissa sous Tom, le faisant tomber sur son derrière. Harry entendit son cri, plus surpris et indigné que blessé.
En même temps, Harry fit fondre les chaînes qui le retenaient, et se releva d'un bond.
Ce serait une course. Il devrait convaincre Tom qu'il était tellement effrayé qu'il fuyait simplement sans regarder où il allait, et le rendre suffisamment furieux pour le suivre sans essayer de dépasser Harry. Le faire tomber sur son derrière devrait suffire, espérait Harry. Voldemort n'avait jamais été à son plus rationnel quand il se sentait ridiculisé.
Bien sûr, une vague de ténèbres et de vent s'abattit sur lui, indiquant à Harry que Tom était sur sa trace.
Il se mit alors à courir. Il glissait parmi le paysage doux des bassins d'Occlumencie, dansant sur leurs surfaces, sentant, de temps en temps, une émotion noyée monter vers la surface, demandant s'il en avait besoin, mais il rejetait ce sentiment à chaque fois. Il bondissait de branche en branche de l'arbre majestueux dont le squelette d'acier formait la colonne vertébrale, puis se jetait dans les feuilles tandis que Tom criait de frustration derrière lui. Il grimpait de plus en plus haut et voyait le feuillage bruissant s'ouvrir devant lui, dévoilant le chemin vers la partie de son esprit qu'il connaissait si peu et détestait tant.
Il transformait la haine en peur et l'envoyait couler derrière lui comme un vent, et il sentait Tom rire, sa confiance retrouvée.
"Je te l'avais dit, Harry," appela-t-il, tout en grimpant sur une branche que Harry avait passée plusieurs minutes auparavant. "Si tu viens à moi, je t'offrirai une mort rapide, et tu peux être assuré que j'utiliserai bien ton corps. Ce ne sera pas aussi rapide que cela l'aurait été si tu t'étais rendu la première fois que je l'ai demandé, mais ce sera tout de même rapide. Et alors tu ne seras pas en vie pour voir ce que je ferai de ton petit ami." Un autre éclat de rire, devenant plus froid et aigu à mesure qu'il s'élevait, comme si l'exercice rapprochait ce fragment de Tom Riddle de son futur moi.
Harry ferma les yeux un instant. Draco.
Mais il n'avait pas à écouter, et il ne le fit donc pas. Il courait, et les feuilles sous ses pieds se durcissaient et s'aplatissaient pour se transformer en rochers. Maintenant, il courait à travers des dalles, se dirigeant vers la large clôture qui se dressait à l'extrême bout de cette plaine.
Une pensée, et la clôture s'élargit, bloquant son chemin, bien qu'en réalité Harry puisse la contourner et entrer dans une autre partie de son esprit s'il le voulait. Il projeta la panique, cependant, et courut de long en large le long de la clôture comme si c'était une barrière qu'il ne savait pas comment franchir.
"Te voilà, Harry."
Il se retourna brusquement. Tom Riddle n'était pas loin derrière lui et venait vite, un sourire sournois sur le visage qui ne s'accordait pas bien avec la terre qui y était étalée. Harry retint l'impulsion de rire. Il savait bien que s'il commençait maintenant, il ne s'arrêterait pas. Les émotions liées à la mort de Narcissa et au chagrin de Draco se battaient sous la surface, essayant d'émerger de toutes les manières possibles.
Harry les écrasa, puis se recula contre la clôture alors que Tom Riddle se rapprochait de plus en plus.
"Plus d'endroit où courir ?" murmura l'autre sorcier avec moquerie. "Plus de moyens de me combattre ? Eh bien, je suis heureux de voir que tu reconnais finalement ton propre désespoir et ta fin appropriée en tant que vaisseau pour moi."
Harry haletait, puis laissa échapper son souffle en un gémissement aigu. Cela masquait les sons qui se rassemblaient derrière lui.
Tom Riddle s'approcha de plus en plus près, et finalement s'arrêta devant lui. Ses yeux étaient sombres et expressifs, et d'un vert profond après tout, si l'on regardait de suffisamment près. Son visage brillait de plaisir.
"Je te rendrai plus puissant que tu ne l'as jamais été, Harry, je te le promets," murmura-t-il, tendant la main comme pour caresser la joue de Harry.
Harry saisit sa main, l'attirant près de lui, puis tendit l'autre bras pour enrouler autour du torse de Tom. L'autre garçon, surpris, lutta contre lui, mais il n'avait pas assez de prise pour résister. Harry fit disparaître la barrière, puis les jeta tous deux en avant, visant l'endroit où la barrière avait été.
Ils plongèrent dans l'eau noire, dans la partie de son esprit où Harry gardait la partie la plus sombre de lui-même. Il siffla.
Et la partie de lui qui ne désirait rien de plus que déchirer et dominer vint à lui.
SSSSSSSSSSSSSS
"J'ai changé," dit Lucius.
"Vraiment." Draco ressentit de l'incrédulité, puis de l'indignation, traversant comme une lance de verre. "Et je devrais croire ça ?" Son père hocha légèrement la tête, sans jamais détourner les yeux de son visage. Draco rit de nouveau, mais réussit à s'arrêter cette fois. "Pourquoi ?"
"Parce que j'ai été un esclave ces quatre derniers mois," dit Lucius, et sa voix se fit plus aigüe avec une émotion que Draco pouvait croire de sa part : l'amertume. "J'ai vu ce que cela m'a coûté de ne pas avoir assez—d'amour—pour résister à ma haine." Au moins il grimace encore en disant le mot, pensa Draco. Il aurait été convaincu que ce n'était pas Lucius s'il ne l'avait pas fait. "Et bien que je sois arrivé trop tard pour faire savoir à Narcissa ce qu'elle représentait pour moi, cela ne veut pas dire que je doive vivre ma vie dans le regret. Je préfère faire autre chose de ma vie."
"Et qu'est-ce que c'est ?" Un mot de travers, se promit Draco, un seul, et il le tuerait. C'était l'homme qui avait désespérément essayé de contrôler la propre vie de Draco, d'empêcher sa femme de le quitter quand elle en avait assez, d'emprisonner Hawthorn Parkinson puis de détruire la rébellion de Harry. Draco ne pouvait pas faire confiance à ses promesses, et il ne faisait certainement pas confiance au besoin apparent de Lucius de se racheter pour ses crimes.
"Réparer ce qui s'est passé."
Draco ricana.
"Je peux," dit Lucius, sans fléchir, ni dans son regard ni dans son corps. "Je peux le faire, si tu le permets, Draco."
Draco frotta ses mains contre ses jambes. Il n'avait jamais pensé qu'il recevrait la soumission de son père, pas dans ses rêves les plus fous. Cela semblait—faux. Mais, se rappela-t-il, il était maintenant le chef de la lignée des Malfoy, et il traitait avec un membre fautif de sa famille.
Cela lui indiquait comment agir. Il releva la tête et se remémora ce qu'il avait appris des rituels de sang-pur pour cela dans sa course folle, durant l'été après sa troisième année et plus tard, pour s'instruire sur ce qui aurait dû être son héritage afin de rattraper Harry. "Et que feras-tu, au nom des Ténèbres ?" demanda-t-il, sa voix déjà plus ferme qu'elle ne l'était auparavant.
Lucius reconnut la formule. Ses yeux brillèrent une fois, mais Draco pensa que c’était de satisfaction plutôt que de colère.
Puis il s’agenouilla, mais avec un seul genou, ce qui était la posture d'une soumission qualifiée, plutôt que celle absolue, servile, qu'il avait adoptée aux côtés de Voldemort. Il étendit les bras, inclinant la tête de sorte que son rideau de longs cheveux blonds masquait partiellement son visage. Il murmura : « Est-ce à moi de nommer les pénitences pour mes crimes ? »
Draco envisagea de se lever, mais décida qu'il aimait être assis. Cela accentuait la ressemblance de la chaise avec un trône, et, espérait-il, impressionnait Lucius par l'ampleur de sa dette. « C’est le cas », dit-il. « Je ne nommerai pas de pénitences qui ne seraient pas assez profondes, qui ne vous rendraient pas vraiment désolé. »
Lucius acquiesça. « Très bien. Alors, pour le crime de ne pas reconnaître ta propre maturité, je vivrai à ta discrétion. Toute nourriture que je mange, tout lit dans lequel je dors, tout souffle que je prends, vient de toi et de toi seul. Si tu exiges ma vie, je la donnerai, sans hésitation ni question. »
Draco siffla entre ses dents, presque amusé malgré lui. C'était un contrat qui le liait autant à Lucius que Lucius à lui. Bien que Lucius doive supplier si son fils le déclarait ainsi, cela signifiait aussi que s'il mourait de faim ou souffrait, ce serait la faute de Draco.
Mais c'était aussi le prix ultime qu'il pouvait payer pour le manque de respect envers son fils, et donc Draco ne pouvait demander qu’un prix inférieur, s'il le contestait. « Cela sera acceptable », dit Draco. « Et pour tes crimes contre Hawthorn Parkinson, une alliée qui ne t'a jamais fait de mal ? »
« Je la ramènerai du Seigneur des Ténèbres. »
Draco plissa les yeux. Il savait combien de sources de haine liaient la louve-garou à son nouveau service : Lucius, bien sûr, mais aussi, d'après ce que Harry lui avait dit, Indigena Yaxley, et les Aurors qu'elle avait aidé à torturer et tuer lors de l'attaque sur Tullianum. Draco ne voyait pas comment il était possible pour elle de revenir.
« Tu penses vraiment pouvoir y parvenir ? » murmura-t-il. Celui qui fait des réparations, comme Lucius, n'est pas autorisé à choisir une tâche qu'il sait vouée à l'échec.
« Bien sûr, ou je ne l'aurais pas proposé », dit Lucius, penchant la tête sur le côté pour regarder à nouveau Draco à travers son rideau de cheveux.
S’il peut le faire, alors Harry y accorderait plus de valeur que tout autre prix qu’il pourrait nommer. « Cela sera acceptable », répéta Draco. Il sentit Lucius se détendre. Il doit vraiment penser qu'il peut le faire, aussi étrange que cela puisse paraître. « Et qu’en est-il de tes crimes contre Harry ? »
« Ma fortune et ma magie sont à sa disposition », dit Lucius, sans ciller. « Je deviendrai un Cracmol s'il le désire. »
Draco plissa les yeux. Cela renvoyait la décision à Harry, mais il pouvait difficilement la contester, car c'était la punition que Harry avait dit qu'il offrirait à quiconque romprait les serments de l’Alliance du Soleil et de l’Ombre en premier lieu. « Salaud », accusa-t-il.
« Le fils d’un bâtard, peut-être, si mon père est vraiment né d’une Sang-de-Bourbe, » dit Lucius, sa voix d’un calme inexprimable. « Mais moi-même ? Je ne pense pas. Mes parents étaient mariés. »
Draco serra les dents et ne répondit pas à cela. « Tu es à lui, alors ? Autant que tu es à moi ? »
« Ses revendications sur moi ne sont secondaires qu’aux tiennes, » dit Lucius, sa voix polie et parfaite.
Draco se laissa aller en arrière, réfléchissant. Il ne pouvait vraiment penser à rien d’autre dont Lucius devait se racheter, puisque ses autres crimes avaient été commis sous les ordres de Voldemort. Si Narcissa était encore en vie, elle aurait le droit de réclamer sa part à lui, mais—
Si Narcissa était vivante, bien des choses seraient différentes.
« Lève-toi, » dit Draco brusquement. « Pour ma part, tu es réintégré dans la lignée des Malfoy. Mais je ne sais pas si Harry te laissera vivre, encore moins t’accepter à nouveau dans son alliance. »
« Je sers à son bon plaisir, » dit Lucius calmement, et se leva.
Draco se renversa dans son fauteuil et céda à sa curiosité, car s’il ne le faisait pas, il craignait que les larmes tapis au fond de ses yeux ne le submergent. « Pourquoi le ferais-tu ? Tu as dit que tu avais passé quatre mois en esclavage. Es-tu vraiment si désireux de passer encore des mois à nous servir, pour compenser ce que tu as fait ? »
« J’ai choisi cela, » répondit Lucius. « Cela fait une différence. » Il inclina la tête, son visage changeant. « Et maintenant, Draco, tu devrais pleurer. »
« Pardon ? »
« Tu sais ce qu’était ta mère, » siffla Lucius. « Bien plus que la femme qui t’a porté. La plus grande sorcière que j’aie jamais connue. La femme qui a eu la force et le courage de donner sa vie pour une raison, sans se débattre dans une lutte futile contre la vieillesse ou poignardée par derrière au combat. Elle a vécu et est morte comme une Sang-pure des Ténèbres, Draco, et il n’est pas convenable que le visage de son fils soit exempt de larmes quand il pense à elle. »
Draco tourna la tête et ferma les yeux, mais c’était trop tard ; les sanglots montaient déjà. Il se leva, prêt à quitter la pièce. Il ne pouvait pas montrer une telle faiblesse devant Lucius.
Et puis il se rendit compte que Lucius, lui aussi, pleurait, mais silencieusement, les larmes coulant sur son visage comme des gouttes fondant d’un glaçon, ses yeux grands ouverts et figés entre eux. Draco hésita un long moment entre son père et la porte.
Puis il se retourna et serra la main de Lucius avec un geste brusque.
Lucius l’attira à lui et le tint là, pas exactement comme un père tient un fils—pas encore, ils n’en étaient pas encore là—mais comme un homme peut en tenir un autre pendant qu’ils pleurent pour une femme qu’ils ont tous deux aimée.
SSSSSSSSSSSSSS
L’eau éclaboussait presque le bord du chaudron, puis retombait. Elle était tantôt violette, tantôt bleue, tantôt verte, toutes des couleurs profondes et précieuses. C’était certainement la plus belle potion que Snape ait jamais préparée.
Il ne tenta pas d'arrêter les pensées, ni de les plonger dans ses bassins d'Occlumancie, bien qu'il aurait pu le faire. Il était en plein vol à travers la partie créative de son cerveau qui l'aidait habituellement à préparer des potions, mais ici, il la faisait fonctionner à grande vitesse, comme elle le faisait généralement seulement lorsqu'il offrait des théories.
Ses mains volaient, remuant maintenant dans le sens antihoraire, maintenant agitant sa baguette pour ajouter un sort de chauffage, de refroidissement ou de stabilisation que son esprit lui disait nécessaire à ce moment-là, maintenant se penchant pour ajouter un souffle de son haleine ou une mèche de cheveux à la potion. Il ne questionnait pas ses instincts. Il n'essayait pas d'arrêter, ou de ralentir. Il faisait confiance à son intuition pour le porter, et elle le faisait, stable sous lui comme un cheval au galop, le guidant par-dessus les obstacles qu'il n'aurait pu surmonter seul.
Les notions de ce qu'il devait faire prenaient une direction différente, et Snape préleva une bonne portion de la potion avec une louche avant de la laisser retomber. Le liquide souffla et devint rouge.
Rouge comme le sang, rouge comme le sang qui devrait couler si Harry mourait du poison remontant son bras...
Et puis il était au-delà de cela, au-delà, s'efforçant de se concentrer sur la potion, et non pas sur le fait qu'elle fonctionnerait ou que Harry vivrait ou mourrait. Sa main se déplaça en un arc fluide, laissant tomber le premier nouvel ingrédient depuis un certain temps, une plume de quetzal, dans la potion.
Le liquide frissonna comme de plaisir, puis se calma, devenant parfaitement calme, semblable à du verre, lisse. Snape savait ce qui venait ensuite. La potion était prête. Elle guérirait la corruption, repousserait le venin, parce qu'elle devait le faire et que c'était pour cela qu'elle avait été faite.
Il leva le chaudron avec un mouvement de sa baguette, puis le guida hors de son laboratoire et vers l'aile de l'hôpital. Il ne laissa pas la surface trembler ne serait-ce qu'un peu. Il ne fallait pas que cela arrive, non. Donc cela n'arriverait pas. Son regard fixé sur la potion, il ne laissa pas le chaudron osciller, même légèrement.
Il entra dans l'aile de l'hôpital, et son silence concentré fut suffisant pour faire reculer Madame Pomfresh et Regulus, tous deux encore groupés autour du lit de Harry. Snape plaça le chaudron flottant au-dessus de la tête de Harry, puis dit, d'une voix qu'il s'assura de ne pas faire onduler la surface, "Ouvre sa bouche."
Regulus s'empressa de le faire. À un moment, il aurait pu heurter le chaudron, mais Snape le souleva plus haut, puis le redescendit une fois Regulus éloigné. Snape inclina ensuite la potion.
Elle se répandit sur Harry, éclaboussant ses cheveux, coulant dans sa bouche, imbibant son bras corrompu, qui était maintenant de chair noire et spongieuse presque jusqu'à l'épaule. Les liquides suintant des fissures dans la peau sifflèrent vigoureusement, et un nuage de vapeur s'éleva. Heureusement, Snape n'avait pas besoin de dire à Madame Pomfresh de contenir les fumées ; sa baguette se déplaçait déjà de haut en bas et de côté pour le faire. Et Regulus tendit la main à travers le flot de potion semblable à du sang et massa la gorge de Harry, s'assurant qu'il avalait ce qui entrait dans sa bouche. La cascade continua encore et encore, jusqu'à ce que Harry soit trempé.
Snape s'adossa lorsque c'était terminé et rendit la surface de son esprit sereine et lisse grâce à ses bassins d'Occlumencie. Maintenant venait le moment de les utiliser, moment où sans eux il paniquerait.
« Que se passe-t-il maintenant ? » murmura Regulus.
« Maintenant ? » Snape leva un sourcil, sans quitter des yeux son fils, qui avait commencé à trembler légèrement. « Maintenant, nous attendons. »
SSSSSSSSSSS
Harry roula, projetant à moitié Tom vers l'avant dans l'eau sombre, puis le lâchant. Il sentit la créature qui habitait dans la noirceur, la volonté de cette noirceur, s'avancer et l'attraper.
Puis Harry frappa vers la surface. Il se hissa sur les pierres à côté du bassin, pensant déjà qu'il devait retourner à son corps dès que possible. Il devait découvrir où Draco était allé, ce qui lui était arrivé. Draco aurait besoin de lui maintenant, il le savait.
Un éclaboussement provenant du bassin attira son attention, et Harry se retourna brusquement. Tom Riddle était déjà presque de retour sur la rive, trempé d'eau comme s'il était couvert de goudron, mais toujours vivant et avec une expression horrible sur le visage.
Qu'est-ce qui se passe ? pensa Harry frénétiquement. Je sais que la noirceur peut le détruire. C'est ce qu'elle aime faire. Pourquoi ça ne—
Et puis il se souvint. Quand il avait utilisé cette noirceur contre Voldemort, sa propre volonté avait encore dû la diriger. Sans lui, ce n'était rien d'autre qu'un ensemble de toutes les vices et impulsions sadiques présentes en lui.
Il réprima un sanglot, se lança en avant, et attrapa Tom à la gorge, serrant fermement, le repoussant dans l'obscurité.
Les yeux de Tom s'écarquillèrent presque comiquement, et ses mains s'agitaient, essayant d'atteindre Harry pour l'arrêter. Harry se concentra, cependant, et une tentacule s'enroula autour de sa taille depuis sous l'eau.
Tom tenta de parler, mais il avait perdu son souffle. Il s'étouffa. L'obscurité le tira, le dévorant lentement vivant. De temps en temps, il frissonnait et criait, et Harry en déduisait que c'était lorsque l'obscurité prenait une bouchée particulièrement bonne.
Il devait le maintenir là. Il devait vouloir regarder Tom Riddle souffrir. Il devait vouloir le voir mourir.
Harry hésita, et Tom remonta presque à la surface, presque sortant à nouveau alors que la noirceur perdait de sa force. Harry avala un autre sanglot, et se rappela que ce désir de tuer faisait aussi partie de lui, et poussa de toutes ses forces, entendant ses jointures craquer alors que ses doigts se resserraient sur la peau.
C'était horrible, de voir le visage de Tom devenir bleu, d'entendre les cris étouffés qu'il essayait de faire, et de voir de plus en plus de son corps lentement dévoré vivant par le lac rampant. Harry savait que, bien qu'il ne puisse pas voir les dents se lever et tomber là-dessous, il les commandait. Elles faisaient ce qu'elles faisaient parce qu'il le voulait.
Et c'était merveilleux.
Harry ne pouvait pas nier la satisfaction sombre qui se lovait dans son ventre en voyant un de ses ennemis mourir si facilement. Pas de danse autour, pas de jeux de persuasion, pas de pièges élaborés. Juste la mort, la mastication, et l'absorption du fragment d'âme en lui-même. Il pourrait noyer l'obscurité dans sa propre lumière s'il le souhaitait, mais et s'il ne voulait pas ? Il pourrait la laisser briller comme un diamant noir à la place. Cela n'effrayerait guère ses alliés, et beaucoup de ceux qui s'opposaient déjà à lui le considéraient comme un sorcier noir. Ils ne feraient guère plus que confirmer leurs opinions.
Il se pencha en avant et força Tom à se coucher.
Et puis il disparut, glissant violemment sous la surface, tandis que l'obscurité le dévorait et tentait ensuite de se répandre davantage, pour envahir l'esprit de Harry.
Harry se cabra comme un cheval sauvage, luttant contre l'obscurité. Oui, il serait agréable de la laisser partir, de ne plus se soucier autant des conséquences de ses actions, et d'aimer seulement quelques personnes, comme Draco le faisait, au lieu de tout le monde.
Draco.
Et Harry se souvint de qui était au centre de ses pensées, de leur raison, et s'accrocha à l'image de son amant, l'utilisant pour se retirer du désir égoïste de céder. Draco avait perdu l'une des rares personnes qu'il aimait dans le monde. Ce qu'il devait ressentir maintenant devait être dévastateur. Il avait besoin que Harry revienne et le réconforte.
L'obscurité pivotait et tournait tout autour de lui, et Harry la traversa d'un coup, ouvrant les yeux dans un souffle.
Il entendit un bruit métallique lorsque ses doigts crispés s'ouvrirent et que l'anneau—désormais inoffensif, un Horcruxe vidé et fissuré—tomba au sol. Puis il aperçut le visage de Snape, juste avant d'être enveloppé étroitement dans les bras de son protecteur et serré.
"Le poison s'est arrêté," murmura Snape.
Harry essaya de répondre, il le fit vraiment, mais son bras droit le brûlait comme un feu infernal, et il ne put que pousser un cri étouffé. Il jeta un coup d'œil de côté et grimaça. De l'épaule à la main, sa peau était noire, spongieuse et molle, craquelée, bien que les liquides n'en jaillissent plus comme auparavant.
Snape se recula prudemment. "Nous pouvons sauver ton bras," dit-il à Harry, suivant son regard. "Mais je ne sais pas combien de temps il te faudra pour en récupérer pleinement l'usage."
"Je m'étais habitué à n'utiliser que ma main droite auparavant," dit Harry. "Je m'habituerai à n'utiliser que la gauche. Merci de m'avoir sauvé la vie, monsieur." Il soutint le regard de Snape dans un moment si intense que Snape s'écarta de lui, l'air ébranlé. Harry se redressa, ignorant la douleur déchirante de son bras sur les couvertures. "Où est Draco ?"
"Avec son père." Snape tenta de le repousser dans les oreillers. "Harry, tu dois te reposer—"
"Il a besoin de moi," dit Harry, agitant sa main gauche, faisant en sorte que les couvertures se lèvent et s'enroulent autour de son bras droit. Cela ferait office de bandage jusqu'à ce qu'il ait le temps de ralentir et d'en chercher un approprié. "Il vient de voir sa mère mourir devant lui."
Les yeux de Snape s'embrasèrent d'irritation. "Et tu viens de combattre Tom Riddle dans ton esprit, et—"
"Et je vais bien," fit remarquer Harry. Ce n'était pas comme si l'un d'eux allait jamais savoir l'obscurité qu'il portait. Il leur aurait dit, tout comme il leur aurait parlé de tant d'autres choses, s'il pouvait être sûr qu'ils écouteraient en silence. Mais ils argumenteraient, il le savait, tout comme ils avaient argumenté après l'attaque à Cornwall, et les disputes sur ses émotions l'épuisaient jusqu'à la moelle. De plus, Draco avait bien plus besoin de sa force à cet instant que Harry de s'allonger et de réfléchir, tout comme Connor en avait eu besoin après que leurs parents aient été tués. "Indique-moi Draco Malfoy," ajouta-t-il à l'anneau d'argent sur sa main gauche, celui que Draco lui avait donné pour leur premier rituel d'union.
La bague vibra, puis tira sa main en direction du couloir. Harry hocha la tête et sortit de son lit.
"Harry—"
"Merci, monsieur," dit Harry, pour bien montrer qu'il ne voulait pas paraître ingrat envers Snape qui venait de lui sauver la vie, mais il avait des choses plus importantes à faire pour l'instant, et il sortit d'un pas décidé. Son bras le faisait terriblement souffrir. Eh bien, soit.
SSSSSSSSSSS
Draco leva la tête lorsque la porte s'ouvrit. Tant que Lucius montrait de la tristesse, il pouvait faire de même, mais il ne voulait pas le faire devant quelqu'un d'autre.
Puis il réalisa que Harry se tenait là, et ensuite Harry traversa la pièce et le prit dans ses bras, et ensuite il sut qu'il n'avait plus besoin de faire semblant d'être fort. Il attrapa le bras gauche de Harry et l'attira plus fermement autour de lui, laissant sa tête reposer sur son épaule. Il connaissait cet état d'esprit de Harry parce qu'il l'avait vu avec Connor après la mort de Lily et James. Harry tuerait pour le défendre. À cet instant précis, rien au monde n'était plus important pour lui que Draco, et cela, cela était le baume dont Draco avait besoin après avoir vu sa mère mourir.
"Je suis là, Draco," murmura Harry. "Quoi que tu aies besoin, quoi que tu veuilles de moi, je suis là pour te l'apporter."
"Ne tue pas Lucius tout de suite," murmura Draco en retour. "Renvoie-le simplement. Et emmène-moi quelque part où je peux pleurer, Harry, et ne me laisse jamais partir."
"Tu l'as," dit Harry, puis il fut conduit loin, le long d'un couloir qui, il le savait, se terminerait dans la salle commune de Serpentard, où Harry le protégerait des regards et des chuchotements, puis dans leur chambre.
Et là, enfin, il céda et se laissa vraiment pleurer, sentant les doigts de Harry parcourir ses cheveux, entendant sa voix murmurer constamment à son oreille.
"Je suis tellement désolé, Draco. Quoi que tu aies besoin de moi, tu l'auras."
*Chapitre 44*: Intermède : Tout honneur aux braves
Intermède : Tout honneur aux braves
Son Seigneur avait déjà commencé à créer un autre serpent, faisant bouillir la chair de ses dernières victimes dans un terrier sous le terrier plutôt que de l'ajouter à son grand motif. Indigena attendait un moment, mais, bien qu'il fût à nouveau aveugle, il n'avait pas besoin d'elle maintenant ; sa magie fonctionnait à travers ses autres sens pour lui indiquer quoi faire, et sa détermination farouche ainsi que le pouvoir nouvellement absorbé seraient les raisons pour lesquelles il accomplirait cela.
Ainsi, elle s'éclipsa discrètement et remonta à la surface, vers la parcelle de terrain qu'elle avait commencé à cultiver. Aucun endroit où elle vivait ne pouvait être un foyer sans un jardin.
Le sol était épais des sorts qu'elle avait lancés pour repousser le froid d'octobre et les gelées et faire fleurir les fleurs. Elle utilisait principalement des plantes magiques, mais même elles étaient plus réactives aux conditions naturelles qui les entouraient que la plupart des sorciers et sorcières ne le réalisaient. Elle avait jusqu'à présent trois rangées des vignes qui liaient la magie sans baguette, quelques roses comme celles autour de son poignet dont les épines libéreraient un poison mortel, une bouture de l'arbuste à clochettes de sa grand-mère qui, suffisamment bien focalisé, finirait par leur indiquer l'état de santé et de puissance de Harry, et un autre buisson, son enfant spécial.
Indigena s'agenouilla à côté de celle-là et passa sa main sur les feuilles vertes et brillantes, petites et triangulaires. Elles se déployèrent avec un bruissement et se balancèrent vers elle. Indigena sourit, bien consciente que des larmes lui brûlaient les yeux et elle ne savait pas pourquoi.
Non. Ce n'est pas vrai. Tu sais pourquoi tu pleures. Mais tu sais aussi que ce n'est pas la raison pour laquelle tu devrais pleurer, car Lucius a quitté le côté de ton maître et un Horcruxe est détruit, rendant ainsi sa défaite plus certaine.
Elle ignora les pensées, et maintint sa paume au-dessus du centre du buisson, où la tige tourbillonnait jusqu'à une étendue plate de bois. Le buisson dansait autant qu'il le pouvait tout en étant enraciné et sans vent, désireux d'exécuter ses ordres.
Indigena expira. Ce serait le premier test pour sa petite, et elle aurait souhaité pouvoir le faire dans des circonstances moins graves, car elle voulait que ce soit parfait.
Elle évoqua des images de fleurs blanches, d'eau, de femmes ravissantes, et les transmit toutes au buisson dans une explosion concentrée de pensée.
Le buisson se balança d'avant en arrière, lentement au début, puis plus rapidement. Indigena sentit qu'il puisait dans sa magie, les feuilles se courbant sous sa peau et se connectant aux tendrilles là. Elle caressa la petite avec sa main libre, fermant les yeux alors que la communion devenait plus profonde, plus riche, et inondait le monde derrière son crâne de vert. C'était le genre de magie que la plupart des sorciers et sorcières des Ténèbres auraient méprisé. Mais Indigena était parfaitement capable de se soucier—juste des plantes plutôt que des gens, habituellement—et elle était aussi capable d'échange.
Quand elle ouvrit les yeux, cette minuscule étendue plate de bois avait éclot en une fleur blanche. Donnez à sa petite le temps de grandir, et elle devrait être capable de produire n'importe quelle fleur, ou n'importe quel ingrédient de potion, qu'elle lui demanderait et pourrait clairement visualiser.
Prudemment, Indigena cueillit la fleur, et la tint devant ses yeux. Elle était blanche, et se penchait comme si le poids de sa propre tête était trop lourd pour elle. C'était un narcisse, censément né d'un beau garçon superficiel qui était tombé amoureux de son propre reflet dans une flaque d'eau et se penchait toujours pour le voir.
Mais ce narcisse était nommé pour une femme qui n'avait pas fait cela, qui avait sacrifié sa vie pour son mari et son fils, et qui n'avait pas eu de Marque pour se détourner comme une traîtresse. Elle avait été libre de suivre son propre cœur. Et elle avait quand même fait ce qui était honorable.
Indigena ne pouvait s'empêcher d'honorer cela en retour, ennemi ou non.
Elle porta le narcisse à sa bouche et souffla sur la tige. Elle avait envie de prononcer les mots qu'elle avait sur le cœur à voix haute, mais si son Seigneur les entendait, il ne comprendrait jamais.
Puisse cette fleur apaiser le chagrin de sa disparition, si cela est possible. Puisse-t-elle aider ses proches à se souvenir qu'elle est morte avec honneur, une mort choisie, et que même les Ténèbres peuvent reconnaître une telle grâce.
Elle tenait à nouveau sa main à plat, et un vent qu'elle n'avait pas invoqué emporta le narcisse, le faisant tournoyer pour le montrer au monde et exiger qu'on admire sa beauté, puis l'emporta à travers les champs. Indigena le regarda partir, avant d'incliner la tête et de se relever. Sa Marque brûlait.
On avait besoin d'elle en bas.
Le narcisse dansa dans le vent un instant de plus, mais disparut de la vue avant elle.
*Chapitre 45*: Jusqu'à ce que le monde change
Le titre de ce chapitre vient de Tolkien, Le Retour du Roi, plus précisément de la description de la tombe d'Arwen dans l'Appendice A : "Là enfin, quand les feuilles de mallorn tombaient, mais que le printemps n'était pas encore venu, elle se coucha pour se reposer sur Cerin Amroth ; et là est sa tombe verte, jusqu'à ce que le monde change, et que tous les jours de sa vie soient complètement oubliés par les hommes qui viendront après, et que l'elanor et le niphredil ne fleurissent plus à l'est de la mer."