Saving Connor

Resume
Traduction de la saga : ‘Saving Connor’ de l’auteur Lightning on the Wave , réunit en une seule grande histoire pour en faciliter la lecture.
Univers alternatif, HP/DM slash éventuel, Harry est très Serpentard ! Le jumeau de Harry, Connor, est l'Élu, et Harry est dévoué à le protéger en passant pour quelqu'un d'ordinaire. Mais certaines personnes ne laisseront pas Harry rester dans l'ombre... COMPLET
Chapitre Vingt-Huit : Julia Malfoy
Draco hocha la tête de manière décidée, et se leva. Une main tâta les fioles de potion sombre dans sa poche, mais il l'en retira rapidement et la croisa négligemment sur sa poitrine, au cas où quelqu'un le remarquerait. Puis il s'inquiéta que Blaise ou Vince le remarque, et opta pour tousser de façon décontractée.
« Ça ne va pas », annonça-t-il. Le mensonge qu'il avait préparé ne sortit pas de ses lèvres aussi aisément qu'il l'aurait pensé, après l'avoir répété dans sa tête presque toute la journée, mais cela allait. Blaise ne lui accorda qu'un regard vaguement intéressé, et Vince, penché sur ses propres devoirs de Sortilèges, grogna. « Je ne trouve pas les informations dont j'aurai besoin dans notre manuel. Je dois aller à la bibliothèque. »
Vince grogna de nouveau. Blaise inclina la tête. « Pour quelle matière ? » demanda-t-il.
« Je—quoi ? » D'une manière ou d'une autre, Draco n'était pas allé jusqu'à planifier cette partie. Son mensonge était conçu pour le laisser seul afin qu'il puisse prendre la potion, non pour résister à un examen attentif.
« Pour quelle matière cherches-tu ? » Blaise avait saisi l'hésitation bégayante dans ses mots, et l'étudiait curieusement maintenant, un doigt posé entre les pages de son livre. Même Vince levait les yeux, clignant des yeux comme si cela demandait beaucoup d'efforts pour rappeler son esprit des profondeurs de son étude. « Je suis en retard en Métamorphose. Peut-être que je pourrais venir avec toi et trouver quelques livres aussi. »
Draco parvint à émettre un reniflement tremblant. Il espérait que Blaise ne remarquerait pas que c'était tremblant, mais savait que c'était un peu trop espérer. Blaise avait été réparti à Serpentard pour une raison. « Ce n'est pas la Métamorphose », dit-il, plutôt que d'inventer une matière.
Silence. Blaise haussa les sourcils, et quand Draco ne dit rien, il sourit. « Eh bien ? Quelle matière est-ce alors ? »
Draco lui lança un regard noir. « Botanique, si tu veux vraiment savoir. »
Cela résolut le problème. Blaise n'avait aucune utilité pour la Botanique, et avait reçu ses trois dernières retenues pour avoir imité le professeur Chourave dans son dos. Il haussa les épaules et retourna à son livre. Draco souffla et se dirigea vers la porte.
« Draco ? »
Se demandant depuis quand ses colocataires s'intéressaient autant à ses affaires, Draco afficha un sourire forcé et se retourna pour regarder Vince. « Oui ? »
« Ça va ? » demanda Vince.
Draco soupira en dévisageant l'autre garçon. Vince était plus perspicace cette année, maintenant qu'il n'avait plus Greg pour accaparer toute son attention. Draco aurait juste souhaité qu'il soit perspicace avec quelqu'un d'autre. « Ça va, » dit-il. « Je n'aime tout simplement pas être en retard en botanique, de toutes les matières, et je souhaite que les professeurs cessent de nous donner des devoirs pour Halloween. »
Vince, apparemment rassuré, lui fit un signe de tête et se replongea dans ses études de sortilèges avec un front plissé. Greg l'aurait aidé s'il avait été là, Draco le savait. Greg était un peu meilleur en sortilèges, et les deux étaient assez proches pour s'entraider dans chaque matière.
Mais Draco avait quelque chose de plus important à faire que d'aider qui que ce soit avec des devoirs insignifiants ou de ressentir des élans de culpabilité aléatoires, alors il sortit de la pièce et traversa la salle commune. À sa grande joie, Pansy n'était pas parmi les élèves de Serpentard étalés paresseusement sur les canapés, pratiquant des sorts ou écrivant des dissertations ou discutant de Quidditch professionnel. Elle était la seule autre personne qui l'avait assez observé cette année pour probablement remarquer la distraction de Draco.
Curieux, comme je le remarque maintenant, pensa Draco en sortant des cachots. Je n'ai pas vraiment pensé à Pansy ces dernières semaines.
Eh bien, la potion était prête.
Draco se demanda s'il était étrange que son attention ait réussi à se tourner si efficacement vers d'autres choses une fois la potion terminée, puis haussa les épaules. Dans quelques heures, il aurait des préoccupations bien différentes. Il était convaincu qu'il pourrait invoquer Julia et obtenir d'elle le pouvoir dont il aurait besoin pour être l'égal de Harry.
Et alors, Harry n'aurait plus besoin de chercher ailleurs du réconfort et de l'amour, comme il le faisait en ce moment avec ces stupides leçons et les heures qu'il passait à discuter avec des gens que Draco n'aimait pas et qu'il savait être en-dessous de lui, comme ce crétin de Smith. Il ne sentirait pas que Draco était indigne de lui d'une quelconque manière. Et Draco n'aurait pas l'impression de devoir se recroqueviller dans l'ombre de Harry non plus. Les choses pourraient enfin être comme elles étaient censées être, une relation d'égaux.
Il tapota les fioles de potion dans sa poche et accéléra le pas. Il connaissait l'endroit parfait pour invoquer un esprit Malfoy. Les recherches à la bibliothèque lui avaient fourni plus d'informations que simplement les indices pour fabriquer la potion et quel ancêtre choisir pour son invocation.
* * *
Draco jeta un dernier regard autour de la pièce cachée, puis acquiesça. Oui, il avait raison, et les livres avaient raison. Personne n'avait perturbé cet endroit depuis la dernière fois qu'un Malfoy y était venu, son arrière-grand-père. Il laissa la porte se refermer avec un léger claquement et avança vers le centre de la pièce.
Superficiellement, c'était seulement l'une des nombreuses salles abandonnées de Poudlard. Aux yeux d'un Malfoy, cependant, c'était bien plus. Même pendant que Draco regardait, des protections et des sigils doux s'illuminaient sur les murs, projetant un pouvoir en flammes brillantes de bleu-gris, la couleur de leur ancien blason, la couleur de la pierre dont le Manoir était construit. Ils lui murmuraient un accueil dans une voix qui frissonnait le long de sa colonne vertébrale.
L'une des rares choses qu'il n'envierait jamais à Harry, pensa Draco en extrayant les fioles de sa poche, était sa famille de sang. Ils ne se souciaient pas de lui, ou bien ils le faisaient mais étaient extrêmement négligents pour le montrer. Draco n'avait jamais eu à douter que ses parents l'aimaient, et qu'il venait de l'une des familles de sorciers les plus importantes de Grande-Bretagne.
Je rendrai cette famille fière ce soir, pensa-t-il, tandis que son regard se verrouillait sur le centre du sol. Il n'y avait pas de cercle visible là, mais il pouvait sentir la pression du pouvoir, montant presque jusqu'à la douleur, qui disait qu'il y en avait eu un autrefois. Son arrière-grand-père aurait mené des expériences sur des prisonniers pour Grindelwald là-bas, bien que si secrètement que personne n'avait jamais découvert l'identité du principal bourreau de Grindelwald. Draco n'avait pu le reconstituer que grâce aux histoires de famille combinées aux indices et touches de fantaisie dans les livres.
Il sortit sa baguette de la poche de sa robe opposée à celle où il avait mis les fioles, et la tint devant lui. "Circino !"
Tu vois, Harry, j'écoute vraiment, pensa-t-il avec satisfaction alors que le sort traçait un cercle dans les pierres, brillant de la même couleur bleu-gris que les protections. Si l'on ne voulait pas devenir un nécromancien et faire les sacrifices—comme ne pas parler plus de deux fois par an—que le père de Pansy avait faits, alors il fallait tracer un cercle pour contenir l'esprit invoqué. Draco avait lu les livres, et écouté lorsque Harry lui faisait des leçons à ce sujet. Il ne serait pas négligent. Il savait que le pouvoir de Julia l'élèverait aux yeux de beaucoup de gens, et entraînerait suffisamment de risques par la suite une fois qu'il l'aurait. Il ne l'arracherait certainement pas négligemment en cherchant à l'obtenir.
C'est ce que Harry ne comprend pas, pensa-t-il tristement en sortant les gobelets en argent pour lesquels il avait écrit chez lui et supplié sa mère de lui envoyer. Il ne sait pas ce que cela signifie vraiment d'avoir autant de magie. Il ne voit pas la façon dont les gens s'inclinent à moitié devant lui même quand il est immobile et ne regarde pas dans leur direction. Eh bien, moi je le sais, et une fois que j'aurai ce pouvoir, je pourrai le défendre et le laisser faire ce qu'il veut avec sa propre magie.
C'était si agréable pour Draco qu'il passa un moment à en rêvasser avant de déboucher la première fiole, celle qui contenait la version plus épaisse de la potion, et de remplir l'un des gobelets en argent avec. Puis il remplit le second gobelet avec la portion plus légère et plus liquide. Cela dégageait de la vapeur pendant qu'il versait, et un mince filet de fumée argentée s'enroulait au-dessus du rebord du gobelet vers lui.
Patience, patience, pensa Draco en secouant la tête, puis il ferma les yeux et fit un effort pour se calmer. C'était difficile, sachant que le sommet de ses rêves des derniers mois se trouvait à seulement quelques centimètres.
Agacé, lorsqu'il libéra son esprit, les voix qu'il entendit furent celles de sa mère et de Harry, non pas s'exclamant d'émerveillement devant sa nouvelle magie, mais l'encourageant à attendre, à promettre qu'il ne boirait pas la potion.
Draco renifla et ouvrit les yeux. Il avait tenu sa promesse à Harry. Harry lui avait demandé d'attendre lorsqu'il avait préparé la potion. Draco avait attendu, et ne l'avait pas utilisée le matin d'Halloween. Mais c'était maintenant la nuit d'Halloween, et il devait la boire dans quelques minutes s'il voulait être capable d'invoquer le fantôme de Julia Malfoy et de négocier son pouvoir avant la fin de la nuit.
Sa mère... Draco grimaça. Eh bien. Il rompait toujours sa promesse envers elle, en utilisant la potion cette nuit-là. Mais elle était de sang-pur. Elle comprendrait lorsqu'il émergerait de cela et expliquerait les implications complètes de ce qu'il avait fait. Elle avait toujours voulu son bonheur et un avenir calme, clair et sûr. Draco ne faisait que quelques pas supplémentaires pour s'assurer cet avenir. Elle comprendrait une fois qu'elle verrait comment il était devenu un héritier magique Malfoy et s'était rendu digne d'être le partenaire de Harry en une seule fois.
Il s'avança, prenant soin de ne pas toucher et donc de ne pas ternir la ligne lumineuse bleu-gris du cercle, et déposa le gobelet contenant la partie plus légère de la potion à l'intérieur. Puis il leva son gobelet et salua le cercle.
"Julia Malfoy," dit-il, invoquant l'esprit qu'il voulait par son nom. "Je suis ton descendant, Draco Malfoy, et je demande ta compliance et ta présence." Il avala d'un coup la potion épaisse.
La potion déferla dans sa gorge, semblant se déplacer plus vite qu'il n'aurait pu l'avaler. Draco s'attendait à s'étouffer, mais ce ne fut pas le cas. Ce qui se passa fut que son estomac se souleva puis retomba, et sa vue commença à scintiller sur les bords. Soudain, la lumière bleu-gris semblait beaucoup plus présente et claire qu'il ne s'en souvenait, et la pierre devenait moins solide. Il se sentait comme s'il rêvait.
Il vit le gobelet à l'intérieur du cercle se pencher, et la moitié plus légère de la potion couler dans une bouche invisible.
Draco siffla entre ses dents. C'était ça, alors. Il avait tendu la main, et c'était à son ancêtre de répondre. Visiblement, elle l'avait voulu. Il sourit, et une bouffée de confiance flottante le traversa. Il s'assit calmement à l'extérieur du cercle et attendit qu'elle apparaisse.
Des traînées de fumée argentée comme celle qui avait encerclé le bord du second gobelet s'élevèrent et commencèrent à s'entrelacer. Draco regarda avec fascination alors qu'elles se mêlaient et se câlinaient comme des serpents s'accouplant, puis se liaient si étroitement qu'il ne pouvait plus distinguer l'espace qui avait été entre elles un instant auparavant. Puis il réalisa que les serpents, ensemble, formaient un bras de femme, mince et pâle.
Draco avala. Le goût de la potion persistait sur sa langue, lourd et épais.
D'autres volutes de fumée formaient d'autres parties du corps, toutes flottant indépendamment les unes des autres : un autre bras, une cheville, une main, plusieurs doigts, un nez. Draco se retrouva à regarder vers le bas, ne voulant pas voir ce qui se passerait si Julia se matérialisait nue. Mais il releva la tête assez rapidement quand toutes les images argentées se heurtèrent, et alors le spectre d'une femme flottait là, à peine coloré.
Draco retint son souffle. Julia Malfoy était plus petite qu'il ne l'avait imaginée, mais après tout, les gens avaient tendance à être plus petits à cette époque, n'est-ce pas ? Ce qui importait, c'était qu'elle se tenait fière et élancée, le menton levé, et ses yeux bleus fixés sur lui avec une pleine compréhension. Le long de son dos cascadait une vague de cheveux argentés avec un éclat subtil et surnaturel. Elle portait une robe argentée d'apparence ancienne, ou peut-être était-ce simplement l'effet de la fumée. Elle ne lui ressemblait pas beaucoup, ni à Lucius, mais son père aurait approuvé malgré tout. Elle avait un air très Malfoy.
Draco se lécha les lèvres et espéra que le sort avait fonctionné comme il le devait, permettant à Julia de comprendre sa langue. Il savait qu'elle parlait une autre variété d'anglais à l'époque, et il ne ferait pas confiance à son latin avec une femme qui le parlait probablement couramment. « Je... bonjour. Je suis Draco Malfoy. Vous savez qui je suis ? »
Pendant un instant, Julia resta immobile, la tête inclinée comme si elle écoutait un écho lointain plutôt que sa voix. Mais ensuite ses yeux se fixèrent sur son visage, et elle hocha la tête rapidement, le mouvement presque gracieux comme celui d'un héron.
« Vous êtes mon fils à de nombreuses générations de distance », dit-elle, sa voix aussi éthérée que ses cheveux. « Ou vous n'auriez pas pu me convoquer. Nous devons être liés par des liens directs de sang. »
Draco sourit. Il avait été un peu impressionné par elle au début, mais cela changeait alors qu'il voyait à quel point elle restait fermement dans le cercle. En fait, ses côtés s'enflammaient d'une puissance bleu-grisâtre quand Julia dérivait vers eux, et la repoussaient vers le centre. Il était manifestement en contrôle ici, et la magie nécromantique avait parfaitement fonctionné, damnant Harry et ses objections. « Oui », dit-il. « Je suis un descendant de votre fils Octavius. » Cela fit simplement hausser les sourcils de Julia, et Draco fut rappelé au professeur McGonagall. Il repoussa la pensée. Ce n'était pas une pensée confortable à avoir quand il était censé devenir adulte. « J'ai utilisé une potion qui ferait de moi un héritier magique de quelqu'un de ma famille, puisque je ne peux pas être celui de mon père, et j'ai découvert que votre esprit était en sympathie-chant avec le mien. Alors je vous ai appelée. »
Julia l'observa de nouveau en silence pendant un long moment. Maintenant, Draco se sentait plutôt rappelé à Harry. Il se força à ne pas bouger, cependant. Il n'avait pas eu son entraînement d'enfance pour rien.
« Vous voulez ma magie », dit-elle.
« Être votre héritier magique, oui », dit Draco, et hocha la tête. Puis il arrêta de hocher la tête. Il était sûr que trop de mouvements sauvages et incontrôlés de sa tête sur son cou le faisaient ressembler à un idiot. « Je savais que vous étiez une Dame, ou assez puissante pour être une Dame. J'aimerais être l'héritier de quelqu'un de puissant. »
"Pourquoi veux-tu cette force ?" demanda doucement Julia.
"Je suis amoureux de quelqu'un qui va devenir un Lord," dit Draco. "Ou, enfin, il pourrait devenir un Lord, mais il ne le veut pas. Pour l'instant, en tout cas." Il devrait voir s'il pouvait convaincre Harry de changer d'avis à ce sujet. Les Lords avaient traditionnellement emprunté des chemins qui étaient au-dessus de la politique la plupart du temps. Harry était trop aveuglément noble pour le faire, mais il devrait écouter Draco une fois qu'il aurait le même type de magie que Harry. "Je veux m'assurer que je peux le protéger et le soutenir en tant qu'égal. Cela le tuerait d'aimer quelqu'un qui n'est pas un partenaire égal pour lui. Nous tuerait tous les deux, vraiment."
Encore une fois, Julia le scruta. Draco se demanda ce qui lui prenait autant de temps. Elle aurait facilement pu dire oui ou non à ce stade. Bien sûr, elle devrait dire oui, alors pourquoi mettait-elle autant de temps à se décider ?
"Lier cette personne à toi améliorerait les fortunes de notre famille ?" demanda Julia.
Quoi—Oh. J'aurais dû savoir qu'elle se préoccuperait de cela. C'était, après tout, la femme qui avait séduit son propre frère pour faire avancer la lignée des Malfoy et épargner à son frère la honte d'avoir un enfant illégitime ou une épouse rejetée. "Oui," dit Draco. "Oui, ça le ferait. Il y a deux autres Lords vivants en ce moment, mais ils sont aveuglés par l'autre, enfermés dans cette stupide lutte de la Lumière et des Ténèbres. Harry a le pouvoir de briser l'impasse. Il va changer le monde. Et je pense que les Malfoy devraient se tenir à ses côtés. Je suis son meilleur ami. Je vais devenir son amant, avec le temps. Je te promets, je fais cela pour mon propre avantage, mais ça ne va pas nuire à notre famille." Il sourit à Julia et essaya de rendre son ton persuasif. "Et nous avons eu un héritier magique en ligne directe pendant les treize dernières générations."
"Peut-être que cela a duré assez longtemps," dit Julia doucement.
Draco la regarda, clignant des yeux. "Pourquoi dirais-tu cela ?" protesta-t-il. "Ne veux-tu pas que l'honneur et la gloire des Malfoy perdurent ?"
"Pas au prix du déshonneur," dit Julia. "Dis-moi, enfant, pourquoi m'as-tu choisie en particulier ? Était-ce à cause d'une véritable sympathie entre ton âme et la mienne, ou à cause du pouvoir que je possédais ?"
Draco plissa les yeux. "Tu me semblais similaire. Je sais que tu étais subtile et rusée et prudente dans l'utilisation de ton pouvoir. Je le serais aussi. Je le veux surtout pour protéger Harry et pour assurer les fortunes de notre famille. Je te le promets."
"Dis-moi, enfant," dit Julia, "pourquoi penses-tu que je ne me suis jamais déclarée Lady ?"
"Eh bien," dit Draco, "parce que tu pouvais en faire plus en travaillant dans l'ombre. Et puis, je pensais que les Lords et Ladies de l'époque qui se déclaraient se retrouvaient impliqués dans toutes sortes de batailles mesquines." Un peu comme le Seigneur des Ténèbres et Dumbledore. Peut-être que je ne veux pas que Harry se déclare Lord après tout, si cette stupidité devait s'emparer de lui. "Tu faisais les choses avec ruse, comme la façon dont tu as séduit ton frère. Une Dark Lady serait trop ouverte pour cela."
Les yeux de Julia se plissèrent et ses lèvres se pincèrent. Il fallut un moment à Draco pour réaliser qu'elle souriait. Elle était l'une des rares personnes qu'il ait jamais rencontrées qui ne souriait pas en montrant ses dents. "Donc, je me serais déclarée Dame Noire, si ce n'était mon besoin de convaincre les autres que j'étais inoffensive", dit-elle.
Draco acquiesça. "Je peux faire la même chose. Je n'ai pas besoin d'être un Seigneur des Ténèbres pour être heureux. J'ai juste besoin de Harry, d'être son égal, et de savoir qu'il me respecte et m'aime autant que moi je l'aime."
Julia ferma les yeux. "Enfant," soupira-t-elle, "tu as mal jugé mon caractère."
Draco la fixa. Non. Ce n'est pas possible. "Si tu n'étais pas en accord avec moi," dit-il à voix haute, "tu n'aurais pas répondu. Alors j'ai bien compris cette partie."
Julia le fixa d'un regard insondable. "Enfant—"
"Ne m'appelle pas comme ça."
"Tu ne mérites aucun autre titre," dit Julia avec un calme exaspérant. "Enfant, c'est Halloween, la nuit où les esprits sont les plus forts. J'ai pu franchir les barrières parce que j'ai choisi de répondre à ton appel. J'étais curieuse, et je pensais qu'un de mon propre sang qui m'appellerait de mon long repos devait avoir une raison impérieuse de le faire." Elle plissa les yeux. "Imagine ma déception quand je découvre que ce n'est pas le cas."
Draco bondit sur ses pieds et regarda Julia flotter vers le bord du cercle. "Mais j'ai fait le cercle," murmura-t-il.
Julia brisa la lumière bleu-gris d'un geste de la main. Aussitôt, Draco tomba à genoux, se tenant la tête. Il pouvait sentir la magie autour d'elle, des essaims de pouvoir bourdonnants et chantants. Le cercle l'avait atténuée avant, mais il était maintenant clair que Julia n'était restée dans ces limites que parce qu'elle l'avait voulu.
Et elle avait très certainement été une Dame de son vivant, déclarée ou non. Draco n'avait aucun doute que ce pouvoir était la force de quelqu'un qui pouvait le détruire d'un autre geste de la main, si elle le choisissait. Le pouvoir de Dumbledore était familier, celui de Harry réconfortant. C'était comme être enfermé dans une pièce avec une panthère sauvage, une bête qui avait déjà des griffes de fer fixées autour de ses tempes.
Il pouvait sentir son cœur battre fort dans ses oreilles, sa respiration bruyante dans ses poumons, de terreur.
"Comprends," murmura Julia. "Si je m'étais déclarée Dame de quoi que ce soit, cela aurait été de la Lumière."
Draco roula sur le dos et la regarda. Il ne savait pas quand il était tombé au sol, mais il était là, et Julia était là, planant au-dessus de lui, l'air autour d'elle flamboyant de feu.
"Oh," dit Julia, "non pas que j'en avais particulièrement envie, ou que c'était là que mes premières inclinations se portaient. Mais c'était une question de nécessité. Avant que n'éveillent toutes mes autres magies sauf les plus mineures maladresses accidentelles, il y avait un don particulier, à la base de tout. Ce don ne me permettrait pas de choisir un autre ensemble d'idéaux que la Lumière. Je me serais détruite si j'avais essayé."
Elle sourit à Draco. "Je n'ai pas particulièrement envie de saccager Poudlard," dit-elle. "Des seigneurs et des enfants qui ne devraient pas avoir développé leur pouvoir si jeunes, pouah. Je vais retourner à mon repos. D'un autre côté, je ne souhaite pas te laisser partir sans t'offrir un cadeau, Draco. C'est ce que tu désirais, n'est-ce pas ? Devenir mon héritier magique ?"
Draco regarda, au-delà de la peur désormais, tandis que Julia plongeait une main dans la poche de sa robe argentée et en sortait quelque chose ressemblant à un essaim d'abeilles argentées chantantes.
"Tu dois apprendre les bonnes manières," dit-elle. "Et la patience, et la considération pour les sentiments des autres. Je ne voudrais pas qu'on dise que mon héritier manquait de ces qualités. Je pense que ton amant l'appréciera aussi. Ce n'est pas un pouvoir de niveau Seigneur, mais cela m'a appris plus que n'importe quelle autre capacité que je possédais sur la manière d'évoluer dans le monde."
Elle souffla sur sa main, et l'essaim d'abeilles s'envola dans les airs et vers lui comme un souffle de pissenlit, tombant et s'enroulant autour de ses épaules.
"Profite du cadeau, Draco," dit-elle. "Rends-moi fière, mon héritier." Puis elle disparut, et la lumière bleu-gris disparut avec elle.
Draco resta là dans l'obscurité un moment, respirant—
Et puis des griffes creusèrent son cerveau, le sculptant, le tordant et le tordant en de nouveaux chemins, et les abeilles piquaient sa peau, et des épées raclaient le long de sa colonne vertébrale, et une peluche inconnue se pressait contre ses bras, et il cria, et cria, et s'évanouit un instant, pris dans la douleur accablante.
* * *
"Chut, Draco. Tout va bien. Réveille-toi. Je suis là maintenant."
Draco força ses yeux à s'ouvrir lentement, en sanglotant, et trouva Harry là. Harry le tenait étroitement, et sa magie inondait la pièce, chassant la douleur persistante de Julia. Draco la sentit l'envahir, le draper, le serrer contre lui.
La douleur cessa immédiatement. Draco laissa sa tête retomber en arrière avec un souffle reconnaissant. Il respira à travers les larmes, et réussit à murmurer, "Qu'est-ce que c'était ? Qu'est-ce qu'elle m'a donné ?"
"Elle ?" Les mains de Harry se resserrèrent sur son corps. "Draco—tu as invoqué Julia, n'est-ce pas ? Espèce d'idiot. Je t'avais dit d'attendre !"
"J'ai attendu," protesta Draco. Il grimaça, et toucha sa tête. Elle palpitait, mais pas avec la douleur d'une magie soudainement libérée. Quel cadeau m'a-t-elle donné ? "J'ai attendu jusqu'à ce que je sache que tu étais en réunion, et ensuite je l'ai invoquée. Je ne savais pas qu'elle allait faire ça."
"Qu'a-t-elle fait ?" Harry déplaça Draco de façon à ce qu'il soit assis, la tête appuyée sur l'une des épaules de Harry, le bras de Harry enroulé fermement autour de son dos supérieur. Harry était toujours plus petit que Draco, mais la présence de sa magie le rendait effectivement plus grand. "J'ai ressenti ta douleur à travers ce sort que j'ai utilisé pour savoir quand tu avais besoin de moi, mais tu n'as aucune blessure physique."
"Mental," murmura Draco. "Quelque chose de mental. Ça doit être ça." Il sentit une irritation croissante contre son ancêtre, et il se concentra dessus pour se distraire de sa peur, et du chant au fond de son esprit qui lui disait qu'il avait fait quelque chose de très, très, très stupide.
Harry saisit doucement le menton de Draco et le souleva, plongeant ses yeux dans ceux de Draco. "Tu me fais confiance pour utiliser la Legilimancie ?"
Draco avala sa salive et hocha la tête. Il ne pensait pas que cela pourrait faire plus mal que la douleur que Julia lui avait infligée.
Harry murmura le sort, et ses yeux s'agrandirent, rêveurs. Draco observait son visage pendant qu'il fixait en silence. Harry avait l'air d'avoir subi un choc immense, et, doux Merlin, les cernes autour de ses yeux avaient toujours été aussi prononcées ? On aurait dit qu'il ne dormait pas du tout.
C'est absurde, la dernière fois que je l'ai regardé il—
Draco retint son souffle. Et quand était-ce la dernière fois que je l'ai vraiment regardé ? Quand était-ce la dernière fois que je l'ai vraiment touché, sauf pour le secouer ? Quand avons-nous parlé pour la dernière fois d'autre chose que cette fichue potion ?
Pour la première fois, il pouvait voir les deux derniers mois tels qu'ils étaient, sans voile. Ce qu'il voyait l'épouvantait. Il avait exigé la compagnie et l'intérêt de Harry pour la potion, et tout ce qu'il avait voulu, il l'avait obtenu. Mais Harry n'était pas du genre à se plier ainsi à quiconque.
Bien sûr que non. Mais il est exactement le genre à comprendre ce que tu veux et à te le donner, tout en dissimulant ses autres actions. Il a risqué sa propre vie dès la première année pour défendre son frère comme le voulait le Moldu. Et qui sait ce qu'il a fait cette fois-ci ? Je n'ai pas vraiment fait attention à lui pour le remarquer.
Oh, Merlin, quel idiot je suis.
Draco frissonna une fois et leva ses propres bras pour les enrouler fortement autour de Harry. Merde. Oh, merde. Il aurait pu mourir, et j'étais trop absorbé par cette potion et ce fichu livre pour m'en apercevoir.
Harry poussa un petit grognement de surprise, mais ne rompit pas son regard en transe dans les yeux de Draco. Un moment plus tard, il se recula, le regarda en face, et soupira.
"Quoi ?" demanda Draco. "Qu'est-ce que c'est ?"
"Tu ne vas pas aimer ça," dit Harry à contrecœur. "Pas si c'est ce que je pense. Écoute—concentre-toi sur moi un instant."
Ce n'était pas une tâche difficile, pensa Draco, et fit ce qu'il aurait dû faire depuis le début.
Harry plissa les yeux, et puis Draco sursauta alors qu'une vague rapide de chaleur semblait l'assaillir au visage, comme un coup de soleil soudain. Il leva une main devant lui, mais l'air ne semblait pas chaud. C'était juste—de la chaleur, sur ses joues, son front et ses sourcils.
Puis la chaleur disparut. Harry se frotta le visage avec une main.
"Quoi ?" demanda à nouveau Draco.
"Tu as ressenti cela parce que je me sentais en colère," dit Harry calmement. "J'ai laissé un peu de ma colère sortir de derrière mes boucliers d'Occlumancie. Elle t'a transformé en empathie, Draco, du genre qui ressent les émotions comme des sensations physiques sur ta peau." Il secoua la tête. "Comment fais-tu pour te retrouver dans ces situations ?"
"C'est le maître des changements de vie qui parle," dit Draco, mais c'était du sarcasme vide. Son esprit tournait. Cela ne pouvait pas être vrai. Il avait entendu parler des empathes. Ils étaient—ils étaient mous. C'était des gens qui ressentaient quand une petite fille perdait son chaton, ou quand une sorcière niaise rompait avec son petit ami, ou quand un élève de première année pleurait parce qu'il était loin de chez lui pour la première fois et effrayé. Et bien qu'ils puissent bloquer les émotions, ils ne pouvaient pas oublier qu'ils les avaient ressenties. Ils finissaient généralement par être d'une gentillesse et d'une aide dégoûtantes envers les gens qui avaient souffert, même si c'était juste pour guérir la douleur afin qu'ils ne la ressentent plus, ou pour répandre la joie et le bonheur afin qu'ils puissent en profiter à la place.
Il se souvenait trop bien de ce que Julia avait dit.
Tu as besoin d'apprendre les bonnes manières. Et la patience, et la considération des sentiments des autres.
"Elle l'a fait," gémit Draco, en mettant sa tête dans ses mains. "Je suis foutu."
"En plus," dit Harry, sa voix devenant sèche, "tu peux ressentir les impressions émotionnelles laissées sur les objets, si elles sont assez fortes. Je pense que tu devais ressentir les échos de la douleur qui régnait autrefois dans cette pièce. C'était une chambre de torture, n'est-ce pas ?"
Draco frissonna. "Est-ce que ça veut dire que je vais commencer à les ressentir de nouveau dès que toi et ta magie vous éloignerez de moi ?"
"Non," dit Harry. "Je peux t'apprendre à te protéger, ou tisser des boucliers temporaires pour toi moi-même. Mais c'est un don assez puissant, Draco. Je soupçonne que Julia était une empathe qui n'a jamais vraiment pu échapper aux sentiments qu'elle recevait des gens autour d'elle."
Pas étonnant qu'elle ne pouvait pas se déclarer une Dame des Ténèbres, pensa Draco avec désespoir. Et moi—
"Harry, est-ce que tu me respecteras un jour ?" murmura-t-il. "Je voulais être ton égal pour que tu me respectes, mais maintenant je vais être mouillé, et je vais souffrir quand les autres souffrent, et c'est ridicule, et je ne peux pas croire qu'elle m'ait fait ça—"
Une chaleur intense brûla ses bras. Harry se retira brusquement et se mit à arpenter la pièce en agitant les mains. Draco grimaça et leva les mains devant son visage, ce qui, bien sûr, n'empêcha pas la sensation que ses sourcils étaient en train de cuire.
Mais Harry pouvait cacher sa colère derrière des boucliers d'Occlumancie.
À moins qu'il ne soit vraiment, vraiment en colère contre moi.
Draco avala sa salive.
"Tu as été tellement stupide," dit Harry, d'une voix qui montait vers un rugissement. "Je t'avais demandé de ne pas faire ça. Ta mère t'avait demandé de ne pas faire ça. Je te faisais confiance pour ne pas faire ça, Draco." Il se tourna et le fixa du regard. Draco se recroquevilla.
"Et maintenant tu l'as fait," dit Harry, "et ça a changé le reste de ta vie. Ce sera toujours là. Et je dois m'occuper de toi, et, Merlin, comment vais-je faire ça en plus des millions d'autres choses que je dois faire ? J'ai bien envie de te laisser mijoter dans les émotions que tu reçois, et de fondre en larmes à chaque fois que tu passes près de quelqu'un qui vient d'échouer à un examen. Ce serait ce que tu mérites, pour t'être fait ça à toi-même, et à moi, et aux autres." Il souffla un souffle si fort qu'il fit frémir sa frange et révéla sa cicatrice. Draco cligna des yeux et toucha le centre de son front. Une légère douleur était là.
"Harry," dit-il.
Sa voix devait être assez douce pour attirer l'attention de Harry à travers la diatribe, car Harry le fixa du regard. "Oui ?"
"Est-ce que tu fais encore des cauchemars à propos du Seigneur des Ténèbres ?" demanda Draco. Et comment ai-je pu ne pas m'en rendre compte ? La culpabilité creusait un confortable trou dans son estomac.
Le visage de Harry s’effaça de toute émotion en une seconde, et la sensation de chaleur piquante sur les bras et le visage de Draco disparut. Ce qui la remplaça fut une fraîcheur glissante et visqueuse que Draco était presque certain d’identifier comme de la peur. Harry fit un pas en arrière, le regard fixé sur Draco.
"Sais-tu ce que tu t’es fait ?" murmura-t-il.
"À peu près ce qu’il mérite, je dirais, Harry."
Draco sursauta et regarda par-dessus l’épaule de Harry. Une sorcière ordinaire entrait par la porte, secouant la tête et claquant la langue sans raison particulière. Elle n’avait rien d’extraordinaire, mais son regard était perçant, et Draco se sentait mal à l’aise sous celui-ci.
"L’empathie," dit l’étrangère. "Oui, et Merlin sait qu’il en a besoin. Il est temps que cette petite âme étriquée s’ouvre aux expériences des autres. Il a été égoïste trop longtemps." Draco se demanda, avec indignation, à qui elle faisait référence en parlant d’âme étriquée.
"Je dois le protéger—" commença Harry.
"Apprends-lui à se protéger," dit l’étrangère. "Puis mets-le à étudier les empathes. Laisse-le apprendre à utiliser ce don, puisqu’il ne va pas s’en débarrasser. Mon nom est Vera, et je suis une voyante," ajouta-t-elle, en voyant l’expression vide de Draco. "Et je vous emmènerais tous deux à notre Sanctuaire pour vous montrer comment vous protéger et enseigner à Harry comment se reposer, si je ne pensais pas que cela vous ferait plus de bien d’être ici, et que Harry ne partirait pas sans toi."
"Je n’ai pas besoin qu’on m’apprenne à me reposer." Harry irradiait de nouveau une chaleur piquante sur les bras et le visage de Draco.
Mais pour Draco, ce qui importait le plus était une autre partie de son petit discours. Il regarda Harry, qui fixait la sorcière en fronçant les bras. Cela ne cachait pas la profonde fatigue autour de ses yeux, ni la manière dont il se recroquevillait sur lui-même comme s’il allait se rouler en boule comme un hérisson à tout moment. Plus maintenant.
Draco mordit sa lèvre. Sa mère et son père lui avaient tous deux appris quoi faire quand il avait tort. S’excuser seulement si c’était vraiment nécessaire. Les excuses ne signifiaient rien.
L’expiation, oui.
Après que son père eut été pris en flagrant délit d’agir comme un Mangemort, il ne pouvait pas simplement dire qu’il était désolé et passer à autre chose. Il avait dû montrer qu’il était un membre respectable de la communauté sorcière : s’impliquer à Poudlard, influencer le Ministère de manière subtilement acceptable, donner de l’argent à Sainte-Mangouste et à d’autres organisations similaires. Il avait dû réellement changer sa façon d’agir.
Et si Harry ne voulait pas partir et aller à ce Sanctuaire sans lui, alors le minimum que Draco pouvait faire était de changer sa façon d’agir.
"Je vais m’occuper de lui," dit-il doucement à la Voyante. Vera le regarda de nouveau, et Draco n’aimait toujours pas son regard, mais il aimait la façon dont elle lui fit un signe de tête.
"Ne sois pas idiot, Draco," dit Harry. "Je m’occupe de toi. Je dois te protéger, et c’est évident que tu ne peux pas te faire confiance pour te tenir à l’écart des ennuis ne serait-ce qu’une seule seconde—"
« Nous prendrons soin l'un de l'autre, alors », dit Draco, et il pensa qu'il pouvait maintenant se lever. Il se concentra sur Harry et supposa que le souffle d'air frais qui l'envahissait était de la surprise. Il sourit. Il pensa qu'il pourrait apprendre à apprécier cela.
Il décida de parler comme si le Voyant n'était pas dans la pièce. Pour ce qu'il voulait dire à Harry, peu importait s'ils avaient un public ou non.
« Je voulais un pouvoir de Seigneur pour pouvoir avoir un partenariat avec toi qui soit absolument égal, Harry », lui dit Draco. « Et pour que je puisse te protéger et prendre soin de toi. Mais Julia ne me l'a pas donné. Et j'ai fait des erreurs stupides en essayant de l'acquérir, donc je n'essaierai plus. »
Bien que si une autre opportunité se présente…
Draco chassa cette pensée de sa tête. Changement, souviens-toi ? « J'ai cette empathie à la place », dit-il, en regardant dans les yeux d'Harry. « Je sais que tu ne sens pas que tu peux me faire confiance en ce moment. » La méfiance était une autre sensation désagréable, comme marcher sur des bâtons pieds nus. « Mais je te promets que tu pourras toujours me faire confiance pour te protéger, te défendre et être ton ami. Et si jamais je ressens quelque chose de ta part qui dit que je ne l'ai pas fait, maintenant je peux me corriger immédiatement. »
« Mais— » commença à protester Harry.
« Si c'est pour ne pas vouloir t'imposer à moi, laisse tomber », dit Draco. « Tout le monde va s'imposer à moi de manière égale, au moins jusqu'à ce que je puisse apprendre à contrôler cette fichue capacité. Je me suis infligé cela, et je vais devoir apprendre à vivre avec.
« Si c'est pour ne pas vouloir que je prenne soin de toi, je ne veux pas entendre ça non plus. J'ai toujours pris soin de toi, Harry, sauf ces deux derniers mois, et je suis vraiment désolé pour ça. » Voilà. Maintenant, la sensation de surprise était de retour—enfin, plus comme un vent glacial sur son visage, vraiment. Ce devait être du choc, alors. « J'ai été un imbécile, un idiot, un gamin, tous les autres noms que tu voudras me donner.
« Je ne m'attends pas à ce que tu passes tout ton temps à m'enseigner. Je vais m'enseigner beaucoup de choses moi-même. » Ne serait-ce que pour être sûr qu'Harry ne s'épuise pas en utilisant une technique de bouclier qui le draine. « Je voulais être un héritier magique de quelqu'un de ma famille, et je le suis. Je voulais être plus puissant, et je le suis. Je ne peux pas vraiment me plaindre. J'ai obtenu ce que je voulais. » Il sourit, et savait que c'était faible, mais ces prochains mots étaient si importants, et cela faisait mal de les dire. « Je—je ne suis pas ton égal absolu en pouvoir, mais j'espère que tu consentiras toujours à me considérer comme ton ami. »
Harry le regarda intensément. Ses yeux perçaient plus profondément que ceux du Voyant. Draco le fixa regard pour regard. Il pensait ce qu'il disait. Il inviterait Harry à utiliser la Legilimancie sur lui s'il voulait être absolument sûr.
Harry murmura : « J'ai besoin d'entrer dans ton esprit et de te montrer comment te protéger. »
« Bien sûr, » dit Draco, et il abaissa ses barrières, rencontrant les yeux de Harry alors qu'il murmurait à nouveau Legilimens.
Harry fut dans son esprit en un instant, tissant délicatement des boucliers à partir d'images de vif-argent, montrant à Draco comment il les superposait sur certains aspects de son esprit pour que sa magie soit contenue mais pas figée ; un contenant solide était mauvais. Harry déposerait les bassins sur leurs cibles pour l'instant. Cela ne lui coûterait aucun effort de les maintenir. Ce serait à Draco, après cela, d'étudier et de comprendre comment le faire lui-même, et comment laisser les barrières s'ouvrir pour qu'il puisse utiliser son don quand il le voulait.
Si, bien sûr, Draco allait faire cela.
Draco saisit l'occasion pour rassembler ses propres émotions, et les retenir patiemment jusqu'à ce que Harry ait terminé avec les boucliers. Puis il les libéra sur Harry, de sorte que ce dernier ne puisse pas douter de ce qu'il ressentait.
Patience. Confiance. Un vrai repentir, et la promesse de faire mieux. Amitié. Amour. Agonie de ne pas avoir vu ce qui arrivait à Harry plus tôt. Colère contre la stupidité de son souci avec la potion. Supplication, parce que Draco ne pouvait pas réprimer cela, et parce qu'il ne voulait pas que Harry rompe leur amitié — mais il ne voulait pas non plus que Harry lui pardonne simplement parce que c'était Harry et que Harry pardonnait tout le monde. Il voulait savoir à quel point il était tombé bas aux yeux de son ami, et jusqu'où il faudrait qu'il grimpe pour se racheter.
C'était terrifiant. C'était exaltant. C'était bien, parce qu'il le faisait dans son esprit, et Harry était le seul à pouvoir le voir, et Draco ne se souciait pas, du moins à ce moment-là, que Harry voie tout.
Il ressentit l'émerveillement de Harry, et son choc, puis il se retira. Draco ouvrit les yeux, cligna des yeux, et regarda son ami avec assurance.
Harry avait la tête inclinée sur le côté, comme son phénix, étudiant Draco comme s'il ne l'avait jamais vu auparavant. Puis il hocha lentement, lentement la tête. « D'accord, » murmura-t-il. « Je—il pourrait me falloir un certain temps avant de pouvoir faire confiance au fait que tu ne vas pas t'anéantir, Draco, mais je devrai te faire confiance, parce que j'ai trop d'autres choses à faire. Je ne peux pas te suivre tout le temps pour m'assurer que tu tiens tes promesses. »
Draco hocha la tête, et refusa de laisser échapper sa déception face à ce verdict. Il ne pouvait pas. Ce ne serait pas juste. Si jamais il voulait compter pour Harry plus que, et pas seulement autant que, toutes ses autres tâches et obligations, alors cela devrait être par ses propres efforts.
Son frère s'est racheté aux yeux de Harry. Je ne vais pas dire que cet idiot prétentieux peut faire quelque chose de mieux que moi.
« De meilleurs résultats que je ne l'avais espéré en te suivant ici. » Vera intervint de nouveau calmement. « Je dois te demander, Harry, si tu ne reconsidérerais pas de venir au Sanctuaire. Un mois seul te ferait le plus grand bien. »
Harry la regarda et secoua la tête.
« Puis-je en connaître la raison ? » La voix de Vera était assez douce pour ressembler à un souffle de pissenlit flottant, et Draco vit des larmes au bord de ses yeux.
« J'ai des choses à faire ici, » dit Harry. « Mais ce n'est qu'une partie de la raison. L'autre partie, c'est que je ne veux pas être constamment entouré de gens qui peuvent me voir tout le temps, d'une manière que je ne peux pas les voir. J'ai passé assez de temps avec des gens qui pouvaient me contrôler, qui avaient un avantage sur moi que je ne pouvais pas contrer. Plus jamais. »
« Draco pourra désormais voir une partie de toi que personne d'autre ne voit, » dit Vera. Draco se demanda, un instant furieux, pourquoi elle avait mentionné cela — pour essayer de convaincre Harry de la suivre, ou simplement parce que c'était vrai ?
Harry cligna des yeux. « Mais c'est Draco, » dit-il. « Et j'ai confiance en lui. »
Draco dut tourner la tête, sinon il allait avoir une expression impossiblement inappropriée et sentimentale sur le visage. Il essuya furtivement ses yeux et se demanda si Harry saurait un jour combien ces mots avaient compté pour lui.
« Je vois, » dit Vera. « Eh bien. Je ne te convaincrai pas de venir contre ta volonté, Harry. »
« Tu semblais sacrément déterminée à essayer, plus tôt. » dit Harry avec un grondement.
« Je m'excuse pour cela, » dit Vera. « J'avais simplement supposé qu'une fois que tu aurais entendu parler de l'apparence de ton âme et de ce qu'était le Sanctuaire, tu voudrais bien sûr venir. » Elle soupira, un léger son. « Souviens-toi que le Sanctuaire t'est toujours ouvert. Pour les vacances scolaires, ou l'été. »
« J'ai un tuteur, » dit Harry, d'une voix de hérisson.
Vera ne dit plus rien que Draco puisse entendre. La porte s'ouvrit et se referma derrière elle.
« Draco ? » dit Harry un moment plus tard.
Draco se tourna vers son ami et vit que ses yeux s'étaient approfondis avec une telle intensité qu'ils semblaient presque changer de couleur. « Oui ? » demanda-t-il. Il ne pouvait pas faire autrement, face à ce regard.
« Je dois savoir que tu le penses vraiment, » dit Harry. « Que tu vas vraiment t'efforcer d'apprendre l'empathie et la protection. Si tu recules maintenant, je ne pourrai plus te faire confiance. »
Draco leva la main et la présenta devant lui, paume tendue vers Harry. « Je le jure, » dit-il. « Sur mon honneur de Malfoy, par Merlin et ma magie. » Il s'arrêta, cherchant sur le visage de Harry, et trouva ce dont il avait besoin. « Sur mon honneur en tant qu'ami. »
Puis il tendit sa main devant lui, dans le simple geste qu'il n'avait pas partagé avec Harry depuis si longtemps, et attendit.
Harry se rapprocha de lui, ressemblant toujours à une créature sauvage et meurtrie, puis saisit sa main.
Et il se rapprocha encore plus et étreignit Draco, son corps se relaxant complètement pendant un moment. Draco le tint près de lui, exultant, bien conscient de la fragilité de cet instant et de ce qui pourrait le briser, tandis que Harry murmurait : « Tu m'as manqué. »
Merci, pensa-t-il avec ferveur, à Harry et peut-être même à Julia. Merci de m'avoir donné une seconde chance. Je promets de ne pas gâcher celle-ci.
"Tu m'as manqué aussi," murmura-t-il.
*Chapitre 35* : Explosions
Merci pour les commentaires sur le dernier chapitre !
Je m'excuse pour le retard. Je n'avais pas réalisé à quel point cela serait long, et certaines parties ont été très difficiles à écrire.