Saving Connor

Resume
Traduction de la saga : ‘Saving Connor’ de l’auteur Lightning on the Wave , réunit en une seule grande histoire pour en faciliter la lecture.
Univers alternatif, HP/DM slash éventuel, Harry est très Serpentard ! Le jumeau de Harry, Connor, est l'Élu, et Harry est dévoué à le protéger en passant pour quelqu'un d'ordinaire. Mais certaines personnes ne laisseront pas Harry rester dans l'ombre... COMPLET
Chapitre Quatre-vingt-cinq : Une dague dans les entrailles
« Monsieur ! Monsieur ! »
Rufus se réveilla en sursaut, se redressant au milieu de son lit. Il cligna des yeux un instant, puis fronça les sourcils en voyant la pièce éclairée seulement par l'éclat des flammes vertes de l'âtre. Il laissait habituellement sa connexion de poudre de cheminette ouverte à un nombre restreint de personnes, pour qu'ils puissent le joindre en cas d'urgence au Ministère en pleine nuit, mais il ne reconnaissait pas la femme dont la tête flottait maintenant là.
« Y a-t-il un problème, Madame ? » demanda-t-il d'une voix bourrue, essayant d'avoir l'air aussi digne que possible alors qu'il était en pyjama sous les draps. Une robe de chambre était suspendue au dos du lit, heureusement, et il la passa autour de ses épaules en l'observant attentivement.
« Je suis désolée, monsieur. » La sorcière couvrit sa bouche d'une main et baissa les yeux. Rufus vit l'emblème de la baguette croisée et de l'os de Ste Mangouste sur son épaule, et douta que ce soit dû à une quelconque gêne de voir un homme presque nu de sa part. Plus probablement, c'était l'embarras de déranger le Ministre en plein sommeil. « Mais vous nous avez demandé de vous prévenir si elle se réveillait un jour, et ils ont dit que c'était la connexion de cheminette à utiliser durant la nuit, pas celle de votre bureau, et... »
« Si qui se réveillait un jour ? » demanda Rufus, perplexe. Il y avait des patients à Ste Mangouste dont le réveil aurait été une cause de réjouissance, de vieux camarades à lui plongés dans le coma par des malédictions de Mangemorts pendant la Première Guerre, mais Rufus ne se souvenait pas de la dernière fois qu'il avait vraiment espéré cela.
« Fiona Mallory, monsieur. » La sorcière sembla se ratatiner devant lui alors qu'il la fixait du regard. « L'Auror arrêtée et renvoyée pour la torture des parents de Harry Potter, monsieur ? Elle est tombée dans le coma à cause d'un artefact de magie noire, et maintenant elle est réveillée. »
Rufus sentit son cœur donner un seul battement puissant, puis il fut pleinement éveillé et engagé dans la situation. Fiona avait été l'une de ses meilleures Aurors avant que sa propre colère contre les Potters abusifs ne prenne le dessus. Il n'avait jamais pu se défaire de la sensation que son sommeil soudain était plus une vengeance qu'un accident avec la magie noire, même s'il avait dû admettre son échec et la déplacer du Ministère à Sainte-Mangouste. « J'avais laissé des instructions pour être informé immédiatement si cela arrivait. Comment s'est-elle réveillée ? »
La sorcière déglutit bruyamment, et Rufus réalisa alors qu'une partie de la pâleur de son visage venait de la peur. « Des—Des Langues-de-plomb, monsieur. Ils sont entrés dans sa chambre avec une sorte de baguette qui nous a tous immobilisés. Quand ils l'ont touchée avec, elle a brillé en bleu, et elle s'est r-réveillée. »
Rufus siffla. Il était logique que les Langues-de-plomb possèdent un artefact capable de mettre fin au coma de Mallory. Ils avaient probablement celui qui l'avait plongée dedans en premier lieu. « Et où est Fiona maintenant ? »
La sorcière se recroquevilla.
« Madame ? » demanda doucement Rufus.
« Les L—Langues-de-plomb lui ont donné un Portoloin, » dit la Guérisseuse, si doucement que Rufus l'entendit à peine. « Elle disait quelque chose à propos de parler à Harry quand elle a disparu. » Elle le fixa avec des yeux écarquillés et effrayés. « Est-elle partie parler au vates, alors, monsieur ? »
« Oui, » répondit brusquement Rufus, seulement parce qu'elle répandrait des rumeurs s'il ne reconnaissait pas cela d'une manière ou d'une autre. Zut, zut, zut. La dernière chose qui devait arriver était que Harry confronte la tortionnaire de ses parents en pleine nuit. Bien sûr, c'était probablement quelque chose que la Pierre trouverait amusant.
À quoi joues-tu maintenant, roche ?
« Merci de m'avoir contacté, » dit-il à la sorcière, et il éteignit la connexion de la cheminée d'un geste de sa baguette. Puis il se dépêcha d'enfiler sa robe de chambre et de jeter une poignée de poudre de cheminette dans l'âtre, espérant contre tout espoir qu'il n'aurait pas besoin d'appeler longtemps avant que sa cible ne se réveille.
« Bureau de la Directrice, Poudlard ! »
SSSSSSSSSSSSSSS
Harry sentit le frémissement surpris des protections avant même d'ouvrir les yeux. Il était déjà en train de se mettre en position de combat, sentant l'étreinte lâche de Draco sur lui devenir soudain ferme. Il lança un Sortilège d'Attraction silencieux pour la baguette de Draco, et l'entendit claquer dans sa paume.
Puis il ouvrit les yeux.
Une femme se tenait devant lui qu'il ne reconnut pas au premier abord, décharnée et famélique, ses cheveux épars comme un amas de brindilles autour de son visage, ses yeux bleus enfoncés dans sa tête. Elle serrait le Portoloin qui semblait l'avoir amenée directement à travers les protections comme s'il devait l'empêcher de tomber. Harry plissa les yeux. Le Portoloin n'était pas le morceau de bric-à-brac touché par Portus qui suffisait généralement. C'était une petite pièce d'argent en forme de clé, et elle scintillait d'une telle magie que Harry fit immédiatement appel à une partie de son propre pouvoir pour se défendre.
« Auror Mallory ? » demanda-t-il lentement. La dernière chose qu'il savait, c'était qu'elle était dans le coma à la suite d'un accident avec un artefact magique obscur, et il était peu probable qu'elle se réveille bientôt.
« Harry », murmura-t-elle, continuant de le fixer.
« Elle n'est pas censée être ici », dit Draco, ses bras se resserrant à tel point que Harry avait presque du mal à respirer. « Comment a-t-elle traversé les protections ? Que veut-elle ? Fais attention, Harry. »
« Je sais », murmura Harry, sa perplexité augmentant alors que l'Auror Mallory restait simplement là. Quelqu'un avait exercé ses muscles pour elle, probablement par magie, pendant qu'elle était alitée, mais ils étaient toujours des morceaux de viande maigres autour de bâtons. Elle ne faisait certainement pas une tueuse très efficace. Qui l'aurait envoyée, de toute façon ? Pourquoi ne pas envoyer quelqu'un d'autre pour me tuer ? « Mais— » Il secoua la tête, et décida que simplement parce qu'ils parlaient d'elle comme si elle n'était pas là ne signifiait pas qu'elle devait rester là silencieuse et bouche bée. « Auror Mallory », dit-il doucement. « Fiona. Pourquoi es-tu ici ? Qui t'a fait ça ? »
Ses yeux s'animèrent douloureusement, et elle fit un seul pas chancelant en avant. « Ils m'ont sauvée », murmura-t-elle. « Ceux qui m'ont mise dans les ténèbres en premier lieu, ils m'ont sauvée et m'ont renvoyée. »
« Qui ? » demanda Harry.
« Les Innommables. »
Je pensais que la Pierre restait en dehors de la politique, pensa Harry, même s'il devait admettre que ce n'était pas un geste très politique de réveiller une femme endormie et de l'envoyer à lui. Même si cette femme avait torturé ses parents. Harry sentit une conscience mal à l'aise s'agiter et lutter en lui ; il pensa qu'il devrait probablement la haïr plus qu'il ne le faisait pour cela, mais Lily et James avaient été si bien relégués dans son passé que c'était comme essayer de se souvenir d'une haine d'il y a cent ans. « Pourquoi t'ont-ils renvoyée ? » demanda-t-il. « Pourquoi te libérer ? »
« Ils voulaient que tu saches », dit Mallory, puis baissa la tête et commença à trembler. Harry lui lança un sort de réchauffement, les yeux tout le temps sur le Portoloin argenté. Il brillait simplement.
« Pourquoi n'es-tu pas en train d'aller chercher le professeur Snape ? » siffla Draco à l'arrière de son cou. « Tu devrais. »
« Je n'entendrai pas ce qu'elle a à dire si quelqu'un l'emmène maintenant », fit remarquer Harry. Il pensait que c'était parfaitement raisonnable, et ne comprenait pas pourquoi Draco levait son poignet comme s'il allait lancer le sort de communication du phénix. « Non. » Il força la main de Draco vers le bas, et se tourna à nouveau vers l'Auror Mallory. « Que voulaient-ils que je sache ? » Ce serait probablement un mensonge, même si elle y croyait sincèrement, mais cela n'avait pas d'importance. Harry n'avait plus besoin d'agir sur les mensonges des Innommables. Si la situation l'exigeait, il irait affronter la Pierre à nouveau dans le Département des Mystères. La colère qui montait en lui était certainement assez forte pour cela.
« Savoir— » Mallory ferma les yeux, et resta un moment comme si elle hésitait à lui dire la vérité. Harry, ses sens magiques portés à un degré élevé parce qu'il s'attendait à ce que le Portoloin argenté fasse quelque chose de spectaculaire, le sentit lorsque les protections de la salle commune de Serpentard frémirent puis laissèrent entrer quelqu'un. Il grimaça. Merlin sait comment Snape l'a découvert si vite, mais peut-être qu'il l'a aussi sentie passer à travers les protections.
« Sache que je n'ai torturé tes parents que plus tard, » dit soudainement Mallory en ouvrant les yeux. « La première personne à les avoir torturés était Lucius Malefoy. »
Harry ressentit le moment où les mots le transpercèrent, tel un poignard dans les entrailles, une lame d'acier qui transperçait et tordait ses viscères. Il voulut se pencher et toucher la blessure qui battait en lui, évaluer à quel point il était blessé.
Mais il entendit Draco reprendre douloureusement son souffle au même moment, et se força à passer outre, se rappelant qu'il n'était pas le seul à être concerné. Il recula et enroula un bras autour des épaules de Draco et l'autre autour de sa taille, l'attirant contre lui. Il le maintint ainsi tout en regardant Mallory. « Qu'est-ce qu'il leur a fait ? » demanda-t-il, se surprenant par le calme plat de sa propre voix. « Et quand ? Tu sais ? »
« Peu de temps avant que je sois arrêtée, » dit-elle, sa voix devenant plus vive, comme si les souvenirs lui insufflaient plus de force. « Le même jour. J'étais là pour porter le chapeau à sa place, juste au cas où quelqu'un soupçonnait que quelque chose clochait avec les protections sur les cellules de tes parents. » Harry vit un éclair de mépris au fond de ses yeux, même maintenant, pour Lily et James. Il supposait qu'ils n'avaient pas cessé d'être des abuseurs pour Mallory simplement parce qu'ils avaient souffert. « Je sais qu'il leur a fait quelque chose de grave. Quelque chose de douloureux, pire que les malédictions de bataille que j'ai utilisées. Je ne sais pas ce que c'était. »
Harry hocha la tête fermement, et sentit le souffle humide sur son cou alors que Draco émettait un bruit déchiré d'incrédulité. « Chut, » murmura-t-il, puis regarda Mallory. « Et c'est vrai ? »
« Je le jure. » Mallory sourit, un peu amèrement. « Scrimgeour m'a virée après ça, parce qu'il pensait que j'avais dépassé les limites de mes fonctions— »
« Tu l'as fait, » murmura Harry. Il pouvait sentir maintenant Snape, essayant de toutes ses forces d'ouvrir la porte de leur chambre. Harry leva les protections que son gardien ne pouvait pas franchir et continua à caresser le dos de Draco, le regard fixé sur Mallory.
« Comment aurais-je pu entrer en contact avec un artefact sombre détenu au Ministère ? » Mallory écartait les mains. « Les Langues-de-Plomb l'ont fait pour lui, m'ont mise dans ce coma. Et ils m'ont réveillée. Je ne sais pas pourquoi. Je ne sais rien d'eux. Mais je jure que tout le reste est vrai. »
Je ne peux plus être allié avec Lucius.
Mais c'est le père de Draco, et dire cela revient à dire que je ne serai plus l'amant de Draco.
Harry sentit le premier impact de la magie de Snape contre les protections, et soupira. Il serait là dans un instant, et il tenterait probablement de tuer Mallory d'abord et de poser des questions ensuite. Il était dans ce genre d'humeur, à en juger par le son. « Je vais le dire à tout le monde. Tu devrais partir. As-tu un endroit sûr ? »
Mallory cligna des yeux. « Tu—tu t'en soucies ? J'ai torturé tes parents ! »
« Tu l'as fait. » Harry la regarda encore, et il y avait toujours un vide de sentiments là où il aurait dû s'attendre à une colère brute et à de la douleur. Probablement, le reste fait simplement trop mal. Et les sanglots silencieux que Draco poussait maintenant contre lui augmentaient ses propres émotions envers d'autres personnes, pas Mallory. « Mais je pense que je t'ai pardonnée pour ça. Et tu m'as dit qui a vraiment instigué le tourment. Donc je pense que tu peux partir. » Il frissonna alors que la magie sans baguette de Snape réussissait presque à pénétrer un point faible de ses protections, et ajouta, « Mais pas pour très longtemps. »
Mallory hocha la tête. "Les Innommables ont juré qu'ils veilleraient à ma sécurité", dit-elle en serrant le Portoloin dans sa main, puis elle inclina la tête en arrière, se dissolvant en une masse d'étincelles argentées, et disparut.
Harry abaissa les protections et s'allongea sur le lit, les bras enroulés autour de Draco, continuant de lui caresser la colonne vertébrale, laissant Draco s'accrocher à lui comme un jeune singe, murmurant maintenant des mots apaisants. "Draco, je ne te forcerai jamais à choisir. Je te le promets. C'est ton père. Je le sais. Je respecte cela. Tu n'as pas besoin de choisir entre nous. Je te promets que—"
Et puis la porte s'ouvrit brusquement, et Snape était là, et peut-être valait-il mieux que Harry n'ait rien promis, car le souvenir des serments de l'Alliance du Soleil et de l'Ombre lui revenait, et de ce qu'il avait promis de faire à quiconque les briserait, et du fait qu'Ignifer lui avait dit que les Innommables avaient menacé son père. Cupressus Apollonis ne s'était pas brisé. Est-ce que Lucius, qui avait une dette réelle envers les Innommables sous la forme de Mallory, l'aurait fait ? Et qu'aurait-il pu leur donner s'il l'avait fait ?
Pas quoi, pensa Harry, son esprit atterrissant comme par destin sur le fait qu'ils ne savaient toujours pas qui avait trahi Hawthorn en tant que loup-garou au Ministère. Qui.
Snape se pencha vers lui, disant d'une voix sévère, "Que s'est-il passé ? Es-tu blessé ?"
"Pas physiquement", dit Harry, plongeant ses émotions dans les bassins d'Occlumancie. Le regard acéré de Snape montrait qu'il savait ce que faisait Harry et qu'il n'approuvait pas, mais Harry l'ignora. C'était trop important. Il devait voir sa situation comme un étranger et continuer à avancer, sinon la douleur le paralyserait. "Fiona Mallory s'est réveillée de son coma. L'Auror qui a torturé mes parents ?" précisa-t-il, lorsqu'il vit la confusion dans les yeux de Snape. "Elle a dit qu'elle avait bien lancé des maléfices sur eux, mais qu'elle était la sorcière de secours pour Lucius. Il les a torturés avec plus de profondeur et de détail."
Snape ferma les yeux, et sa bouche se serra un long moment. Harry se recroquevilla davantage autour de Draco.
"Je vous emmène tous les deux à l'infirmerie," dit Snape, alors que les petits bruits frénétiques que faisait Draco s'intensifiaient. "Il a besoin d'une potion calmante."
Harry savait que Snape lui ferait avaler une potion, aussi, s'il lui en donnait l'occasion. Il ne lui donnerait pas l'occasion. Son Occlumancie le servirait suffisamment bien pour lui permettre de réfléchir à cela.
Et il devait réfléchir.
Mais il pouvait voir le chemin se dérouler devant lui, le menant, pas à pas, à la fin où il drainerait Lucius Malfoy de sa magie.
SSSSSSSSSSSSSSS
Draco ne pouvait pas bien respirer. Il pouvait entendre Madame Pomfresh lui parler d'une voix basse et inquiète, essayant de le faire se détacher de Harry et avaler une potion calmante. De temps en temps, elle s'arrêtait pour demander au professeur Snape un rapport sur ses symptômes, et si Snape pensait toujours que Draco avait besoin de la potion. Et pendant tout ce temps, Harry le tenait et ne cessait de bouger sa main sur son dos.
Ils ont probablement pensé qu'il refusait de se dérouler parce qu'il avait honte, pensa Draco, ou parce qu'il avait peur de ce qui arriverait à son père si Harry s'en prenait à lui.
Il ne l'était pas, ou alors c'était seulement une partie de son esprit que l'émotion principale qu'il ressentait ne lui permettait pas d'accéder. Il était furieusement en colère.
Devait-il être si têtu ? Si stupide ? Il avait torturé les Potter parce qu'il prenait la place de Harry en tant que vengeur, je le sais. Mais il savait, il devait savoir, que c'était un de ces cas où la victime renonçait non seulement à son droit de vengeance mais au droit à la vengeance tout court. Il aurait dû venir voir Harry, lui parler, lui poser des questions à ce sujet. Et alors Harry aurait eu les moyens de refuser carrément, au lieu de le découvrir maintenant.
Ce qu'il a fait était mal. Je sais comment fonctionne la tradition. Quelqu'un d'autre peut prendre sa revanche si l'enfant abusé ne le fait pas, mais il doit avoir la permission de l'enfant. Les seules exceptions sont la famille de sang. Connor aurait pu le faire, mais pas Lucius.
Et il pensait qu'il était assez au-dessus des vieilles lois et règles pour les ignorer toutes. Il pensait qu'elles ne s'appliquaient pas à lui.
J'en ai tellement marre que Harry soit un meilleur gardien de l'honneur des Malfoy que mon père.
Enfin, il entendit Pomfrey et Snape discuter d'un sort pour le faire lever les yeux, et c'est à ce moment-là qu'il décida qu'il en avait assez. Il décontracta ses membres, et quand Harry lui lança un long regard anxieux, il hocha la tête. Il pouvait s'asseoir tout seul. Il le pouvait.
"Quelqu'un a-t-il contacté ma mère ?" demanda-t-il, tentant d'ignorer le fait que sa voix était rauque et son visage taché par ses larmes de fureur. Madame Pomfrey s'approcha de lui avec une potion calmante. Harry tendit la main pour l'en empêcher, les yeux fixés sur le visage de Draco tout le temps.
"Non, Draco," dit-il doucement. "Nous ne savions pas si tu le voudrais. Est-ce que tu le veux ?"
Draco hocha la tête une fois. Harry inclina légèrement la tête, puis commença à s'éloigner du lit pour se diriger vers la cheminée de l'infirmerie.
"Harry ?"
Il reçut en retour un regard qui le fit frissonner, il semblait si froid et indifférent, jusqu'à ce qu'il réalise que Harry avait verrouillé ses émotions pour pouvoir fonctionner. Eh bien, ça a du sens. "Oui ?"
"Vas-tu tuer mon père, ou le priver de sa magie ?" Draco était fier de sa voix. Elle ne trembla pas. Elle ne laissait même pas entendre que c'étaient des choses qui pourraient ou non se produire. Elle faisait sonner cela comme si c'étaient les deux seules alternatives, et Harry devait rendre l'une ou l'autre d'elles réalité.
"Je ne sais pas," répondit Harry doucement. "Cela dépendrait de ce qu'il a fait à mes parents. Et—à d'autres personnes."
Il prit une poignée de poudre de cheminette avant que Draco puisse demander ce que cela signifiait, et la jeta dans le feu en appelant, "Numéro Douze, Square Grimmaurd !"
« Monsieur Malfoy, » dit Pomfrey, en lui mettant presque la fiole sous le nez. « Je vous insiste de l’avaler. Vous êtes beaucoup trop tendu en ce moment. »
« Je ne suis pas tendu, » dit Draco, et grâce à Merlin, il pouvait utiliser sa voix comme une rapière, pas comme un ressort blessé qu’il avait craint qu’elle ne se déroule. Pomfrey fit même un pas en arrière. « Je suis en colère. Je pleure la chute de l’honneur de ma famille. Je complote des façons de faire savoir à mon père à quel point je suis déçu de lui avant qu’il ne meure. C’est tout. »
« Laissez-le, Poppy, » dit calmement le professeur Snape.
La matrone jeta un coup d'œil entre eux deux, puis leva les mains et s'éloigna en grommelant à propos des Serpentard. Snape fit un autre pas en avant, les yeux fixés intensément sur Draco. Draco se pencha en avant et le regarda en retour. C'était un homme qu'il n'avait pas vu depuis au moins une semaine, depuis que Snape lui avait rendu visite à l'infirmerie après la bataille avec Falco Parkinson : son directeur de maison.
« Tu sais que ton père pourrait ne pas survivre à la matinée, » dit Snape.
« Je le sais, » dit Draco, et c’était vrai, et parmi toute la douleur qu’il n’allait pas admettre se trouvait la scie nette et tranchante de sa colère. Il le ressentait vraiment—pas seulement parce qu'il le voulait, mais parce qu'il le ressentait. Cela le remplissait de fierté. Il était finalement un digne héritier Malfoy, d’une manière que son père ne l’avait pas été depuis des années. « Il a trahi notre nom. Il a trahi notre honneur. Il doit mourir. Ou perdre sa magie, » ajouta-t-il. « C'était la punition qu'Harry avait prévue pour avoir violé les serments de l'Alliance, et je serais satisfait de cela. »
« Lucius préférerait mourir que perdre sa magie, » dit Snape.
« Je le sais, » dit Draco.
« Tu ne pleures pas la perte de ton père ? »
Draco retroussa ses lèvres. « Je la pleurerais bien plus si je pensais qu’il y avait une chance qu’il ait été sous l’Imperium, ou autrement poussé à faire ces choses, » dit-il. « Tel quel—non. Il savait quelles étaient les conséquences s’il se faisait attraper, et l’une des premières leçons qu’il m’a enseignées était de ne pas se faire attraper. Il aurait dû savoir mieux. »
Snape hocha la tête et s’éloigna lentement du lit vers Harry, qui parlait à Narcissa à travers la cheminée. Draco se renversa sur l’oreiller et ferma les yeux.
Il le pensait vraiment. Lucius avait toujours échappé aux nœuds coulants et aux pièges tendus par ses ennemis parce qu’il prenait de grands risques, mais pas des risques inutiles. Il était devenu plus imprudent dernièrement, comme l’avait montré son désaveu de Draco, et au moment où un Malfoy prenait un risque et échouait, il devenait méprisable.
À moins qu’il n’ait vraiment été sous l’Imperium.
Mais il ne l’avait pas été. Et il ne l’avait pas été lorsqu’il était Mangemort non plus, même s’il avait réussi à convaincre le Magenmagot qu’il l’était.
Draco tressaillit un peu en se rappelant l'une de ses toutes premières conversations sérieuses avec Harry, lors de leur première année, lorsque Harry avait insisté que, oui, Lucius était un Mangemort, et avait calmement détaillé ses crimes. Draco avait refusé de le croire à l'époque—parce qu'il aimait son père, mais encore plus parce qu'il ne pouvait pas croire que l'homme fier et élégant qu'il connaissait laisserait des preuves de ses crimes derrière lui s'il les avait vraiment commis de son plein gré. Donc il avait été sous l’Imperium. Il devait l'avoir été.
Mais il ne l'était pas.
Et tu as torturé trois enfants nés-Moldus et leurs parents jusqu'à la mort, Père, et tu as laissé des signes que tu l'avais fait. Tu as tué les jumeaux Prewett, mais seulement en compagnie de quatre autres sorciers. Tes actes en temps de guerre sont à l'image de ce que tu as fait l'année dernière.
Pour le bien de la famille, Lucius Malefoy devait cesser d'être un sorcier.
Draco prit une profonde inspiration, heureux maintenant d'avoir appris les danses de sang-pur, heureux d'avoir été élevé comme un sang-pur. Cela rendait les choses plus faciles quand quelqu'un dans la famille avait une horrible infraction de goût ou commettait un crime odieux. D'autres familles s'accrocheraient à leurs cous et pleureraient et se laisseraient entraîner aussi. Draco avait eu la formation pour couper un parent de sang inutile de son cœur rapidement et facilement. La famille doit survivre.
Et puis sa mère traversa les flammes, et le prit dans ses bras, et Draco se permit juste un peu de réconfort en sachant que quelqu'un d'autre ressentait la tristesse hurlante et la douleur en lui.
SSSSSSSSSSSSSS
Hawthorn s'arrêta. Une lettre reposait sur la table à côté de son lit. Elle n'y était pas un instant auparavant, elle le savait. Elle avait seulement tourné le dos pour récupérer sa brosse à cheveux, qui était tombée, et quand elle se redressa, elle était là.
Prudemment, elle prit sa baguette et s'approcha, lançant plusieurs sorts en chemin. Aucun charme ne fut révélé sur la lettre, seulement, étrangement, la lueur déclinante de l'Apparition, comme si elle avait réussi à se transporter elle-même.
Le parchemin était gris, et plié de manière à former sa propre enveloppe. Le sceau qui le maintenait fermé était noir, un sablier. Hawthorn fit Léviter la lettre dans les airs et fendit soigneusement le sceau avec un Sortilège de Coupe, faisant tomber le parchemin ouvert.
Les mots étaient écrits d'une main élégante et incisive, facilement lisibles à la distance prudente où elle se tenait. Il n'y avait qu'une seule phrase.
Lucius Malefoy est celui qui vous a trahie aux Innommables, et à travers eux aux Aurors.
Hawthorn resta figée. Elle sentit une vieille rage la parcourir comme de la lave sous une roche solide. Elle était facilement réveillée. Elle avait fait des rêves, dernièrement—des rêves tels, difficiles à se rappeler, mais encore présents en morceaux déchirés dans son esprit quand elle se réveillait, de courir après les Aurors qui l'avaient maltraitée quand elle était à Tullianum, ou Indigena Yaxley, ou la personne mystérieuse qui avait été celle qui avait trahi son statut de loup-garou, et de les mordre. Elle le voulait tellement. La haine était une bête noire à ses côtés dans les rêves, toujours présente pour la morsure, et lui donnant toujours un moment de satisfaction sombre avant qu'elle ne se réveille finalement.
Mais cela—
C'était une confirmation. Si elle osait penser que ça l'était. Les Innommables auraient pu envoyer cette lettre à travers ses protections. Ils pourraient aussi mentir, essayant de monter les alliés de Harry les uns contre les autres.
Mais une partie de l'esprit de Hawthorn qu'elle utilisait rarement maintenant, la partie qui s'était délectée du nom de la Mort Rouge quand elle courait avec Voldemort, se réveilla et s'étira et s'appliqua avec un calcul rapide aux possibilités.
Lucius était-il assez impitoyable pour trahir un allié de cette manière ? Oui, s'il y avait quelque chose de plus grand à y gagner. Hawthorn ne savait pas ce que cela lui aurait rapporté d'autre, mais elle connaissait le grand prix : un accès plus libre et une plus grande influence sur Harry. Lucius et Harry avaient eu leur première brouille autour de l'époque de la rébellion des loups-garous — juste avant, en fait. Et si Lucius l'avait trahie aux Innommables, il aurait pu espérer avoir plus de contrôle sur les actions de Harry une fois Hawthorn écartée.
Cela n'avait probablement rien de personnel. Les Innommables voulaient des loups-garous. Lui en avaient-ils demandé un ? Sans doute. Et il leur avait donné quelqu'un de proche de Harry, assez proche pour que cela blesse Harry lorsqu'elle serait capturée. Que cela ait poussé Harry à une rébellion organisée au lieu d'une fuite désordonnée était simplement de la malchance pour Lucius et le Département.
Cela ne signifie pas qu'il l'a fait, se conseilla Hawthorn, essayant de contenir le hurlement du loup en elle. C'était encore près de la nouvelle lune, mais même maintenant, une provocation comme celle-ci était suffisante pour réveiller la bête. Cela signifie seulement qu'il en avait l'occasion, et peut-être le motif.
Et les Innommables ne lui auraient guère révélé cela par pure bonté de cœur.
Avec une main tremblante, Hawthorn prit la lettre, la plia et la mit dans la poche de sa robe. Puis elle tapota son poignet avec sa baguette pour activer le sort de communication du chant du phénix. Elle ne ferait rien de précipité. Elle ne se précipiterait pas pour confronter Lucius, comme les Innommables l'avaient probablement espéré.
Elle contacterait Harry. Elle lui demanderait s'il pensait qu'il y avait une possibilité que cela soit vrai, et si oui, ce qu'ils devraient faire.
SSSSSSSSSSSS
Lucius trouva également une lettre sur sa table de petit-déjeuner ce matin-là. Il hocha la tête. Il s'y attendait. Parchemin gris, sceau de sablier noir. Quand les pierres empilées commenceraient finalement à tomber, il s'attendait à ce qu'elles viennent de cette direction, l'endroit le plus vulnérable.
Nous leur avons dit, disait la lettre. Harry et Hawthorn Parkinson. Ils seront bientôt ici.
Lucius rit un peu, et se leva de table pour vérifier que ses défenses étaient prêtes. Puisqu'il était découvert, ce qu'il pouvait faire était d'affronter son sort à venir comme un homme. Certains sang-purs déshonorés pouvaient regagner un peu d'honneur à leur nom en admettant des accusations qu'ils savaient vraies et en acceptant l'exécution, la mutilation ou un duel, selon le choix de l'accusateur.
Il n'avait pas tout à fait l'intention d'aller aussi loin. Seuls les imbéciles le faisaient. Et Lucius savait ce que valait l'honneur, et la réponse n'était pas sa vie.
Mais il donnerait tout le crédit possible au nom de Malfoy, pour le bien du fils qui le porterait après lui.
Et, grâce à l'empressement des Innommables à s'assurer qu'il savait exactement ce qui allait lui arriver, il avait du temps supplémentaire pour se préparer.
Il secoua la tête, amusé et incrédule, en entrant dans son bureau. J'espère que Harry considère que l'échange d'alliés qu'il vient de faire est équitable.
SSSSSSSSSSSSS
Harry regarda Narcissa et Draco s'embrasser en silence, et essaya de décider quoi faire.
Des oiseaux de frayeur tournoyaient et se dispersaient dans ses pensées chaque fois qu'il essayait de s'y attarder sans les bassins d'Occlumancie. Par conséquent, il n'essaya pas de s'y attarder sans les bassins d'Occlumancie. Il maintenait ses émotions sous contrôle, car elles ne pouvaient pas l'aider dans ce cas, et considérait ses options.
L'exécution de Lucius était une possibilité, pour avoir dépassé les bornes. Mais Harry avait refusé cette option avec la plupart des gens qui lui avaient fait du mal, y compris ses parents, et il ne l'adopterait pas maintenant.
Le livrer au Ministère pour un procès fonctionnerait—si seulement il pouvait être sûr que les Langues-de-plomb ne le toucheraient pas là-bas, si seulement il pouvait être sûr que le Magenmagot le déclarerait coupable cette fois et ne serait pas influencé par l'argent et le charisme des Malfoy pour le laisser partir. Non, autant qu'il l'aurait voulu, Harry ne pouvait pas dire qu'il faisait confiance au Ministère pour mener un procès objectif de Lucius Malfoy.
Le soumettre comme il avait fait avec Henrietta et le lier avec des Serments Inviolables aurait peut-être été un choix si Harry pensait qu'il possédait le pouvoir de réduire le tempérament de Lucius en poussière. Mais il ne le pensait pas, et Lucius Malfoy n'était pas Henrietta Bulstrode. Il pourrait faire semblant de courber l'échine, mais il se tortillerait et testerait le mou dans ses liens, et trouverait un moyen de contourner les Serments, Harry en était sûr. De plus, la colère intense envers Henrietta pour la façon dont elle avait traité Edith avait été son principal motif pour la lier, et non pas le tort qu'Henrietta lui avait fait.
S'il blessait Hawthorn, chuchotaient ses pensées, ne pourrais-tu pas trouver la colère pour lier Lucius ?
Mais s'il blessait Hawthorn, alors il l'avait fait en tant que membre de l'Alliance du Soleil et de l'Ombre. Et il avait été soumis à ses serments à ce moment-là, et il n'y avait qu'une seule punition pour cela. Harry avait dit qu'il drainerait la magie de quiconque trahirait un camarade plutôt que de simplement se retirer de l'Alliance.
Il ferma les yeux. Il aurait trouvé cela tellement plus facile si ce n'était à cause de Draco.
« Harry ? »
Il lui fallut un moment pour réaliser que la voix venait de son poignet ; il avait été tellement absorbé par ses pensées qu'il n'avait pas entendu le chant de phénix. Et, ah, c'était la voix de Hawthorn.
« Madame Parkinson, » murmura Harry, heureux que sa propre voix ne tremble pas. « Quel est le problème ? »
« J'ai reçu une lettre disant que Lucius Malfoy m'a trahie aux Langues-de-plomb, » dit Hawthorn. « J'ai besoin—j'ai besoin de venir à Poudlard et de vous parler de cela. Puis-je ? »
Harry entendit les sons doux en provenance de la direction de Draco cesser. Il regarda, car il ne pouvait s'en empêcher, et vit Draco s'appuyer dans le refuge des bras de sa mère, les yeux fixés sur les siens. Harry regarda droit dans le visage de son petit ami, et ne put détourner les yeux.
Il vit Draco articuler silencieusement : "Dis-lui oui."
Comme dans un rêve, Harry baissa la tête vers son poignet et dit : "Bien sûr, Hawthorn. Viens. Je suis à l'infirmerie."
"Blessé ?" La voix de Hawthorn devint brusquement plus aiguë. Harry s'émerveilla de sa force, que même enveloppée dans sa propre douleur, elle prenne un moment pour penser à ce qui aurait pu lui arriver.
"Non," dit Harry. "Juste un peu choqué. S'il te plaît, viens, Hawthorn." Il mit fin au sort de communication lorsqu'il entendit son assentiment, et regarda à nouveau Draco et Narcissa, ne croyant pas ce qu'il voyait sur leurs visages.
Draco parla avant que sa mère ne le puisse. "Épuise-le, Harry."
"Draco, c'est ton père—"
"Il l'a trahie," dit Draco d'un ton glacial. "On ne fait pas ça, pas quand l'allié ne t'a jamais fait de mal. Et pas quand tu peux te faire attraper." Il se rapprocha nerveusement de Narcissa, mais Harry pensa qu'il offrait autant de réconfort qu'il en cherchait. "Et il t'a mis dans une position impossible politiquement, et il le savait. Et il n'a pas pensé à l'effet que cela aurait sur toi, de savoir que tes parents ont souffert. Il les a juste torturés parce qu'il le voulait, parce qu'il le pouvait. Il ne pense pas aux autres, et le seul moment où un Malfoy peut se permettre de faire ça, c'est quand il n'a ni dépendants ni alliés. Il avait les deux." Le visage de Draco était étrange dans sa conviction intense. "Épuise-le, et garde son pouvoir pour toi-même. Sa magie est la seule chose de valeur qu'il lui reste à offrir, maintenant."
Harry regarda Narcissa.
"S'il a fait tout ce que Mme Mallory et Mme Parkinson ont dit," dit Narcissa, après un long, long moment de silence, "alors je dois être d'accord, Harry. Je suis—je suis celle qui a cherché Hawthorn, qui l'a amenée dans cette alliance avec toi. Je l'ai fait en ne lui voulant que du bien, tout en sachant qu'elle serait une merveilleuse loyaliste pour toi si tu pouvais la persuader. C'est comme les manœuvres que j'ai faites en ta faveur en troisième année ; je n'avais que de bonnes intentions, et pourtant je t'ai causé du tort. J'ai causé du tort à Hawthorn, je l'ai exposée à l'attention de mon mari. Je savais qu'il correspondait avec quelqu'un de mystérieux dans les jours précédant l'arrestation de Hawthorn. J'aurais dû en saisir les indices."
"Madame Malfoy—"
"Narcissa, Harry. Appelle-moi par le nom auquel j'ai le plus droit. Et je dis que j'aurais dû les saisir. La norme qui compte le plus dans une telle affaire est celle de la sorcière. J'ai échoué à la mienne." Narcissa posa sa tête sur les cheveux de Draco, pâle et silencieuse.
Harry ferma les yeux et hocha la tête, même s'il entendit, faible et lointain, le "pop" d'Apparition lorsque Hawthorn apparut à la lisière des terres de Poudlard.
SSSSSSSSSSSSSSSS
Lucius sentit le moment où Harry, Draco, Narcissa, Severus et Hawthorn arrivèrent aux défenses extérieures du Manoir. Bien sûr, les trois premiers auraient pu passer à travers les protections sans problème, liés à elles comme ils l'étaient, mais la présence des quatrième et cinquième les tenait exclus.
Lucius attendait calmement à la porte de son bureau. D'un côté de lui se trouvait une pile de papiers et de registres que Draco devrait examiner pour comprendre les subtilités de l'héritage des Malfoy. Lucius ne lui avait pas tendu de pièges, mais cela ne signifiait pas que ce qu'il devait suivre était simple.
De l'autre côté de lui se tenait une seule fiole contenant trois gouttes de liquide clair.
Dans sa main se trouvait sa baguette.
Il attendit et abaissa les protections lorsqu'il sentit Harry commencer à les drainer. Il ne voulait pas que sa maison soit endommagée. Ce serait la maison de Draco par la suite, et la maison des héritiers que Draco adopterait. Ce n'était pas, à proprement parler, la propriété de Lucius à exposer aux sorts de ses ennemis désormais.
Il pouvait sentir leur méfiance alors qu'ils s'aventuraient à l'intérieur, cherchant des pièges tout le long du chemin. Cependant, Lucius n'avait pas piégé les pièces. Ils le découvriraient finalement et viendraient à lui. Il était prêt à passer le temps en repassant son plan dans sa tête, bien qu'il sache qu'il était parfait ; il souhaitait admirer les angles et l'intelligence de celui-ci. Et tôt ou tard, ils arriveraient à la porte du bureau, le verraient, et s'arrêteraient.
Ils le firent. Severus était à l'avant, à côté de Harry, et Lucius était content, car ils seraient capables d'identifier le Veritaserum que Lucius ramassa et avala même à courte distance.
La brève, trouble torpeur du médicament l'envahit. Cependant, Lucius avait pleinement l'intention de dire la vérité même sans incitation, sans questions, et donc l'engourdissement s'estompa.
Il regarda Harry dans les yeux et dit : "J'ai utilisé une espèce d'insecte sur ton père qui lui donnera le cancer dans peu de temps. Ils devraient rester même s'il est vidé de sa magie. La réponse pour savoir comment les vaincre est là." Il désigna le livre sur la magie médicale qu'il avait placé parmi les registres des Malfoy. "J'ai lancé un sort sur ta mère qui étirera son moment de mort à une éternité de souffrance. Tu peux l'enlever en utilisant ton don d'absorbere, j'en suis certain."
"M'as-tu trahi ?" demanda Hawthorn, écartant Harry et Severus pour pouvoir le voir. Lucius leva la tête et l'étudia, laissant sa bouche répondre sans entrave.
"Je l'ai fait."
Et ensuite, les choses se déroulèrent comme il le savait. Lucius se sentait presque comme s'il était le joueur de flûte et menait ses ennemis dans la danse.
Hawthorn hurla et se précipita vers lui. Lucius savait que sa rage et sa haine la pousseraient à cela ; bien qu'elle soit une sorcière contrôlée la plupart du temps, elle haïssait les traîtres, l'avait toujours fait, et elle avait maintenant le tempérament d'un loup-garou pour l'encourager. Il leva sa baguette et lança le sort d'illusion compliqué qu'il avait pratiqué jusqu'à pouvoir le faire sans parole.
Le sort prit forme dans l'air entre eux, suffisamment à temps pour qu'Hawthorn doive s'arrêter et le regarder. Il plongea dans la mémoire d'Hawthorn et en tira l'image de son enfant mourant — il devait s'agir de son enfant, car son mari décédé n'avait pas été son compagnon — et la rejoua devant elle.
Lucius écoutait, mesurant les instants, sentant l'immobilité stupéfaite des autres se dissoudre instant après instant, et n'entendait que le loup dans la voix de Hawthorn lorsqu'elle hurla à nouveau.
Elle s'élança sur lui sans pitié, mais aussi sans coordination, et sa baguette était à moitié oubliée dans le besoin impérieux et écrasant de le saisir dans ses mâchoires ou de le déchirer avec ses ongles. Le livre sur les loups-garous avait dit que ce serait ainsi. L'instinct de meute était fort chez eux, et ils pouvaient être trompés par le sortilège en pensant que quelqu'un qui n'avait pas réellement tué leur enfant ou leur partenaire était le meurtrier.
Lucius agita à nouveau sa baguette, et chanta le second sortilège qu'il avait préparé dans son esprit. Argenteus!
Une série de lames argentées se forma entre lui et Hawthorn, et s'élança en avant, criblant ses épaules, ses bras, son torse. Le choc ne la tua pas immédiatement, comme cela aurait été le cas avec un humain normal, mais la cloua au sol, et elle hurla alors une fois de plus, dans une telle douleur que Severus se pencha pour l'aider.
Lucius avait débattu dans son esprit pour savoir si Harry se pencherait également pour aider Hawthorn, mais il ne le pensait pas, et il avait raison, car Harry resta où il était, fixant du regard, les yeux rivés sur lui.
C'était vraiment dommage qu'il doive être exilé d'un tel pouvoir, pensa Lucius, observant même tandis qu'il sentait les vents commencer à se lever et savait que Harry rassemblait sa magie pour absorber la sienne. Il aurait dû faire confiance à son intuition cette nuit-là, lorsque Harry avait déclaré l'Alliance. Voilà un sorcier digne d'être servi, une force digne d'être proche—une puissance, comme il l'avait décrite, une fois, il y a longtemps, à son fils.
Mais cette puissance ne valait pas la peine de perdre sa propre magie, et ainsi, avant que Harry ne puisse surmonter son propre choc, son doute et sa douleur personnelle suffisamment longtemps pour le drainer, Lucius toucha le Portoloin qui brillait autour de son cou, sous la forme du bouton supérieur de sa robe, et disparut de son bureau dans la pièce derrière. À son geste, des protections jaillirent autour de la porte ouverte du bureau, bleues et vertes, scintillant doucement. Lucius n'avait montré ces protections à personne d'autre, pas même à sa bien-aimée Narcissa. Son père lui avait inculqué la nécessité de les garder secrètes et en sécurité, et Lucius l'avait toujours fait. Ces protections, produit d'une Malédiction Inattaquable, ne permettraient qu'à quelqu'un de sang Malfoy de pénétrer dans cette pièce, et elles ne pouvaient être détruites, ancrées qu'elles étaient dans la chair et les tissus mêmes de la lignée, à moins que tous les Malfoy vivants ne soient déjà morts. Lucius pensait que l'ancêtre qui les avait conçues avait dû faire face à un absorbere à un moment donné.
Narcissa avança, et fut repoussée. Harry essaya de les drainer, et les protections s'éloignèrent de lui et grondèrent. Lucius croisa le regard des deux, et tenta de leur adresser un dernier adieu et un résumé de tout ce qu'ils avaient signifié pour lui et de ce qu'il pensait d'eux maintenant.
Draco glissa devant sa mère et entra dans la pièce.
Une expression de choc se peignit sur son visage, le figeant sur place. Lucius savait que cela se produirait. Il parla rapidement à son fils, même si une de ses mains se glissa derrière lui, prête à saisir le puissant Portoloin qu'ils auraient immédiatement détecté s'il l'avait porté sur lui.
"Tu es ma fierté, Draco. Bien que j'aie eu si peu à voir avec cela que j'en ai honte, tu es devenu un homme et un héritier légitime de la lignée des Malfoy. Le meilleur de ta mère est en toi, et de moi aussi. Tu n'es pas un subordonné de Harry, je le vois maintenant, et tu feras honneur à notre sang."
Le Veritaserum dans son corps ne lui permettrait pas de dire moins que la vérité. Lucius utilisa cela comme une arme à double tranchant. Cela lui permit de dire à ce jeune sorcier, à moins d'un mois de son dix-septième anniversaire et donc de sa majorité, avec ses cheveux blonds à moitié ébouriffés par le vent de sa vitesse, sa baguette levée en position d'attaque et son corps tendu en posture défensive, ce qu'il pensait vraiment de lui.
Et les mots, si différents de ce à quoi Draco s'attendait, le gardèrent figé sur place un moment de plus, le moment dont son père avait besoin.
Lucius saisit le Portoloin.
Le manoir se dissout autour de lui, lui cachant la vue de l'élan de Draco et de la malédiction qu'il tenta de lancer, que Lucius était sûr d'avoir traversé sa forme en train de s'effacer et détruit le bureau devant lequel il se tenait. Il ressentit un léger regret. Il avait aimé ce bureau.
Il atterrit sur une lande désolée et jeta un regard résigné autour de lui. Finvarra Malfoy n'avait pas choisi la plus jolie des propriétés des Malfoy pour en faire la maison sûre. Bien sûr, si elle l'avait fait, tôt ou tard, un enfant aurait manigancé pour tuer son parent afin de pouvoir en hériter en toute sécurité.
Et la maison, bien que petite, garderait Lucius suffisamment confortablement, vivant et en sécurité derrière des protections que personne d'autre ne pourrait franchir, car personne d'autre ne faisait partie de la plus ancienne génération vivante des Malfoy.
Il se glissa dans la maison, et les protections se refermèrent autour de lui. Lucius enleva son manteau avec un soupir et une secousse d'épaules.
La maison était froide, mais un geste de sa baguette alluma le foyer. Il avait soif, mais quelques sorts lui firent apparaître un verre et une vieille bouteille de vin. Lucius l'avait réservée pour le jour où son fils atteindrait sa majorité. Il n'éprouva aucun scrupule à l'ouvrir maintenant, même s'il avait toujours imaginé la partager avec Draco dans un silence fier. Il avait vu que Draco était déjà un adulte, anniversaire ou non.
Il but, assis calmement devant le feu, et lança le sortilège d'Attraction pour appeler à lui un livre sur l'histoire des sirènes. C'était un sujet qu'il avait toujours voulu étudier, mais qu'il n'avait jamais eu le temps d'explorer auparavant.
Merlin, il aimait être un sorcier.
*Chapitre 109*: Les Derniers des Potter
Merci pour les commentaires sur le dernier chapitre !