Le blog de Serpentfou

Mes fictions et mes opinions dont tout le monde se fout

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Harry Dursley

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Resume

Fanfiction d'Harry Potter écrite en 2022

Et si après quelques années les Dursley s’était mis à aimer Harry et à le traiter comme leur propre fils, tout en continuant à considérer la magie comme une tare. Comment concilier sa nature et l’amour de ses parents adoptifs ? Très simple il suffit de rejeter la magie. Mais les sorciers le laisseront-ils faire ?

À l'origine, je voulais que ce soit une succession de petits chapitres très courts sur le modèle de : Une adolescence à St Brutus

Mais rapidement, j'ai abandonné cette idée et j'ai fait une fanfic plus classique. Il reste quand même quelques chapitres très courts (surtout dans le tome 1) qui témoignent de cette ambition originelle.

Recrutements

Toc toc Toc

Les coups frappés à la porte de son bureau firent sursauter Ombrage qui releva subitement la tête du dossier qu’elle était en train d’étudier. Ou plutôt qu’elle étudiait avant de s’endormir. Il était tard (plus de 22 heures) et la plupart de ses subalternes étaient rentrés chez eux depuis longtemps. Seules restaient les pauvres âmes à qui elle imposait de suivre son rythme de travail infernal.

Elle se demandait qui avait eu l’outrecuidance de la déranger à cette heure. Il avait intérêt à avoir une bonne raison ou elle ferait en sorte que son prochain bureau soit tellement minuscule que celui d’Arthur Weasley lui apparaisse comme le comble du luxe en comparaison.

— Entrez ! Cria-t-elle sèchement après s’être assuré d’être présentable.

Avec surprises, elle découvrit que l’opportun était la source de son excès d’heure supplémentaire. Avec ses vêtements hors de prix, ses cheveux blonds et ses manières excessivement sophistiquées, Lucius Malfoy pénétra dans son bureau.

— Très cher, je pense que vous vous êtes trompé. Le bureau de Fudge est à l’autre bout du couloir. Mais je doute que vous le trouviez à une heure aussi tardive.

Même aux heures de bureau, inutile d’espérer trouver Fudge au travail lorsque les rares journalistes indépendants qui exerçaient encore, n’étaient pas présents pour s’assurer de son assiduité. Ce qui ne l’empêchait pas de demander à ses services un surcroît de travail, alors qu’ils devaient déjà gérer l’organisation de cette gigantesque beuverie qu’était cette coupe du monde de Quidditch.

Tout cela parce qu’il était paniqué par le soudain ralliement au parti de Lucius de grandes familles de sang pur qui habituellement tenaient à rester neutre. Fudge était persuadé que quelque chose d’important se tramait. Au fil du temps Ombrage avait appris à respecter l’instinct politique de Fudge (c’était bien la seule chose qu’elle respectait chez cet homme). Mais elle ne voyait pas ce que cela avait d’exceptionnel ou d’inattendu. La peur qu’on les interroge sur leurs actions durant la dernière guerre n’allait pas indéfiniment les contraindre à la neutralité ou à un soutien du bout des lèvres à Dumbledore et à ses alliés progressistes.

Ombrage n’avait jamais compris pourquoi Dumbledore n’avait pas mis davantage d’eau dans son vin. S’il avait abandonné ses propositions les plus contraires aux intérêts et aux mœurs de la bonne société sorcière, il aurait facilement pu prendre le contrôle du pays. Il y aurait certes perdu le soutient de quelques hippies, mais cela aurait été plus que compensé par le ralliement définitif de gens bien plus respectables (et influents). Pour elle, le mouvement en cours n’était qu’une brusque accélération du retour aux fondamentaux de la société sorcière. Une preuve qu’elle et Fudge (surtout elle en réalité) avaient bien travaillé pour reconstruire leur monde après la guerre qui l’avait ravagé. Quant à la cause de cette brusque accélération, elle lui semblait évidente. Maintenant que le survivant avait rallié le camp de Lucius, les sorciers n’avaient plus peur d’être traités de mangemorts en le soutenant publiquement.

— Quel dommage. J’ai été plongé dans la confusion bien malgré moi en voyant l’activité frénétique qui règne en ces lieux. Quoi qu’il en soit, cette regrettable erreur m’offre l’occasion dont je rêvais depuis longtemps de m’entretenir avec vous. Cette fois, vous ne pourrez pas prétexter un rendez-vous ou le qu’en-dira-t-on pour y échapper. Seuls vos malchanceux serviteurs sont encore présents à cette heure et je doute qu’ils aillent lancer des rumeurs à votre sujet. Quoi que si vous continuez à vous montrer aussi exigeante vous risquez de subir de nombreux... désagréments.

Beaucoup d’employés du ministère murmuraient déjà dans son dos pensa Ombrage. Malgré les années, elle arrivait encore à être surprise de l’inventivité des surnoms que les jaloux inventaient pour dénoncer son soi-disant autoritarisme. Le travail et l’effort n’étaient guère populaires au sein du ministère.

Néanmoins Ombrage s’en moquait. Elle s’en amusait même. Elle n’avait aucun remord à se montrer sévère avec ses employés (ou avec ses administrés). Elles ne leur imposaient rien qu’elle ne s’imposait pas à elle-même et elle les avait dûment prévenues de ses exigences dès le début de la phase de recrutement. Malgré ses avertissements, ils avaient tous choisi librement de maintenir leurs candidatures et devaient maintenant assumer leurs choix. De toutes façons, elle s’assurait que tous les engagés étaient aussi dévoués qu’elle au service du ministère.

Quoi qu’en disent les critiques, c’étaient grâce à leurs sacrifices que le ministère pouvait perdurer et remplir de manière minimale les fonctions qui étaient les siennes. Sans eux, le désordre et la loi du plus fort régnerait. Aussi imparfait soit-il, le ministère était la seule chose qui protégeait les faibles des luttes entre les seigneurs blanc et noir ou du grand remplacement par des monstruosités au sang souillé. Ils étaient le seul rempart qui protégeait la civilisation sorcière. Mais une muraille pleine de trou.

Elle et ses collaborateurs avaient sué sang et eau pour colmater les brèches, mais l’incompétence, le clientélisme, la fainéantise, des idéologies politiques dangereuses et l’excès de bureaucratie des autres services ne cessaient d’ouvrir de nouvelles fissures qui, au fil des ans, devenaient des gouffres. Heureusement qu’il y avait encore quelques hauts fonctionnaires comme elle et Croupton pour tenir la boutique.

Elle n’osait imaginer le fiasco qu’aurait été cette coupe du monde si ses subalternes n’avaient pas mis de côté leur vie de famille durant les deux derniers mois. Et malgré tout ça, aux yeux de la société sorcière, ce seraient des gens comme Verpey qui tirerait tout le prestige de leur réussite. Aucun travail acharné ne remplacerait jamais un beau physique et une victoire dans un match de Quidditch. C’était une vérité cruelle que « le crapaud » (comme l’appelaient ses camarades de classe), avait apprise dans la douleur dès ses jeunes années à Poudlard.

Jamais personne ne remercierait Ombrage (ou les hommes et les femmes qui subissaient son impitoyable commandement) d’avoir renoncé aux joies de la vie de familles. Mais pour Ombrage, ce n’était pas un gros sacrifice. Après la mort de son premier mari elle s’était juré que ses chats seraient les seuls autorisés à rentrer dans sa demeure. Bien que très indépendante, ces merveilleuses bêtes étaient bien plus fidèles que n’importe quel homme.

Quant à ses subalternes, aussi longtemps qu’elle en aurait le pouvoir, elle ferait en sorte qu’ils soient récompensés de leurs efforts. Lorsque les ravages du temps ou l’envie d’avoir un enfant leur imposait de ralentir le rythme, elle veillait à ce qu’ils reçoivent une promotion vers un poste plus tranquille. C’est d’ailleurs pour profiter de sa générosité et monter plus vite dans la hiérarchie que beaucoup de jeunes hommes compétents candidatait chez elle (ou Croupton qui pratiquait la même politique).

Elle pensait jeune homme, car Ombrage devait bien reconnaître que les hystériques qui tentaient d’introduire le féminisme dans le monde sorcier avaient raison de dire que les femmes étaient quasi inexistantes de son service. Par contre elle les trouvait ridicules de l’accuser d’être un rouage de la domination masculine dans le ministère. Elle n’y pouvait rien si la plupart des sorcières choisissaient de se mettre en couple et de décharger leur mari des tâches ménagères. Ombrage assumait préférer un employé moins doué, mais 100 % dévoué à son travail. On ne pouvait pas à la fois être au four et au moulin. Si elles voulaient faire carrière, elles devaient faire des choix. Elle ne voyait pas ce qu’il y avait d’immoral ou de contraint dans le choix qu’elle leur proposait. Encore une fois, elle n’imposait rien qu’elle ne s’imposait pas d’abord à elle-même. Quant aux mœurs de ses collaborateurs et aux comportements regrettables que provoquait cet entre soi masculin (qui concourait également à faire fuir les collaboratrices les plus fragiles) elle en était désolée, mais ça ne la regardait pas. Tant qu’ils faisaient bien leur travail, elle n’avait pas à intervenir. Elle était leur supérieur, pas leur mère.

Elle chassa ses utopistes de ses pensées et se reconcentra sur Lucius Malfoy.

Au fil du temps, les jeunes pousses qui étaient passées sous sa direction avaient fait carrière et intégré - grâce à son soutien - des postes décisionnaires dans la plupart des ministères. Ainsi, au fil des ans, avait-elle gagné en influence et avait envisagé d’aller plus loin que de reboucher les fuites. Aussi joua-t-elle faussement l’ingénue en répondant :

— Moi ? Mais voyons, je ne suis qu’une modeste employée qui exécute les ordres que lui donne Mr le ministre de la magie. Aurais-je des préférences que le serment de neutralité et de loyauté au gouvernement, qui lie tous les hauts fonctionnaires, m’empêcherait de les assumer publiquement. Que pourrait apporter cette entrevue à un homme aussi influent que vous.

— Vous vous sous-estimez très chère. Chaque minute passée en compagnie d’un être aussi intègre et intelligent m’apporte bien plus que je ne pourrais l’espérer. Les gens comme vous sont une boussole au milieu de la déliquescence généralisée qui gangrène notre société. Or, je crains qu’une tempête ne s’annonce et j’ai besoin d’un cap pour planifier mes prochaines actions. Acceptez, je vous prie d’être le phare qui me guide jusqu’au rivage.

Merlin ! Elle était habituée à être flattée, mais si elle ne connaissait pas l’amour maladif que Lucius vouait à sa femme, elle jurerait qu’il cherchait bien plus qu’un entretien professionnel. Malgré toutes ses récriminations envers le mariage et ces idiotes qui s’abandonnaient à des contes de fée remplis de fausses promesses d’amour pour se retrouver à 30 ans avec 3 gosses et une totale dépendance envers un mari gras du bide qui ne leur porterait pas plus de considération qu’à un presse-purée, Ombrage mentirait si elle prétendait être indifférente aux flatteries de ce bel homme de haut lignage. Mais elle s’efforça d’effacer ses sentiments. Lucius n’avait rien des beaux jeunes hommes de 18 ans tout juste sortit de Poudlard avec qui elle s’autorisait occasionnellement à badiner, en leur faisant miroiter des promotions indues (avant de les reléguer au fin fond des arcanes du ministère pour leur apprendre à avoir un minimum de respect d’eux-mêmes et des valeurs d’intégrité qu’elle défendait)

— Je me vois contrainte à une désagréable mise au point. Dans la mesure du possible, c’est avec plaisir que je répondrai à vos interrogations sur le portefeuille ministériel que je dirige. Mais n’en attendez pas plus de ma part. N'y voyez rien de personnel, je dois juste suivre mon devoir de réserve.

— Voyons, vous n’êtes pas que la sous-secrétaire du ministre. À cette heure, vous redevenez une simple citoyenne et à ce titre vous êtes soumis à d’autres devoirs. Comme celui de vous opposer à certaines dérives. Avez-vous entendu parler du procès que m’intente Fudge ? On croirait rêver. Ce sont les victimes qui se retrouvent sur le banc des accusés.

— Au risque de vous vexer, je dois vous signaler que vos informations sont erronées. Ce sont les tuteurs légitimes de monsieur Potter qui vous assigne en justice. Mr le ministre ne fait que s’assurer du respect de nos lois et de nos valeurs en permettant que le procès puisse avoir lieu dans les plus brefs délais et les meilleures conditions. Nous ne voudrions pas laisser perdurer plus longtemps que nécessaire, une situation au risquant de porter préjudice au bien-être psychologique du survivant. Je sais que vous avez ses intérêts au cœur et ne pensiez qu’à son bien-être en agissant comme vous l’avez fait. Vous n’avez donc rien à craindre des démarches en cours. Répondit Ombrage de sa voix de petite fille la plus innocente (et volontairement agaçante).

— Vraiment ? Dans ce cas, vous m’en voyez rassuré. J’aurais juré que Fudge tentait de profiter de la situation pour mener une cabale politique contre moi. Oh, je suis habitué à de telles choses, mais je m’inquiétais pour les conséquences que cela aurait sur le survivant. Grâce à lui, j’ai été libéré de l’impero du seigneur des ténèbres. Sans compter que certains de ses parents étaient des membres éminents de la société sorcière (Ombrage nota qu’il insista sur le mot : certains). Mais en y réfléchissant, c’est vrai que cela aurait été stupide de sa part. La vérité aurait fini par éclater au grand jour tôt ou tard. Lui et son administration aurait alors eu à subir les foudres du grand public pour avoir œuvré à l’encontre des intérêts du survivant. À votre avis, une fois la révélation effectuée, combien de temps aurait-il pu garder son poste ? Et combien de temps avant que ceux qui l’ont aidé ne subissent le même sort ?

Il était bien trop direct pensa Ombrage. Ça ne ressemblait pas à Lucius de prendre le risque de s’exposer autant. Elle commençait à se dire que Fudge avait raison et qu’il se passait effectivement quelque chose de grave. Raison de plus pour rester neutre tant qu’elle n’en saurait pas plus.

Les scandales et les administrations passaient, mais Ombrage restait et étendait petit à petit son influence. Et elle n’avait pas obtenu ce résultat en paniquant et en se ralliant à la dernière tendance du moment. Au contraire, même au cœur des pires tempêtes elle avait toujours maintenu le cap et était resté neutre en se contentant d’appliquer les ordres avec zèle.

Quitte à encaisser de sévères humiliations lorsqu’un changement survenait. C’était ce qui s’était passé lorsque Fudge avait pris le pas sur Croupton. Fudge, comme les autres avant lui, avaient tenté de la remplacer par des hommes à ses bottes ou en accord avec ses idées. Mais ils finissaient tous par se rendre compte qu’ils risquaient bien moins la trahison en se reposant sur des gens comme elle. Sans compter que sans ses compétences et ses contacts, il était bien dur de faire aboutir le moindre petit projet dans ce monstre bureaucratique corrompu et incompétent qu’était le ministère. En général, lorsqu’il se rendait compte que le responsable du Service des détournements de l'artisanat moldu ne savait pas ce qu’était l’électricité alors qu’il y avait plein de nés-moldu au chômage qui ne demandait qu’à prendre sa place, ils perdaient toutes leurs illusions et la rappelaient illico-presto à son poste.

— Malheureusement je n’ai jamais eu aucun goût pour la littérature. Mes compétences s’arrêtent au fonctionnement réel du ministère et encore une fois mes attributions se limitent à exécuter fidèlement les ordres du ministre. L’heure tardive n'y changera rien. Mais soyez assuré que si la situation changeait, je saurais m’adapter. Veuillez me laisser maintenant. Ce n’est pas que je veuille vous chasser de mon bureau, mais comme vous l’avez souligné il est tard et il est temps pour moi de prendre un repos bien mérité.

— Dans ce cas, je ne vais pas vous retenir plus longtemps. Avant que je ne parte, je vous conseillerai de jeter un coup d’œil au dossier du plaignant qui agit au nom des Dursley. Un certain Lupin. Je suis certain que vous trouverez cette lecture très instructive.

Sur ces dernières paroles énigmatiques, il s’en alla. Ce comportement de la part de Lucius laissa Ombrage perplexe. Elle décida que Mistigris ne s’offusquerait pas si elle restait quelques minutes de plus au bureau. Encore une fois, les chats étaient bien plus agréables à vivre que les hommes.

oOoOoOoOo

Toc, toc, toc

— Maman, il y a quelqu’un qui frappe à la porte, Hurla Ginny tout en continuant à éplucher les patates dans la cuisine

— Je sais, j’ai entendu. Oh, tu as bien travaillé, que dirais-tu d’aller te reposer dans ta chambre ma chérie. Dit Molly d’un ton qui ne souffrait d’aucune réplique.

Ginny regarda avec incompréhension le sac de patate à peine entamé que lui avait refilé sa mère après qu’elle se soit plainte d’être enfermé sans rien avoir à faire. Puis elle comprit que, quelle que soit l’identité de leur mystérieux visiteur, sa mère ne voulait pas qu’elle soit en contact avec lui. D’habitude, elle aurait fait un scandale. Cela faisait un an qu’elle devait subir l’attitude inquiète de ses parents. Au début, elle avait été compréhensible. En fait après l’année horrible qu’elle venait de vivre, elle avait même apprécié d’être chouchoutée.

Pendant un temps très limité. En fait se remettre de sa séparation définitive avec Harry avait été plus difficile que de se remettre de la possession de Tom Jedusor. Ginny était sûr que Dumbledore aurait un mot très spirituel à base de pouvoir de l’amour sur ce sujet. En revanche, elle n’osait pas imaginer ce que ses frères en diraient (surtout Fred et George). En-tout-cas, elle s’était vite lassée et avait l’impression de bouillir sous leurs sollicitations. Son père avait essayé de la défendre, mais ces quelques heures, où sa mère avait cru devoir enterrer un autre enfant, l’avaient traumatisé. Et petit à petit, elle était devenue une prisonnière dans sa propre maison. Seules les escapades que les jumeaux lui offraient en cachette l’empêchaient d’exploser (mais pas de se disputer quotidiennement avec sa mère).

Elle monta et referma sa porte. Puis se dépêcha de sortir de son tiroir un exemplaire de la nouvelle invention des jumeaux. Ou plutôt d’un prototype qu’ils avaient partagé avec elle. Ils partageaient beaucoup plus de choses qu’avant (normal étant donné que leurs parents avaient énormément restreint leurs échanges avec le monde extérieur). Ginny déroula le long fil couleur chair des oreilles à rallonge et pria pour qu’elles n’explosent pas ce coup-ci. Les jumeaux avaient énormément de mal à faire des choses qui n’explosent pas en faisant des bruits rigolos. S’ils ne trouvaient pas les fonds pour lancer leur projet de magasin de farces et attrape, ils pourraient sans problème se reconvertir dans la pyrotechnie.

— Minerva. Vous savez que j’apprécie vos visites, mais si c’est encore pour…

Ginny entendit le bruit d’une porte qui s’ouvre puis un grand silence suivit d’un cri de colère : ALBUS

— Je comprends que vous ne vouliez plus me voir Molly et soyez assuré que j’aurais été plus qu’heureux de respecter votre souhait, mais les circonstances...

— Les circonstances n’ont pas changé, Albus. À moins que vous soyez venu vous excuser de ce que vous avez fait.

— Je me suis déjà excusé Molly, je ...

— De vraies excuses. Pas des condoléances suivit d’un déni de votre rôle dans la mort de Ron. Et pour vous, c’est madame Weasley.

— Vous avez raison. Je savais qu’en cachant la pierre à Poudlard, je faisais courir un risque aux élèves. Mais je vous jure que toutes les précautions avaient été prises. Si j’avais eu le moindre soupçon sur le fait que Voldemort...

— Ne prononcez pas ce nom.

— Ce n’est qu’un nom Mol... Madame Weasley. Et il va falloir vous y habituer. Il est de retour maintenant.

— Et alors ? J’ai déjà donné mes deux frères. Qu’est-ce que vous voulez me prendre de plus ? Albus, je vous en prie. Laissez mes enfants en dehors de tout ça. Ils sont tout ce qu’il me reste, aujourd’hui.

Albus n’avait qu’une seule envie : refermer la porte et laisser ce qu’il restait du clan Weasley vivre en paix. Mais sur le long terme cela ne rendrait service à personne.

— Croyez-moi, je sais que je n’ai aucun droit de vous en demander plus, mais je vous assure qu’elle ne risquera rien.

— Vraiment ? Depuis quand la politique est-elle un endroit sans danger ? Pourquoi croyez-vous que je tolère qu’Arthur gâche son talent dans ses lubies ridicules ?

— Parce que même une charge d’hippogriffe ne le convaincrait pas d’abandonner ses bricolages d’objets moldu. Et que même si vous ne pouvez pas l’admettre, vous aimez cette partie de sa personne. Vous êtes trop entière pour épouser un homme sans en apprécier chaque aspect.

— Les flatteries ne vous mèneront nulle part avec moi. Répondit Molly sur un air courroucé (même si elle s’était mise à rougir).

— Je n’essayais pas de vous flatter. Mais un conseil de la part d’un expert en manipulation. N’essayez jamais de prétendre ne pas être touché. Il n’y a rien de plus dangereux qu’une faiblesse que l’on cache. Montrez là au grand jour. C’est le seul moyen de l’endurcir suffisamment pour qu’elle se transforme en force.

— Je crois que je préférais lorsque vous essayiez de me baratiner avec de beaux discours sur l’amour et le courage.

— Puisque cela n’a pas marché les fois précédentes, il faut bien que j’essaye autre chose. Plaisanta Dumbledore avec un sourire que ne lui rendit pas la matriarche des Weasley.

— Albus, je ne sais pas ce que vous essayez de faire, mais ça ne fonctionnera pas. Quoi que vous disiez Ginny, ne viendra pas témoigner.

— Et elle qu’en pense-t-elle ? Demanda Dumbledore d’une voix innocente.

— Elle n’est pas au courant. Elle est trop jeune pour décider.

— Je dirais plus tôt que vous savez quel choix elle fera. Harry Potter lui...

— Je sais, il lui a sauvé la vie. Vous me l’avez suffisamment répété. Et croyez bien que je sacrifierai ma vie sans hésiter pour lui venir en aide. Mais jusqu’à présent vous n’avez pas apporté la moindre preuve de ce que vous affirmez. Et excusez-moi de ne pas réussir à vous croire aveuglément. Pas sur un sujet comme celui-là.

— Avez-vous besoin de preuve, pour douter que laisser la garde d’Harry à Lucius Malfoy soit une bonne idée.

— Je croyais que c’était une bonne idée de vous laisser celle de Ron. Depuis, je ne sais plus que croire.

— Molly. Dit Dumbledore avec hésitation en tendant sa main vers elle.

— Ne me touchez pas ! Oui, je sais que vous avez raison. Mais vous en demandez beaucoup trop. Ce n’est qu’une enfant. Vous imaginez les retombés que ça aura sur sa vie ? Tout le monde saura que c’est elle qui a tué ces deux pauvres enfants.

— Elle était possédée. Plaida Dumbledore.

— Vous croyez que les gens s’arrêteront à ce genre de détail avant de la condamner ? D’ailleurs, vous le savez tout aussi bien que moi. Sinon comment expliquez-vous votre silence ? Pourquoi ma fille devrait-elle faire montre de plus de courage que le grand Albus Dumbledore ?

— Croyez-moi lorsque je dis que le courage n’est pas ma plus grande qualité. Cependant, vous savez bien que ce n’est pas un manque de bravoure qui me retient de clamer haut et fort le retour du seigneur des ténèbres. Je vous mentirais si je prétendais que c’est sans risque pour votre fille. Mais croyez-vous qu’elle sera plus en sécurité si on laisse le champ libre au seigneur des ténèbres ? Il faut le stopper tant qu’il en est encore temps. Et tout faire pour libérer Harry de son emprise.

Ginny sursauta tellement fort en comprenant qu’Harry était possédé par Tom, qu’elle lâcha, les oreilles à rallonge. Il était un peu exagéré de dire qu’elle s’était remise de sa possession. Personne n’était capable de se remettre d’une telle chose. Même aujourd’hui, quand elle y repensait, elle se sentait sale. Et coupable d’avoir été assez stupide pour écrire chaque jour dans ce journal sans se poser de question. Puis de n’avoir rien dit lorsqu’elle avait commencé à avoir des doutes. Elle ne souhaitait à personne de vivre cela. Et certainement pas à Harry. Avec une forte envie de pleurer, elle tenta de remettre les oreilles à rallonge en place. Mais elle n’entendit plus rien. Elle maudit la camelote des jumeaux (et sa propre maladresse).

Ce soir-là lors du repas elle demanda innocemment qui était venu cette après-midi. Sa mère lui répondit sur un ton agressif que ce n’était personne et lorsqu’elle insista son père lui ordonna de monter dans sa chambre.

Ce soir-là en s’endormant elle se jura de prouver à sa mère qu’elle n’était plus une enfant et qu’elle pouvait faire ses propres choix. Ne restait plus qu’à savoir comment. La première étape semblait d’aller voir Dumbledore et de lui demander ce qu’il attendait d’elle. Elle doutait de pouvoir faire la différence, mais le vieil homme semblait en être persuadé.

Seulement, elle était tellement surveillée. Elle savait que la seule raison pour laquelle les jumeaux avaient pu la faire sortir était qu’ils avaient la bénédiction de leur père. Comment expliquer sinon qu’il fasse semblant de ne pas remarquer la grosse rayure qu’elle avait infligée à sa voiture volante, lorsque Fred avait fini par l’autoriser à conduire. Mais cette fois elle se doutait que leur père n’éprouverait pas leur expédition et mettrait tout en œuvre pour leur barrer la route. Elle était coincée et ne savait pas à qui demander de l’aide.

Avec un sourire triste, elle s’endormit en se disant qu’avant elle aurait demandé à Harry Potter.

oOoOoOoOo

Note de l’auteur : Je rappelle qu’Ombrage est la méchante. Je ne cautionne pas les idées qu’elle tient. Si je lui fais dire toutes ses conneries c’est pour l’humaniser en montrant que de son point de vue, ce qu’elle fait est bien.

À part Voldemort, mes personnages ne sont pas des psychopathes qui font le mal pour faire le mal, mais des humains normaux qui ont besoin de se raconter des petites histoires à base de libre-arbitre et de grand principes moraux pour justifier leurs actes quotidiens et préserver leur ego malmené par leur insignifiance et leur impuissance. On le fait tous que l’on soit président, chômeur en fin de droits, marchand d’arme ou bénévole au resto du cœur. Même les Nazis étaient persuadés que ce qu’ils faisaient été juste.

Note de la correctrice : Je suis parfaitement d’accord avec serpentfou, on a toujours tendance à justifier nos actes, peu importe nos origines, et on ne les justifie pas forcément pour les autres. J’ai une sainte horreur du personnage d’Ombrage, et s’il y en a bien une que je brûlerai sur un bucher, c’est elle. Mais la manière dont ça a été présenté ici la rend humaine. Ni bonne ni mauvaise, juste humaine. Comme disait Méryl Streep dans Into the Woods, « You’re not good, you’re not bad, You’re just nice ! »