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Les souvenirs de Dudley et Rogue (traduction)

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Resume

Traduction des histoires : de paganaidd , réunit en une seule grande histoire pour en faciliter la lecture.

Minerva a besoin d'aide pour livrer une autre lettre au numéro 4 de Privet Drive. À quarante ans, Dudley n'est pas du tout ce à quoi Harry s'attend. Une conversation longtemps attendue s'ensuit. Conforme au canon de DH, mais probablement pas comme vous le pensez.

*Chapitre 13*: Le Tombeau Blanc et le Noir

L'apparition de Potter les amena directement à la limite de Poudlard. L'homme reposa Tim sur ses pieds et ils marchèrent à travers la grande porte ouverte. Au lieu de suivre le chemin soigneusement dégagé jusqu'au château, Potter les guida sur la droite, vers le lac gelé.

Severus réalisa avec un frisson de terreur où ils devaient se diriger.

Il n'avait pas pu aller aux funérailles d'Albus, bien sûr. Pas qu'il en ait particulièrement envie ; rien n'aurait pu atténuer le chagrin de Severus face à la perte (suicide ? euthanasie ?) de son ami et mentor. Lorsque le Ministère avait été pris et que les charges pour avoir tué Dumbledore s'étaient évaporées, il aurait pu aller au tombeau pour rendre hommage. En toute probabilité, personne ne l'aurait remis en question. Ceux qui croyaient à la propagande ridicule de la Gazette n'y auraient vu aucun mal ; le Seigneur des Ténèbres lui-même aurait supposé qu'il était là simplement pour se vanter, mais Severus n'avait jamais saisi l'occasion.

Quand il avait été nommé directeur de Poudlard, Severus avait réussi à éviter même de regarder le tombeau d'Albus. Ce n'était pas visible depuis les fenêtres du directeur, heureusement ; il aurait dû faire un détour pour le voir. Ce qu'il n'a jamais fait. Pour être honnête, il avait développé une sorte d'horreur pour cet endroit.

Assez mauvais que le maudit portrait d'Albus soit suspendu dans le bureau, enchanté pour continuer à lui donner les instructions et conseils d'Albus. Severus envisageait de le brûler deux fois par jour.

Maintenant, Potter semblait déterminé à les emmener à cet endroit maudit. S'il avait pu, il aurait planté ses talons dans le sol, refusé d'aller plus loin, s'abandonnant à une crise de colère enfantine. À sa consternation, bien que Tim ressente indéniablement sa peur et son dégoût de cet endroit, l'enfant avait verrouillé son propre contrôle de son corps et de leur magie. Il voulait aller là où son père l'emmenait.

La question de ce qu'était et où se trouvait Severus semblait enfin réglée—comme il l'avait soupçonné, il était damné et c'était l'Enfer.

Naturellement, son Enfer était équipé d'un Harry Potter maudit vivant son conte de fées juste devant lui. Comment ses entrailles pouvaient-elles donner l'impression de se désintégrer alors qu'en vérité, Severus n'avait pas d'entrailles à lui restait un mystère. Même le soulagement de s'effondrer et de pleurer lui était refusé.

Tim prit une longue inspiration et renifla.

L'homme à côté de lui le regarda brusquement. "Ça va ?" demanda-t-il doucement.

Le garçon hocha la tête. Il tendit la main et prit celle de Potter. Le contact calma le corps qu'ils partageaient, bien que cela ne fit rien pour l'angoisse mentale de Severus.

Ils suivaient un chemin tranquille à travers la neige. Il avait cessé de neiger et les nuages du matin laissaient place à un mince soleil d'hiver de midi. Il faisait plus froid ici aussi.

Potter sortit sa baguette et, avec de petits coups répétés, dégagea la neige devant eux pour qu'ils n'aient pas à tracer un chemin jusqu'au lac. Il augmenta aussi la température du sortilège de réchauffement qu'ils utilisaient, juste d'un cran.

D'une certaine manière, Severus fut de nouveau surpris par la compétence tranquille de Potter. Le Potter dont il se souvenait ne pouvait pas gérer les sorts non verbaux et ne se souciait pas de veiller au confort des autres. Ses sortilèges de réchauffement et de déblayage de la neige étaient dans le style de Lily—ils n'étaient ni tape-à-l'œil ni impressionnants, mais bien faits, apparemment sans effort ni tracas. Severus pouvait sentir le contrôle strict que l'homme avait sur le sortilège de réchauffement, augmentant la chaleur d'un ou deux degrés seulement. La neige était dégagée proprement, laissant une surface confortable pour marcher. Ces sortes de sorts étaient en fait assez complexes et difficiles à apprendre si l'on n'avait pas la patience. Severus aurait pensé que, surtout puisque Potter était un Auror, il aurait tendance à se concentrer sur de grandes magies impressionnantes, pas sur les petits sorts domestiques qui étaient généralement la spécialité des sorcières de maison, des guérisseurs et des potionnistes.

Potter fredonnait une petite chanson étrange à voix basse, une berceuse d'enfant, pensait Severus. Cela semblait être quelque chose qu'il faisait sans s'en rendre compte. Tim apparemment connaissait la chanson, car il reprit la mélodie, la fredonnant pour lui-même aussi. Une autre chose que Tim et leur corps trouvaient apaisante.

Severus fut stoppé net par la pensée. Ce n'était pas "leur corps" ; c'était le corps du garçon, et il n'était qu'un passager. Il frissonna mentalement, se rappelant du Seigneur des Ténèbres et de la chose qu'avait été Quirrell. Severus finirait-il par émerger à l'arrière de la tête de l'enfant ? Un autre frisson.

Le frisson parcourut le corps de Tim. Potter posa de nouveau une main sur l'épaule du garçon.

"Nous y voilà," dit Potter doucement.

Devant eux, deux tombes massives émergeaient de la neige. L'une était celle d'Albus, faite du marbre le plus pur ; à environ six mètres se trouvait une tombe en marbre noir qui lui correspondait. Severus se demanda qui avait été le héros tombé. Shacklebolt peut-être ? Pendant la Guerre, Shacklebolt dirigeait une résistance assez importante et étonnamment (étonnant les Mangemorts, en tout cas) compétente.

La haute et large silhouette de Hagrid déblayait la neige profonde entre les tombes, révélant un grand obélisque gris.

"Salut, Hagrid," appela joyeusement Potter.

Le géant se retourna, le visage illuminé de sourires. "Harry ! Je n'pensais pas te voir avant la veille de Noël." Le regard de l'homme se posa sur le garçon. "Salut, Tim." Hagrid n'avait pas changé, autant que Severus pouvait le dire. Peut-être ses cheveux bruns étaient-ils parsemés de quelques touches argentées, peut-être les rides de son sourire étaient-elles un peu plus profondes.

Potter sourit aimablement, haussa les épaules. "Je suis juste venu rendre hommage un peu plus tôt."

Tim acquiesça avec sérieux. "Nous sommes allés sur la tombe de ma mère et de ma grand-mère pour déposer des fleurs."

Le sourire de Hagrid devint triste et compatissant. "Ouais, la saison te fait manquer les gens." Il tendit la main et tapota Harry sur l'épaule. "Bon, j'vais vous laisser seuls, hein." Sa voix était douce et bienveillante. "Si tu passes pour une tasse de thé, je mettrai la bouilloire." Le demi-géant parlait comme si cela faisait partie du rituel de Potter. En toute probabilité, c'était le cas—Hagrid avait toujours été une source inépuisable de soutien pour ceux qui en avaient besoin. Il avait tendance à traiter les blessés émotionnels avec le même soin qu'il donnait à ses monstres de compagnie : sans jamais se soucier de leur humeur grincheuse, amère ou en colère.

Hagrid était un autre qui semblait avoir observé Severus de près pendant son mandat de directeur.

"Merci, mais je pense qu'après cela, nous devons rentrer à la maison." Potter jeta un coup d'œil au garçon. "Tim n'est sorti du lit que depuis quelques jours."

Hagrid hocha la tête. "J'ai entendu dire que tu as empêché le laboratoire de potions d'exploser," dit-il à l'enfant avec un sourire fier.

Tim haussa les épaules. "Je ne me souviens pas."

Le grand homme tapota Tim beaucoup plus doucement qu'il n'avait tapoté l'épaule de Potter. "Eh bien, c'est ce qui arrive quand tu te fais secouer les méninges." Il sourit, un peu malicieusement. "Demande à ton père de te raconter quelques-unes de ses histoires. Il s'est fait secouer les méninges plus d'une fois."

Potter rougit un peu et jeta à Hagrid un regard légèrement réprobateur. "Ne lui donne pas d'idées ; il en aura déjà assez des siennes."

Hagrid rit simplement, "Pour les autres, je te l'accorde. Ils tiennent des Weasley. Celui-ci... il te ressemble beaucoup plus." Hagrid s'arrêta, pensif, "Sauf qu'il n'a pas été pris dehors à toutes les heures en duel ou à courir après des trolls." Il fit un clin d'œil à Harry et, leur faisant un signe de la main, le demi-géant se retourna et se dirigea vers sa maison.

Severus ne comprenait pas comment ce garçon calme et studieux pouvait être en quelque sorte comparé à Potter.

Apparemment, le garçon se posait la même question. Severus pouvait sentir son visage se contracter en une expression de perplexité. "Comment puis-je être comme toi ?" demanda Tim doucement, puis il parla plus fort. "Je ne suis pas vraiment..." Il laissa sa phrase en suspens et Severus entendit la fin de la pensée : Je ne suis pas vraiment ton fils.

Potter semblait avoir entendu la pensée également ; peut-être que c'était un sujet déjà bien connu. Il baissa les yeux vers Tim, et un petit sourire se dessinait au coin des lèvres de l'homme. Il s'agenouilla juste devant Tim pour qu'ils soient face à face. "Timothy Rhys Dawson Potter," dit l'homme doucement, prenant les mains de l'enfant, "tu es mon fils et peu importe comment tu es devenu tel. Qui tu aimes et qui t'aime sont de loin plus importants que le sang que tu as."

Potter portait toujours son cœur sur la main ; les yeux de l'homme étaient remplis de fierté et de tendresse. Le père de Severus ne l'avait certainement jamais regardé ainsi. Eileen avait aimé son fils, mais elle n'avait jamais levé la main ni la baguette pour le protéger de la méchante humeur de Tobias. Elle-même était si accablée que Severus avait souvent dû prendre soin d'elle.

Les seuls yeux dans lesquels Severus avait vu cette chaleur étaient ceux de Lily, jusqu'à ce qu'il gâche tout.

"Ils ont dit qu'un vrai Potter n'aurait pas été envoyé à Serpentard," chuchota Tim. Cela le préoccupait beaucoup, l'inquiétant plus qu'une identité étrangère qui résonnait dans le fond de son esprit.

Potter sourit de manière déséquilibrée. "Eh bien, clairement, ils ne savent pas de quoi ils parlent. Le Choixpeau a vraiment voulu me mettre à Serpentard."

"Pas possible," s'exclama Tim, étonné. Severus se demanda si l'homme inventait des choses pour rassurer l'enfant.

"Oui, j'ai dû le convaincre de ne pas le faire. Je lui ai dit qu'il pouvait me mettre n'importe où ailleurs." Le sourire de Potter était sincère. "Tu vois, la seule chose que je savais de Serpentard, c'était que Voldemort y avait été. Ça, et j'ai rencontré quelqu'un dans le train qui était sûr qu'il serait envoyé à Serpentard et je ne l'aimais pas beaucoup. D'un autre côté, je venais de rencontrer ton oncle Ron et toute sa famille était à Gryffondor."

"Oh."

L'homme sourit à nouveau, d'un sourire étrangement empreint de regret. "Il m'a dit que je pouvais être grand, et que Serpentard pouvait m'y aider. Je n'ai pas écouté et il m'a mis à Gryffondor. À l'époque, j'étais juste soulagé de ne pas être dans la maison de Snape. Je me demande souvent ce qui se serait passé. Je suis sûr que cela aurait été un désastre, mais peut-être que les choses auraient été différentes." Il haussa les épaules, se leva et regarda vers le tombeau noir. "Les gens sont compliqués."

Severus était d'accord.

L'attention du garçon fut attirée par la pierre grise plate qui était placée entre les tombes. "Qu'est-ce que c'est ?" demanda-t-il.

Severus ne pouvait qu'assumer que les étudiants ne venaient pas souvent ici, puisque Tim ne semblait rien savoir de l'endroit.

La pierre était un obélisque aplati d'environ deux fois la hauteur de Potter et était inscrite d'une liste de noms. Ils semblaient ne suivre aucun ordre particulier que Severus pouvait discerner, bien qu'il les connaisse tous. Beaucoup d'entre eux étaient des élèves de sixième et septième année lorsque Severus était directeur, d'autres étaient membres de l'Ordre du Phénix.

Potter s'approcha de la pierre et passa ses mains sur les noms Remus Lupin et Nymphadora Tonks-Lupin. "Ce sont les personnes qui sont mortes pendant la bataille de Poudlard," dit Potter doucement.

Tim vint se tenir près de Potter, fixant les noms. Severus estima qu'il y en avait cinquante ou soixante. Le prochain nom sur lequel la main de Potter s'attarda fut Fred Weasley.

Les noms firent frissonner Severus, un frisson que le corps de l'enfant répercuta.

Potter se secoua, comme pour se détacher de souvenirs troublants. "Mais ce n'est pas ce que je t'ai amené à voir." Il se détourna de la pierre vers le tombeau noir.

Inscrit sur une plaque sur le côté du tombeau, il y avait :

Severus Tobias Rogue

Janvier 1959 - Mai 1998

"Tout ce qui est or ne brille pas"

"Je connais ce poème !" dit Tim, excité.

Potter acquiesça, ce petit sourire triste de nouveau sur son visage. "Oui, ta tante Hermione l'a suggéré. Ça correspondait." La baguette de Potter sortit à nouveau (Severus n'avait pas réalisé qu'il l'avait rangée). Quelques mouvements et Potter avait conjuré un bouquet de lys rouges et jaunes qu'il posa sur une petite corniche sur le côté du tombeau. Leur couleur vive contrastait vivement avec la pierre noire et la neige blanche. "Il était probablement la personne la plus compliquée que j'ai jamais rencontrée."

Severus était plus que simplement étonné ; il se sentait ébranlé jusqu'à ses fondations.

Potter continua, "Après la Guerre, nous l'avons enterré à côté de Dumbledore parce qu'il avait fait tant pour nous tous. La moitié des choses qu'il a faites, nous ne les saurons jamais."

Tim chercha dans la poche de sa veste sa baguette. "Maman m'a dit qu'il l'avait sauvée de quelque chose d'horrible."

Potter acquiesça, son visage s'assombrissant. "Il a sauvé plus que juste elle, je pense. Et il a fait la potion de guérison pour le sortilège de Doloris. Je lui dois beaucoup." L'homme passa son bras autour de son fils à nouveau.

"La façon dont les gens parlent de lui... on dirait qu'il n'était pas très gentil."

"Le bien n'est pas forcément gentil," répondit Potter. "C'est comme Mary... elle a fait de son mieux, mais elle était..." L'homme chercha ses mots.

"Une droguée," dit l'enfant platement. Severus grimaça, des scènes désagréables des cauchemars du garçon lui venant à l'esprit.

Après une pause, Potter soupira. "Oui. Et Rogue était... eh bien, il était beaucoup de choses. La plupart d'entre elles désagréables. Mais à la fin, toute sa vie a été définie par ceux qu'il aimait. Voldemort est tombé à cause de Rogue. Sans lui... eh bien... aucun de nous ne serait ici, je pense."

"Je ne serais pas guéri si ce n'était pas pour lui, n'est-ce pas ?" demanda doucement le garçon.

Potter secoua la tête, lentement. "Je ne pense pas que quelqu'un d'autre que lui aurait pu inventer cette potion. Demande à Neville comment Rogue volait les mouchoirs des gens. On pense qu'il l'a donné à la moitié de l'école, à la fin."

Potter parlait de la potion des Larmes. Severus avait effectivement volé des mouchoirs aux gens pour leurs larmes de chagrin. Merlin savait qu'il y en avait assez.

"Allez, il faut qu'on y aille. Ta mère nous a dit de ne pas être en retard," dit finalement Potter.

Potter agita sa baguette pour faire apparaître des fleurs assorties à celles sur la tombe noire, qu'il déposa sur la tombe d'Albus. Il était silencieux, bien que Severus ait été certain que Potter allait divertir l'enfant avec des histoires sur Albus Dumbledore ; au lieu de cela, ils marchèrent tranquillement sur le chemin qu'ils avaient emprunté.

A/N

La citation sur la tombe provient de ce poème :

Tout ce qui est or ne brille pas,

Tous ceux qui errent ne sont pas perdus ;

Ce qui est vieux et fort ne se flétrit pas,

Les racines profondes ne sont pas atteintes par le gel.

Des cendres, un feu sera réveillé,

Une lumière des ombres surgiront ;

Renouvelée sera la lame qui était brisée,

Celui sans couronne redeviendra roi.

JRR Tolkien, Le Seigneur des Anneaux