Le plancton le plus humain de l univers

Resume
Fanfiction d'animorph écrite en 2023
Ceci est le premier jet de « My name is Thevenin ».
En gros, c’est un brouillon que j’ai écrit en deux semaines après avoir lu quelques fics d’animorph girl que j’ai trouvé génial, au point de vouloir absolument en faire ma version.
Après avoir écrit ce brouillon, j’ai relu les livres originaux et j’ai modifié ce brouillon pendant 3-4 mois jusqu’à aboutir à une histoire totalement différente qui est devenue « My name is Thevenin ».
Je le publie car au fil des réécritures, le premier jet et le produit final n’ont rien à voir.
Rencontre
Fracassé. C’est le mot qui décrivait le mieux l’état de mon nouvel hôte.
Quand on m’avait annoncé que j’allais quitter mon hôte Hork-Bajir pour un humain, j’en avais été tout excité. J’allais enfin pouvoir voir autre chose que cette grotte et entendre autre chose que les hurlements des humains enfermés dans les cages mêlées de ceux de mon propre hôte.
Je ne l’avais avoué à personne, mais je n’en pouvais plus d’entendre en permanence durant la journée les cris de douleur de mon hôte. Puis de voir ses cauchemars durant la nuit. Même durant la nuit, un Yeerk ne peut pas se déconnecter de son hôte et ne plus voir ses pensées. Et le risque d’être accusé de sympathie et exécuté sans procès par visser-3 était trop grand pour que je puisse soulager ma conscience auprès des autres Yeerk. Pire pour justifier que la résistance de mon hôte ne soit toujours pas brisée, je n’avais rien trouvé de mieux que de dire que j’appréciais de l’entendre crier. Résultat, j’avais maintenant la réputation d’être un Yeerk sadique. Pourtant, c’était tout le contraire. J’essayais d’être aussi bienveillant que possible avec mon Hork-Bajir. Mais quoi que je dise ou fasse, il continuait de crier pour réclamer sa liberté. J’en avais conclu que les Hork-Bajir étaient une espèce trop stupide pour qu’il soit possible de négocier avec eux. Mon hôte était tout simplement incapable de comprendre la situation et d’accepter ma présence. La seule chose qui avait fonctionné, c’était de le torturer, mais j’avais ressenti tellement de culpabilité que j’avais presque été soulagé de l’entendre de nouveau crier et que je n’avais plus jamais recommencé.
Il devait y avoir quelque chose d’anormal chez moi. Normalement discipliner son hôte était quelque chose de naturel et il n’y avait pas de raison d’en éprouver de la culpabilité. Certains de mes anciens professeurs disait même qu’une séance de discipline par semaine était bénéfique pour l’hôte et qu’il ne fallait pas hésiter à lui en appliquer une même s’il s’était montré obéissant. Mais moi, je n’y arrivais pas.
Avec ce nouvel hôte, j’espérais que tout allait changer. Avec ma réputation, on allait sûrement m’affecter un hôte involontaire (et même très involontaire). Mais on m’avait dit que les humains étaient beaucoup plus intelligents que les Hork-Bajir. Si c’était vrai alors il y avait peut-être une chance de le raisonner et de le convaincre de coopérer. J’étais prêt à tout pour ça. J’avais décidé de tout faire pour faire plaisir à mon futur hôte et obtenir sa coopération. Même si ça me mettait en danger d’être accusé de sympathie (mais pas trop quand même).
C’est donc avec enthousiasme qu’une fois le jour J venu, je rentrai par l’oreille de Tom et me connectai à son cerveau afin de prendre le contrôle de son corps et de commencer à visionner l’intégralité de ses souvenirs. Je précise ‘commencer ’, car je dus vite m’arrêter.
Déjà, car mon hôte avait repris ses esprits et commençait à protester (je ne comprenais pas encore à ce moment-là le concept de vie privé et trouvais cette demande bizarre). Mais surtout parce que les souvenirs étaient horribles. Un souvenir n’était pas constitué que d’image et de son, mais de toutes les sensations que son propriétaire avait éprouvées à ce moment-là, y compris ses sentiments. Je pus alors ressentir la douleur qu’avait éprouvée Tom depuis son infestation. Pourtant, le comportement de Temrash114 n’était pas particulièrement sadique. Comme on pouvait s’y attendre d’un Yeerk aussi haut placé, il avait traité son hôte en se conformant le plus possible aux recommandations de l’empire. Est-ce que c’était cet humain qui était particulièrement sensible ou est-ce que tous les hôtes ressentaient ça ? Et dans tous les cas comment Temrash114 avait fait pour supporter la souffrance de son humain ? Encore une fois, je me dis que je ne devais pas être normal et j’en éprouvai un sentiment de honte. Mais j’avais essayé suffisamment longtemps pour savoir que je n’arriverais pas à changer. Tout ce que je pouvais faire, c’est cacher ma tare aux autres Yeerk et essayer de se trouver un coin où malgré elle, je pourrais vivre heureux et servir l’empire.
Pour la première fois (d’une longue série) j’enfreins les règles de l’empire et stoppai mon exploration de la mémoire de Tom (à la grande surprise de celui-ci). Je fis signe aux gardes, que j’avais le contrôle puis sortit de la piscine. Je fus alors estomaqué par la beauté de la surface. Pendant un temps, tous mes soucis s’évanouirent et je passai au moins une heure à regarder, toucher, sentir tout ce que je trouvais. Cette planète était vraiment magnifique et les sens humains si, si, (..) il n’y avait pas de mot pour décrire à quel point ils étaient incroyables. Mais je dus interrompre ma rêverie quand j’entendis un humain demander si je ne faisais pas un malaise. Apparemment fixé pendant 5 minutes, un mégot de cigarette écrasé par terre était considéré comme anormal par les humains. Je ne savais pas à quoi servait cet objet, mais les couleurs étaient tellement belles (faut-il préciser que je découvrais en même temps le concept de couleur).
Je lui assurai que non et me repris. Il fallait que je suive la routine de mon hôte et que je me fasse passer pour lui. Mais je me rendis compte alors que faute d’avoir visionné l’intégralité de ses souvenirs (et notamment les plus récents), je ne savais pas ce que je devais faire. Et également que mon hôte était resté étrangement silencieux depuis que nous étions sortis de la piscine Yeerk.
— (Tom qu’est-ce que je dois faire ?)
— (Quitter mon corps et aller crever en enfer putain de limace dégénérée) répondit la voie de Tom quasiment en sanglotant.
À ma plus grande surprise, je ressentis du soulagement en entendant cette suite d’insultes. J’avais peur que mon hôte ait été totalement brisé par Temrash114. Je ne sais pas pourquoi cela me faisait peur. Après tout, un hôte brisé aurait été idéal. Ça m’aurait garanti une certaine tranquillité. Tout occupé par ma découverte de ce monde fabuleux, je n’avais pas prêté attention au sentiment et pensé de mon hôte, mais maintenant, que je revenais à moi, elles m’envahirent : peur, honte, douleur, dégoût, haines et surtout pas la moindre once d’espoir. Mes propres espoirs, de le convaincre de devenir volontaire fondait comme neige au soleil.
oOoOoOoOo
Je devais arrêter de me perdre dans mon passé et de m’étendre sur mes espoirs déçus. Au final, un mois, s’était écoulé et les choses ne c’était pas si mal déroulé. Même s’il ne deviendrait probablement jamais volontaire, mon nouvel hôte me satisfaisait. Enfin ça, c’était jusqu’au week-end dernier. Quelques jours, plus tôt, un incendie provoqué par les bandits Andalites avait provoqué la mort de l’ancien Yeerk de Tom. Nous revenions tout juste de la tétée où j’appris la nouvelle en discutant avec d’autre Yeerk.
Quand j’annonçai la nouvelle à Tom, j’eus le plaisir de ressentir pour la première fois de la joie en provenance de mon hôte. Mais j’eus à peine le temps de savourer ce moment qu’elle fut très vite remplacée par une peur panique et des suppliques de sa part. Je pris alors ma voie la plus douce pour lui dire mentalement :
— (Ça va aller, Tom, je ne suis pas en colère. Je comprends que vous soyez soulagé après tout ce qu’il vous a fait. Et je vous ai promis de ne jamais vous torturer.) Pour achever de le calmer, je lui fis un câlin mental (une sécrétion d’endorphine, de divers autres hormones et signaux cérébraux que nous pouvions sécréter pour provoquer un sentiment de réconfort à notre hôte). Il me repoussait à chaque fois, mais étant dans son esprit, il ne pouvait me cacher qu’il les appréciait.
— (Oui, je sais)
— (Mais vous ne me croyez toujours pas). Ce n’était pas une question, mais une constatation.
Comme chaque soir après chacune de mes tétés, je pris un ballon et sortis discrètement de sa maison pour me rendre sur le terrain de basket le plus proche. Une fois que je me suis assuré qu’il était complètement désert, je passai le contrôle à Tom.
— Aie ! Ça fait mal. S’exclama Tom tout en affichant malgré tout un immense sourire en reprenant le contrôle de son corps
— (C’est de votre faute, si vous ne résistiez pas autant les gardes Hork-Bajir ne vous ferait aucun mal)
— Ben oui c’est de ma faute, s’ils nous frappent pour qu’on aille plus vite. Dit-il avec agacement en commençant à essayer de faire des paniers et des dribbles contre un ennemi imaginaire.
— (parlez dans votre tête, quelqu’un pourrait vous entendre) dis-je paniqué. (Si un autre humain-contrôleur passé par là et découvrez que je vous donne le contrôle, j’aurais de la chance si je subis une mort rapide)
— (Désolé)
— (Ce n’est pas grave, vous savez si vous arrêtiez de combattre l’infestation, je pourrais leur faire croire que vous êtes devenue volontaire et vous seriez mieux traité.)
— (Je sais et j’essaye vraiment. Mais à chaque fois qu’il me ramène devant la piscine, je, je…)
— (C’est bon, je comprends. Ce n’est pas grave, on va y aller à votre rythme) Répondis-je en lui faisant un câlin mental et en évaluant ses performances.
Quelques jours après son infestation, j’étais en recherche d’un moyen de lui remonter le moral (et accessoirement de le convaincre de me faire un minimum confiance). Je me résolus à fouiller ses souvenirs durant son sommeil (sans son autorisation). L‘avantage de le faire pendant qu’il dormait était qu’il ne puisse pas s’en rendre compte. Je tombai alors sur le souvenir du jour où Temrash avait décidé que Tom devrait quitter son équipe de basket pour qu’il puisse consacrer davantage de temps à notre invasion discrète de la Terre. Apparemment, avant son infestation, le basket était toute sa vie et il était pressenti pour jouer en NBA. Cela m’avait donné une idée.
Le soir suivant, sans rien lui dire, je l’emmenais sur le terrain le plus proche et lui fit la surprise de lui donner le contrôle. Je sus pour la première fois ce que cela faisait de ressentir de la reconnaissance de la part de son hôte. Mais dès qu’il essaya de dribbler le ballon lui échappa des mains et il tomba par terre en essayant de le rattraper. Je tentai de le rassurer en lui disant que c’était temporaire. Que ça faisait tellement longtemps qu’il n’avait pas eu le contrôle de son corps qu’il était normal qu’il ait besoin d’un temps d’adaptation. Mais une heure après, il loupa un panier qu’il aurait auparavant réussi les yeux fermés et s’écroula par terre en larme.
En seulement 3 semaines, il avait beaucoup progressé, mais il ne pourrait sans doute plus jamais faire partie d’une équipe professionnelle. Malgré tout maintenant, qu’il l’avait accepté, il attendait avec impatience la prochaine fois où il pourrait jouer. Une fois qu’il fut épuisé, je le convainquis d’accepter que je reprenne le contrôle et je lui chantai une berceuse Yeerk pour qu’il s’endorme. Je rentrai à la maison avec mon hôte endormit (en retrait dans sa tête) convaincu que cette nuit-là, il ne m’infligerait pas ses cauchemars et que je pourrai penser en paix. Mais au bout des quelques heures, Tom fut réveillé par des cris en provenance de la chambre de son petit frère jack.
Sans même réfléchir, il se leva et alla immédiatement voir ce qui se passait. Je n’aimais pas le laisser se déplacer sans mon contrôle à l’intérieur de la maison, mais pour une fois, je le laissai faire.
À chaque fois que j’interagissais à sa place avec les membres de sa famille, il m’en voulait énormément et pour être honnête, je n’appréciais pas beaucoup l’exercice. Ce n’est pas que je ne les aimais pas. Au contraire à force de les fréquenter et de visionner les souvenirs de Tom, je commençai à m’attacher à eux, mais c’était tellement désagréable de parler à un humain dont on ne pouvait pas lire les pensées.
Cependant, je ne pouvais pas le laisser interagir autant qu’il le voulait avec sa famille. Il était devenu tellement différent de celui qu’il était avant son infestation que nous nous serions vite fait repérés. Ses proches auraient tout de suite compris que quelque chose n’allait pas, en aurait parler autour d’eux et un Humain contrôleur aurait vite été mis au courant.
Une fois dans la chambre, il fixa son petit frère qui se débattait dans son sommeil en hurlant :
— Non ! Sortez de mon corps !
Tom s’approcha de lui et le saisit par l’épaule pour essayer de le réveiller. Aussitôt, il bondit de son lit et son visage se tourna vers Tom. Dès qu’il le vit, son visage se remplit de peur. Devant ce regard Tom eu le réflexe de reculer et leva les mains.
— Calme-toi, nain. C’est juste moi, Tom. Tu es en sécurité.
— Qu’est-ce que tu fais dans ma chambre ? Vociféra Jack avec un regard plein de haine à son encontre.
Je pus ressentir que cela bouleversa Tom. J’ai vu dans ses souvenirs qu’avant son infestation Tom et lui était très proches. Mais après que Jack ai fermement refuser d’adhérer au partage (au grand soulagement de Tom), Temrash avait décidé de le négliger et de faire uniquement le minimum syndical pour qu’il ne se doute de rien. Ainsi, ils s’étaient énormément éloigné. À l’époque, Tom était tellement perdu dans l’enfer personnel qu’était devenue sa vie qu’il l’avait à peine remarqué. Mais quand je lui ai permis d’interagir avec son frère et qu’il s'était fait repoussé, il en avait été déprimé pour le reste de la journée. J’ai alors dû reprendre un contrôle total (malgré ses protestations) pour ne pas prendre de risque. Mais jamais Jack ne l’avait regardé avec haine. On aurait dit que Jack le détestait du plus profond de son être.
— Je, heu, tu faisais un cauchemar alors j’ai voulu t’aider. Tout va bien ?
— Tout va bien maintenant, alors dégage de ma chambre.
— (Retourne te coucher Tom, le Schtroumpf grognon sera plus calme demain matin). Lui demandais-je, mais il m’ignora
— Tu sais, je suis là, si tu veux me parler ? Tu peux tout me dire. Tu as hurlé ‘sortez de mon corps’. De quoi tu as rêvé ?
Tout d’un coup je fus moi-même intéressé. J’étais tellement concentré sur ce que faisait Tom et sur le fait de me préparer à reprendre le contrôle à tout moment que je n'avais pas vraiment réfléchi à ce que Jack disait. J’eus un frisson en pensant à ce que cela pouvait signifier et aux implications que cela aurait. Mais je ne fis aucun commentaire et me contentais d’observer Jack à travers les yeux de Tom. Sur le visage de Jack la haine avait été brièvement remplace par une peur profonde.
— À rien. T’as du mal entendre. Je rêvais que je me noyais. J’ai dû hurler sortez du port. Maintenant, dégage.
— Ok, je m’en vais. Calme-toi. Bonne nuit le nain. Je suis là si tu as besoin de moi. Même si je dors, tu peux me réveiller.
Tom se décida à retourner s’allonger sur son lit, mais ne s’endormit pas pour autant. Il était furieux.
— (Thévenin tu peux m’expliquer, c’est quoi ce bordel ? Pourquoi mon frère rêve-t-il qu’il est infesté par un Yeerk ?)
— (Je n’en ai aucune idée. Et si ça se trouve, il nous a dit la vérité. Il a peut-être juste rêvé de …)
Il m’interrompit :
— (Rejoue le souvenir maintenant)
— (Tu es sûr ? Ce n’est peut-être pas une bonne idée)
— (Fais-le !)
J’aurais sans doute dû m’indigner qu’il ose me donner des ordres, mais je m’exécutai sans un mot. Nous rejouâmes le souvenir et il était clair que Jack nous avait menti. Plus je revoyais le souvenir plus il était clair pour moi que mon pire scénario, c’était réalisé.
— (Qu’est-ce que tu lui as fait ? Tu as profité de mon sommeil pour lui faire du mal saloperie. Dire que je commençai à te faire confiance)
— (Quoi ? Tom, je te jure que je ne lui ai rien fait. Tu dois me croire. Quel intérêt aurais-je à faire ça ?)
— (Je ne sais pas un autre de vos plaisirs sadiques. Et puis tu n’as jamais aimé mon frère)
— (Je ne le déteste pas. Et même si c’était le cas, je sais à quel point vous tenez à lui. Je ne ferais jamais rien pour lui nuire. Et puis vous avez entendu comme moi, il a rêvé que quelque chose était rentré dans son corps, comment j’aurais pu faire ça sans sortir de votre tête ?)
— (Tu crois qu’un autre Yeerk l’a infesté ?) dit-il en ressentant de l’effroi.
— (Non, je le saurais si c’était le cas. Sans compter que s’il avait un Yeerk dans la tête, il l’aurait empêché de crier. Il est libre et au courant pour l’invasion. Au courant pour nous).
— NON ! Hurla t’il en comprenant les implications.
Je repris le contrôle total pour qu’il ne réveille pas ses parents ou son frère.
— (Calme-toi, Tom. Ce n’est pas si terrible. Si je m’occupe de son infestation, je pourrai faire en sorte qu’il obtienne un Yeerk décent. Un de ceux qui restent en bas de l’échelle, car ils sont trop doux avec leurs hôtes).
— (Non, on a peut-être mal compris. Il a peut-être juste vu Alien en secret et il rêvait qu’un xenomorph lui pondait des œufs dans la bouche).
— (Tom, tu connais les règles aussi bien que moi. Même s’il subsiste un doute, je dois organiser son infestation afin d’être sûr que l’invasion reste secrète. Si on découvre que je l’ai ….)
— (Je t’en supplie ne fait pas ça. Je ferais ce que tu veux, mais par pitié pas ça)
Il était inutile de raisonner davantage avec lui. Je décidai de l’endormir de force (c’est quelque chose que nous ne devions faire que très rarement sous peine d’endommager notre hôte) et de rester seul pour réfléchir. Mais très vite, je fus assailli de cauchemars ou à cause de lui, sa famille était infestée puis torturée avant de devenir une de ses coquilles vides que l’on croisait de plus en plus souvent dans la file de la piscine. Cela m’irrita fortement. Il ne pouvait donc pas me laisser tranquille, même pour un moment. Puisque de toute manière, je ne pouvais y réfléchir tranquillement autant reporter la décision. Et puis il avait raison. Peut-être que l’on s’inquiétait pour rien.
Mais durant la suite de la semaine, Jack se mit à faire des allusions discrètes qui semblaient destinées à donner de l’espoir à Tom d’être libéré. Sans compter qu’en l’observant, je remarquai qu’il était extrêmement stressé. Beaucoup trop pour un adolescent humain. Au point que je me demandais comment il était possible qu’il ne tombe pas malade.
Je ne pouvais plus ignorer le problème. Plus le temps passait, plus il devenait probable que Jack tente quelque chose de stupide pour libérer son frère ou avertir les autres humains. Si cela arrivait, toute la famille serait infestée de force (et il y avait peu de chances que ce soit par des Yeerk tendres). Et moi au mieux je serai réaffectée à un Hork-Bajir pour incompétence (je n’ose imaginer ce qui se passerait si le cas était jugé suffisamment grave pour que visser-3 s’occupe en personne de choisir ma punition). Aussi désagréable que ça allait être, j’avais pris ma décision. Il ne me restait plus qu’à décider comment j’allais m’y prendre.
Durant le reste de la semaine, je planifiai mon coup au maximum afin de ne rien laisser au hasard. Lorsque j’appris que les parents de Jack seraient absents tout le samedi après-midi, je décidai que ce serait à ce moment-là que j’agirais et je décalai mes jours de repas pour pouvoir me rendre à la piscine le samedi matin. Ainsi, si quelque chose se passait mal, j’aurais le temps de trouver une solution avant de devoir retourner me nourrir à la piscine Yeerk. Tom, c’était battu comme jamais auparavant contre les gardes. Autant pour essayer de s’échapper (pour prévenir son frère) que pour que je souffre de ses blessures au moment où je reprendrais la possession de son corps. Et encore maintenant même s’il savait que c’était désespérer, il se battait de toutes ses forces pour reprendre le contrôle.
C’est ainsi que je me retrouvais plein d’appréhension à rentrer dans la cuisine en tentant de faire abstraction des hurlements de Tom et des nombreuses blessures que les gardes Hork-Bajir lui avait infligé ce matin. Jack s’y trouvait et faisait ses devoirs. Seul et totalement vulnérable. Je n’aurais aucun mal à le maîtriser avec le corps de Tom (même s’il n’avait pas pratiqué depuis longtemps ça, restait le corps d’un sportif exceptionnellement grand).
Je dis d’une voix enrouée par les cris que Tom avait poussés pendant deux heures dans la cage :
— Salut Jack.
— Salut Tom me répondit-il en me regardant comme si j’étais une tache particulièrement dégoûtante sur ses chaussures
— Tu peux venir dans ma chambre s’il te plaît ?
— Pourquoi ? Dit-il avec méfiance.
— Je dois te montrer quelque chose.
— Je suis occupé, je dois faire mes devoirs.
— Allez le nain. Tu ne vas pas me dire que tu vas passer ton samedi à faire tes devoirs. Ça ne te ressemble pas. Qu’est-ce que tu me caches ? Dis-je en m’approchant de lui, mais il se recula.
— D’accord, je te suis. Finit-il par dire avec un regret visible
Je me dirigeai vers la chambre de Tom, mais malgré ses paroles Jack restât assis.
— Allez, tu viens
— Oui, c’est bon, j’arrive. Répondit le Schtroumpf grognon d’une voix traînante
Enfin, il se leva et me suivit. Très lentement, mais il me suivit. Les hurlements de Tom redoublèrent, je lui dis le plus doucement possible.
— (Courage. Bientôt, tout sera fini) je ne fis pas attention à sa réponse me doutant qu’elle ne contenait rien d’agréable à mon encontre.
Une fois qu’il fut enfin entré dans la chambre de Tom (le chemin était court, mais j’avais l’impression qu’il avait mis des heures à le parcourir) je pris une inspiration avant de commencer puis pris quelques secondes pour l’observer. Il regardait partout avec inquiétude comme s’il s’attendait à tout moment à ce qu’un monstre surgisse d’un coin. Pauvre gosse. Je regardai encore une fois les souvenirs que Tom avait sur Jack. Comment à 6 ans, il était venu demander à son grand frère de regarder sous son lit s’il n’y avait pas un monstre après qu’il eût regardé un film d’horreur en cachette de ses parents. Un après-midi qu’il avait passé à jouer aux jeux vidéo ensemble. Ils avaient l’air tellement heureux tous les deux à cette époque. Ils s’aimaient tellement. Plus qu’aucun Yeerk ne m’avait jamais aimé. Le silence s’éternisa.
— Bon, qu’est-ce que tu voulais me dire ? Demanda-t-il au bout d’un moment.
— Je heu. Écoute n’ait pas peur, je ne vais pas te faire de mal. Je veux juste te parler. Ne t’enfuis pas d’accord. Tu vois, je m’assois et je mets mes mains sur ma tête. Même si je voulais te faire du mal, tu aurais largement le temps de t’enfuir. Dis-je plein d’appréhension en me disant que je faisais la plus grosse connerie de ma vie.
Il resta silencieux et pour une fois, j’eus du mal à lire ses émotions sur son visage. Je poursuivis.
— Je sais que tu es au courant.
— Au courant de quoi ?
J’eus un doute.
— Est-ce que tu sais ce qu’est un Yeerk ?
Son expression à ce moment-là m’apprit que je ne m’étais pas trompé.
— C’est quoi un nouveau groupe de rock ? Bon écoute j’en ai marre de tes énigmes. Je me casse.
— Reste ici ! Si je l’avais voulu, ça ferait longtemps que tu aurais la tête plongée dans la piscine.
— (menteur) me dit Tom en riant à moitié. Des vagues de soulagement puissantes émanaient de lui.
— Mais je peux encore changer d’avis. Dis-je aussi bien pour Tom que pour Jack.
— Tu veux qu’on parle ? Libère mon frère saloperie et après peut-être que je prendrai le temps de t’écouter avant de t’écraser.
— (C’est un lion ton frère) commentais-je puis je laissai le contrôle à Tom
Il mit quelques secondes à comprendre qu’il avait le contrôle puis il se précipitât sur son frère pour tenter de lui faire un câlin, mais il l’esquiva et commença à courir en direction de l’escalier.
— (Cours qu’est-ce que tu attends. Il faut le rattraper. Imagine qu’il essaye d’en parler à la police. C’est plein de contrôleur. Mais qu’est-ce qui m’a pris de faire ça)
— Attends, c’est moi, Tom.
Il s’arrêta net devant la porte de la maison.
— Tu crois que je vais te croire sale limace.
— Qu’est-ce que je peux faire pour que tu me croies ?
— Sors de mon frère.
— Mais c’est moi ton fre(...).
Je ne laissai pas Tom finir sa phrase et repris le control. Je pensais que Tom saurait quoi dire pour le rendre obéissant (et accessoirement, j’espérais qu’il me soit assez reconnaissant pour me pardonner d’avoir envisagé de livrer son frère) mais visiblement, ce n’était pas le cas. Il fallait absolument le convaincre de rester à la maison.
— C’est moi Thévenin 7-8-9. Le Yeerk de votre frère. J’accepte de sortir de sa tête.
Il s’arrêta.
— Vraiment ?
— (Vraiment ?)
— Arrêtez de parler en même temps tous les deux.
— Tu ne serais pas un peu taré ? Je veux dire même selon les standards Yeerk. Osa le minus, mais je ne pouvais pas lui donner tort. Il fallait être fous pour envisager ne serait que 5 secondes de sortir de la tête de son hôte involontaire.
— (Si tu le fais, je promets de te remettre au bout d’une heure. Deux maximum)
— (Tom, je sais que jamais tu ne me remettras volontairement dans ta tête) répondis-je
— (Je te jure que je le pense, je suis sincère. De toute façon si je ne le fais pas les autres Yeerk s’en rendront compte dans 3 jours et toute ma famille se fera infester)
— (Oui, tu es sincère, concédais-je. Mais sans vouloir te vexer, je ne crois pas que tu arriveras à faire ça. C’est beaucoup trop tôt.)
— Heu ! Thévenin. Ça va ?
— Je parle à ton frère. Et accessoirement, je réfléchis. Remontons.
Sans attendre de réponse, je retournai dans la chambre de Tom. Je vis Jack me suivre avec encore plus de réluctance que la première fois. Il devait être persuadé que c’était un piège, mais il devait être prêt à tout tenter pour libérer son frère. Extérieurement, j’affichai un calme olympien. Mais intérieurement, j’étais en pleine panique. J’avais réussi à l’empêcher de s’enfuir, mais à quel prix. Comment faire pour le convaincre de coopérer ? Peut-être que je devrais juste revenir à mon plan initial ? Après tout, l’infestation n’était sans doute pas aussi horrible que Tom le disait pour les hôtes. En-tout-cas, c’est ce que disaient tous les cours de l’empire. Tom devait être juste être un cas à part. Comme moi, il était sans doute beaucoup trop sensible et faible. J’essayai de temporiser.
— Comment l’as-tu appris ?
— Je ne vois pas pourquoi je te répondrais. Tu as dit que tu le libérerais et je ne l’oublierais pas.
— (Bravo frérot. Tu n’as aucune chance Thévenin. Quand il a une idée en tête, c’est impossible de le faire changer d’avis)
— Si tu veux que je le fasse, il va falloir que je te fasse un minimum confiance. J’aimerais un peu plus de garantie que : « Si tu libères mon frère peut-être que je ne t’écraserais pas ».
— Je ne t’écraserai PROBABLEMENT pas.
— C’est mieux, mais je ne suis toujours pas convaincu. Je continuai sur un ton plus sérieux : tu sais le Tom d’aujourd’hui est très différent de celui que tu as connus. Tu ne le sais sans doute pas, mais je n’ai acquis Tom que très récemment. Avant, il appartenait à un autre Yeerk.
— Ce n’est pas un objet, c’est une personne. Il ne t’appartient pas. Et il irait beaucoup mieux si tu le laissais tranquille.
— Oui, d’accord, si tu veux. Dis-je peu convaincu. Mais même si je le voulais, je ne le pourrais pas le libérer. Je veux bien envisager de sortir de sa tête quelques heures en privé, mais après il faudra que tu m’y remettes.
Il ne dit rien, mais je devinais sans problème qu’il n’envisageait pas un seul instant de me permettre de réinfecter, Tom. Je poursuivis.
— Qu’est-ce que tu sais exactement ? Est-ce que tu sais qu’il existe d’autre Yeerk et ce qu’ils nous feront s’il se rendait compte de ce que tu sais ? Ou si je libérais Tom ? Comment comptes-tu le leur cacher une fois que je ne serais plus là ?
Je le vis hésiter.
— J’avais pensé à faire croire que Tom était mort. De simuler un accident de voiture et de demander aux autres(..). Il s’interrompit immédiatement.
— Les autres quelles autres ? M’exclamais-je.
S’il en avait déjà parlé à d’autres personne…. À moins que ce ne soient eux qui lui ait appris l’existence des Yeerk. Peut-être qu’il y avait tout un groupe de résistant humain qui se formait dans l’ombre pour pouvoir combattre l’invasion. Il fallait immédiatement leur faire comprendre que c’était totalement vain avant qu’ils ne se fassent capturer. Et moi, je devais les dénoncer. Laisser un humain libre, c’était une chose, mais participer indirectement à une rébellion contre l’empire en était une autre. Je n’étais pas un traître.
— On est des milliers et on va vous poutrer la gueule. Dit-il agressivement.
Ouf. Donc ils ne sont qu’une poignée. Sans doute d’autres enfants comme lui. Ça me rassure. Ils sont inoffensifs.
— Écoute, je comprends que tu l’ais dit à tes amis, mais c’était vraiment une très mauvaise idée. Ce n’est pas un jeu. Ils ne doivent le répéter à personne. Je suppose que tu ne l’as dit qu’à Marco et Rachelle. Ce sont toujours tes amis les plus proches ? Il faut qu’ils fassent très attention. Il y a des contrôleurs partout. Par exemple, le directeur adjoint de votre école est un contrôleur. Révélais-je dans l’espoir de gagner sa confiance.
— Non, ils ne sont pas du tout au courant. Dit-il paniqué. Bien trop pour que je le croie. Je l’ignorai et poursuivis.
— Et ton plan n’a aucune chance de marcher. Au moindre doute la procédure, c’est d’inséminer de force toute la famille. Et là, ils verront immédiatement dans tes souvenirs où Tom se cache. Et jamais tu n’arriveras à convaincre tes parents que l’invasion est réelle et qu’il faut fuir. Et de toute façon, Tom n’aurait aucun endroit où se cacher. Nous sommons partout. Il finirait immanquablement par rencontrer un autre Yeerk et par se faire recapturer. Aucun hôte n’a jamais réussi à échapper à l’empire.
— Ça, c’est vous qui le dite.
— Écoute s’il y avait une alternative qui ne me mettait pas trop en danger, je te promets que je libérerais Tom (qu’est-ce qu’il me prenait de dire ça). Mais pour le moment, il n’y a pas d’autre choix. Et je te promets que je traite bien Tom. Tu pourras lui demander toi-même.
J’ouvris le tiroir de la table de nuit. Poussa les menottes et le GHB dans un coin en espérant qu’il ne les remarque pas et prit une gourde plein d’eau. Quoi qu’en y réfléchissant. Je les pris et les jetai dans la direction de Jack.
— Tiens, tu en auras peut-être besoin.
— Quoi ?
— Comme je te l’ai dit Tom a beaucoup changé. Il a été beaucoup abîmé par son premier Yeerk. La première fois que j’ai donné le contrôle à Tom il a (…)
— (NE LUI DIT PAS !)
— (Pourquoi ? Si tu refais une tentative de suicide, il faut qu’il puisse t’arrêter.)
— (Les choses ont changé. Je n’ai plus aucune envie de faire ça. Regarde dans mon esprit.)
— (Tu n’en avais pas non plus envie avant que je te donne le contrôle. Ça t’as pris d’un coup quand tu as vu une opportunité.)
— (Tu crois que je ferais ça devant mon petit frère ?)
L’argument porta, mais je n’étais pas totalement convaincu.
— (S’il te plaît)
— (Bon d’accord)
— Bref, le GHB l’aidera à supporter la ré-infestation.
Il triturait les menottes en hésitant, mais dit finalement pendant que j’essayais de rassembler le courage de sauter le pas.
— Comment ça se fait que tu as ça dans ta chambre ?
— Demande à Tom, je ne comprends rien aux goûts sexuels des humains.
Il lâcha les menottes dégoûtées et je quittai le cerveau de Tom sous ses insultes en rigolant (oui, les Yeerk peuvent rire).
Je tombai dans la gourde que j’avais collée contre l’oreille de Tom. Voilà, c’était fait. Il ne me restait plus qu’à attendre et à espérer que Tom tienne sa promesse et que son frère se montre raisonnable.
oOoOoOoOo
Au bout de deux heures, je commençai à m’inquiéter. Au bout de 3 heures, j’étais en panique totale. Et au bout de la quatrième, j’étais résigné à mourir de faim dans cette gourde. Mais finalement, je sentis la gourde bouger et je vis qu’elle était maintenant collée contre une oreille. Je me précipitai et constatai qu’il s’agissait bien de Tom.
— (Enfin, qu’est-ce qui vous a pris autant de temps ? J’étais paniqué.)
— (Désolé)
— (C’est tout ce que tu as à dire.) répondis-je agressivement.
— (Qu’est-ce que tu veux que je dise d’autres. Et puis au moins comme ça, tu sais ce que ça fait d’être à la merci de quelqu’un d’autre)
— (Moi, je suis un Yeerk)
— (Et alors)
Je renonçai à lui faire comprendre que les Yeerk étaient une race supérieure et que ce n’était pas naturel d’inverser les rôles ainsi.
J’essayai de bouger le corps de Tom, mais je n’y parvins pas. Je remarquai alors qu’il était menotté au tuyau de chauffages et que Jack tenait la gourde appuyée contre mon oreille.
— C’est bon, j’ai le contrôle. Tu peux me libérer.
Il me regarda avec dégoût.
— Je ne suis pas sûr d’en avoir envie.
Mais il me détacha néanmoins. Une fois débous, je commençai à fouiller la mémoire de Tom pour savoir ce qui c’était passé durant mon absence.
— (S’il te plaît, ne regarde pas. C’est privé.)
— (J’ai besoin de savoir ce qui s’est passé. Comment je pourrais savoir s’il ne va pas nous attirer des ennuis sinon)
— (S’il ne va pas t’attirer des ennuis, tu veux dire ?)
Il était beaucoup plus agressif envers moi qu’avant. Était-ce parce que j’avais planifié de livrer son frère ou à cause de ce que Jack lui avait dit durant mon absence ? J’étais encore plus déterminé à visionner ses souvenirs, mais je lui répondis :
— (Je ne suis pas ton ennemi Tom. D’accord, je ne les regarderai pas.)
— (Et ne regarde pas non plus pendant mon sommeil)
— (Comment tu le sais ? Enfin, je veux dire, tu ne peux pas t’en rendre compte de toute manière. Ce que tu ignores ne peut pas te faire de mal ?)
— (Donc Jack avait raison. Combien de fois, tu m’as menti pour pouvoir me manipuler et que je devienne ton petit chien obéissant ?)
— (C’était nécessaire Tom. Je savais que tu en souffrirais si tu le savais, mais j’avais besoin de ses informations. Je ne voulais pas te faire de mal)
— (Il ne suffit pas d’avoir de bonnes intentions pour que ce soit bien. Comment tu veux que je te fasse confiance après ça ?)
— (Désolé. Je te promets qu’à partir de maintenant si je dois voir un de tes souvenirs, je le ferais lorsque tu es conscient. Ou si c'est douloureux, je te demanderai ton autorisation pour le faire de nuit.)
— (Pourquoi est-ce que je devrais te croire ?)
Je n’avais rien à répondre à cela.
J’entendis leurs parents rentrer. Ils m’avaient sans doute remis uniquement parce qu’ils étaient sur le point de rentrer. Enfin vu comment Tom m’a accueilli, je devais sans doute m’estimer heureux qu’il ne m’ait pas balancé dans les toilettes. Je descendis et au plus grand désarroi de Tom, je jouai son propre rôle devant ses parents mieux qu’il ne pouvait le faire désormais. Je ressentais de manière brûlante son envie de prendre le contrôle. Apparemment, ses quelques heures d’autonomie bien loin de le satisfaire n’avait fait qu’intensifier son désir de libertés (et son ressentiment envers moi). Dire qu’avant cette histoire, il avait commencé à m’apprécier et à me faire confiance.
Pendant le repas, nous avions pris l’habitude d’échanger quelques mots et je répétais le plus souvent ce qu’il avait envie de dire, mais là il refusait tout net de m’adresser la parole. Et il repoussa tout net mes tentatives de lui faire un câlin mental. Bon dieu quelle ingratitude. Après tout ce que j’avais fait pour lui. Mais malgré toute l’amertume que son attitude m’inspirait, il me manquait. J’avais envie que l’on mette cette semaine horrible de côté et que l’on retrouve notre complicité. C’est la seule personne qui m’appréciait vraiment.
— (Tom maintenant que ton frère est au courant, ce n’est plus la peine de lui cacher tes cauchemars. Je pourrais dormir en dehors de ta tête et le matin, il me remettra à l’intérieur de vous. Comme ça, vous sera sûr que je ne lis pas vos souvenirs sans votre consentement).
Et je ne le dis pas, pour ne pas le vexer, mais dormir séparément serait également un vrai délice pour moi. Il répondit avec enthousiasme.
— (Vraiment ? Merci beaucoup. Jack dira sans doute que je ne devrai pas te remercier pour me donner le droit d’utiliser mon propre corps mais je me doute que ce ne doit pas être facile pour toi)
— (Ne me remerciez pas. C’est juste un moyen de me venger du Schtroumpf grognon. Maintenant, c’est lui qui sera réveillé plusieurs fois par semaine)
Jack éternua.