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Réflexion sur l’économie : Retraite par capitalisation ou répartition

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Resume

Un debunkage des idées préconçues sur les deux grands types différents de régime de retraite possible (par répartition ou par capitalisations) et une présentation des avantages et inconvénients. Suivi de mon avis personnel sur le sujet.

Introduction

Allez savoir pourquoi, chaque fois que la Bourse tousse, les débats sur la retraite par capitalisation refleurissent sur les réseaux sociaux. Voici d’ailleurs un poste dont les commentaires contiennent à peu près toutes les positions les plus courantes sur le sujet : poste panettonepazzo bsky

Et, comme je suis en désaccord avec toutes ses positions, je me suis dit que j’allais à mon tour, donner mon avis.

D’abord quelque définition

Mais tout d’abords, afin que l‘on sache de quoi on parle, je vais brièvement définir ce qu’est la retraite par répartitions et la retraite par capitalisation.

Retraite par répartitions

La retraite par répartition est le régime de la plupart des caisses de retraite en France et dans le monde. Il consiste, à chaque année, prélever une cotisation/impôt sur le salaire des actifs afin de financer le versement des retraites de l’année. En fait, dans ce système, la retraite est financée comme n’importe quel autre service ou aide sociale de l’État.

Dans ce système, contrairement à une idée très répandue, on ne paye pas pour sa retraite, mais pour la retraite des retraités actuels (et notamment de ses parents). Il est aussi erroné, de dire que l’on paye des cotisations pour sa retraite que de dire que l’on paye des impôts pour rembourser son éducation. Contrairement à ce que l’on entend souvent les cotisations ne sont pas du salaire différées mais socialisées. Ce n’est pas du salaire que vous allez toucher dans le futur, mais une dépense qui est mutualisée entre tous les salariés.

Au lieu que l’employeur vous verse un salaire et que chacun utilise son salaire pour entretenir ses parents, ses enfants et payer ses soins, il met le salaire dans une caisse commune qui se chargera de fournir des retraites à ceux qui ont des parents, des alloc à ceux qui ont des enfants et des remboursements de soin à ceux qui ont des maladies. Ça veut dire que l’on se regroupe pour payer ensemble certaines dépense obligatoire au lieu de les payer individuellement (après, on peut aussi abandonner ses parents à la misère, mais il paraît que ce n’est pas moral)

Avec ce système, les célibataires orphelin riches et sans maladies sont perdant. Par contre les gens qui ont une famille nombreuse, des maladies et peu de moyens sont gagnants (et au global on est tous gagnant d’avoir la garantie que les vieux, les enfants et les malades ne tomberont pas dans la mendicité ou le crime).

Et c’est un peu le même principe pour les impôt servant à financer le service publiques.

Quand vous étiez enfant vos parents et leur copain célibataire qui déteste les enfants, payaient des impôts pour que vous soyez enfermé toutes la journée dans une école pour qu’ils puissent aller faire la fête sans avoir à s’occuper de vous (les enfants ne croyaient pas ceux qui vous disent qu’en entreprise on travaille ou que le père Noël n’existe pas, ce sont tous des menteurs ou pires des syndicalistes).

Et, pour les remercier pour leur générosité, vous ne manquerez de payer des cotisations retraites pour qu’une entreprise avide d’argent embauche des immigrés sous-payé et contraint de fermer leurs gueules sous peine de se faire expulser du pays les forcer à rester toutes la journée dans une pièce climatisée à -15°C à regarder la télé avec d’autres vieux devenue sénile après leur 50 ièmes heures de BFM télé dans la semaine.

Retraite par capitalisation

La retraite par capitalisation quant à elle est un régime présent dans tous les pays du monde de façon minoritaire (y compris en France). Il consiste à financer des retraitées par l’épargne qu’ils auront accumulée durant les années où ils étaient actifs.

Contrairement au précédent, dans ce système, nos cotisations servent à financer notre retraite et non celle des autres. Mais, comme l’immense majorité des salariés français ne cotise pas à une caisse gérée par capitalisation, ça reste faux de le dire (pour l’instant).

Plus concrètement cela veut dire que chaque mois le salarié payera des cotisations obligatoires ou facultatifs qui seront reversés dans une caisse qui se chargera de les faire fructifier en achetant des produits financiers (en général des actions, mais on peut imaginer des caisses qui n’achètent que des obligations ou de l’or). Environ dix ans avant l’âge légal de départ, la caisse commence à vendre progressivement les actifs accumulés, au rythme d’un cent-vingtième par mois. Le jour de son départ en retraite, l’argent ainsi obtenu sera confié à un assureur qui en échange de ce capital, s’engagera à verser une rente mensuelle au salarié jusqu’à à la fin de ses jours.

Vous me demanderez pourquoi ne pas donner directement cette somme au salarié pour qu’il la consomme ? Pour la même raison qu’on prend une assurance habituation au lieu de mettre de côté pour pouvoir racheter une maison au cas où la sienne soit détruite : parce que c’est beaucoup plus efficace d’utiliser la loi des grands nombres pour mutualiser le risque.

Cette expression barbare veut dire que si individuellement il n’est impossible de savoir si un risque va survenir ou non à l’échelle d’un grand nombre de personnes c’est parfaitement prévisible.

Par exemple, il est impossible de savoir si votre maison va prendre feu ou à quel âge vous allez mourir mais à l’échelle de la société on sait qu’en moyenne un mais sur 10 va prendre et qu’en moyenne les gens vont mourir à 87 ans (chiffre inventé pour l’exemple).

Donc au lieu de chacun mettre de côté suffisamment de côté pour pouvoir réparer sa maison après un incendie ou se payer une retraite jusqu’à 150 ans (il faut être optimiste dans la vie), on met collectivement de côté de quoi réparer un dixième des maisons de tout le monde et de quoi payer des retraites jusqu’au 87 ans de tout le monde.

Ça permet à tout le monde de bénéficier d’une sécurité optimale pour une fraction du coup que cela aurait coûté.

Débunkons une idée fausses : les deux systèmes sont parfaitement sur

Nous sommes inondés de discours alarmiste nous disant que le système de retraite par reptation va s’effondrer, que c’est une pyramide de Ponzi.

Et les mêmes nous disent ensuite que le système financier va s’effondrer, que notre épargne ne vaudra plus rien, qu’on va nous confisquer notre immobilier pour payer la dette et donc que la retraite par capitalisation, ne vaut guère mieux.

La seule solution semblerait de faire des gosses pour qu’il prenne soin de vous lorsque vous serez trop vieux, mais au moment d’aller chevaucher mammoun, vous vous rappelez qu’avec la crise, le réchauffement climatique et l’apocalyptique épidémie de punaise de lit, il sera sans doute au chômage ou trop occupé à chasser le mammouth dans les ruines de la civilisation pour prendre soin de vous dépendant de vous pour se nourrir.

Cependant, si vous avez bien lu le paragraphe précèdent, vous n’aurez pas besoin de moi pour comprendre que le système par répartition n’a rien d’une pyramide de Ponzi et n’a aucune raison de s’effondrer.

Ou plutôt que faire s’effondrer le régime de retraite revient à faire s’effondrer l’état. Ou plus réalistement à une décision volontaire de la part de ceux qui gèrent l’état.

Et, c'est là, la vraie faiblesse de ce régime qui explique pourquoi aussi surprenant que cela puisse paraître aujourd’hui, dans les années 20/30, la CGT et les partis de gauche était contre l’instauration d’un régime de retraite général (il voulait continuer avec des caisses gérées localement par les syndicats) : Un régime par répartition implique de donner beaucoup trop de pouvoirs à un état centralisé géré par des gens qui n’ont pas vraiment à cœur l’intérêt des travailleurs. Cependant, s’ils n’ont pas à cœur l’intérêt des salariés cela ne semble pas être le cas de celui des personnes âgées, tant les politiciens de droites sont dépendants de leur vote pour se faire élire et le deviennent davantage chaque année grâce au vieillissement de la population.

Je pense donc peu plausible que les retraites, soient un jour radicalement remises en cause par les politiciens, même les plus libéraux. Attention, improbable ne veut pas dire impossible, mais le risque me parait être de même nature que celui pesant sur les retraites par capitalisation.

En effet, vous aurez compris avec ma petite explication que si elles sont bien gérées, même une crise aussi importante que celle de 29 ne remettra pas en cause un système de retraite par capitalisation.

En effet, même la crise de 29 est anecdotique sur 40 ans et n’a pas un grand impact sur la valorisation finale du capital du salarié. Et, si la vente des produits financiers a bien été étalée sur dix-vingts ans, ce krak ne devrait pas non plus avoir beaucoup d’impact.

En effet, sur une longue période (au moins 20 ans), le rendement des actions (c’est-à-dire d’un indice diversité comme le MSCI world) est égale à la croissance mondiale(3% par an en moyenne d’après la banque mondiale durant les 40 dernières années) + l’inflation (maintenue à 2% par an en moyenne par les banques centrales). Cela donne sur le long terme un rendement de 5 % par an qu’il est difficile de battre.

Enfin, ça c’est pour le passé, me direz-vous, et comme le dit l’adage dont l’omniprésence à tendance à me donner la nausée : les performances passées ne garantissent pas les performances futures. Cependant, cette performance longs terme me semble être liée à des causes structurelles que je vois mal être remises en cause dans les 30 prochaines années.

En effet, je ne vois pas comment il serait possible que les entreprises cotées cessent de s’accaparer l’essentielle de la croissance et de la reverser à leur actionnaire si on reste dans une société capitaliste. Et à part quelques groupuscules d’extrême gauche extrêmement minoritaires, personne ne remet en cause le capitalisme.

Quant à la croissance, durant les prochaines années, la population mondiale va continuer de croitre et une large majorité n’a toujours pas accès à un minimum de confort et n’aspire qu’a s’enrichir. Et à part une guerre mondiale, je ne vois pas ce qui pourrait l’empêcher de parvenir à ses fins. Je pense donc que jusqu’en 2050 la croissance mondiale continuera d’être forte.

Par contre après 2050, je n’ai pas la moindre idée de si on n’aura encore la capacité de croitre et de faire face aux effets du réchauffement climatique, de la destruction de la biodiversité, de l’eutrophisation des sols,… Bref aux facteurs environnementaux. D’ailleurs je tiens à préciser que non seulement la France insoumise n’est pas un parti d’extrême gauche et ne menace en rien le système capitalisme, mais en plus je pense comme de nombreux économistes que si son programme était appliqué à l’échelle mondiale, sur le long terme cela boosterait la croissance mondiale. En effet, sur court terme les politique actuelle qui consiste à diminuer le financement de la recherche (voir à en interdire certaines pour des raisons idéologiques), à sous-investir dans les infrastructures, à détruire la fertilité des sol, à empoisonner l’eau, provoque un boost de croissance à court terme au prix de la destruction des fondements de la croissance futur. Et, je ne parle même pas des effets qu’à la baisse de la confiance envers les autorités que crée leur mensonge répété ou la corruption généralisée. Mais, là-dessus, je crains que les chefs de la France insoumise ne valent gèrent mieux que les Macronistes.

Mais, ce n’est que mon opinion et ce n’est certainement pas un conseil d’investir tout votre argent sur un ETF world. Je rappelle que je ne vois pas le futur et suis donc incapable de garantir un rendement positif pour n'importe quel investissement, quelle que soit la durée (oui c’est une phrase un peu hypocrite pour me dédouaner de toute responsabilité si un de mes lecteurs investit en bourse suite à la lecture de cet article). Mais revenons au sujet.

La vraie faiblesse du système de retraite par capitalisation ne se trouve pas dans la phase de capitalisation et sa dépendance aux indices boursiers, mais dans celle de rente et sa dépendance à la dette de l’état.

En effet, les assurances, pour pouvoir garantir aux retraités de continuer à leur verser leurs pensions, sont obligées d’investir l’argent qu’on leur a confié sur les titres les plus sûrs, c’est-à-dire sur les obligations d’État. Donc, s'il y avait une crise importante qui contraignait l’État à faire défaut sur sa dette, alors les assureurs et donc le système de retraite par capitalisation s’effondrerait.

En conclusion, la seule chose qui pourrait faire s’effondrer un système par répartitions est également la seule chose qui pourrait faire s’effondrer un système par capitalisation : une crise majeure de la dette des états ou une révolution des jeunes qui ne voudrait plus payer pour les vieux. Les deux régimes sont donc aussi sûrs l’un que l’autre.

Et même, si je ne l’argumenterai pas tant ça me semble un truisme, je rajouterai que dans les deux, il est impossible pour un jeune de 20 ans de savoir qu’elle sera le montant de sa retraite et à quel âge il pourra la prendre. Quand on veut être sûr de son coup on ne fait pas des paris sur l’avenir, on cultive son potager et on vit au jour le jour.

Viens-en au fait : c’est quoi le meilleur système

Préambules

Maintenant que ces idées fausses sont débunkées et que l’on est d’accords que les deux systèmes sont tout aussi viables l ’un que l’autre, il est temps de se demander lequel est le meilleur.

Pour cela, il faut se demander qu'est-ce qu'un système de retraite et à quoi ça sert. Un système de retraite c'est un système donnant à des inactifs le droit de prendre chaque année une partie de la production des actifs (du pain, des télés, des voitures, des services de soin). Certains voudront chipoter et dire que les retraités ne sont pas vraiment inactifs et effectuent malgré leur âge des taches indispensables à la société comme garder les enfants pendant que les parents vont travailler ou s’occuper du syndic de copropriété qui entretient l’immeuble où vivent les actifs. Mais pour simplifier, on va dire que tous les retraités passent leur journée assis sur le canapé à regarder la télé en se plaignant que les jeunes sont des fainéants qui n'ont plus le goût de l'effort.

Donc un système de retraite c'est toujours : une règle qui va concrètement permettre de calculer qui doit contribuer, combien et comment. Et symétriquement, qui va recevoir, comment et combien. Cette règle, on va juger de sa pertinence celons deux critères :

La retraite par capitalisation c’est de droite et la retraire par répartition c’est de gauche. Vraiment ?

Si on simplifie à l’extrême dans tous les pays du monde depuis deux cents ans, la vie politique est scindée en en deux groupes : gauche et droite en France, républicain et démocrate aux Usa,.. Beaucoup de leurs caractéristiques varient en fonction du lieu et de l’époque, mais les grands traits restent constants (à ma connaissance). Schématiquement, on peut dire que quels que soient le lieu et l’époque, pour la gauche :"chacun doit contribuer selon ses moyens et recevoir selon ses besoins" alors que la droite veut que :"chacun contribue selon son envie et reçoivent selon sa contribution".

En résumé, la gauche veut que plus tu es riche, plus tu sois obligé de contribuer au système sous forme d'impôt/cotisation/taxe et que tu reçoives une pension permettant d'avoir une vie agréable, et cela quelle que soit ta contribution.

Pour la gauche si tu n'as jamais payé un centime d'impôt, mais que tu as besoin de 2 000 euros par mois pour vivre dignement (par exemple, car tu as une maladie et que tu es locataire) dans un monde idéal, tu devrais recevoir 2 000 euros par mois de la collectivité, alors que dans le même temps une personne qui a travaillé tous sa vie et payés plein d'impôts, mais n'as besoin que de 1 000 euros par mois, car il est propriétaire et est en pleine forme ne devrait recevoir que 1 000 euros.

A l'inverse, pour la droite, on ne doit obliger personne à cotiser s'il n’en a pas envie. En revanche, à la fin sa retraite dépendra strictement de ce qu'il a cotisé. Si tu as cotisé beaucoup, tu recevras beaucoup, et si tu n'as rien cotisé, tu ne recevras rien et tant pis si tu meurs de faim. Pour eux l'individu doit être libre de ses décisions et donc en subir les conséquences.

Dans les faits, chaque camp et même chaque individu a des positions plus nuancées. Par exemple, la plupart des gens de droite admettent que l'on ne peut pas laisser quelqu’un crever de faim, même si c'est un irresponsable qui n’a jamais cotisé. Ne serait que parce qu’il ne va pas se laisser crever de faim et devenir un voleur. Pour la sécurité de tous, la droite admet qu'il faut obliger un minimum les gens à contribuer, afin de pouvoir garantir un minimum de droit. Et la plupart des gens de gauche admettent que ceux qui contribuent plus, doivent recevoir un peu plus. Et il y a à gauche et à droite des idéologies minoritaires, pas du tout d'accord avec ce que je viens de dire. Par exemple, les anarcho-communistes défendent plutôt l'idée que chacun doit contribuer et recevoir selon son envie. Pour eux, on doit laisser les gens contribuer comme ils l'entendent au pot commun et les laisser se servir comme ils le veulent dans le pot commun. Dit comme ça, ça a l'air totalement utopiste, mais en fait, il y a un vrai système derrière qui est loin d'être con, mais ce n'est pas le sujet de ce billet, donc passons.

Le sujet, c'est capitalisation ou redistribution. Et là à première vue on aurait envie de dire que la capitalisation satisfera les gens de droite et la répartition les gens de gauche, car dans un système par capitalisation chacun se fait sa petite épargne et à une retraite qui dépend du montant de cette épargne (on est libre de contribuer et on reçoit selon ce que l'on a contribué). Et, inversement, on aurait envie de dire que la répartition c'est on contribue obligatoirement selon ses moyens et même si on a contribué peu, on reçoit une retraite suffisante pour vivre à partir de l’âge où on considère que l'on n’est trop vieux pour travailler.

Et bien en fait pas du tout. On peut faire un régime par capitalisation qui respecte les principes de gauche.

Par exemple, en faisant que les contributions soient obligatoires et n’abondent pas un fond individuel, mais collectif, et que la proportion des retraites produites par ce fond ne sont pas reparties en fonction de ses contributions, mais de ce que l'on considère être les besoins de chacun. C’est d’ailleurs comme ça que fonctionnent aujourd’hui certains fonds de retraire complémentaires créés et gérés par des syndicats (source : prefon-statuts )

Et, inversement comme la montrée la réforme des retraites voulues par Macron en 2019, faire que le montant de la retraite par répartition dépende exclusivement du montant des cotisations versées par le salarié (l‘individualisation des droits dénoncé par les syndicats) et créer des manières de contribuer facultative (comme le rachat de point à la retraire ou la possibilité de décaler ou avancer son âge de départ à la retraite en échange d’une modification de sa retraite).

En fait le débat répartition/capitalisation ne porte pas du tout sur une question idéologique. Les deux systèmes permettent de répondre aux objectifs de droite et de gauche. Et encore une fois, contrairement à ce que disent les politiques de tous bords, les deux systèmes fonctionnent aussi parfaitement l’un que l’autre.

La différence ne se fera donc pas sur les critères moraux/idéologiques communs à la gauche ou à la droite. Selon le contexte, il y a des groupes de gauche qui préfèreront des systèmes par capitalisation et d'autres par répartition.

Les vraies différences entre la retraite par capitalisation et de la répartition

Il est donc enfin temps de voir ce qui différencie vraiment ses deux systèmes de retraites qui sont :

Le délai de mise en place

La répartition peut être mise en place tout de suite alors que la capitalisation mettra une génération avant de verser ses premières retraites (le temps de mettre une épargne suffisante de côté). Donc, si l'on doit gérer de manière immédiate une masse de personnes âgées sans ressources, le système par répartition s’impose au moins de manières temporaires.

La capitalisation tire ses revenus de tous les actifs de la planète et pas seulement ceux du pays où est instaurée la capitalisation.

La capitalisation permet de prendre de l'argent au travailleur du monde entier pour financer les retraites de ton pays alors que la répartition s'appuie que sur les actifs de ton pays.

Si les autres pays ont une démographie forte, cela permet de régler le problème de la chute du ratio actif/retraité d’un pays sans faire appel à des baisses de pension, à des hausses de l’âge de la retraite ou à l'immigration (on exploite les travailleurs étrangers à domicile).

Le revers de la médaille est que dorénavant ta retraite dépend d’une ponction sur l’économie d’autres pays. Une prise qui peut très vite être qualifiée dans ses pays de pillage néo-colonial à couper urgemment par un gouvernement populiste à la recherche d’économie accédé au pouvoir dans ses pays. Et, même si on arrive à garantir que ses droits ne seront pas remis en question, la retraite reste dépendante de l’économie des pays étrangers et donc de leur décision politique.

Si plusieurs pays représentant une part importante de l’économie mondial élisent de vrais socialistes qui veulent vraiment remettre en cause le partage entre capital ou travail ou des nationalistes qui veulent virer les multinational étrangères de leurs territoires (penser à Trump ou à la junte au Mali), les retraites par capitalisation vont en prendre un coup. Cela favorise les tensions entre les pays et une très forte tentation de politique néocoloniale et impérialiste (voire carrément des guerres). 

Et franchement, on a pas besoin que les gouvernants aient davantage d’incitation à ne pas respecter le droit des peuples à décider eux-mêmes de leur destin ou à commettre des massacres immondes en notre nom.

La capitalisation fait augmenter le prix des actifs financier

La capitalisation fait augmenter le prix des produits financiers grâce aux achats massifs qu’il implique.

Si ses fonds sont investis exclusivement dans des actions du pays cela fait augmenter le prix des actions et permet donc aux entreprises de lever plus facilement des fonds et pour moins cher et donc leur donne un avantage sur les entreprises des pays concurrents qui ont une retraite par capitalisation.

Et, ça enrichit considérablement les plus riches du pays, car ce sont eux qui détiennent l’essentiel des actions. Ça entraîne donc une hausse des inégalités et du pouvoir des milliardaires

En revanche, si les fonds sont massivement investis dans l’immobilier, cela rend difficile plus difficile pour les jeunes l’accès à la propriété (surtout dans les grandes métropoles). Vous me direz que l’on n’a pas besoin de la capitalisation pour que se loger en ville soit hors de prix, mais je vous répondrais que cela pourrait être pire. 

En France, devenir propriétaire, dans les grandes villes, coûtent cher, mais aux USA c’est carrément plus de la moitié des habitants qui sont contraints de rester locataires (sources : etats-unis-toujours-plus-de-locataires-dans-les-grandes-villes ). Les causes de ce phénomène ne font pas consensus, mais pour moi, l’une des causes majeures est l’accaparement des appartements par des fonds d’investissement destinés entre autres à la retraire des Américains qui ne souhaitent pas vendre et achètent à n’importe quel prix. À noter toutefois que ses fonds sont également alimentés par l’argent des nombreux millionnaires et milliardaires que comptent les USA. 

Moralité : Vous trouvez que l’égalité coûte cher, essayez l’inégalité.

La capitalisation peut être un atout géopolitique

Si l’État a le contrôle du fond, il peut s’en servir comme outil de pression géopolitique. Par exemple, en menaçant d’interdire à son fond d’investir dans un pays ennemi ou au contraire ne l’utilisant pour favoriser ses concurrents. 

Il peut aussi s’en servir pour acheter des entreprises étrangères stratégiques ou disposant de brevets intéressants pour les entreprises nationales ou pour faire disparaître une concurrence gênante. Bref je ne vais pas faire la liste à la Prévert de tout ce que l‘on peut faire pour favoriser déloyalement son économie ou emmerder son voisin avec une grosse somme d’argent.

À noter cependant que ce point est largement théorique. En effet, en pratique mêler l’argent des retraites à ce genre de manigance, c'est prendre le risque de perdre de l’argent et donc de devoir annoncer à ses citoyens qu’il va falloir baisser les retraites. Et puis, en général, afin d’obtenir la confiance des citoyens dans le fond, il est nécessaire de le rendre un minimum indépendant. 

Et enfin, en général, les entreprises financières ne voient pas d’un bon œil que l’État se mêle de leurs affaires. Surtout quand cela concerne un aussi gros pactole.

La capitalisation donne l’illusion aux salariés que leur intérêt est aligné sur celui des actionnaires.

La capitalisation donne l’impression aux salariés d’avoir intérêt à une politique favorable aux entreprises et aux détenteurs d’actions. 

En gros, ça incite la population à être d‘avantage à droite. On a le même phénomène avec le fait d’être propriétaire de sa maison.

La capitalisation donne du pouvoir et de l’argent à la finance

La capitalisation change la structure du pouvoir dans les entreprises et en conséquence la nature du capitalisme.

Cette phrase barbare veut dire que dans un système par capitalisation les sommes gérés par les fonds gérant les retraites sont tellement énormes qu’elles leur permettent de devenir les principaux actionnaires de la plupart des grandes entreprises (voir carrément d’en prendre le contrôle) et d’être les principales sources de financement des entreprises (et parfois de petits États lorsque le fond gère la retraite de pays comme les USA).

Cela donne à leur gérant un énorme pouvoir politique et économique et oblige bon nombre d’entreprises à se plier à leur exigence. Et les gérants se sont ce que l’on appelle les financiers. La montée de la retraite par capitalisation aux USA et dans beaucoup de pays occidentaux est l’une des raisons pour laquelle on est passé dans les années 70/80 d’un capitalisme industriel à un capitalisme financier (ce n’est bien sûr pas la seule cause).

De plus, la gestion de ses masses considérables d’argent permet aux entreprises financières de toucher de juteuses commissions, qui vont également contribuer à leur donner du pouvoir au sein de la société. Et aussi à payer des salaires mirobolants qui vont détourner vers la finance les personnes les plus productives (comme votre serviteur).

La capitalisation peut être privée et locale. Et donc géré par démocratie directe localement (pas la répartition)

La capitalisation peut être mise en place par des acteurs privés et au niveau local, alors que la retraite par répartition ne peut être mise en place qu’au niveau national et par un État. Cela a des avantages et des inconvénients.

Mais, la conséquence principale est que la capitalisation permet d'avoir un système de retraite en grande partie géré par le privé sur un marché concurrentiel ou par des associations locales géré en démocratie directe. Ce qui fait que la droite et la partie de la gauche préfèrent la capitalisation (mais une capitalisation très différente de celle voulue par la droite).

En effet, la retraite par répartition pour fonctionner nécessite un grand nombre d’individus répartis sur un grand territoire. Sinon, le risque est trop important qu’il y ait un changement qui rende impossible de payer les retraites. Par exemple, si on fait une retraite par répartition à l’échelle d’une petite ville, alors sur les 30 années où un retraité aura besoin de toucher sa pension, il y a de grandes chances que la plus grosse entreprise du coin décide de déménager ou fasse faillite et que cela entraîne une explosion du chômage ou un départ des jeunes actifs. 

Résultat, le nombre de cotisants et le montant des cotisations risque de baisser au point de ne plus pouvoir payer les retraites promises.

Par contre avec la retraite par capitalisation, même s’il y a une crise locale, l’argent épargné pour payer les retraites reste toujours disponible. C’est une contrepartie positive que je n’ai pas évoquée au fait que la retraite par capitalisation permet de s’appuyer sur les revenus de tous les actifs de la planète et non pas que sur ce de la population concernée. Avec la retraite par capitalisation, pour que l’argent disparaisse, il faut qu’il y ait une crise suffisamment grave pour faire s’effondrer le système financier national et dans le cas français, mondial. Une telle chose est très peu probable et si elle se produisait, les retraites seraient le dernier de nos sujets de préoccupation. Dans un tel scénario, il ne sera de toute manière plus possible d’acheter quoi que ce soit avec de l’argent.

La capitalisation est un système beaucoup plus complexe à gérer que la répartition

Exemple de faillite des caisses de retraites par capitalisation : les-pensions-de-retraite-des-fonctionnaires-americains-sur-la

La capitalisation est un système potentiellement plus discriminant

On l’a vu, ce dont des assureurs qui décident du montant de la retraite versée en fonction de votre espérance de vie. Or un assureur pourrait très bien décider de ne pas verser la même chose à toutes les populations. Par exemple, afin de s’attirer des clients, un assureur pourrait proposer aux hommes des pensions plus élevées, car ils meurent plus jeunes.

Bien sûr, ce genre de chose pourrait être interdit par la loi et au contraire on pourrait imaginer un système par répartition gérée par un État raciste qui déciderait que les travailleurs non français n’auraient pas le droit à la même retraite que les blancs, mais la particularité avec l’assurance par capitalisation, c'est que les assureurs pourraient être discriminants tout en se défendant de l’être. Déjà, il pourrait cacher la manière dont ils font leur calcul, mais surtout, il pourrait s’abriter derrière le marché pour justifier ses discriminations et argumenter qu’elles n’en sont pas. Et ainsi, elle serait plus dure à combattre.

Concluons avec mon avis personnel

Personnellement mon système parfait serait la répartition à 100% car c'est un système beaucoup plus élégant et simple.

Il y a un besoin, alors on lève un impôt pour le financer. La capitalisation demande pour arriver au même résultat de passer par une usine à gaz que personne ne comprend vraiment.

Et pour répondre au problème de la chute du nombre d'actif je propose d'ouvrir totalement les frontières à l'immigration et même de payer les jeunes des autres pays pour qu'ils viennent s'installer en France.

Et dans le détail, je pense que l'on devrait tous avoir une contribution identique sur tous les revenus et une retraite unique versé à tout le monde dès le même âge.

Pour moi il n'y a plus d’âges de départ à la retraite, mais un âge à partir duquel tu touches une retraite, que tu continues ou non à travailler.

Et tout le monde a la même retraite. Finis les histoires des dix meilleurs salaires et de toutes ses bêtises. Tout le monde pareil indexé sur le salaire moyen.

À travail égal, salaire égal et tous les retraités font la même chose. Payer plus d’impôt n’a pas à donner droit à plus de droits.

D’ailleurs, pour moi, c'est le critère principal qui doit définir ce qui doit être géré par l’État ou le privé. Dans les cas où il est juste de faire une différence entre pauvre et riche, il faut que ce soit géré par le privé. Par contre, s’il faut une égalité entre riches et pauvres, alors il faut que ce soit géré par l’État (justice, éducation, santé,…).

Ainsi, le niveau des retraites suivra celui des actifs. On aura plus d'oppositions entre les intérêts des retraités et des actifs. Comme ça même si on devient aussi égoïste que les boomers on ne pourra pas se permettre d'être de telle salaud xénophobe.

Quant aux personnes qui font un travail pénible, je pense que dans la majorité des cas la solution ce n’est pas de leur donner droit à partir en retraite plus tôt, mais de rendre leur travail moins pénible.

Il n’est pas normal qu’à 50 ans la plupart des ouvriers à la chaîne soient physiquement à bout. Après, il y a une minorité de cas où ce n’est pas possible, comme les égoutiers ou les pompiers et là bien entendu, je suis d’accord qu'il faut leur donner le droit à une retraite précoce.

Par contre, les danseuses de balais, je suis désolé, mais si ça détruit leur corps au point qu’elles ne puissent plus travailler à partir de 40 ans alors c’est une pratique barbare qui doit être interdite de toute urgence. Ou au minimum profondément réformé afin de pouvoir concilier la poursuite de cette activité et la préservation de la santé des danseuses. Il n’est pas normal que l’on impose à des jeunes filles beaucoup trop jeune pour faire leur propre choix de tout sacrifier dans une compétition à celle qui arriverait le plus à se soumettre leur corps à des demandes inhumaines dans le seul but de satisfaire les désirs sadiques d’une bande de privilégié. 

Mais à part, j'aime le balai, je trouve ça très joli.

Ouverture sur le salaire à vie et le revenu universel

Sinon, j’aime beaucoup le salaire à vie de Friot que moi, j’appelle du néo-communisme ou les idées de revenu universel qui consiste tous les deux à déconnecter totalement le salaire que l’on perçoit du travail que l’on fait réellement et donc à rendre totalement obsolète l’idée de retraite. Personnellement, si demain, on propose de mettre l’une de ces idées en place, je signe tout de suite, mais en l’état je pense que je ne verrais pas de mon vivant une société française prête à accepter cela. Je me trompe peut-être et j’espère me tromper, mais je pense que la proportion de gens qui trouveraient ça juste ou acceptable que l’on ne soit pas obligé de travailler pour recevoir un salaire (et donc à contrario que ceux qui travaillent soient obligés de payer des impôts/cotisation pour financer le salaire de ceux qui ne travaillent pas) est trop faible. 

Dommage, car j’aimerais vraiment savoir ce que cela donnerait. Est-ce que le système s’effondrerait sous le poids des fainéants ? Ou est-ce que tout le monde travaillerait, mais produirait des choses pour se faire plaisir, totalement décoléré du besoin des autres et de la société et donc s’effondrerait ? Ou au contraire, est ce que la masse de travail inutile, nuisible ou simulée disparaîtrait pour être remplacée par un travail beaucoup plus utile et donc que la productivité et la prospérité exploserait ?

On ne le saura jamais. Ou plutôt, je ne le saurais jamais. Si vous n’êtes pas d’accord je vous invite à militer pour ces idées, en en parlant un maximum autour de vous, afin qu’un jour, je sois contraint d’avouer mon erreur en voyant à la télé un premier ministre annoncer l’instauration du salaire à vie. En attendant, si on exclut la possibilité de décolérer travail et salaire, je trouve que ma proposition est la plus juste et la plus efficace. Ou plutôt la plus efficace pour atteindre ce que je considère comme étant juste.