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Scepticisme et médecines douces

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Resume

Récemment, j'ai été confronté dans mon entourage à des tenants des médecines douces qui ont essayé de me convaincre. Sur le moment, je n'ai pas été capable d'exposer clairement ma position et encore moins de la justifier de manière convaincante (j'étais fatigué et assez surpris que ce sujet vienne sur la table).

J'ai donc écrit ce billet de blog pour me venger sur mes lecteurs en leur infligeant une interminable explication sur le sujet.

Introduction

Récemment, j'ai été confronté dans mon entourage à des tenants des médecines douces qui ont essayé de me convaincre. Sur le moment, je n'ai pas été capable d'exposer clairement ma position et encore moins de la justifier de manière convaincante (j'étais fatigué et assez surpris que ce sujet vienne sur la table).

J'ai donc écrit ce billet de blog pour me venger sur mes lecteurs en leur infligeant une interminable explication sur le sujet.

Présentation du Scepticisme

Théorie générale du scepticisme

Je vais d’abord faire une digression plus générale sur le scepticisme en ligne. Cette expression barbare, désigne un mouvement né en ligne au début des années 2010 à la suite de l’essor de la vulgarisation scientifique sur YouTube.

Et pour cause, ce mouvement a pour but d’essayer de réfléchir à des critères/méthodes pour déterminer ce qui est vrai ou faux, ce qui est scientifique ou ce qui ne l’est pas. Et ensuite, à militer pour que les chaînes de vulgarisation ou les médias appliquent ses critères ou soient dénoncés comme non-scientifiqueS/menteurS/faisant de la désinformation.

Vous ne connaissez peut-être pas ce mouvement, car les vidéos YouTube qui en parlent ont rarement dépassé les 500 000 vues (ce qui est déjà pas mal). Cependant, il a très vite débordé en dehors de YouTube et a eu un impact non-négligeable sur la politique en France.

Pour donner quelques exemples, c’est à ce mouvement que l’on doit le déremboursement de l’homéopathie ou les réflexions/directives du ministre de l’Éducation nationale sur l’enseignement de l’esprit critique à l’école, le harcèlement de chercheur spécialisé sur les questions d’esprit critique et de méthode scientifique qui ont eu l’audace de signaler que les têtes d’affiche de ce mouvement racontaient n’importe quoi. Il est aussi à l’origine de concepts comme le fact-checking et des maximes qui commencent à m’horripiler à force d’être utilisées n’importe comment par des propagandistes de droite comme : ‘Il faut séparer les faits des opinions’.

Bref, le bilan de ce mouvement est plutôt mitigé et pourtant, je revendique sans honte que je le soutiens et que l’on devrait tous d’avantage si intéresser, tant il me semble porteur. Et pour vous en convaincre, je vais vous présenter la version que je pense la plus abouti de l’idéologie/philosophie portée par ce mouvement.

Pour que mon explication soit plus digeste, je vais illustrer mon explication un exemple simple (voire simpliste).

Imaginons que mon voisin prétend avoir des pouvoirs psychiques et qu’il peut contrôler sûr qu’elle face une pièce retombe lorsque que l’on joue à pile ou face. Il lance 20 fois une pièce en l’air et elle retombe toujours sur face. Est-ce que je dois en conclure qu’il a effectivement des pouvoirs ? Bien sûr que non. Mais pourquoi ? Est-ce que ce n’est pas être dogmatique, fermé d’esprit et non scientifique de ne pas le croire dans ce cas-là ? La réponse tient en trois points :

Du coup en toute rationalité, je ne peux pas exclure qu’il ait un don, mais au vu de toutes les données à ma disposition, pour être gentil, ce n’est pas l’hypothèse la plus crédible. Seulement voilà ça, c’est une conclusion peu satisfaisante.

Moi, dans cette situation, j’ai envie de savoir avec certitude, si oui ou non mon pote a un don. Je veux avoir une démarche scientifique et la science, c’est l’établissement par l’expérience de fait indiscutable ? Ben non, justement. Pour un sceptique, la science, c’est tout le contraire. Pour un sceptique, la démarche scientifique nécessite d’accepter que l’on ne pourra jamais exclure ou prouver quoi que ce soit à 100 %. Et donc que l’on ne pourra jamais être sûr de rien. Et cela, quoi que l’on fasse. Tout ce que l’on peut faire c’est :

Cette phrase difficilement compréhensible veut dire que contrairement à ce que l’on dit en général à l’école, dans la réalité, il n’est jamais possible de créer des protocoles expérimentaux qui vont tester une seule hypothèse et donc d’exclure à coup sûr une explication avec une expérience.

Par exemple, dans notre cas, si je lui demande de plier une fourchette en deux et qu’il n’y arrive pas, je ne pourrais pas exclure à 100 % qu’il n’a pas juste eu un moment de faiblesse, mais qu’il a de vrais pouvoirs. Cependant, le plus probable, c’est que s’il n’y arrive pas, c’est qu’il n’a pas de don, donc ce résultat augmente la probabilité qu’il n’ait pas de don (mais ça ne le prouve pas à 100%).

Dans cet exemple très simplifié, on pourrait me reprocher de chipoter. Si ça m’arrive en vrai, quitte à passer pour un être fermé d’esprit, si mon pote échoue à plier la fourchette, je ne vais pas m’emmerder à garder ouverte la possibilité qu’il a vraiment des pouvoirs psychiques. Et s’il arrive à soulever à distance un des meubles que j’ai chez moi, je vais le croire lorsqu’il me dit qu’il a des pouvoirs.

Mais dans la vie, en général, on est confronté à des problèmes un poil plus complexes et là cette démarche prend tout son sens. Pour le montrer, je vais développer deux exemples, l’un historique (et très célèbre) et l’un très politique. Mais cela s’applique à toutes sortes de problèmes de la vie courante, à commencer par les problèmes que l’on rencontre dans la vie professionnelle (moi en tout cas les enseignements des vidéastes scepticisme m’a beaucoup aidé dans mon travail et je ne comprends pas pourquoi ce n’est pas enseigné à l’école).

Exemple 1 : newton et Einstein

Lorsqu’au XIXe siècle, on a observé que l’orbite d’Uranus n’était pas conforme aux prédictions de Newton, la réaction instinctive et conforme à la vision de la science que l’on a traditionnellement serait de conclure que la théorie de Newton est fausse et de chercher une nouvelle théorie.

Mais étant donné les très bonnes performances de la théorie de Newton depuis un siècle pour prédire toutes sortes de phénomènes, les astronomes de l’époque ont plutôt cherché d’autres explications. Et l’une d’elles était de se demander s’il n’existerait pas une planète inconnue qui perturberait l’orbite d’Uranus. Ils ont donc calculé quelle masse et quelle orbite devrait avoir cette planète inconnue pour réconcilier les prédictions de la mécanique newtonienne et les observations. Et c’est comme ça qu’on a découvert Neptune à l’endroit exact où la théorie avait prédit sa présence.

Suite à ce succès impressionnant (et à d’autres), la mécanique newtonienne est devenue dans l’esprit de la plupart des contemporains une vérité absolue. C’est donc tout naturellement que quelques décennies plus tard, lorsqu’on découvrira que l’orbite de Mercure n’était pas conforme aux prédictions de Newton, on imaginera toute sorte d’hypothèses ad-hoc pour sauver la théorie.

Malheureusement, ce coup-ci c'était bien la théorie qui était incorrecte et il faudra attendre Einstein et sa théorie de la relativité pour comprendre la raison des bizarreries de l’orbite de Mercure.

Cet exemple historique montre qu’adopter une approche sceptique est très fécond en termes de découverte scientifique et permet de d’avantage s’approcher de la vérité que si on avait adopté les raisonnements plutôt intuitifs que l’on présente au collège (et qui étaient ceux de beaucoup d’intellectuels dans le passé).

En effet, ces approches conduisent soit à rejeter trop vite des explications pourtant vraies, soit à une attitude dogmatique en rejetant des observations qui pourraient remettre en cause la théorie.

Pour prendre rapidement un autre exemple, c’est ce type de raisonnement qui conduira les responsables de l’URSS qui refusaient d’admettre qu’il pourrait y avoir des Serial Killer en URSS, car la théorie en vogue à gauche disent que la criminalité est produite par les inégalités. Bon, leurs comportements s’expliquent aussi par une sacrée dose de mauvaise foi et une très forte envie de ne pas finir au goulag, mais il ne faut pas oublier que beaucoup y ont cru sincèrement et que beaucoup continu de tomber dans un excès de dogmatisme à cause de ce genre de raisonnement extrêmement intuitif.

Et pas seulement sur des sujets très théoriques ou intellectuels. On a tous croisé au cours de notre vie une personne ayant une attitude dogmatique sur un sujet particulier et à qui ça nuira. Et en fait je suis sûr que vous êtes également tombé dans se piéger sur certains sujets, tant ses raisonnements sont intuitifs et tant il est facile de tomber dedans.

Pour moi, appliquer le plus possible la démarche sceptique permet de diminuer le nombre de fois où on tombe dans ce piège.

Exemple 2 : la criminalité

Pour cet exemple, je vais critiquer cette vidéo de cette excellente chaîne : Stéréotype sur la prison : "Les prisons sont pleines d'étrangers" ?!

En résumé, dans cette vidéo, elle dit que :

À titre personnel, je suis entièrement convaincu par ce raisonnement et trouve leur vidéo géniale. Mais, pour un sceptique, son raisonnement est presque autant de la merde que celui des droitardé qu’elle critique. Et cela pour une bonne raison : c’est pratiquement le même (les mots ‘pratiquement’ et ‘presque’ sont importants).

En effet, si je résume les deux argumentaires, on a : ‘cette statistique sur la criminalité monte, alors la criminalité monte’ contre ‘cette statistique sur la criminalité est stable, alors la criminalité est stable’. Or, si vous avez bien suivi pour un sceptique, il faudrait plutôt dire : ‘ je pense plus probable que la criminalité monte, car cette statistique monte’ ou ‘ je pense plus probable que la criminalité soit stable, car cette statistique est stable’.

Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas du chipotage inutile et ça des effets concrets.

Par exemple, l’absence de ce chipotage, entraîne que sa vidéo ne parlera qu’aux personnes déjà convaincues (ou éventuellement à des indécis qui penchent légèrement à gauche). Si le but est de faire changer d’avis les droitardés, je pense qu’il est complètement loupé, car de la même manière que nous autres gauchistes levons un sourcil d’exaspération et de mépris devant ses médias de droite et imaginons immédiatement des explications alternatives à cette hausse de certaines statistiques sur la criminalité, les droitardés rejetteront immédiatement cet argumentaire en imaginant des explications alternatives.

Au final, on a donc deux camps convaincus de détenir une vérité indiscutable, car prouvée par les faits, et qui pensent que les autres sont des idiots ou des menteurs.

Pour sortir de cette situation peu satisfaisante, la solution, c’est d’expliquer la démarche sceptique et d’inviter l’autre camp à essayer d’appliquer cette démarche à la question de la criminalité. Cela veut dire commencer par admettre que l’on a peut-être tort et que c’est l’autre camp qui a peut-être raison. Et ensuite cela veut dire qu’au lieu de dire que l’on va prouver que l’on a raison, on va exposer pourquoi est-ce que l’on pense que notre explication et plus probable et demander à l’autre pourquoi il pense le contraire. En gros, qu’elles sont les explications alternatives qu’il voit et que nous, on ne voie pas à cause de nos biais (les bais sont un autre concept du scepticisme ou plutôt de l’idéologie sceptique que je ne détaillerais pas ici) et qu’elles sont les observations que l’on aurait loupées.

D’après les sceptiques, à force d’échange, on va finir par avoir la même liste d’explication possible et la même liste d’observation. Donc, si on suit la démarche sceptique, on finira par tomber d’accord sur la même conclusion.

Alors, oui, c’est une vision bien naïve et bisounours du débat public (et même du débat académique) qui convient mieux à un libéral idéaliste qu’à un matérialiste (ce n’est pas un hasard si la plupart des philosophes cités par ce mouvement comme Baye ou Popper se sont politiquement engagés à droite). Dans la vraie vie, la recherche de la vérité n’est pas la préoccupation première de tout le monde et tout le monde n’a pas autant accès à la parole ou n’a les moyens de chercher des observations qui vont dans son sens. L’idée que l’on va pouvoir s’asseoir autour d’une table entre égaux avec les fachos, qu’il faut rester sage et polis avec eux et considérer qu’ils ne vont pas nous mentir et reconnaître qu’ils ont tort si on leur présente les bons arguments, c’est utopique.

En plus, cette démarche demande d’accepter que l’on aurait peut-être tort, ce qui dans certains cas pose des problèmes moraux (par exemple accepté que l’on a peut-être tort lorsque l’on dit que les Arabes ne sont pas des voleurs est moralement compliqué, surtout pour un Arabe).

Cependant, je pense que c’est ce que l’on a de mieux pour faire changer d’avis des gens et les dés-extrémiser (ça et créer des services publics mieux financés, appliquer sévèrement les lois interdisant les discours de haine à la télé, réduire les inégalités…). Et dieux sait que l’on a besoin de méthode pour réussir à convaincre les gens de tourner le dos à ce genre d’idée.

Conclusion

Et il y aurait encore beaucoup à dire.

Par exemple, je pourrais expliquer l’importance dans le scepticisme du collectif et de la diversité dans la recherche.

En effet, contrairement à ce que j’ai semblé dire avec Newton et Einstein, le scepticisme rejette l’idée que la science progresse grâce à de grands hommes ou que l’on peut tout seul dans son coin parvenir à de bonnes conclusions en : ‘faisant ses propres recherches ‘ (comme diraient les complotistes).

Je pourrais parler de comment le scepticisme explique que des gens adhèrent à des théories du complot et de comment les en sortir (même si j’ai déjà donné des pistes lorsque j’ai détaillé mon exemple sur la criminalité).

Néanmoins, par manque de temps, je vais m’arrêter là et passer à la suite.

Cependant, pour les plus curieux qui voudraient en savoir plus, je donne le lien vers la chaîne :Hygiene Mentale et plus généralement l’instance peertube : skeptikon (je précise que je n’aime pas la vidéo d’écologie rationnelle sur le bitcoin qui est hébergé sur cette instance et qui apparaît en bonne place sur la page d’accueil de cette instance).

Mais si vous ne deviez en voir qu’une seule, je vous conseille la vidéo suivante : Terre plate : et si on avait raté quelque chose.

Scepticisme appliqué

Présentation générale

Tout cela, c’est bien beau, mais maintenant se pose une question : comment appliquer la démarche sceptique pour savoir si les médecines douces fonctionnent (car je le rappelle, c’est le sujet de ce billet).

Intuitivement, vous auriez envie d’acheter ses traitements et de les essayer vous-même dans votre coin pour déterminer avec la démarche que je viens d’expliquer s’il est probable que les médecines douces ont un effet. Cependant, très vite, vous allez être confronté à des obstacles insurmontables. Déjà, le plus évident, c’est le manque de temps et de moyens. En effet, étant donné la variété de médecine douce qui existe et le nombre de maladies qu’elles sont censées guérir, une vie entière ne vous suffira pas à toutes les tester. Et puis de manière plus pratique, lorsqu’on s’intéresse à ce sujet, c’est en général, que l’on est malade et qu’on cherche un traitement qui fonctionne. Donc on n’a pas le temps ou l’énergie de faire des expériences ou de poser plein de questions.

Et quand bien même on l’aurait tout seul, on a rarement assez d’imagination, de connaissances ou de vécu pour juger d’un sujet.

De plus, ça revient un peu à faire abstraction de plusieurs milliers d’années d’accumulation de connaissances scientifiques et à repartir de zéro. Or, si on ne s’appuie pas sur le travail de nos prédécesseurs, on a de grandes chances de juste faire les mêmes erreurs qu’eux. Donc, à part si vous voulez vous retrouver à soigner votre cancer avec des saignées, je vous conseille d’éviter.

En oui, se moquer de nos ancêtres ou des gens qui actuellement croient à des théories qui au premier abord, nous semblent idiotes (comme au hasard les médecines énergétiques ou fondées sur des concepts comme les méridiens), c’est rigolo et défoulant, mais c’est très con.

En effet, lorsqu’on arrête de se moquer suffisamment longtemps pour se pencher sérieusement sur le sujet (en général, parce qu’on est atteint d’une maladie que la médecine conventionnelle ne peut pas soigner), on se met à y croire. En effet, les croyants ne sont ni cons, ni fous, ni dignes d’une quelconque moquerie. Pas plus que ne l’étaient les savants grecs ou chinois qui ont inventé ces concepts, il y a 2 000 ans. C’est juste que les explications alternatives sont loin d’être évidentes et ont nécessité plusieurs générations de gens discutant entre eux, lisant ce que leur prédécesseur avait fait et faisant des expériences avec des moyens qui ne sont pas à la portée de tous (même aujourd’hui) pour être découverte.

Par exemple, l’une des motivations de l’écriture de ce billet est qu’une collègue a voulu me convaincre de l’efficacité des médecines douces en me racontant une interminable anecdote. Elle était très bien racontée et dans un autre contexte, je l’aurais beaucoup appréciée. Mais là, intérieurement, je trépignais d’impatience, car j’en connaissais d’avance la conclusion et elle n’était en rien de nature à me faire changer d’avis d’un iota sur le sujet, pour la simple et bonne raison que j’en ai déjà entendu plein de similaires.

En très résumé, elle avait une douleur au dos qui ne voulait pas partir, quels que soient les traitements qu’elle utilisait, puis elle a été chez sa belle-sœur énergéticienne et quelque temps plus tard la douleur à disparu.

Pour elle, c’était la preuve que les médecines énergétiques étaient vraiment efficaces, mais pour un sceptique, il y a plein d’explications alternatives possibles que l’on regroupe en général sous le terme d’effets contextuelleS (avec un grand S). Et ce n’est pas con comme conclusion.

Cependant, essayer de me convaincre que les médecines alternatives fonctionnent avec des témoignages de ce style, c’est comme essayer de me prouver que toutes les pommes de la terre sont rouges en me montrant des pommes rouges. Même après en avoir vu un million de pommes rouges, la probabilité qu’il existe quelque part des pommes vertes restera très élevée. Ben là, c’est pareil, même avec des milliers de témoignages de ce genre, la probabilité que c’est juste dû aux effets contextuels restera très élevée. Il faut un autre type d’expérience pour permettre de changer la probabilité que j’attribue à l’efficacité des médecines douces.

Si vous avez survécu jusque-là vous attendez à ce que je détaille ce que sont ses effets contextuels et ses autres types d’expérience. Le problème, c’est que pour traiter correctement le sujet, il faudrait des heures. Cependant, je doute que vous ayez envie de lire un livre de ma part sur le sujet et moi, je n’ai pas envie de l’écrire.

Donc on va abréger en disant que lorsque l’on est un scientifique qui dispose de moyen illimitée, le meilleur moyen que l’on ait pour le moment de vérifier l’efficacité d’une médecine c’est la sacro-sainte étude en double aveugle randomisée et de faire semblant d’ignorer les nombreux problèmes que cette méthode a et que l’on vit dans un monde où la recherche médicale n’est pas gangrenée par les luttes de pouvoir et les enjeux financiers.

Et que lorsque l’on est un particulier, c’est de consulter les Meta étude sur Google-scholar ou si on est pressé de se fier à ce que disent les organisations scientifiques comme l’OMS. Je répète, il ne s’agit pas de déterminer une source de vérité qui serait à l’abri de toute corruption/erreur ou critique de la part des simples mortelles comme nous qui nous pas eu la chance de naître avec la supériorité intellectuelle des experts, mais juste de faire le pari qui a le plus de chance d’être vraie lorsque l’on est un citoyen lambda.

Formuler les choses comme ça peut paraître inutilement long et compliqué, mais si on prenait davantage la peine de le faire, peut-être que les réseaux sociaux ne seraient pas remplis de sceptique au ton hautain qui traître d’idiot ce qui croit aux médecines douces ou qui ont la haine contre ceux qui ne voulaient pas se faire vacciner (par contre, je comprends ceux qui avaient la haine contre un certain mandarin à cheveux longs qui mentait ouvertement et se torchait le cul avec les règles les plus élémentaires d’éthique de sa profession).

Application pratique : l’Acupuncture ça marche ?

Pour que la démarche soit plus claire et que vous puissiez l’appliquer vous-même, on va prendre un exemple simple : l’acupuncture. Pour écrire ce billet, j’ai été parler avec une partisane de l’acupuncture (oui, je souffre pour vous).

Durant cette conversation, elle a mentionné deux arguments en faveur de l’acupuncture qui collent parfaitement avec mes critères. Le premier, c’est qu’il aurait été reconnu par des organisations scientifiques importantes comme l’association américaine de psychologie (de mémoire) et le deuxième, c’est qu’il y aurait des méta-études qui le prouveraient.

Sur le coup, je n'ai pas sur quoi répondre, car je ne savais pas ce qu’était cette association qu’elle était sa compétence sur le sujet (et encore moins ce qu’elle avait dit exactement). Le lendemain, j’ai donc fait une recherche dans Google pour avoir plus d’info et je n'ai trouvé aucune déclaration de l’association américaine de psychologie sur l’acupuncture.

Par contre j’ai eu une pléthore d’articles de site promouvant l’acupuncture prétendant que l’OMS l’aurait reconnu. Mais si c’est vrai, c’est encore mieux comme raison d’y croire. Cependant, aucun de ses sites ne donne sa source. J’ai donc été sur le site de l’OMS et je n’ai rien trouvé non plus.

J’ai trouvé des tonnes de PDF disant comment pratique l’acupuncture sans risquer (en gros, il faut laver ses aiguilles sinon on risque de filer une infection au patient), mais rien sur l’efficacité. J’en ai eu marre et je me suis dit que j’allais plutôt avoir recours à une méthode simple qui prend 5 secondes et qui est normalement la méthode employée par l’OMS pour faire ses recommandations lorsqu’elle à pas trop le temps : lire la conclusion des premières Meta étude sur un sujet qui ressorte sur google scolar.

Là, j’ai encore eu un problème, c’est que ma question est en fait trop vaste.

En effet, je trouvais des tonnes de résultats répondant tous à des questions différentes : acupunctures et obésité, acupunctures et effet secondaire, acupunctures et cholestérol. Bref, de quoi se passer de somnifère pour toute une vie. J’ai donc resserré la recherche sur les effets sur la douleur, car de ce que j’ai lu lors de mes précédentes recherches, c’est la première raison pour laquelle on va voir un acupuncteur dans le monde et c’est principalement de ça dont on a parlé. J’ai ensuite demandé un tri selon la pertinence et voilà les 3 premières meta-etude qui sont ressortis :

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1470211824006390

https://www.bmj.com/content/338/bmj.a3115.abstract

https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0304395999003048

En très résumé, pour moi ses méta-etude réalisées durant les années 2000 ont tous la même conclusion : effet positif trop faible pour être différencié d’un biais.

En langage plus clair : on ne peut pas exclure que l’acupuncture a un effet, mais s’il existe, il est trop faible pour être mesuré avec les techniques que l’on possède actuellement (sachant que nos techniques sont très mauvaises et les études de mauvaise qualité en général). En gros, le plus probable est que l’acupuncture est aussi efficace contre la douleur qu’un doliprane.

Perso, j’étais persuadé en commençant mes recherches que l’on était sûr que cela n’avait aucun effet (ou plutôt qu’il était extrêmement probable que cela n’ait aucun effet). Je suis obligé de changer d’avis sur ce sujet.

Avant de finir, je rajoute ce lien que j’ai découvert en faisant mes recherches : https://curiologie.fr/blog/2018/06/26/acupuncture-maj/

Complément sur l’acupuncture.

Même si l’acupuncture marche, cela ne veut pas dire que l’explication qui en est donnée à base d’énergies, de méridien ou autre fonctionne. Ça pourrait être expliqué par tout autre chose n’ayant rien à voir avec une énergie intérieure.

Et justement en parlant d’énergie. J’ai un peu menti, même lorsque l’on est sceptique, il y a certaines explications que l’on rejette totalement sans même les considérer : les explications religieuses et je vais expliquer pourquoi avec un exemple simple :

Si je demande 'pourquoi est-ce qu’il pleut?' et que l’on me répond : « parce que dieu l’a voulu », intuitivement, on comprend que ça ne va pas comme réponse. En effet, si on se met à accepter ce gendre d’explication, on arrête de faire de la recherche, on explique tout par : ‘c’est Dieu qui l’a voulu’.

Cependant, c’est peut-être vrai. Si on est logique et pas fermé d’esprit, pourquoi est-ce que l’on repousserait cette hypothèse ? Par réflexe, je pourrais vouloir appliquer ma méthode de tout à l’heure en cherchant des explications alternatives et des faits qui vont à l’encontre de cette hypothèse, mais en fait, je me rends compte qu’il n’y a aucune explication alternative qui soit en contradiction avec cette théorie (à part, peut-être, c’est le diable qui la voulut, mais ça ne nous avance pas). Et aussi qu’il n’y a aucun fait ou expérience dont le résultat rendrait cette explication plus ou moins probable. Cette explication-là, elle ne rentre pas dans le filtre. Le scepticisme et plus généralement la science est muette sur sa validité.

Et pour moi la raison, c’est Einstein qui l’a le mieux résumé : « Définissez-moi d'abord ce que vous entendez par Dieu et je vous dirai si j'y crois ».

Le problème avec cette explication, c’est que ce n’en est pas une, principalement, car ‘dieu’ sans davantage de précisions, est un concept vide qui veut tout et rien dire. On a l’impression d’avoir dit quelque chose de précis, mais en fait on a rien dit du tout. Et l’hypothèse vide, elle n’est ni vraie ni fausse.

C’est comme quand un politicien dit qu’il va ‘défendre la république’. Tu as l’impression qu’il a dit quelque chose, mais en fait non. C’est vide. Ou plutôt, ça peut vouloir dire n’importe quoi. Tu ne peux pas savoir juste avec cette phrase s’il veut dire qu’il va voter une mesure islamophobe ou lutter contre l’extrême droite.

Dire ‘c’est causé par dieux’ c’est comme dire ‘c’est causé par quelque chose’(merci captain obvious). Ce n’est pas une explication, c’est une hallucination littéraire. Ça ne veut pas dire que dieu n’existe pas, mais que lorsque l’on fait de la science, soit on l’évacue de l’équation, soit on précise de manière plus précise ce que l’on entend par dieu. Et en général, quand on essaye de définir dieu, on s'aperçoit que même s’il existe, il n’a définitivement rien à foutre dans les livres de science.

Et si j’ai fait cette longue digression, c’est pour dire que l’énergie vitale invoquée pour expliquer le fonctionnement de certaines médecines alternatives, c’est comme dieu : un concept vide. C’est une explication religieuse qui essaye de se faire passer pour une explication scientifique en empruntant le vocabulaire de la science.

Ayant eu une formation d’ingénieur, je sais que l’énergie en physique, c'est un concept dont on ne comprend pas totalement la nature et que l’on a du mal à définir (à l’instar de beaucoup d’autres comme le temps). Cependant, en physique, ça désigne quelque chose de concret et précis qui n’a absolument aucun sens dans le contexte des médecines alternatives.

Expliquer le succès d’une pratique médicale en utilisant les mots : ‘transfert d’énergie’, ‘énergie vitale', c’est comme si tu me disais que ça s’explique par ‘un transfert de joint de culasse’. Ça n’a juste aucun sens, car dans le contexte médical, ce mot veut tout et rien dire (plutôt rien que tout).

Et c’est la raison pour laquelle, lorsque l’on me parle de médecine expliquée par une mystérieuse énergie vital, magnétique où je nais ne sais quoi, c’est un rejet direct. La pratique peut-être qu’elle marche, mais elle est enrobée dans une théorie qui n’a rien des scientifiques et qui est juste de la religion new-age déguisée.

Et justement, les médecines alternatives sont remplies de défauts, mais l’un des plus graves à mes yeux, c’est que c’est la porte d’entrée privilégie des religions new-age (et aussi des sectes, mais ça, c’est plus anecdotique). Et je pense que vous aurez compris que je n’aime pas les religions.

Attention le jour où le seul problème en France, ce sera les religions, la vie sera belle. Et je ne fais pas partie de ses athées militants et autres bouffeurs de curé qui se sont reconvertis dans l’islamophobie et veulent interdire aux gens de pratiquer leur religion en détournant le concept de laïcité (qui à la base est tout le contraire). Je considère que l’interdiction du voile à l’école est une atteinte à la laïcité et doit être abrogé. Cependant, même dans leur version modérée les religions présentent pour moi d’énormes problèmes comme le fait qu’elles poussent les gens à être de droite ou qu’elles véhiculent des croyances que je pense infondées et néfastes.

Et les religions new-age sont pour moi les religions les plus problématiques, car elles ne se présentent pas comme des religions et sont donc plus difficiles à combattre. Mais, bien sûr, il faut relativiser. La religion n’est pas ce qui a plus d’influence sur les opinions politiques d’une personne.

Par exemple, faire des études d’ingénieur augmente sensiblement plus la probabilité de voter Macron que d’aller à la messe. Et pourtant, je suis la preuve vivante que l’on peut faire des études d’ingénieur et être de gauche. Et ce n’est pas parce que ça pousse à voter à droite que c’est caca et qu’il faut s’en débarrasser. Même si leurs élèves votent davantage pour Macron que la moyenne, ce n’est pas une raison pour fermer les écoles d’ingénieurs. Qui c’est qui va construire de magnifiques centrales nucléaires ou des gros missiles si on n’est pas là ? Certainement pas les ouvriers et techniciens, tout le monde sait qu’ils sont totalement perdus sans un ingénieur pour leur dire quoi faire depuis leur bureau d’étude climatisé.

Critique de la religion

Maintenant après avoir passé les dix dernières page à faire l’éloge du scepticisme, je me dois de terminer par une critique de leur grand ennemi : les religions.

À gauche, en ce moment, de plus en plus de gens pensent que c’est un combat secondaire voire réactionnaire, car il est instrumentalisé par les racistes pour promouvoir l’islamophobie. Il y a même des chrétiens de gauche qui tentent de faire la promotion d’une relecture progressiste des religions. C’est un peu le cas dans cette mauvaise émission qu’est L’Empire n’a jamais pris sur Blast (j’arrive pas à croire qu’ils aient produit pire que Les Mariolles en termes de qualité).

Personnellement, je ne suis pas d’accord avec cette vision, car je ne vois pas en quoi la religion serait une source de souffrance moins grave que la transphobie, la LGBT-phobie ou le racisme. Car oui, il faut le rappeler : même aujourd’hui en France, les religions font massivement souffrir des gens. Et je ne parle pas que des fondamentalistes, mais également des modérés. Je répète : la religion n’est pour moi qu’une source de souffrance inutile.

Elles sont aussi parfois une excuse pour des comportements homophobes, transphobes ou réactionnaires, mais ça, je ne leur en tiens pas rigueur, car il y a fort à parier que même s’ils étaient athées, leurs auteurs seraient quand même homophobes, transphobes ou réactionnaires. La seule différence, c’est qu’ils justifieraient autrement leur idéologie de merde. Pour moi, la religion est une excuse facile, et non la cause de ces comportements abjects.

Mais je ne suis le plus à même d’en parler. C’est pourquoi j’aimerais vous partager les nombreuses vidéos de témoignages d’apostats français disant à quel point leur religion — même modérée — les a fait souffrir, et à quel point ne plus y croire a été pour eux une libération, et pourquoi.

Cependant, la plupart de ces vidéos ont été récemment supprimées après que leur auteur a subi des vagues de harcèlement de la part de croyants. Je vais donc partager les rares chaînes survivantes après cette épuration de leur contenu :

YaacovDaCosta

Le SAV des Religions

Révélation Mormone

Mais comme c’est insuffisant, je vais répondre aux trois principaux arguments utilisés pour défendre les religions.

À noter que Je ne parle ici que des religions présentes en Europe, à savoir :

Pour les autres religion je ne les connais pas suffisamment pour ne parler, mais je doute que se soit très différent.

Argument moral

Souvent on défend les religions en disant qu’elle rendrait moral.

Et des fois c’est vrai. Par exemple dans cet article ne-plus-voir-la-vie-comme-un-jeu-uniquement-nul . On a le récit d’un fondamentaliste chrétien qui est devenu pacifiste grâce à une révélation mystique. Il a refusé de tuer et a converti des gens des deux camps à sa doctrine.

Si tout le monde avait fait pareil, combien de millions de morts et de massacres auraient été évités ? Et à sa petite échelle, combien a-t-il évité de morts inutiles ?

Et tout cela, grâce à la religion.

Mais ceux qu’on appellera plus tard les objecteurs de conscience se trouveront également chez les athées. Peut-être y en a-t-il une plus grande proportion chez les religieux — mais je n’ai pas trouvé de chiffres fiables sur le sujet. (Si ça se trouve, c’est chez les athées qu’il y en a le plus, mais je pense plus probable qu’il y ait à peu près la même proportion des deux côtés.)

Ce qui est en revanche indiscutable, c’est que les grandes organisations promouvant des idées pacifistes et internationalistes, et fondant leurs décisions en général au cours de l’histoire, ont plutôt été des organisations athées ou laïques.

Au contraire, les organisations religieuses ont plus souvent été du côté des va-t-en-guerre — à quelques exceptions notables comme les Mormons. Mais dans leur cas, ce n’est pas lié au fait qu’ils seraient une organisation religieuse particulièrement portée sur l’internationalisme, le pacifisme ou l’amour de leur prochain.

Pour moi, au contraire de ce que disent certains, la religion est un frein à la morale, car on agit par peur et non par conviction.Mais en même temps, cela peut donner confiance dans le fait que la règle sera appliquée, et résoudre le paradoxe du « si personne ne le fait, pourquoi moi je le ferais ? ».C’est une alternative à une autorité centrale qui impose une règle :

Et comme officiellement, personne ne décide des règles (en réalité c’est un prêtre qui les décide), cela peut rendre plus difficile de contester une règle injuste.Mais en même temps, cela limite aussi la capacité de l’autorité centrale (ici les prêtres) à édicter n’importe quoi.

La religion, c’est une sorte d’ancêtre de l’État de droit.Elle permet qu’il y ait une autorité centrale qui impose des règles communes, mais sans que l’autorité centrale ait tous les pouvoirs.

Au niveau individuel, je maintiens que c’est un frein à la morale,mais au niveau collectif, si un État de droit démocratique n’est pas possible, la religion provoque un progrès moral.

Argument spirituel

Un autre argument est que la religion permettrait de promouvoir la réflexion et la spiritualité (ce qui ne ferait pas de mal dans notre monde).

Mais pour moi, les religions sont au contraire un frein à cette réflexion et à cette spiritualité, en paralysant la réflexion sur l’interprétation de ce qu’a dit un dirigeant il y a 3 000 ans.Car oui, les livres religieux, ce sont des rois ou des empereurs qui les ont écrits :

Dans le cas du New Age, c’est une simplification et un mélange de vieux concepts philosophiques, qui donne une sauce incohérente visant à faire croire que l’individu peut devenir maître de son destin et accéder au bonheur s’il est un bon croyant et un bon pratiquant.

Être un bon pratiquant du New Age, ce n’est pas réfléchir, mais :

Vous l’aurez compris : si je reconnais quelques valeurs aux religions traditionnelles, j’ai beaucoup plus de mal avec le New Age.Bon, en fait, à petite dose (et la plupart des gens restent à une petite dose), le New Age donne une impression de contrôle sur sa vie, agréable et rassurante lorsque l’on est soumis à des situations stressantes.Mais en réalité, c’est le cas de toutes les superstitions que l’on a tous et que l’on développe naturellement . Qui, avant un événement très stressant comme un examen, n’a pas fait une prière dans sa tête pour que tout se passe bien,ou ne s’est pas dit : « si je donne de l’argent à ce sdf », ou « si je touche du bois », alors je vais réussir ?C’est un truc humain : on a besoin de contrôle.

Argument sur les superstitions, médecines douces et médecine scientifique

D’après leur défenseur, les superstitions autour des religions (notamment dans le New Age) permettraient de soigner des maladies. Là, on retombe dans la critique des médecines spirituelles (les tenants appellent ça médecines douces), qui s’opposent à la médecine basée sur les preuves (que les tenants appellent médecine allopathique).

Pour eux, la médecine basée sur les preuves est une médecine violente, uniquement curative et non préventive. Mais les causes ne sont pas chimiques, elles sont sociologiques, économiques…

Si le docteur homéopathique est meilleur, ce n’est pas parce que ses remèdes sont meilleurs, mais parce qu’il a le temps de vous traiter comme un être humain.Et le problème n’est pas uniquement le capitalisme.

La formation actuelle de médecine est longue et demande des capacités que seule une partie des gens a.Et ces gens qui ont ces capacités ont dans notre société des moyens plus faciles de gagner de l’argent.Il faudrait revoir de fond en comble la formation, mais cela pose des problèmes car les médecines actuelles n’en veulent pas pour préserver leur statut.

Et bien sûr, il y a les intérêts financiers, l’idéologie de droite néolibérale actuellement aux commandes…

Cependant je dois reconnaître que sur tout un tas de sujets, en fait, ils ont eu raison contre la médecine scientifique des années avant qu’elle ne reconnaisse ses torts.

Par exemple pendant des décennies, la médecine scientifique a accusé le sucre, le gras ou je ne sais quoi d’autre d’être responsable de l’épidémie d’obésité, de diabète, et de problèmes cardiovasculaires.

Alors qu’en fait, maintenant on sait que le problème, ce sont les produits transformés et que, pour régler, il faut manger des produits naturels, non chimiques. Bon, en fait oui et non.En vrai, ce n’est pas vraiment les produits transformés ou la chimie le problème :

Ce n’est pas non plus un problème artisan contre industriel : La tarte Tatin du boulanger et la tarte Tatin industrielle, c’est la même merde en termes de santé.

Le problème, c’est la nourriture produite par notre société capitaliste industrielle productiviste. À cause de la pression produite par cette société capitaliste, on utilise pour produire notre nourriture de plus en plus de gras, sucre, sel bas de gamme et de produits chimiques non testés.On prend le moins cher et le plus addictif, sans se soucier du goût ou de l’impact sur la santé.

Ceux qui ont les moyens de choisir d’aller chez un artisan, qui va utiliser d’anciennes méthodes (même si c’est pour des raisons religieuses),vont échapper à cette merdification de l’alimentation et vont avoir, avant même qu’on ait compris la cause, adopté des pratiques proches des recommandations des médecins.

Et ce n’est pas un hasard, car les recommandations des religions/New Age se basent sur des heuristiques qui ont mis des milliers voire millions d’années à se développer dans nos sociétés pour savoir ce qui est bon ou non à manger, et qui sont donc très efficaces à défaut d’être logiques.

Et puis, parfois, la propagande transforme des arguments logiques en connerie new age. Par exemple, la promotion par le bio de solutions naturelles en opposition aux solutions chimiques a souvent été perçue par les milieux sceptiques comme un sophisme d’appel à la nature. Ils pensent que cela n’a aucun sens et que c’est la preuve qu’en fait le label bio est une vaste escroquerie. Ils font des vidéos pour tenter d’expliquer que tout est chimique et naturel : le pétrole, c’est naturel ; l’uranium, c’est naturel ; et l’eau, c’est un produit chimique. Un produit non chimique et non naturel, ça n’existe tout simplement pas.

Et même si l’on fait preuve de charité argumentative et que l’on considère que les promoteurs du bio parlent de "chimique" au sens « non présent dans la nature, fabriqué artificiellement par l’homme », alors ils disent que c’est un critère débile de sélection des produits à utiliser, car ce n’est pas parce qu’un produit est présent à l’état naturel qu’il est moins toxique. Ils prennent alors l’exemple de l’arsenic, du tabac ou de la fameuse bouillie bordelaise pour prouver que les produits naturels peuvent être plus toxiques que les pesticides utilisés en agriculture conventionnelle.

Alors que s’ils avaient interrogé n’importe quelle personne ayant travaillé sur le bio, on leur aurait expliqué que chaque année, nous mettons sur le marché des centaines de nouvelles molécules sans qu’il y ait de test de leur toxicité et sans savoir si elles sont biodégradables.

En conséquence, on se rend fréquemment compte, au bout de plusieurs dizaines d’années, que ces molécules sont en fait extrêmement toxiques et qu’elles ne sont pas biodégradables, ou alors seulement en plusieurs siècles, voire millénaires. En conséquence de quoi, il est impossible de les retirer de l’environnement, et elles vont donc y rester et faire des morts pendant des millénaires (le chlordécone et les PFAS sont des exemples très célèbres, mais ils ne sont que le sommet de l’iceberg).

Or, si l’on continue comme ça, on sait qu’il viendra un moment où l’environnement sera tellement empoisonné qu’il ne sera plus vivable pour les humains (probablement la Terre deviendra non fertile avant cela, mais ce n’est pas beaucoup mieux).

Les inventeurs du bio avaient pour volonté de créer une agriculture qui ne participerait pas à ce problème. Mais ils n’avaient pas les moyens ni le temps de faire des études pour savoir quelles molécules étaient vraiment sans danger. Donc, à la place, ils ont eu recours à une heuristique, en se disant que si une substance est produite dans la nature, alors l’évolution a très probablement produit des bactéries ou des plantes capables de les dégrader. Donc il y a de fortes chances que l’environnement puisse s’adapter à une forte présence de ce produit, et que si l’on constate un problème, il soit biodégradable, et donc que, si on arrête d’en épandre, il disparaîtra de lui-même de l’environnement en quelques années.

En gros, c’est un moyen concret d’appliquer le principe de précaution, qui est : on ne répand massivement que des produits dont l’innocuité et la réversibilité ont été prouvées. C’est un peu le même principe que dans l’aviation, où l’on autorise à voler que des avions qui ont prouvé qu’ils n’allaient pas trop se crasher grâce à des tests. On sait que les tests ne sont pas infaillibles, mais c’est ce que l’on a de mieux pour appliquer ce principe, alors c’est ce que l’on fait.

Le bio n’autorise que des produits naturels, car c’est la meilleure méthode qu’elle a pour sélectionner des produits qui ne nuiront pas à l’environnement.

Et je vous vois, les défenseurs du glyphosate. Il a fallu attendre plus de 20 ans après l’utilisation en masse de ce produit pour avoir les premières études sur ses effets sur la santé et l’environnement, et encore aujourd’hui il n’y a pas de consensus sur ce sujet dans le milieu de la recherche (contrairement à ce que disent beaucoup de sceptiques), mais, à priori, il y aurait un effet négatif sur l’environnement et la santé.

Certes, bien moindre que celui de la plupart des autres produits utilisés en conventionnel, mais ce n’est pas une raison pour s’en satisfaire. Il détruit moins vite notre environnement que les autres produits, mais il le fait quand même. Donc son utilisation massive et par défaut n’est pas acceptable (au contraire d’une utilisation suite à une grosse catastrophe qui survient tous les dix ans).

Après, elles sont parasitées par des logiques de distinction sociale et des charlatans, mais cela reste des méthodes très efficaces pour savoir avant les scientifiques ce qui est bon ou mauvais.

Mais perso, je vais quand même faire confiance à la science.