Réflexion sur l’économie : le chômage

Resume
Mon opinion sur les raisons du chômage et comment lutter contre
Résumé du débat sur le chômage
Dans les médias, quand exceptionnellement on ne parle pas d’immigration et d’insécurité, on se met à critiquer les chômeurs et les travailleurs.On dit que ce sont des fainéants et des fragiles qui ne veulent pas travailler. On dit qu’ils sont responsables de leur sort, car ils n’ont pas travaillé à l’école ou ont fait de mauvais choix de vie, comme divorcer.Et souvent, on étaye ces allégations aussi stupides qu’insultantes en disant qu’il y aurait des millions d’offres non pourvues.Les rares centristes présent sur les plateaux vont alors dire que si ces offres sont non pourvues, ce n’est pas parce que les gens sont fainéants mais parce qu’ils n’ont pas les qualifications pour ces postes, et donc qu’il faut leur fournir des formations.
Sur Internet, cet argument a souvent été débunké en citant des études qui arrivent à la conclusion qu’il y a au maximum cent mille vraies offres d’emploi non pourvues, mais 4 millions de chômeurs.Donc le problème, ce n’est pas que les gens sont fainéants ou qu’il n’y a pas de formation, mais qu’on manque d’offres.Donc ce qu’il faut, c’est une politique de relance qui créerait des emplois utiles (dans l’écologie et dans le social).
La gauche à tort de répondre que le problème c’est le manque de poste.
Je suis d’accord avec la conclusion, mais pas avec l’argumentation qui y mène.Déjà, pour moi, les offres non pourvues sont plus nombreuses que les chiffres auxquels arrivent ces études, car pour tout un tas de raisons, il y a des tonnes d’emplois qui sont non pourvus et pour lesquels aucune offre n’est déposée à Pôle emploi.Par exemple parce qu’on sait qu’on ne trouvera pas, parce qu’on dépose une seule offre de recherche d’ingénieur en informatique ou de chaudronnier mais qu’en fait on en veut une vingtaine, parce que certains recrutements comme celui des médecins ne passent pas par des offres d’emploi….
Ensuite, parce que quand un chômeur trouve un emploi, il se met à plus consommer, et cela va entraîner la création d’autres emplois, qui à leur tour vont créer d’autres emplois.
Bon, c’est vrai que c’est un raisonnement un peu simpliste, mais ce que je veux dire, c’est qu’il ne faut pas aborder la question d’un point de vue statique mais dynamique.En économie, même une action qui semble insignifiante peut avoir un effet d’entraînement important, et on ne peut pas conclure aussi rapidement que chercher à pourvoir ces offres soit une stratégie inefficace. Peut-être qu’en les pourvoyant, on entraînerait un effet domino qui ferait qu’une partie significative des chômeurs retrouverait un travail.
La question que personne ne se pose : qui sont les chômeurs et que veulent-ils vraiment ?
Personnellement, je pense que la bonne façon de répondre, ce n’est pas en s’intéressant au numérateur mais au dénominateur.Arrêtons de se focaliser sur les offres et demandons-nous : qui sont ces chômeurs ?Ne répondons pas de façon détournée aux critiques de la droite en disant que ce n’est pas la question et abordons frontalement le sujet : Est-ce que vraiment les chômeurs sont des fainéants ? Pour quelles raisons ne sautent-ils pas sur les offres non pourvues ? Pourquoi ne se sortent-ils pas les doigts du cul et ne font-ils pas de formations ? Pourquoi les employeurs ne se mettent-ils pas eux-mêmes à faire des formations, ou les collectivités locales à proposer les formations s’il y a un manque de main-d’œuvre ?
Déjà, sur les 7 % de chômeurs, 2 ou 3 % d’entre eux (donc presque la moitié) sont des chômeurs structurels. C’est-à-dire des gens qui viennent de se faire licencier ou de démissionner pour diverses raisons et qui retrouveront du travail dans les six mois.
Ensuite, il y a les gens qui sont malades, vieux, qui ont des personnes à charge (enfants, personnes âgées, handicapées, …), qui ont des contraintes incompatibles avec les offres d’emploi disponibles.Une mère célibataire ne peut pas forcément accepter un emploi situé à deux heures de son domicile, et le prix du logement fait qu’elle ne peut pas forcément se rapprocher. Une personne handicapée ne peut pas rester debout toute la journée et devenir serveur, …Et puis il y a beaucoup de ces offres non pourvues que l’on ne peut pas pourvoir, même avec une bonne formation.Par exemple, dans mon domaine (l’informatique), on n’arrive pas à trouver de gens compétents.Et pourtant, on accepte de recruter des gens qui ne connaissent rien en informatique et de leur fournir une formation de plusieurs mois où ils seront payés et en CDI.C’est juste que ce n’est pas n’importe qui, qui peut devenir informaticien, même avec une bonne formation. Et c’est pareil pour des métiers moins valorisés comme chaudronnier ou maçon.
Une autre raison qui explique ce phénomène des offres d’emploi non pourvues, c’est aussi que ce sont des métiers où l’employeur est obligé de mal payer ses employés et d’offrir des conditions de travail dégueulasses. Tellement mal que seul un esclave ou des immigrés accepteraient de les faire.C’est le cas dans l’agriculture, le tourisme et le bâtiment.
Et enfin, dernière raison : certains sont de vrais faux chômeurs. C’est-à-dire des gens qui sont officiellement au chômage mais qui ont en fait un vrai métier, et qui ne cherchent donc pas à se reconvertir. Ce sont les métiers où l’intermittence fait partie du boulot. Ces gens qui enchaînent des CDD dans le tourisme, le spectacle, l’agriculture ou l’industrie, où il n’y a du travail qu’à certains moments de l’année.Dans certains secteurs comme le spectacle, il y a des conventions collectives qui prennent en compte cette caractéristique et qui font que les patrons payent davantage de cotisations, afin que leurs salariés puissent toucher le chômage la moitié de l’année sans que leur caisse chômage ne soit déficitaire (en gros, le patron accepte de les payer la moitié de l’année à rien foutre, car c’est le métier qui veut ça).Mais il y en a d’autres, comme le tourisme, où le patron ne reconnaît pas cet état de fait et compte de manière non avouée sur le chômage pour que ses employés restent disponibles lorsqu’il en aura besoin. En gros, il fait payer à la collectivité une partie du salaire de ses employés.Je suis bien entendu contre cette situation, mais c’est tellement difficile de corriger cette situation, et il y a tellement d’autres chantiers davantage prioritaires, que je considère (peut-être à tort) que c’est un combat secondaire.
Conclusion : quelles solutions pour lutter contre le chômage ?
Donc le problème, ce n’est effectivement pas un manque de formation ou de volonté, mais bien un manque d’offres acceptables.
Mais pas seulement. C’est aussi un problème de santé de la population. C’est aussi un problème de prise en charge des personnes âgées et en situation de handicap par d’autres personnes que la famille. C’est un problème de crise du logement, de manque de transports, de prix du pétrole et de métropolisation, qui fait que les emplois sont beaucoup trop loin des endroits où les gens peuvent vivre, ou que les gens ne peuvent pas s’y rendre (pour des raisons de coût ou de contrainte de temps).C’est un problème d’inclusivité du monde du travail qui fait que certaines personnes handicapées, agée ou maltraitées par la vie (ou le capitalisme) ne peuvent juste pas travailler, même si elles en ont envie.
En fait, pour régler le problème du chômage, faire de la relance sera utile, mais pas suffisant.Après, la relance dont parle la LFI s’accompagne de mesures pour lutter contre ces problèmes. La LFI veut dé-métropoliser l’économie. La LFI veut créer des emplois dans les campagnes grâce au développement de l’agriculture bio. La LFI veut recréer des industries partout sur le territoire grâce à la planification écologique et à du protectionnisme. La LFI veut s’attaquer au problème de santé grâce à des normes environnementales plus strictes, des inspections du travail, et un meilleur financement de la santé publique.
Le problème, c’est que les rares fois où les médias parlent des propositions de la France insoumise ou qu’on laisse un représentant de la France insoumise les défendre, on ne met que très rarement en avant que ce sont des investissements très rentables pour le pays et indispensables pour diminuer le chômage.
À la place, on va axer l’argumentation sur des arguments misérabilistes et écolos qui énervent ou indiffèrent une grande partie des personnes qui pourraient être séduites par ce genre de mesures (et pour de bonnes raisons).
Et je m’inclus dans cette critique. Lorsque je parle à l’oral, dans un contexte bien moins stressant que celui des médias, j’ai moi aussi tendance à défendre mes idées avec des arguments misérabilistes, moraux ou écologistes. Et je crois que je le fais car ça me donne une image de personne généreuse, qui s’oppose au patron parce qu’il est trop généreux et naïf — image plus facile à assumer que celle du communiste avec le couteau entre les dents ou de l’égoïste qui défend juste ses intérêts.
Source
Voici des sources pour ceux qui voudraient aller plus loin ou vérifier que je n’ai pas dit trop de conneries :
Les demandeurs d'emploi inscrits à France Travail au 4e trimestre 2024
emplois-non-pourvus-chomage-stigmatisation
Le paradoxe des emplois non pourvus